J'ai trouvé asile en France, reprit Papski. De grandes écoles m'y ont ouvert leurs portes, des confrères, inconnus de la veille, leurs bras. Pourtant, non, je n'aime pas ce pays.
Peut-être est-ce qu'à mes yeux d'astronome il s'étale trop complaisamment sous son maigre ciel cartésien. Peut-être est-ce sa gloriole de coquette sur le tard. Ou le ressentiment peut-être, parce que sous le faux nez d'un humanisme de façade la xénophobie s'y donne à coeur joie.
Vous voyez, je ne sais pas au juste. toujours est-il que, écoles et confrères nonobstant, j'ai été raflé à l'égal de milliers et de milliers de mes semblables. Puis, avec la débâcle, les camps français sont devenus des antichambres de la mort.
C'est par ce cri que notre très regretté Arno attaquait parfois les concerts de son ancien groupe TC Matic.
Une évocation douce amère de l'artiste dans l'émission Toute une vie du samedi 11 novembre dernier.
Extrait de la déclaration d'intention : Pour oser un pied dans le réel, le voilà qui se risque à la musique,
avec un simple harmonica et une voix rocailleuse que tout le monde, au
départ, juge impossible. D’abord au sein d’un groupe (Freckle Face,
Tjens Couter, TC Matic) puis en solo, il mêle les styles et les langues,
l’absurde et le plus grave… Ses textes racontent la vie par le petit
bout des gens : leurs manies, leurs tracas et leurs complexes. « Je suis
comme un vampire. Sans les gens, je ne peux pas faire des chansons.
Parce que tous les trucs que j’écris, ça ne vient pas de moi, ça vient
des gens, de leurs bêtises. »
Pas mal d'amies, de musiciens, de chanteuses évoquent l'escogriffe ironique et mélancolique.
Comme on est infoutu de vous faire ça proprement, on vous le conseille en cliquant ici.
Ou en suivant les conseils du lecteur masqué (Hanx, Georgie!)
Au passage une de ses chansons qu'on aimera toujours.
Depuis que, dans une cité toulousaine du début des années 1980, un ami belgo-calabrais nous fit connaître TC Matic et Front 242, dans combien de conversations, dans combien de chantiers, dans combien de beuveries nous as-tu accompagnés ? Pas quantifiable.
Et je n'ai pas mémoire de m'être ennuyé un seul instant à aucun de tes concerts.
Alors, même si on s'y attendait un peu, que la terre te soit légère, l'artiste.
Voilà un peu plus d'un an qu'Arno Hintjens, qu'on aime beaucoup ici, a annoncé être atteint d'un cancer du pancréas.
Et qu'il a pris la peine de sortir un disque entre deux chimios.
Entre-temps, son vieux frère du temps de TC Matic, Paul Decoutere, a lâché la rampe.
Alors, plutôt qu'attendre une nécro bien ficelée, on se contentera ici de réitérer toute notre sympathie au bonhomme, même si ça ne sert à pas grand chose, et de faire savoir qu'on a beaucoup aimé son dernier opus. Aux chansons, on ne peut plus de circonstance.
J'ai l'honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens. (Ubu)
En écrivant son œuvre maîtresse, Ubu roi, en 1888, le génial Alfred Jarry aurait-il deviné qu'il anticipait ainsi les traits de caractère et la conduite à venir d'un nombre respectable de chefs d'état qui régneraient cent vingt ans plus tard ?
Ne tournons pas trop vite notre regard vers Manhattan, l'Oural, le Sertao, Tel-Aviv, la City ou la Cappadoce. Plus près de chez nous, certains qui ne veulent pas en avoir l'air empruntent bien des traits à ce tyranneau capricieux, réservoir autoritaire de tous les vices.
Annonçant le Théâtre de l'absurde, chéri des dadaïstes, puis des surréalistes, le héros de cette pièce massacrant avec bonheur tant Macbeth qu' Oedipe aurait été inspiré au jeune Jarry par un professeur de physique de son lycée de Rennes.
Pièce scandaleuse devenue classique, elle comporte quelques moments chantés comme cette Chanson du décervelage, entonnée pour accompagner le massacre des Nobles de Pologne. Ceux qui seront condamnés à mort, je les passerai dans la trappe,
ils tomberont dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-Sous,
où on les décervellera.
La musique est de Charles Pourny, les paroles de l'auteur et cette interprétation est en charge du Chœur et Orchestre de cymbalum de Pataphysique.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervelle sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler,
Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
On trouvera iciune suite de chansons inspirées de la pièce par Maurice Jarre et Rosy Varte. Merci à Rafael.
Évidemment, ce personnage haut en couleur inspira la chanson. La plus connue étant certainement celle du Batave de Haute Garonne, Dick Annegarn, originellement écrite sur son premier album Sacré géranium (1973).
Chanson plaisamment reprise par ce cher Arno sur l'album hommage au précédent Le grand dîner en 2006.
On ne saurait clore cette évocation sans citer un des groupes de rock les plus barrés d'une décennie qui pourtant n'en manqua pas. Formé par David Thomas à Cleveland en 1975 sur les ruines d'une bande de furieux, Pere Ubu persiste aujourd'hui à trimballer sa musique indéfinissable.
Mais ceci est une autre histoire qu'on racontera un de ces quatre.
Il pleut sur la ville.
Ce qui nous renvoie immanquablement au classique créé par Léo Ferré en 1960, écrit par Jean-Roger Caussimon qui l'interpréta lui-même dans son premier album en 1970.
En 1996, c'était au tour d'Arno de s'attaquer à Comme à Ostende (1996)
Il avait été précédé par Catherine Sauvage en 1965.
Ce soir, on a célébré l'empathie, l'accointance, la complicité, l'affection... on en oublie des vertes et des point encore mûres.
Ce qui donne en gros et en chansons
Pigalle Rejouer juste une fois
Philippe Léotard Pauvre Rutebeuf
Rocé Amitié et amertume
Yves Desrosiers Chanson sur l'ami
René Ouvrard La bonne camaraderie
OTH Les révoltés du bloc B
Shuriken Les miens
Serge Kerval Les Tuileries
Isabelle Pierre Le temps est bon
Dick Annegarn Jef
Jacques Marchais Le vélo
Octobre Rouge Mes potes
Feu! Chatterton À l'aube
Zonzinc La dernière babillarde
Fonky Family Aux absents
Serge Lama Mon ami, mon maître
Nino Ferrer Mon copain B.
Nas Affirmative action
Graeme Allwright Il faut que je m'en aille
La plus ancienne de toutes les sociétés, et la seule naturelle, est celle de la famille. Jean-Jacques Rousseau, Le contrat social
La première opposition de classe qui se manifeste dans l'histoire
coïncide avec le développement de l'antagonisme entre l'homme et la
femme dans le mariage conjugal, et la première oppression de classe,
avec l'oppression du sexe féminin par le sexe masculin. Friedrich
Engels, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État
Réalisation du règne de la bourgeoisie, magnifiée par l'État français, lieu des ultimes solidarités ou des déchirements les plus mesquins, des névroses ou de l'épanouissement originel, essence et fond de commerce de la psychologie, de la société marchande, la famille fut, ces dernières décennies, qualifiée de nucléaire, d'éclatée ou de recomposée. Aujourd'hui, elle est revendiquée par des intérêts antagonistes comme dernier refuge.
Si elle fut sujet d'inspiration d'une bonne part de la littérature ou du cinéma, la chanson ne pouvait rester indifférente à cette institution que la plupart des individus ont eu la chance ou le malheur de fréquenter.
L'Herbe Tendre s'attaquera donc à ce puits sans fondle lundi 6 octobre à 17h30 sur les92.2 de Radio Canal Sud
Et pour ouvrir le bal, une évidence par un chanteur tendre
Notre programme d'avant un été qui voudrait durer fut :
Générique par Adrienne Pauly
Pills & Tabet Prends la route
Albert Préjean Amusez-vous
Ricet Barrié Les vacanciers
VRP La Picardie
La Rumeur Pas d'vacances
Chansons staliniennes Les gosses de Bagnolet
Les Parisiennes Il fait trop chaud pour travailler
Les Sales Majestés Les vacances
Marc Charlan J'me casse à Palavas
Nonnes Troppo Le p'tit chien
Font & Val La conquête du Sud
Feu ! Chatterton L'amour à la plage
Yves Montand La bicyclette
Les Szgaboonistes En avant !
Georgette Plana Douze mois de vacances
Fabe Quand j'serai grand
Romain Didier Flic floc
À écouter, télécharger, peaudecaster et tout ça en cliquant sur ce lien.
En guise de dernière vision, l'impeccable Arno interprète une chanson d'Adamo qui sent son pesant d'iode.
Et comme ultime bonus une vidéo maritime absolument désargentée d'un camarade bostonien, ce vieux rocker de Willie "Loco" Alexander. On est heureux d'y apprendre qu'il pouvait encore se payer une viré sur la côte avec ses potes à 50 bornes de son quartier (pour amateurs de cinoche, à deux encablures de Manchester by the Sea). Mais avec une seule bagnole : pas la place d'embarquer la batterie pour tourner le clip. Et puis aussi qu'il s'offrait, à l'occasion, une part de pizza et une binouze avec une copine. Quant au fauteuil ramassé au secours populaire local, m'étonnerait qu'il ait tenu jusqu'au le voyage retour.
Fille de bonne famille marseillaise, Ginette Garcin a commencé par chanter de l'opérette en 1942 et a continué avec l'orchestre de Jacques Hélian puis avec Loulou Gasté.
Mais c'est en interprétant des méconnus comme Bobby Lapointe et Jean Yanne qu'elle se fera un nom dans les années soixante avant de faire une carrière d'actrice au cinéma, au théâtre et à la télévision.
Reconnaissant, Jean Yanne lui écrira une douzaine de chansons. Il la fera tourner dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1971) pour un tango d'anthologie ainsi que dans Moi y'en a vouloir des sous. Brocardant les us et coutumes de la France des années soixante, il lui donne, en 1966, Cresoxipropanediol en capsule, qui annonce la consommation massive de produits pharmaceutiques qui touchait et touche encore ce pays.
Curieusement, Jean Yanne, qui proclamait ne pas aimer le rock est allé chercher une inspiration voisine de celle des Rolling Stones qui, avec Mothers little helper
mettaient déjà en évidence l'abus de tranquillisants et d'amphétamines qui dévastaient la classe moyenne britannique. Remarquons au passage, que venant d'eux, on croit rêver.
Arno fit une reprise très réussie du morceau des Stones, la voici jouée en concert à Bruxelles en 2006.
Et quelle galère de vieillir !
ps : 19/03/, Good-bye Charles Edward Anderson "Chuck" Berry (1926-2017)
Allez, une question à la con. À votre avis quelle est la chanson la plus reprise au monde ?
L'Internationale ? Veni creator ? Let it be ? Évidemment, c'est introuvable.
Un sérieux candidat au titre est ce classique des baloches de notre enfance : La Paloma (en espagnol, la Colombe). On en recense autour de 5000 reprises !
Cette chanson, généralement signée (Traditionnel), aurait été composée, autour de 1863, par le Basque Sebastian Yradier qui revenait de faire un petit tour à Cuba, encore colonie espagnole et pas encore satellite des États-Unis, (ce qui n'adviendra qu'en 1898).
L'origine caraïbe de la chanson est attestée par cette musique, si populaire à la fin XIXème, la Habanera, dont Bizet et Ravel useront avec profit.
Dès 1865, on entend les premières traductions, en France et en
Allemagne.
Les versions françaises ont divers auteurs et paroles au gré des adaptations (Jean Rodor, Jean Loysel, Reda Caire, Catherine Desage)
Mireille Mathieu en fit, en 1973, une adaptation en allemand de Georg Buschor La Paloma Ade qui fut numéro 1 des hits dans les pays germanophones, puis une autre en français par Catherine Desage, La paloma adieu, numéro 1 dans les pays francophones. Puis, elle gravera encore deux autres versions : en anglais La Paloma Good-Bye et en espagnol La Paloma Vendra.
Même Elvis Presley s'y est frotté dans sa période crooner à Las Vegas.
Mais un des tout premiers enregistrements discographique fut celui de la Garde républicaine (France) en 1899.
Illustration plus moderne :
Cette réjouissante version tout à fait balocharde, est chantée par Arno sur son disque d'avril 1991, par ailleurs très bluesy, "Charles et ses Lulus".
Le groupe était formé de Arno, Roland, Adriano Cominotto et Piet Jorens.
La Paloma fut également le nom d'un dancing de Barcelone, aussi charmant que populaire, du temps où il se trouvait dans un quartier pas encore ravagé par la spéculation, le modernisme, la bourgeoisie, la publicité, les épiceries bio, etc.
On pouvait y boire du mousseux catalan dans une salle rococo peuplée de couples endimanchés au son d'un orchestre qui devait déjà jouer du temps où Juan Garcia Oliver faisait le service. Lorsque les musiciens entonnaient La Paloma, il fallait songer à trouver un autre abreuvoir ou tituber jusqu'à sa piaule.
Un mien camarade, issu des rues de ce quartier, aimait tellement ce titre qu'il en faisait subir plus de quarante versions enchaînées sur une cassette au cours d'interminables trajets automobile.
Aujourd'hui, on revient à notre petit génie Belge qui patauge un peu dans la semoule ces derniers temps. Pas de raison de ne pas se faire plaisir avec quelques archives en concert et deux clips.
Arno Charles Ernest Hitjens, donc...
Qui ne s'est pas gêné pour recycler les morceaux de son ancien groupe. Et pourquoi ne l'aurait-il point fait puisqu'il les avait écrit ?
Pour une idée de la jeunesse du monsieur, voici une première version de Elle adore le Noir par TC Matic en concert. Arno l'a ensuite repris en solo en 1997 dans l'album "A la française".
Et une autre archive : la vidéo de Ho la la c'est magnifique !
Pure rock én Belgisch!
Pour aboutir à une carrière solo en 1986, suite à la séparation du groupe.
Illustration de 2007, cette jubilatoire vidéo : "Mourir à plusieurs", single issu de l'album "Jus de box".
Gloire à nos majorettes et mourrons en bonne compagnie !
Arnold Charles Ernest Hitjens enregistre l'album "les Idiots savants" en 1993. Ce disque ne contient que trois titres en français "Vive ma liberté", "Les filles du bord de mer" ( reprise d'Adamo) et "Martha ma douce". Les deux premiers seront de francs tubes, copieusement matraqués en radio. Si on s'intéresse au troisième, c'est que contrairement aux autres chansons en anglais, il rend ici un hommage non dissimulé au maître, Tom Waits. Pas seulement par l'air de famille de leurs voix éraillées mais surtout grâce à cette superbe orchestration que n'aurait pas renié le grand dégingandé de Pomona, particulièrement dans sa période "Bone machine".
Estimés auditeurs et trices de l´Herbe Tendre, l´émission radio de mai sera donc le deuxième tome de notre croisade contre le vice. Attention, le personnel étant en vadrouille, l´émission aura lieu le 12 et non le 5 mai.
Le Fan-club de l´Herbe Tendre Et comme on a oublié de fèter nos deux ans d´existence sur les ondes, une chanson de circonstance :
TC
MATIC, groupe de rock Belge prolongement du
duo Tjens-Couter, plus précisèment Arno Hintjens (chant)
et Paul Decouters (guitare) en 1980. Ce dernier a été vite remplacé par Jean-Marie Haerts,
qui écrira avec Arno la plupart des titres du groupe.
TC Matic fut un mélange hétéroclite
de rock, de new wave et de chanson en français au
début des années 80, ce groupe reste une légende
au Benelux.
En 1981, le groupe réalise les enregistrements de la
chanteuse Sonia
Du Four à Bruxelles. Deux singles seront distribués
suite à ces enregistrement coécrits par Arno et Sonia Du
Four. Produits par Jean-Marie Aerts les morceaux sont interprétés
par les musiciens de TC Matic.
Les
quatre albums du groupe (TC
Matic, l'Apache, Choco, Ye
Ye)
obtinrent d'excellentes critiques. Avec Oh
la la la en 1981,
le groupe eut un premier succès d'importance en Belgique.
Putain
Putain,
hymne européen issu de l'album Choco, sera repris plus tard par, entre autres, Stephan Eicher, Nouvelle Vague et Stromae, et leur vaudra une reconnaissance éternelle. Le groupe est surtout vanté pour ses concerts ("Goodnight we come from Antverpen !") marquées par
la personnalité et la voix particulière d'Arno.
TC Matic
a tourné dans toute l'Europe en attendant la gloire mais ses apparitions seront jugées décevants. Ils se feront huer lors du
concert de Bercy en 1986, le groupe se séparera peu après.
Arno
Hintjens va donc débuter une carrière solo sous
le nom d'Arno,
avec un certain succès en France. Il a un temps collaboré avec Jean-Marie Aerts qui poursuivit une carrière de
producteur, (entre autres pour Jo Lemaire et Urban Dance Squad).
Deux autres membres de TC Matic, le batteur Tom Cruize (si, si !) et
le claviériste Serge Feys, ont continué avec lui.