Simone au Photomaton |
Laissons lui la parole :
Un jour, dans une librairie, je tombe sur les
fables d'Anouilh... Je lis le bouquin dans le train et j'ai de suite
idée de les interpréter. Je demande à mon mari Gérard Dournel qui
répétait une pièce d'Anouilh (Becket ou l'honneur de dieu) et qui le
connaissait bien, de lui poser la question...
Et c'est parti pour un 33 tour de textes du bonhomme qui sera intitulé "Chansons-bêtes" (DISQUES ARION, distribution exclusive CBS
AR 30 D 056 A)
Pour le reste, Anouilh raconte :
Pourquoi CHANSONS-BÊTES ? Parce que ce sont là des chansons et qu'il y est beaucoup question de bêtes - et qu’en somme, il fallait bien trouver un titre.
Un été où je n’écrivais pas de pièce - j’ai longtemps fait une pièce tous les étés, en toute naïveté, à la fois pour me faire plaisir (...), à la fois pour gagner ma vie. Un été, donc, où une volée de coups de bâtons, un peu plus sévère que d’habitude des critiques m’avait dégoûté de cette activité sportive, comme ces skieurs qui hésitent une saison ou deux après leur jambe cassée, je me suis mis un beau matin à écrire une fable... Un peu au hasard, parce que j’avais du papier blanc devant moi, qu’il faisait beau et que j’avais envie de chanter. Je crois bien que c’était La Jument, que Simone BARTEL interprète sur l’une des faces de ce disque.
A l’heure du bain, ma fable était faite et, comme cette matinée m’a paru heureuse, j’ai repris la même formule le lendemain matin, une fable avant le bain. Pendant quarante sept jours, durée de mes vacances... Le quarante-huitième jour, des répétitions me rappelant à Paris, je m’arrêtais. C’est comme cela que je suis devenu, je n’ai pas encore très bien compris pourquoi, l’auteur de quarante sept fables... Ces fables parurent d’abord en Suisse, parce que l’une d'elle, de caractère politique, risquait d’être mal interprétée par des gens qui voient des allusions partout, puis en France, au Livre de Poche, où l’édition s’écoula rapidement quoique, je dois le dire, dans l’indifférence générale de la presse et de la critique... C’était sans importance puisque je ne les avais écrites que pour un plaisir estival. Je m’empressais de les oublier comme le soleil, le vent sur les dunes et l’eau tiède de cet été là...
Et puis, un beau jour, Simone BARTEL, qui avait demandé à André GRASSI de mettre certaines d’entre elles en musique, vint m’en chanter quelques unes et c’est comme cela que j’ai appris que j’étais devenu un auteur de chansons, ce qui était la dernière chose que j’aurais imaginée.
André GRASSI avait mis tant de malice et tant d’esprit dans sa musique, Simone BARTEL, - moitié Damia, moitié Yvette Guilbert- tant de force et de talent, que j’ai été, je l’avoue naïvement, le premier auditeur ravi de ce disque.
Je vous le dis en toute simplicité - d’abord parce que je m’y connais tout de même un peu, quoi qu’on dise, ensuite parce que ces paroles, écrites dans le songe heureux d’un été ne me semblent plus de moi, et surtout, parce que c’est leur très grand talent à tous les deux qui a tout fait.
Pour aujourd'hui, on se contentera d'un cha-cha-cha virtuose, "La mariée trop belle". Il n'a pas pris une ride. Tout le disque est écoutable à la page qui lui est consacrée sur le site dédié à Simone Bartel. C'est là qu'on a emprunté le texte de ce billet.
Si la chanson ne part pas, vous pouvez l'obtenir à cette adresse.
Un gros merci au Lexomaniaque qui nous a fait connaître cette chanson sur ce site. Une mine de sons pas fréquents !
Et comme Tilidom patine et méprise les pauvres, vous pouvez retrouver la merveille (avec texte intégral) sur cette page du site mentionné ci-dessus.