Voici l'histoire pas très banale du lieutenant des gardes mobiles Xavier Morel qui risqua sa peau le 25 avril dernier à Ste Soline.
Pris sous un feu roulant de cailloux, le malheureux officier invoqua très fort les mânes de son grand-oncle tombé en défendant l'Occident et la Banque d'Indochine dans la cuvette de Dien Bien Phu (1954). Non, l'histoire n'avait pas le droit de se répéter même en tragi-comédie !
Aussi le lieutenant ordonna à sa compagnie d'ouvrir le feu de toutes la puissance de ses cougars, LBD et autres grenades assourdissantes, offensives ou bean bags.
L'ennemi s'appelait-il Serge, Mickael, Alix ? Peu importe, pour cette fois l'occident (et la FNSEA) étaient sauvés.
Ce conte absurde pour illustrer, le dernier né des Nuclear Boogie (avec Bogmallow, Marc et Alex) vibrant hommage à la tradition St Cyrienne.
Sur ce bonnes vacances sous contrôle des CRS maîtres-nageurs.
Déclarer que les punks avaient été situationnistes est certainement plus condescendant que juste. La réalité est que la majorité des gens embarqués dans le mouvement punk, musiciens ou pas, anglais ou pas, n'avait alors pas plus entendu parler de Guy Debord que de sa Société du spectacle, tout comme ils n'avaient pas plus lu Karl Marx que Joseph Proudhon.
Effectivement, les punks, comme d'autres avant eux, avaient essayé de construire des situations. Ces moments intenses où la vie se touche et se goûte comme jamais et que les situationnistes théorisaient comme une construction concrète d'ambiances momentanées de la vie et leur transformation en une qualité passionnelle supérieure.
Réinventer la vie - la formulation du poète était bien plus claire. À partir de ce marché qui, à quelques exceptions près, ne voulait pas de lui, le propension du punk à agir par soi-même, souvent par défaut, avait néanmoins réalisé ce que les limites de l'intellectualisme (la séparation d'avec le réel) avaient empêché aux gens de l'Internationale situationniste de faire : produire des actes susceptibles d'avoir des effets.
Mais le punk et le rock en général ne faisaient-ils pas également partie du spectacle que dénonçaient les situs ? La réification - transformation d'une abstraction en une chose - avait permis au genre humain de se réaliser. De supporter l'existence et faire société. Les langues, les arts, les rites en étaient manifestation. Le monde de la production de masse n'avait pas inventé la réification, il l'avait mise à contribution afin de se développer.
Marc Sastre La fin du rock (Les Fondeurs de Briques 2020)
Les mêmes que ci-dessus au 15ème anniversaire de la mort de leur inspirateur
T'en veux du spectacle ?
Ce bon vieux Eugène reprend les Dead Ken. (merci à Crasse et voluptés)
Pour la presse comme pour le public, ce sera du tout cuit tant il y a là un de ces objets que les deux affectionnent particulièrement : l'énergumène qu'on va traiter en bête de foire.
Barney Hoskins (...) voit en Jeffrey Lee Pierce "avec sa voix désespérée et habitée un Jim Morrison gothique chantant sur les fantômes et les poissons, les sorcières et les poupées vaudou".
Tout au long des trois premiers albums, du blues au jazz en passant par la country, Pierce et son groupe vont donc revisiter le folklore nord-américain de la première moitié du XXe siècle, avec tout ce que le prolétariat y a produit comme expression d'un rude quotidien. émigration vers le nord industriel, Grande dépression, difficultés des conditions ouvrières et paysannes avec ce qu'elles comptent de vicissitudes, ségrégation en plus pour la communauté noire.
L'originalité du Gun Club est là : Pierce a capté le fond du blues en s'émancipant de sa forme. Et si Pierce a capté le fond du blues, c'est parce qu'il est une personnalité blues. Là se situe la différence avec les productions des musiciens blancs comme le blues-boom des années 1960 a pu en produire. au fond, les disques des Cream et même des Stones n'étaient-ils pas plutôt un hommage au blues que véritablement du blues ?
"Ma mère est mexicaine. Une métisse, mi-indienne, mi-française. Du coup, j'étais catholique et dans le sud-ouest, être catholique, c'est pire que d'être communiste. Je sais ce que c'est que d'être traité comme un bougnoule. Ma mère, quand j'étais môme, elle ne parlait pas un mot d'anglais et moi j'étais un foutu bâtard : trop blond pour les mexicains, trop mexicain pour les autres. Déjà, quand j'étais môme, je portais des médailles et des gris-gris pour faire chier le monde. Les cathos mexicains sont complètement givrés : ils pratiquent un mélange de christianisme et de superstitions indiennes. C'était bonnard, je n'avais qu'à voler des amulettes à ma mère." Jeffrey Lee Pierce.
Les deux morceaux sont tirés du premier album du Gun Club, Fire of Love (1981) Preachin' the blues est une reprise de Robert Johnson.
Texte et citations sont extraits du livre Jeffrey Lee Pierce de Marc Sastre (LFDB 2013)
Le camarade rocker Marc Sastre est l'auteur de sept recueils de poèmes dont les titres forment à eux seuls une suite édifiante : "Aux bâtards de la grande santé", "À défaut de martyrs", "La maison vide", "Soif", "Rien qu'une chute", "Dans l'atelier du monde" et "L'homme percé", qu'il a désormais gravé et mis en musique en compagnie de son camarade Guillaume Navar.
Il a également écrit une déambulation autour de Jeffrey Lee Pierce, fondateur du "Gun Club".
On se fait un plaisir de relayer une petite présentation de son turbin (terme qui le mettrait en joie, n'en doutons pas) :
Extrait : Je suis le fils de ceux qui accrochaient des lumières sous les nuages des derniers empires. Le ciel et le temps leur étaient familiers le froid même les craignait. Ça se soignait avec de larges rasades de gnôle étendues de saintes insultes. Ça inventait parfois des Communes. Ceux-là, une échelle leur suffisait. Parfois un barreau venait à céder il y avait plus d’hommes que de barreaux. Ceux-là ne sont plus un ordre en chasse un autre.