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jeudi 16 avril 2020

Quand la flotte prend l'eau

Le Charles de Gaulle ralliant Toulon
On vous l'a dit et répété, "Nous sommes en guerre".
Et jusque là tout était dans l'ordre des choses : hospitaliers, éboueurs, routiers, caissières, et autres prolos fournissaient la chair à canon habituelle.
Mais il semble que le front soit en train de craquer là où on ne s'y attendait pas (là aussi rien que de très naturel).
En témoigne cet article de France Bleu du 15 avril qui recueille les confidences d'un petit gars de la Royale
"Alors qu'au moins 668 marins du groupe aéronaval (Charles-de-Gaulle et frégate Chevalier Paul) sont positifs au Covid-19 selon le Ministère des Armées, un des membres d'équipage témoigne, sous couvert d'anonymat, pour France Bleu Provence. L'homme se dit "en colère" : "L'armée a joué avec notre santé, notre vie."

On étouffe (c'est le moment, tiens) d'indignation.
L'armée jouerait donc avec la vie de nos matafs et de nos biffins  !
Et nous qui croyions bêtement qu'une guerre moderne correctement menée consistait à bousiller le plus possible de civils. 
Voilà-t-il pas que non seulement nos militaires sont atteints mais qu'en plus ils en éprouvent de l'amertume. Limite mutins de la Mer Noire, les gars...
Et si un porte-avion se métamorphose en hôpital flottant, on frissonne à l'idée de ce qui se produit chez les confinés de nos formidables sous-marins nucléaires.
Allons, vaillants matelots, ressaisissez-vous ! La Marine française a des traditions : ils s'agit de tenir avec panache. Comme à Trafalgar ! Comme à Mers el Kebir !
Rappelez-vous que la Nation vous regarde.
Et arrêtez de chanter des conneries...


Si on ajoute aux galères de notre flotte la perte d'un fleuron de notre aviation on frémit à l'hypothèse que la perfide Albion ne vienne profiter de notre désarroi pour nous piquer nos zones de pêches. Ou que les troupes luxembourgeoises n'aillent contourner le front en passant par la Belgique.
Définitivement, on n'est pas protégés.
Allez, pour la route, un classique d'un folkeux néo zélandais disparu il y a deux mois.


Et un supplément pour vous apprendre que ce n'est pas mieux ailleurs. Monsieur Pop Iggy, de Detroit, Michigan, nous chante Asshole rules the navy. On approuve ce message.


dimanche 17 décembre 2017

De la chute du roi à la propagande par le fait

Ortograff pas encore normalisé
On profite de l'envoi de ce joli document par l'ami Michel, du cerveau duquel naquit l'idée de notre émission radio, pour fouiner du côté de la chanson la plus célèbre de la Révolution (après la Marseillaise).

Si Il pleut bergère fut le refrain le plus chanté du début du grand chambardement, La Carmagnole devint, après août 1792, l'hymne des sans-culottes.
Ce refrain serait né le 10 août, jour de la chute des Tuileries et de ce fait, de la monarchie.
Même si une carmagnola est un rengaine piémontaise, Grétry fait remonter son origine à un air marseillais. Encore un apport des volontaires phocéens montés à la capitale qui participèrent activement à l'assaut des Tuileries ?
Pour sa part, Claude Duneton avance que si l'auteur est resté anonyme, c'est avant tout pour des raisons de sécurité. Il penche toutefois pour Mme Roland, qui nourrissait une haine toute particulière vis à vis de Marie-Antoinette et finit guillotinée en novembre 1793, en compagnie d'une charrette de Girondins.
Les envolées lyriques de Barrère claironnant les victoires républicaines à la tribune de la Convention furent également qualifiées de carmagnoles.
En voici une version de Milva enregistrée pour le disque Freedom songs (1965)


La fiche wiki de la chanson recense plusieurs intéressantes variantes. Ainsi, une carmagnole de Fouquier-Tinville thermidorienne (Fouquier-Tinville avait promis De guillotiner tout Paris. Mais il en a menti, Car il est raccourci.) une carmagnole du Parti ouvrier par Eugène Pottier, une autre de la Commune de Paris (Vive la commune de Paris, Ses mitrailleuses et ses fusils. La Commune battue Ne s’avoue pas vaincue. Elle aura sa revanche Vive le son, Vive le son...), une Carmagnole des corbeaux de Jules Jouy.
On aime particulièrement une version écrite par Sébastien Faure en 1893 en hommage à François Koënigstein alias Ravachol. On en avait causé là.



La Carmagnole redeviendra populaire lors des grandes grèves du Creusot en 1900,  celle des postiers en 1909 et même celle des employés de banque en 1957. Il y a eu une variante bolchévik pour fêter la révolution de 1917.


mardi 4 juillet 2017

Juillet : Goualantes de la Villette et d'ailleurs.

Entretien avec Philippe Mortimer, préfacier de l'ouvrage, des éditions l'Insomniaque


Émile Chautard, ouvrier typographe et grand connaisseur des bistrots, nous guide en chanson dans le Paris de la dèche et de la pègre, entre la guerre de 1870 et celle de 1914-1918.  
Les goualantes qu’il a recueillies au cours de ses pérégrinations dans les faubourgs furent écrites comme elles furent chantées, non par des artistes en vogue mais par des marlous et des gisquettes.
La grande richesse des pauvres d’alors c’était une jactance empruntant beaucoup à l’argot, affiné dans les prisons et les bataillons disciplinaires.
Paris canaille et spectacle pour tous

Comme l’a dit Céline : « C’est la haine qui fait l’argot. » On verra dans ces pages que l’argot c’est aussi le désir qui se dévoile, c’est aussi la verve, la trouvaille poétique et l’esprit libre.
Dans les zones ténébreuses de la Ville Lumière, dans les hideux taudis de la Belle Époque, nombre de pauvres n’obéissaient pour survivre qu’à leurs propres lois et leurs propres morales.
Le dégoût de l’usine incitait les filles d’ouvriers à se vendre sur les trottoirs et dans les bouges. Voyous dandys, les apaches paradaient en bande sur les boulevards. Le crime exerçait une trouble fascination sur la société – partout l’on recrutait des policiers, partout l’on bâtissait des prisons.
Voilà ce que narre sans artifice ces goualantes qui sont autant de témoignages pour servir à l’histoire des classes dangereuses.

Avec en chansons
L'or                                                       Petit Louis (Anonyme - Quéré)
Ciao Paname                                         Roland Brou (Van Daal - Couton)
L'amour à la barrière                           Agathe Louis (Régnier - Lecoeur)
Complainte du Charlot de la Courtille  Nénesse et Totor (Anonyme)
L'assommoir de Belleville                     Three Times Rockers (Anonyme)
Le départ des joyeux                             Juliette Gréco (Mac Orlan)
À la Roquette                                         Schultz (Bruant)
La Ravachole                                         Les Quatre Barbus (Sébastien Faure)
Le Sébasto                                             The Moonshiners (Anonyme)              


On peut suivre l'entretien ou le mettre à gauche en cliquant là.
Pour illustrer le rôle de la chanteuse tragique, qui mieux que Damia ?
Ici dans un caboulot.


Et un chant d'apaches typique :

vendredi 5 février 2016

Le ras-le-bol du marin

Mutins sur le cuirassé Waldeck Rousseau. Mer Noire (1919)

"L'allocation alimentaire par tête de pipe avait été augmentée sans que jusque-là rien ne fût changé à l'ordinaire. J'avais proposé à notre petit groupe de la machine, en accord avec Scouarnec et quelques autres du pont, l'envoi d'une délégation auprès du nouveau maître-commis qui nous reçut fort bien. Il nous confia qu'il allait faire jeter à la mer, à cause de la teneur en acide cyanhydrique, une quarantaine de sacs de haricots rouges.
Quant à notre proposition d'une commission des vivres, composée par roulement d'un quartier maître et d'un matelot (machine et pont alternant chaque semaine) il s'en déclarait partisan. (...)
- Si tous les galonnés étaient comme ça, moi je rempilerais, disait Fragne, le boulanger-coq."
(...)
" - Heureusement qu'on n'a encore tiré sur personne, plaida Boniface.
Fragne s'emporta :
- Est-ce qu'on ne charrie pas de la viande à canon tous les jours d'un bord à l'autre. Est-ce que tu sais, toi, pour quel casse-gueule on les pousse, tous les moricauds qu'on débarque de Tarente ?
- T'as raison, m'écriais-je, c'est la question. C'est ça qu'il faut qu'on réponde. Faut être complètement cons pour croire que c'est le peuple russe qu'a appelé la France à son aide.
Plusieurs voix s'interpellaient.
- Faut rentrer en France !
- Y'en a marre. Vive la classe !
Comme quelqu'un se dressait au fond de la salle pour demander qu'on chante la Chanson des fayots*, des voix s'élevèrent :
- Non, pas ici, on la chantera quand on rentrera en France..."

( Charles Tillon**, La révolte vient de loin. 1969)


* En argot de marine, les fayots sont bien entendu les haricots, les lèche-culs et les officiers rengagés. 
** (1897/ 1993) Mécanicien sur le croiseur Guichen, mutiné en 1919, condamné à 5 ans de bagne, membre du comité central du PCF à partir de 1932, commandant en chef des FTP en 1941/1944, purgé du parti en 1952, exclu en 1970.

vendredi 31 janvier 2014

UN BARBU PHOTOGRAPHE




1937, 1938, 1939. Le temps du Front populaire et des premiers congés payés. Dans les auberges de jeunesse déferlent des jeunes de tous horizons. Pierre Jamet est de ceux-là. Avec son appareil photo, lui qui avait « une tendresse particulière pour Doisneau » va saisir ces instants de joie, de partage, d'amitiés.
C'était juste avant la guerre. On croise dans ses photos des jeunes gens qui disparaîtront dans les camps, d'autres qui entreront en résistance, d'autres encore qui feront d'illustres carrières. Pierre Jamet, lui, sera surtout connu pour être l'un des Quatre Barbus...
...Dont on vous repasse ce délice de Francis Blanche d'après "Tristesse" de Chopin


 

On pourra aisément constater sur ces photos que cette belle jeunesse là était bien moins prude que ce qu'on se plaît à nous en dire.
La galerie photo légendées se trouve dans un article de mediapart

jeudi 25 juillet 2013

LES 4 BARBUS ET RAVACHOL


François Claudius Koënigstein (son père était d'origine néerlandaise), dit Ravachol (du nom de sa mère, Marie) est un combattant anarchiste né le 14 octobre 1859 à Saint-Chamond (Loire) guillotiné le 11 juillet 1892 à Montbrison. Ravachol était un ouvrier teinturier qui faisait vivre sa mère, sa soeur, son frère et s'occupera de son neveu. Très pauvre, il jouait le dimanche, pour pouvoir survivre, de l'accordéon dans des bals, à Saint-Étienne.  Il a fréquenté les milieux interlopes dès ses 8 ans.

François et ses mauvaises fréquentations

Ravachol sera arrêté pour avoir commis 3 crimes crapuleux en province et surtout pour avoir fait sauter à Paris la maison des magistrats chargés du procès de trois anarchistes (Descamps, Dardare et Léveillé furent passés à tabac par la police pour avoir manifesté avec le drapeau rouge à Levallois le premier mai 1891 suite à la tuerie de Fourmies) et de trois attentats à la dynamite contre des représentants de la justice.


 
Des méfaits de traîner au bistrot en sale compagnie

Ravachol sera exécuté le 11 juillet 1892, à  montbrison, par l'inévitable bourreau Louis Deibler. Il refuse l'assistance de l'aumônier et chante Le Père Duchêsne en allant vers la guillotine. Ses dernières paroles sont « Vive la ré… » au moment où le couperet tombe. Le télégramme partiellement chiffré de l'annonce de l'exécution le traduit par « Vive la république ! » Il semble plus juste de penser avec Jean Maitron que ses dernières paroles furent « Vive la révolution ! » 

Il resta après son exécution une légende, non seulement chez les anars mais pour tout le populo jusqu'à la belle époque. Il est par exemple fort cité par Amélie Hélie ( Casque d'Or, quoi! ) dans ses mémoires ( Chroniques du Paris apache (1902 -1905) Mercure de France 2008  


 EXTRAIT DU Disque "Chansons anarchistes"
 Paroles de Sébastien Faure, 1893. Chanté par les Quatre Barbus.



 Oui, je le répète : c'est la société qui fait les criminels, et vous jurés, au lieu de les frapper, vous devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer le société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes ; et votre œuvre, en s'attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde que n'est votre justice qui s'amoindrit à punir les effets. (extrait de la déclaration de Ravachol à son procès)

jeudi 4 juillet 2013

émission de mars 2013 : De la méchanceté

Pour des raisons techniques, vous aurez droit à l'émission de mars avant celle de février. Remarquez, elle vaut le détour...

La preuve :  

Brigitte Fontaine                                 Gilles de la Tourrette
Hector et les Médiators                     Je vous déteste
Renaud                                              Crève salope
Clothide                                             Chanson bête et méchante
Casey                                                Apprends à te taire
Roger Masson                                   Le blues de la méchanceté
Jean-Luc Debatisse                           Les foetus
Chantal Grimm                                  Le pendu
Françis Blanche & Pierre Dac            La tyrolienne de la haine
Jehan                                                Les petits amoureux
Louis Massis                                     Une bonne paire de claques
Mai Lan                                            Gentiment, je t'immole
Louis-Ferdinand Céline                     Règlement 
Anne Sylvestre                                  La vache engagée
Régis Barly                                       Faux beatnik






Tardivement mais comme promis, la tyrolienne par les Barbus




jeudi 20 juin 2013

LES QUATRE BARBUS

En 1938, Jacques Trisch, étudiant en lettres et trois élèves des Beaux-Arts rencontrés dans un camp de vacances forment un groupe vocal avec pour ambition d'animer les fêtes des camps de vacances dans un esprit très «Front populaire». Le groupe s'appelle « Quatuor vocal des Compagnons de Route » (c'est clair ?). Cette même année, ils sont engagés par Agnés Capri dans son cabaret et enregistrent un disque. Le groupe est partiellement dispersé par la Segonde Guerre. Il demeure Jacques Trisch (basse) et Marcel Quinton (baryton). En 1942 se joint à eux Pierre Jamet (ténor), fondateur de la chorale des Auberges de Jeunesse, ami de Jacques Prévert. Il manque au groupe une quatrième voix, celle de contre-ténor, qu'à celà ne tienne, l'emploi sera tenu brièvement par Raymond Leibowitch (professeur de stomatologie), André Schlesser, Jean-Marie Périsson (chef d'orchestre à l'Opéra de Paris), Michel Hamel (ténor professionnel) ; enfin, en 1949, Georges Thibaut (Maître de Chapelle de Saint-Germain-des-Prés) rejoint le groupe et y demeurera jusqu'aux adieux.
A la Libération, le groupe avait monté un spectacle musical, « Le Gueux au Paradis » qui avait obtenu un certain succès. Louis Jouvet s'enthousiasme : « Avec les Compagnons de Route, la chanson française retrouve son accent d'origine… » et Darius Milhaud reconnaît leur talent : « Un voyage à travers le folklore avec les Compagnons de Route nous permet d'apprécier les qualités musicales de ce jeune groupement plein d'entrain et de vie. » 

 À partir de 1947 se succèdent les saisons dans les meilleurs cabarets et les tournées internationales. Ils enregistrent chez Polydor puis Philips. Pour ses premiers enregistrements d'après-guerre, le groupe a pris pour nom « Les Quatre Barbus de la radio », mais il le simplifie rapidement pour s'appeler simplement, à partir de 1949, « Les Quatre Barbus ».
C'est à cette époque que se fixe leur style scénique : une tenue simple avec un blouson sur un maillot de marin, un chapeau (de style varié selon les spectacles et les années) et surtout une barbe (parfois vraie, souvent fausse). La mise en scène est des plus simples, l'accent étant surtout porté sur l'interprétation musicale. Leur style les rapproche et les met en conccurence avec les Frères Jacques.
Et c'est parti pour une trentaine disques de chansons réalistes, gaillardes, rives gauche, traditionnelles, de marins, de forçats, de détournements signés Piere Dac / Francis Blanche, de la Commune de Paris (parfois sous le pseudonyme de "Groupe 17") et même un 33 tour de "Chansons anarchistes" tous deux édités par le SERP (maison d'édition plutôt spécialisée dans les chants militaires et appartenant à...Jean-Marie Le Pen qui ne rechigne donc pas à aller chercher le pognon dans la poche des gauchistes)
Le groupe fera ses adieux en 1969
A part une compilation  parue en 1997, rien n'a été réedité en cd.



Là une archive de la télévision Suisse pour leur séparation :
http://www.rts.ch/archives/tv/information/carrefour/3439835-les-quatre-barbus.html