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samedi 2 mai 2020

Tranche de vie (conviviale)


- C'est là-haut que des Coréens sont morts ? insistais-je.
- C'est un ghetto de Coréens, précisa le forgeron. Mais il n'y a eu qu'un seul mort. On ne sait pas si c'est la même maladie que pour les bêtes.

Mes camarades se disposaient à à transporter un veau très lourd dont le ventre lacéré laissait échapper un mélange visqueux de chair, de sang et de pus. Il m'a semblé que la maladie féroce qui avait attaqué ce robuste veau pouvait aisément étrangler un être humain.

- Dans le hangar une réfugiée est en train de mourir, dit un autre enfant dont la voix laissait percer son excitation. C'est parce qu'elle a mangé des légumes pourris qu'elle avait ramassés par terre. tout le monde dit ça.
- S'il s'agit d'une maladie contagieuse, dis-je, il faudrait la mettre en quarantaine. Si ça se propage, ça va être épouvantable. Tout le monde va mourir.
- Il n'y a nulle part où isoler les malades, répondit le forgeron, excédé.
- Mais  quand une épidémie se déclare dans le village, qu'est ce que vous faites ?
- Tout le village s'enfuit en abandonnant les malades. c'est la règle. si une maladie contagieuse se déclare dans notre village, les autres villages autour nous hébergent. Si au contraire ça se passe ailleurs, nous prenons en charge ceux qui viennent se réfugier ici. Ça c'est produit il y a vingt ans, quand le choléra s'est déclaré. On a dû passer pas moins de trois mois dans le village voisin.
Il y avait vingt ans... C'était aussi simple et solennel qu'une légende et ça me faisait rêver. (...)
- Pourquoi cette fois-ci ne fuyez-vous pas ?
- Quoi ? Cette fois-ci ? Mais il n'y a aucune épidémie. des animaux sont morts, on a eu deux personnes malades dont une est morte. c'est tout.

Kenzaburô Ôé Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants


lundi 3 septembre 2018

Scott Walker : la première d'Amsterdam en anglais

Jacques Brel est, peut-être avec Piaf, le chanteur "en français" le plus repris par les artistes pop et rock anglo-saxons. La chose en tient, d'une part à une décennie particulièrement créative mais certainement aussi à ses mélodies accrocheuses, trop souvent desservies par des arrangement affligeants de banalité (malgré la présence, à l'occasion, de virtuoses comme Marcel Azzola) ce qui devait provoquer quelques envies de triturer la chanson pour, sinon l'améliorer, du moins en faire autre chose.
Lectrices, lecteurs de ce fouillis, vous avez éventuellement prêté une oreille aux très réussies versions d'Amsterdam de l'Australien Chris Bailey ou du New-yorkais Dave Van Ronk. Oui, David Bowie aussi, en son temps...
Mais voici, à notre connaissance la première version de la ville-tube dont la traduction fut signée Mort Shuman, en 1967 (deux ans après l'enregistrement originel).


Voilà l'histoire de Scott Walker, un gars qui possédait une voix d'or qu'il n'aimait pas. Un américain établi en Angleterre qui, après un début de carrière qu'on lui prédisait éblouissante se mit à fuir tout le cirque du show-biz et du rock n roll pour passer d'un trio sucré (les Walker Brothers) à des ballades qu'on qualifiera de "baroque cinématographique", des interprétations de génériques de séries télévisées, pour finir dans une musique franchement avant-gardiste. Entre-temps, il a parsemé ses trois premiers albums solo (1967-1970) de reprises de Brel, dix titres, tous adaptés par Shuman, réunis dans un album Scott Walker sings Jacques Brel en 1981.
Depuis, le gars continue son bonhomme de chemin, composant des musiques de film de temps en temps (le dernier en 2016) . Son dernier album, lui, est sorti en 2014.  
Pour illustrer l'expression baroque cinématographique, sa chanson The seventh seal, hommage au film éponyme d'Ingmar Bergman. C'est tiré de son disque Scott 4 (1969).