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lundi 11 novembre 2019

Orwell et la laideur


Face à une telle laideur, deux questions vous trottent dans la tête : Un, est-elle inéluctable ? Deux, est-ce que ça a vraiment de l'importance ?
Je ne crois pas que l'industrialisme suppose nécessairement et obligatoirement la laideur. Une fabrique, ou même une usine à gaz n'est pas, par nature, vouée à être laide - pas plus, en tous cas qu'un palais, un chenil ou une cathédrale. Tout dépend de la tradition architecturale de l'époque. (...)
Mais cela dit, une fois qu'on a constaté la laideur apportée par l'industrialisme et admis qu'il y a là de quoi être choqué quand on la découvre pour la première fois, je ne crois pas que ce soit un point d'une importance capitale. Je dirais même que l'industrialisme étant ce qu'il est, il n'est pas souhaitable qu'il apprenne à se parer de déguisements trompeurs. Comme l'a justement noté Aldous Huxley, une "noire fabrique de Satan" doit ressembler à une noire fabrique de Satan et non à un temple érigé par de mystérieux et formidables dieux.
George Orwell Le quai de Wigan (1937)

Un  classique (voir l'explication de texte) en duo : Bashung / The Pogues


mercredi 2 octobre 2019

Au loin s'en vont les nuages


On a mauvais esprit.
Surtout lorsqu'on nous claironne que cinq mille tonnes de produits chimiques partis en fumée n'occasionnent qu'une gêne passagère due à l'odeur et aux poussières.
Qu'on se remémore l'ineptie des autorités après l'explosion de l'Onia, pardon, de l'usine AZF.
Ainsi que la fois où la ligne Maginot arrêta un autre nuage à nos frontières. Ce jour-là, il pleuvait aussi à Prypiat.
Et à comme s'il ne suffisait pas que les usines chimiques partent en fumée, on ne peut s'empêcher de songer à ces centrales nucléaires rafistolées.
Puisqu'on a mauvais esprit.

Tout comme Alain Bashung dans son Dimanche à Tchernobyl en 2002 (album L'imprudence)


Ou, dans un genre plus enlevé, les regrettés Malpolis, avec Du côté de Tchernobyl.


C'était notre rubrique "Il ne faut pas désespérer la Seine-Maritime".

dimanche 20 janvier 2019

Bashung chantait Cohen, Fabrizio aussi

Soufflons un peu entre deux nuages, c'est dimanche.
Alain Bashung ne dédaignait pas reprendre quelques-une de ses musiciens préférés. En 2008, sur son album Bleu pétrole (2008), il chanta donc l'immortelle Suzanne, de Leonard Cohen d'après l'adaptation en français de Graeme Allwright



Texte originellement issu du recueil Parasites of heaven, en 1966, il fut d'abord mis en musique par Judy Collins avant d'être gravé par Cohen l'année suivante.
L'hôtesse du fleuve, vêtue de haillons et de plumes, qui, a l'instar de la princesse Nausicaa, accueille ses visiteurs en les rendant amoureux deviendra le plus grand succès du poète canadien avec au compteur plus d'une cinquantaine d'adaptations (Nina Simone, Harry Belafonte,  Joan Baez, etc.)
Fabrizio de André y alla aussi de sa version italienne.  


dimanche 19 février 2017

Béranger et Bashung un soir de mai

Un poteau exhume cette affiche d'un vieux carton et l'énigme pointe le bout de son nez. Un 24 mai certes, mais de quelle année ?
N'étant, ni chrétien, ni ouvrier, ni Balnéolais (habitant de Bagneux) mais effectivement "jeune" à l'époque présumée, tâchons de rassembler quelques souvenirs et de deviner la date.

Outre un maquettage fait à la va-vite et les deux passages en offset assez stupéfiants (marier du vert avec du rose !!!!) qui fleurent, à la fois un refus plus ou moins conscient de la vulgarité publicitaire issu d'une culture néo-gauchiste (on est chez la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, nom de Dieu !) dans laquelle le message se doit d'être plus important que son habillage, on remarque que la "vedette" est François Béranger et le "renfort" Alain Bashung". 
 
Béranger est déjà un vieil habitué des galas de solidarité et autres concerts de soutien, sa présence garantit la reconnaissance d'un certaine audience. Devenu chanteur professionnel vers 1970, il obtient un premier grand succès grand public en 1979 avec le 45 tour "Mamadou m'a dit" (tiré du disque "Joue pas avec mes nerfs"). Il va tâcher de renouveler l'exploit l'année suivante avec l'étonnant "Canal 19" (album "Article sans suite"), chanson à la gloire de la citizen band, outil radio des routiers et mode passagère chez les français moyens.
Un autre extrait de cet album "Au point de sang" qui malgré son côté lourdingue, paroles et musique, n'a rien perdu de sa pertinence*. 

 

Ah mais, me direz-vous, nous voilà déjà en 1980.
Ben oui, et c'est un peu grâce à Bashung. 
Il a trente-cinq ans cette année là et après des années de galères sous le pseudonyme de David Bergen ou en tenant le rôle de Robespierre dans une comédie musicale, il sort l'album Roulette russe en 1979, sans gros effet. Mais il se fera un nom en 1980 avec le grandissime single Gaby oh Gaby, vendu à un million d'exemplaire, grâce auquel sa maison de disque pressera à nouveau Roulette russe en y rajoutant ce titre. 
Et que constate-t-on sur l'affiche ?
Que la photo de Bashung est exactement celle de la pochette du 45 tour "Gaby", sorti en.... janvier 1980 et alors en route pour la gloire.
Le reste est facile à déduire : les heureux Balnéolais et Balnéolaises ont pu assister aux prestations des deux bougres le 24 mai 1980 !
Un extrait de Roulette russe pour fêter ça "Je fume pour oublier que tu bois"



Dernier indice : la solidarité avec le Salvador, en guerre civile ouverte depuis 1979, incline à confirmer cette année-là ou éventuellement la suivante.
Mais les plus observateurs d'entre vous auront peut-être remarqué un "1981" griffonné au crayon en haut. Pourquoi pas ? Disons qu'on tient quand même notre hypothèse pour plausible.

* Il y est fait allusion à l'attentat du 3 octobre 1980, contre la synagogue de la rue Copernic (4 morts) revendiqué par les nazillons de la FANE, dirigés par l'ex cadre FN Marc Frederiksen. Le premier ministre, Raymond Barre, avait passé le mur du con en dénonçant "un odieux attentat qui voulait frapper des Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue." Sans commentaires....

vendredi 10 février 2017

Hey Joe, calme-toi Joe !


Voici une chanson américaine légendaire qu'on suppose écrite par Billy Roberts vers 1962.
Elle narre la destinée d'un homme, malade de jalousie, qui après avoir flingué sa femme fuit désespérément vers un Mexique qu'il n'atteindra sûrement jamais.

"Hey Joe" devient un énorme succès en 1966 lorsque le jeune James Marshall (dit Jimi) Hendrix l'adapte à sa sauce. La même année, les Byrds, groupe de folk-rock qui cartonne à L.A., en sort une autre interprétation, puis, c'est au tour de Love, Cher, Frank Zappa (qui la parodie en "Hey punk"), Deep Purple, Wilson Pickett (qui la transpose en soul), Patti Smith, etc, etc.
Mais tous ces braves gens se sont essentiellement inspirés de l'interprétation du groupe garage californien The Leaves qu'on peut retrouver de nos jours sur le premier tome des compils Nuggets*.
Son pourri et play-back garantis. Au vu de ses cadrages, le cameraman avait l'air plutôt raide, lui aussi...

Bien plus tard, en 1984, Alain Bashung reprit à son compte une ancienne version de Jean-Philippe Smet.
En 1966, le Jojo, qui enregistrait à Londres, se trouvait voisin de studio de Jimi Hendrix. Il devint pote du bassiste Noel Redding et embarqua le trio Experience en tournée. Non sans leur emprunter leur tube, réécrit en français pour l'occase par Gilles Thibaut. Qui ne fit plus aucune allusion au meurtre et à la cavale vers la frontière mexicaine. Notre déjà vieux rocker et futur hippie s'est taillé un beau succès avec ce 45 tour en 1967.
Il existe une version de cette année là, chute de studio, dans laquelle Hendrix accompagne Johnny à la guitare.
Mais comme on a toujours préféré Bashung à Halliday...


Et une dernière pour la route, celle de Willy DeVille qui lui donna une dernière jeunesse avec l'excellente idée d'y coller des mariachis.

 

* Exhumation de 45 tours de groupes garage et psychédéliques Nord-américains oubliés, compilés par Lenny Kaye, ci-devant guitariste de Patti Smith, la boucle est bouclée.