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lundi 8 août 2022

Charniers universels

 

La Bornaina (Asturies)

Ce n'étaient ni des héros ni des martyrs, ils sont seulement partis se battre, avec la rage des pauvres, contre un fascisme brutal.
Ils ont combattu les caciques et le mépris militaire et y ont perdu leurs vies simplement pour la dignité.
Les tueurs rigolaient et le putain de curé les bénissait pendant qu'ils les flinguaient au nom de son Dieu.
Face au soleil, à l'aube, avec une chemise bleue, on les a jetés comme des chiens dans une fosse commune.
Le silence des morts crie à la liberté.
Ils les ont tué d'un tir dans la nuque ou fusillé contre un mur, les ont éliminé avec une fureur criminelle. 
Les tueurs rigolaient et ce putain de curé les bénissait pendant qu'ils flinguaient au nom de son Dieu.
Ceux qui ont appuyé sur la gâchette ne devraient jamais oublier que leurs balles n'ont pas tué tout le monde. Que personne ne tue la vérité. 
Dans une tranchée, entre cadavres criblés, est née une démocratie.
Face au soleil, à l'aube, avec une chemise bleue, on les a jetés comme des chiens dans une fosse commune.
Le silence des morts crie à la liberté.
LA PLAIE RESTE OUVERTE !    
Gatillazo Fosa común (trad. maison)  
 

 

Photo certainement montage (on ne tire pas si près d'un mur, ça ricoche !)

Pravia (Asturies)


mercredi 11 mai 2022

La révolution asturienne au cinéma

 

Les lèvres serrées

LUNDI 16 MAI À 20H30 cinéma American Cosmograph (24 rue Montardy, Toulouse)

Projection unique suivie d’une rencontre avec le réalisateur Sergio Montero Fernandez, des membres du collectif Smolny, éditeurs notamment de l'ouvrage Asturies 1934, une révolution sans chefs, ainsi que PJ B., traducteur du livre.

La BO non sous-titrée. Le film l'est.
 

« Les meilleures "archives" du bassin minier des Asturies se trouvent dans ses cimetières. »

Il y a quelques années, Sergio – fils d’un mineur asturien – voyage à Buenos Aires. Il ne sait pas alors qu’en parallèle, il entame un autre voyage : celui de la mémoire. Là-bas, il découvre qu’un événement historique de répercussion mondiale a eu lieu dans sa région d’origine. On ne lui avait jamais rien raconté, dans aucune école ! Le jeune homme va passer d’un côté à l’autre de l’Océan en poursuivant l’ombre de cette révolution à laquelle il ne connaît rien, même si certains vieux de chez lui y font parfois allusion.

Espagne, octobre 1934. Face à la prise de pouvoir par la droite dure, la grève insurrectionnelle est déclenchée. Censée embraser tout le pays, elle échoue en Catalogne et est vite matée au Pays Basque. Mais dans les Asturies, la République socialiste est proclamée. Casernes et usines d’armement tombent les unes après les autres ; dans les bassins miniers, argent et propriété sont abolis. Cela va bien au-delà de l’antifascisme. Madrid envoie trente mille soldats, sous la coordination d’un certain général Franco, pour étouffer cette rébellion. Accompagnés de la flotte de guerre et de l’aviation, face à la résistance acharnée des ouvriers, ces militaires mettront plus de deux semaines à parvenir aux centres de la rébellion...


 

vendredi 16 juillet 2021

Savoir terminer une révolution

 

Le canon de San Lazaro continuait de tonner (...)
Belarmino était hors de lui parce que ce canon semblait prouver que les ouvriers ne respectaient pas le pacte. Il décidé d'aller lui-même les mettre au pas, suivi d'un groupe de fidèles.
Le canon était servi par un artilleur de Trubia qui obéissait aux ordres d'un groupe de Mieres. Belarmino se dirigea vers lui.
- Mais vous n'avez pas reçu l'ordre de cessez-le-feu ?
- C'est qu'ils m'obligent. Je dois tirer de force.
- On va voir ça. Où est le chef de groupe ?
Le chef, un petit jeune trapu à la chemise déboutonnée et à l'air hostile apparut à la porte d'une maison voisine. Il avait le pistolet au poing et était escorté d'une demi-douzaine d'hommes armés. Belarmino l'interpella.
- Tu ne me reconnais pas, camarade ?
L'autre le regarda, un peu sombrement avant de répondre.
- Si, je sais que tu es Belarmino, celui de Sama.
- Pourquoi n'a-tu pas exigé le cessez-le-feu ? Le comité l'a exigé.
- Le comité, connais pas, répondit le mineur excité. Y'en a qui disent que les comités se sont enfuis, d'autres qu'ils négocient avec les militaires. Moi, j'en sais rien. Moi, c'est Peña qui m'a nommé ici et il ne m'a pas encore donné l'ordre d'abandonner.
- Nous autres on se rend pas, intervint un autre jeune en arme. S'ils veulent le canon, qu'ils viennent le chercher.
Belarmino Tomàs expliqua calmement dans quelles conditions la reddition avait été décidée. La lutte était perdue et il fallait éviter des représailles dans les foyers des bassins miniers. L'idée socialiste n'était pas vaincue et ils auraient l'occasion de retourner au combat en son nom. Mais y faire obstacle désormais ne ferait que nuire à la classe ouvrière.
Face à ses paroles, les révolutionnaires ont cédé.
- Mais on rend pas les fusils, hein ? Ça, à aucun prix.
 
Manuel Grossi Mier L'insurrection des Asturies
cité par Ignacio Diaz, Asturies 1934, une révolution sans chefs 
Belarmino Tomàs  

Germaine Montéro dans une chanson de Paul Lançois et Paul Arma (1934)

Et pour détendre l'ambiance, Cuenca minera (bassin minier) de Siniestro Total (1993)


lundi 14 juin 2021

Un hymne ouvrier asturien

 

Profitons de la sortie du livre d'Ignacio Díaz pour nous arrêter sur l'autre hymne asturien, l'officieux. Autre parce que comme toute province, cette contrée possède un hymne officiel qui vante ses jolis paysages et qui fut d'ailleurs écrit par un compositeur cubain. Passons.
En el pozu María Luisa est devenu à la fois le chant de ralliement des mineurs et la chanson asturienne par excellence, celle qui est reprise dans toutes les fêtes et manifestations. 

Le puits María Luisa est situé dans un des principaux bastions ouvrier, sur la commune de Langreo. L'extraction du charbon était destinée à alimenter les hauts fourneaux de l'entreprise métallurgiste Duro Felguera, que les ouvriers occupèrent en octobre 1934 pour y construire des véhicules blindés au service de la révolution. 
Sa construction dura de 1918 jusqu'en 1943. 
Si cette mine est passée à l'histoire, c'est par la faute d'un coup de grisou qui la ravagea le 14 juillet 1949, tuant 17 ouvriers.
Ce massacre industriel passa en chanson en détournant un cantique dédiée à la patronne des mineurs Santa Barbara bendita. 
Un mineur maculé de sang, tête fracassée et chemise en lambeaux y témoigne de l'accident à sa femme qu'il appelle du diminutif affectueux Maruxina (Coccinelle en asturien). Outre la description de la catastrophe, il y est souvent rajouté des couplets insultants patrons, actionnaires et contremaîtres. 
Contrairement à la légende, cet air est donc tout à fait postérieur à la Guerre civile.
Il existe des milliers de versions de ce classique des jours de barricades. Celle-ci est du groupe asturien Nuberu, illustrée des riches heures du prolétariat local, en particulier de la marche sur Madrid de 2012 (les flics de la capitale en conservent  un cuisant souvenir).  

Curieusement, il existe plusieurs variants bretons de cet hymne, dont une reprise par Gilles Servat ainsi qu'une autre évoquant une grève d'ouvrières sardinières sur laquelle on reviendra.

On se quitte sur un authentique air d'octobre 1934.

 



vendredi 28 mai 2021

Révolution en mode mineur

 

Les armureries sont dévalisées et les vigiles des entreprises minières désarmés. Leur arsenal, ajouté à celui récupéré aux forces de l’ordre, passe aux mains des miliciens. Près de Mieres, à Santullano, les miliciens empêchent les travailleurs de lyncher José Cela, cacique local. Dans bien des bourgs, le peuple prend les mairies d’assaut et brûle les registres de propriété. À Nava, la maison d’un grand propriétaire et le presbytère sont incendiés. Plusieurs moines et prêtres particulièrement détestés sont exécutés par le peuple en armes.

«  Les détonations qui se propageaient de village en village et de vallée en vallée étaient le signe que la révolution s’étendait victorieusement dans toutes les Asturies, les enveloppant de son rouge brasier. » (Manuel Villar) 

La progression des révolutionnaires est irrésistible : ils fondent sur le dépôt de locomotives de La Argañosa, la caserne de la sécurité publique et la radio. Ils se battent dans le quartier historique autour de la mairie dont ils s’emparent finalement. Les dynamiteurs sont en avant-garde, suivis des fusiliers.

« … parmi les révolutionnaires, une catégorie doit passer à l’histoire de l’insurrection asturienne avec tous les honneurs : les dynamiteurs. Ils formaient l’avant-garde des colonnes insurgées devant lesquelles, juste à les sentir approcher, les forces de la réaction abandonnaient fréquemment leurs postes. Ils étaient vus comme des demi-dieux par le peuple ouvrier et comme des démons échappés du pandémonium par les bourgeois et autres ennemis de la révolution. Ils formaient un petit groupe qui, placé à l’avant des tirailleurs, ouvrait inexorablement la voie. Si quelques portes s’opposaient à l’avancée de la révolution, ils les faisaient voler en éclats, si c’étaient des murs, ils les abattaient, si c’étaient des hommes, ou ils se dispersaient pour laisser le champ libre aux insurgés ou ces derniers n’avaient plus qu’à passer sur leurs cadavres. » (N. Molins i Fábrega)

 
Mais comment en est-on arrivé là ? 
Nos valeureux mineurs implanteront-ils le communisme libertaire aux Asturies ?
L'Espagne suivra-t-elle ? Et que fait l'armée ? Et les anarchistes ? Et les socialistes ? Et qu'est devenu le pognon de la Banque d'Espagne d'Oviedo ?
La Commune des Asturies fut-elle la répétition générale de la guerre civile de 1936 ? Une geste antifasciste ? Unitaire ? Spontanée ?
Vous trouverez les réponses à ces questions et à bien d'autres dans l'ouvrage, entièrement subjectif, du camarade asturien Ignacio Díaz désormais disponible et édité par Smolny Asturies, 1934. Une révolution sans chefs. 
Ce sera distribué dans toutes les bonnes crémeries. Sinon exigez-le ! Ça sort le 11 juin


 
 

 

mercredi 11 décembre 2019

Lo sentimos, estamos en huelga

Quand prolo énervé, prolo bloquer route.
Service minimum entre deux marches aussi éléphantesques que trop policées.
Ce coup-là, on grève en castillan.
A la huelga est un vieux classique syndicaliste du Chilien Rolando Alarcón. Il est ici tropicalisé par les Équatoriens de Cumbia proleta qui lui donnent une deuxième jeunesse.




Au Mexique, toute usine, commerce ou autre boite en grève se signale par des drapeaux rouges et noirs. Lorsque la façade de l'entreprise en question n'est pas entièrement repeinte par les travailleurs concernés.
Banderita roja y negra de José Molina leur rend un hommage. C'était dans son dernier album De Chiapas con amor (1995)


vendredi 8 avril 2016

Casseurs et terroristes (Espagne)


Incontrôlés asturiens (octobre 1934)
Balance la bombe 
qui crache la mitraille
Pose des explosifs,
empoigne un "Star"*
Propage tes idées
révolutionnaires
jusqu'à gagner
la liberté.

Accourrez anarchistes,
armés de vos flingues
jusqu'à en mourir.
Avec du pétrole et de la dynamite
tout gouvernement
sera combattu et détruit. (...)

 

La tradition orale veut que cette apologie du terrorisme ait été composée par un anarchiste aragonais, un certain Aznar, dans les geôles du Commissariat Supérieur de Police de Barcelone en réponse à un tabassage particulièrement soigné. On était en 1932. Cette chanson devint très vite un hymne de la CNT et un des refrains les plus populaires de la guerre civile.

* Pistolet Star : arme de poing la plus populaire espagnole (manufacture Bonifacio Echverria S.A., Eibar, Gernika)