lundi 28 février 2022
Java around the bunker
dimanche 18 avril 2021
Jouons avec Baudelaire
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Par Courbet |
Il y avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C’était surtout un cabotin.
Poète, il ne l’était point de par le ciel, et il avait dû se donner un mal affreux pour le devenir : Il eut une minute de gloire, un siècle d’agonie : aura-t-il dix ans d’immortalité?
A peine !
Ses admirateurs peuvent tout au plus espérer qu’un jour un curieux ou un raffiné logera ce fou dans un volume tiré à cent exemplaires, en compagnie de quelques excentriques crottés. Il ne mérite pas davantage : et combien sont tombés qui étaient plus dignes d’être embaumés dans les pages d’un Elzévir ; ceux-là sont morts poitrinaires et non pas fous ; ils n’ont point eu les préoccupations terribles et les angoisses mesquines qu’eut toute sa vie ce forçat lugubre de l’excentricité.
Mettons à profit les bons conseils du poète, délivrés par Serge Reggiani.
Et persistons à contredire le grincheux inconnu avec cette version des Femmes damnées par Damien Saez.
La réponse ayant été trouvée, nous nous bornerons à conclure que notre cher Jules Vallés avait parfois des fautes de goût assez surprenantes. À moins qu'il ne se soit agi d'une tendance "commissaire politique" des Arts et lettres toute à fait déplorable.
lundi 23 décembre 2019
Vidalie : on a chanté les affreux
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Vidalie par Doisneau (1960) |
Plus immonde personnage, il donna à Germaine Montero La complainte de Sir Jack l'éventreur (1958) ici accompagnée par l'ensemble de Philippe Gérard.
jeudi 29 novembre 2018
Reggiani en beau cadavre
Camarades catastrophistes, puisqu'on en est à se demander, s'il convient vraiment de se mettre à planter des palmiers dattiers du côté de Hambourg, qu'on suppose que la Creuse ressemblera au désert de Gobi d'ici une génération ou plutôt deux, si on devra bientôt aller visiter notre vieille tata de St Flour en trottinette même pas électrique, si Golfech pétera avant Fessenheim ou l'inverse, ou bien qui des Indiens ou des Pakistanais appuieront les premiers sur le bouton fatidique, à moins que du côté du Détroit de Kertch ou de Pyonyang...
Voici quelques angoisses d'il y a cinquante ans, époque où on se marrait avec l'épée de Damoclés du moment.
Amis archéologues, soyez sans rancune : c'étaient des temps obscurs pour votre belle science.
Serge Reggiani dans L'homme fossile (1968).
lundi 10 septembre 2018
Ballades de pendus
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C'était avant les Buttes Chaumont |
Une nuit, j'aperçus aux branches d'un chêne
Deux ou trois pendus en guise de pavois (...)
C'était le chef d’œuvre d'un grand capitaine
Qui peuplait le pays de ses souvenirs
Amis, amies, camarades sensibles aux maux de gorges et au morbide, penchons-nous aujourd'hui sur un phénomène qui fut fort pratiqué bien avant l'explication de la loi de la gravitation universelle. Qu'il s'agisse d'un châtiment infamant sous l'ancien régime, destiné à servir d'exemple et d'édification aux passants ou d'une manière très économique de quitter ce monde tout en faisant profiter les experts en plantes médicinales de la cueillette de mandragore, cordes et gibets furent fréquemment mis en vers et musique.
François de Montcorbier, dit des Loges, élevé par le chanoine Guillaume de Villon, maître es humour noir et poésie ne se faisait guère d'illusions sur sa fin puisqu'il se présentait ainsi dans ce quatrain :
Je suis François dont il me poise
Son épitaphe en forme de ballade pour lui et ses compagnons attendant une éventuelle potence, certainement composée en prison et abusivement connu comme Ballade des pendus demeure son poème le plus populaire. Ici chantée par Serge Reggiani
Car il existe une autre Ballade des pendus, écrite en 1866 par Théodore de Banville pour sa pièce Gringoire. Le poète médiéval Pierre Gringoire y récite ses stances au roi Louis XI qui, mises en musique par Jean-Paul Mariage en 1908 devin Le verger du roi Louis, popularisée par Brassens en 1960.
On reviendra sur ces grappes de fruits inouïs promis à une étrange postérité...
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Nerval par Gustave Doré |
Vu du côté solution individuelle, on vous a causé en d'autres lieux de l'hommage rendu par Pierre Mac Orlan et de Monique Morelli suite au fait divers du 26 janvier 1855.
Gérard Labrunie, dit de Nerval, acheva sa carrière d'écrivain par suspension sur la voie publique, rue de la Vieille-Lanterne. Notons que le corps fut réclamé par la Société des Gens de Lettres et que son ami Nadar douta de l'acte volontaire.
De là naquit cette légende selon laquelle Nerval aurait été "suicidé" par des individus au service d'écrivains très connus* redoutant que ledit Gérard n'aille révéler qu'il était, en fait, leur "nègre".
Autre vision plus joyeuse du suicide : en 1891, Maurice Mac-Nab, dans ses Poèmes incongrus, écrivit sa Ballade du pendu rebaptisée, pour cause d'illustre concurrence, Le pendu de Saint-Germain. On vous l'envoie d'abord par Chantal Grimm, déjà entendue dans l'émission de mars 2013, puis par le vierzonnais Stéphane Branger
Terminons ce tour d'horizon de la pesanteur par un retour aux vers de Banville qui ont une parenté évidente avec le poème d'Abel Meeropol, Strange fruit (1937) qui fut immortalisé en musique, par Billie Holliday.
Cet étrange fruit est là, le cadavre du Noir lynché qui parsème le Sud des États-Unis (on estime le nombre de pendaisons sauvages aux USA à 4000 entre 1877 et 1851, soit une par semaine, en moyenne).
Scène pastorale du vaillant Sud / Les yeux exorbités et la bouche tordue / Parfum du magnolia doux et frais / Puis une soudaine odeur de chair brûlée...
Taxée d'abord de communiste, cette complainte interprétée sur scène se vit refusée d'enregistrement par la Columbia Records. Finalement, un petit label, Commodore Records sortit le disque qui devint un grand classique du blues américain.
* Stendhal, Dumas ou Hugo, excusez du peu.
mardi 15 août 2017
Jeu d'été
Érudits, érudites, joueurs, joueuses, touristes morts d'ennui, à vos claviers.
Le passe-temps du 15 août sera cette année : lequel de ces deux dynamiques personnages, représentés ci-dessus, a prononcé ces mots après les avoir mûrement pesés :
Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile !
Le gagnant emporte l'authentique pipe du général Douglas Mac Arthur.
En accompagnement, un classique de Boris Vian chanté par un Serge Reggiani très en forme, le 6 mars 1969, avec l'orchestre de Jean Morlier.
samedi 22 juillet 2017
Henri Gougaud, l'héritage troubadour
Poète, écrivain, chanteur revendiqué occitan, il est né à Carcassonne en 1936. Étudiant toulousain, c'est lors d'une soirée organisée par le Monde Libertaire à la Mutualité qu'il est poussé sur scène par ses potes.
Pour le reste ce fin bavard se raconte très bien lui-même.
Extrait de son site :
* En hommage à Guilhem Belibaste, dit "le dernier parfait", cathare tardif brûlé à Villerouge-Termenès en 1305. En fait, il s'était converti pour se racheter d'un meurtre, après des années de cavale, il tomba sur un agent provocateur de l'inquisition qui le ramena sur les lieux où on le recherchait. Gougaud en a fait un roman.
jeudi 4 mai 2017
Prévert se reprenait lui-même
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Gréco avec Joseph Kosma |
La chanson était alors interprétée par Florelle, on vous en avait causé à l'époque .
La guerre, l'occupation, puis la libération étant passées par là, le Jacquot éprouva le besoin de remanier et compléter son texte pour la parution de son recueil, Paroles.
Procédant par opposition, il y a dépeint un métro aérien à La Chapelle, un truand nommé Richard le Blanc sur le boulevard Richard Lenoir et un Espagnol sur celui des Italiens.
Ainsi qu'un aréopage de vieux tapins, vauriens du quartier, clodos affamés, incurables antisémites, et flics ratonneurs.
L'aimable rengaine du film devient un hommage sans espoir à ceux qui en bavent et à un certain Paris du populo.
Juliette Gréco la chanta en 1951.
Profitons de l'occasion pour insister sur le fait que Prévert ne fut pas que le poète un peu niaiseux qu'on nous apprit à l'école mais, à ses heures, un véritable teigneux. Démonstration : ce texte de circonstance très joliment dit par un Serge Reggiani très en verve : "Tentative de description d'un dîner de tête à Paris, France".