jeudi 15 février 2024
Une chanson d'Albert Londres
lundi 12 juin 2023
Chronique cinoche : Modelo 77
jeudi 1 décembre 2022
Mort naturelle d'un anarchiste
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Livrozet et Drolc |
LA MORT SE MÉRITE from LES FILMS FURAX on Vimeo.
Décidément, ce blogue vire à la rubrique nécrologique "Avis de décès".
vendredi 11 juin 2021
Tranche de vie (claustrophobe)
Un hommage des Dubliners
* Académie militaire britannique.
jeudi 29 avril 2021
Le triomphe des salauds
* Ces lignes sont écrites pendant que le lèche-cul radiophonique du matin mélange allégrement Brigades Rouges, djihad et antisémitisme. À vomir.
Mise à jour du 30 avril : Depuis deux des trois recherchés restant se sont livrés (on comprend que partir en cavale à 71 et 72 ans...) Tous les concernés n'appartenaient pas aux brigades Rouges mais aussi à d'autres groupes (PAC, LC, FCC). Quant aux "crimes de sang" qui auraient justifiés l'extradition, mon œil ! La majorité sont poursuivis pour "appartenance à bande armée".
Des détails, me direz-vous mais comme d'habitude symptomatiques du traitement de l'information.
jeudi 25 février 2021
Leonard Peltier moisit toujours en cellule
Et le Freedom de Rage against the Machine, les énervés de Los Angeles ne pouvaient éviter ce cas.
Et comme contrairement à Peltier, l'histoire cavale toujours, ces dernières années la réserve toute proche de Standing Rock a été un champ d'affrontement ces dernières années contre la construction d'un oléoduc de près de 2000 kilomètres censée la découper comme au sabre de cavalerie. Aux dernières nouvelles, le projet est abandonné.
Une vue de la vie quotidienne sous le règne de Donald Trump
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* Acronyme on ne peut mieux trouvé. En argot, Goon signifie, brute, mercenaire ou... milice patronale.
** Deux films narrent ces événements, un documentaire de Michael Apted, Incident at Oglala (1992) et une fiction du même réalisateur et de la même année, Thunderheart.
En souvenir de Joseph Ponthus, parti le 24 février.
lundi 17 août 2020
Le blues du justiciable
Une veste usée, un vieux jean
j'ai ciré mes souliers et dit adieu à tout le monde
Avant midi je saurai le résultat
Ou en liberté ou en taule.
Je me suis sapé
Je me me suis sapé pour le tribunal
(...)
Personne ne peut savoir ce que je ressens
Mon avocat me conseille de plaider coupable
Le proc' y va de tout son poids
ils sont tous d'accord, je suis du gibier de pénitencier
Je dis la vérité et ça ne sert à rien
Je suis terrifié d'être moi-même
Ils m'écoutent pour mieux me coincer
La cour affirme qu'il n'y a pas de place au doute
Une témoin a menti, un juré a toussé
Le juge a peur qu'elle n'ait été trop sympa
Je me suis sapé
Je me me suis sapé pour le tribunal...
Après avoir été membre des Nerves (trio pop de luxe) en 1970 et fondé les Plimsouls (rock énergique de luxe) en 1978, le fringuant Peter Case poursuit son bonhomme de chemin, seul, en acoustique depuis le milieu des années 80.
vendredi 3 avril 2020
Peur sur les villes
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Ces deux-là n'ont pas leurs attestations |
mercredi 1 avril 2020
Tranche de vie (antique)
Cette année-là, de l'aveu général, la population avait été particulièrement indemne de toute maladie ; mais toutes celles qui sévissaient aboutissaient à ce mal. En général on était atteint sans indice précurseur, subitement en pleine santé. On éprouvait de violentes chaleurs à la tête ; les yeux étaient rouges et enflammés ; à l'intérieur, le pharynx et la langue devenaient sanguinolents, la respiration irrégulière, l'haleine fétide. A ces symptômes succédaient l'éternuement et l'enrouement ; peu de temps après la douleur gagnait la poitrine, s'accompagnant d'une toux violente ; quand le mal s'attaquait à l'estomac, il y provoquait des troubles et y déterminait, avec des souffrances aiguës, toutes les sortes d'évacuation de bile auxquelles les médecins ont donné des noms. Presque tous les malades étaient pris de hoquets non suivis de vomissements, mais accompagnés de convulsions ; chez les uns ce hoquet cessait immédiatement, chez d'autres il durait fort longtemps.
Au toucher, la peau n'était pas très chaude ; elle n'était pas livide non plus, mais rougeâtre avec une éruption de phlyctènes et d'ulcères ; mais à l'intérieur le corps était si brûlant qu'il ne supportait pas le contact des vêtements et des tissus les plus légers ; les malades demeuraient nus et étaient tentés de se jeter dans l'eau froide ; c'est ce qui arriva à beaucoup, faute de surveillance ; en proie à une soif inextinguible, ils se précipitèrent dans des puits. On n'était pas plus soulagé, qu'on bût beaucoup ou peu. L'on souffrait constamment du manque de repos et de sommeil. Le corps, tant que la maladie était dans toute sa force, ne se flétrissait pas et résistait contre toute attente à la souffrance.
La plupart mouraient au bout de neuf ou de sept jours, consumés par le feu intérieur, sans avoir perdu toutes leurs forces. Si l'on dépassait ce stade, le mal descendait dans l'intestin ; une violente ulcération s'y déclarait, accompagnée d'une diarrhée rebelle qui faisait périr de faiblesse beaucoup de malades. Le mal, qui commençait par la partie supérieure du corps et qui avait au début son siège dans la tête, gagnait ensuite le corps entier et ceux qui survivaient aux accidents les plus graves en gardaient aux extrémités les traces. Il attaquait les parties sexuelles, l'extrémité des mains et des pieds et l'on n'échappait souvent qu'en perdant une de ces parties ; quelques-uns même perdirent la vue. D'autres, aussitôt guéris, n'avaient plus dès lors souvenir de rien, oubliaient leur personnalité et ne reconnaissaient plus leurs proches.
C'est le premier avril et on a très moyennement envie de rigoler.
vendredi 21 février 2020
Chantons au goulag
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Du côté de Magadan |
Varlan Chalamov ou Alexandre Soljenitsyne ont rendu célèbre cette impasse finale que fut la contrée entre Magadan et Iakoutsk et sa célèbre "route des os" dont les cadavres des déportés furent directement incorporés à la chaussée.
Contrairement à d'autres camps recyclés fonctionnant déjà sous les Tsars, cette partie du Goulag (acronyme de Direction principale des camps de travail) comprenant les camps de la Kolyma ne fut ouverte que dans les années 1930, au temps du rouleau compresseur stalinien triomphant.
Entre 1932 et 1953, plus d'un million de Russes, Polonais, Baltes et d'autres nationalités jugées suspectes ou ennemies y furent envoyées.
Comme le communisme n'exterminait pas, il ne s'agissait là que de tuer les déportés à des travaux miniers par la faim ou l'épuisement.
Ce qui fut assez réussi.
Le thème du goulag, officiellement disparu en 1958 mais opportunément réaménagé jusqu'à la fin de l'URSS (on n'ose supposer que ces infrastructures aient été aujourd'hui bêtement abandonnées) ne peut évidemment être évoqué en Russie qu'avec des pincettes.
Qui d'autres que Vladimir Vyssotski ne pouvait mieux s'emparer du sujet dans une chanson ironique sobrement intitulée Magadan et dédiée à son ami Igor Kokhanovski ?
Extraits :
Mon ami part pour Magadan,
J'en reste sans voix, j'en reste sans voix !
Il part lui-même, volontairement,
Et pas sous convoi, et pas sous convoi.
Certains diront : « mais il est fou !
Comment un homme sain plaque-il tout à dessein ?
Là-bas y a des camps partout,
Pleins d'assassins, pleins d'assassins ! »
Il répondra : « On exagère beaucoup :
Il n'y en a pas plus qu'à Moscou. »
Fera sa valise tranquillement,
Puis partira pour Magadan.
Mon ami part sans vraie raison
Il en a ras-le-bol, il en a ras-le-bol
Mais il ne va pas en prison
Il est bénévole, il est bénévole...
Là où cette rengaine moqueuse devient franchement hilarante, c'est lorsqu'on apprend que, suite à son annexion de la Crimée, le gouvernement de Poutine a délivré à des milliers de nouveaux citoyens russes des permis pour s'installer dans les riantes contrées de Vorkuta ou Magadan dans la Kolyma.
Une centaine d'ex Ukrainiens auraient jusqu'ici consenti à tenter leur chance dans le Far-est.
lundi 1 juillet 2019
Jullet, la grande évasion
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Dans deux minutes, Houdini part en cavale |
Les Vanneaux se cassent jusqu'à septembre. On souhaite à tous et à toutes d'en faire autant. Surtout à ceux qu'on enferme et qui ont survécu à la chaleur.
Quelques suggestions à ce sujet :
La Polla Record No mas presos
Johnny Cash Wanted man
Sham 69 Borstal breakout
113 Les évadés
Lucienne Boyer La belle
Tatyana Kabanova Odesskoga Kichmana
Albert Marcoeur Le fugitif
Belton Richard Cajun fugitive
Sanseverino La jambe de bois
Triptik Panik
Harry Belafonte Midnight special
Chumbawamba The smashing of the van
AC / DC Breakout
Los Chichos Libre quiero ser
Merle Haggard I'll Breach out again tonight
Catherine Sauvage La belle jambe
Dooz Kawa Me faire la belle
The Sound I can't escape myself
Vous pouvez vous faire la malle (d'Houdini) en écoutant tout l'été cette émission.
Un Gainsbourg qui servit en son temps de générique à la première série des Vidocq de l'ORTF, L'évadé.
Et un un autre classique irlandais, The auld triangle, cette fois par les ricains Punch Brothers.
jeudi 20 juin 2019
En juillet, les Vanneaux se feront la Belle
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Une belle ratée, le Trou de Jacques Becker (1960) |
Ça faisait belle lurette que la belle équipe des Vanneaux attendait la venue des chaleurs pour fuir cette belle époque.
Mais, faute de moyens, avant d'aller s'évader chez leurs belle-mères (ce qui vous fait une belle jambe) la dernière émission de la saison aura pour thème LA BELLE.
Ce sera le lundi 1 juillet à 17h30 sur les 92.2 de canal sud.
En guise de bande annonce, un peu de cinoche.
Un Ovidi Montllor assez peu ressemblant à l'original joue le rôle d'Oriol Solé Sugranyes, du MIL, dans cette séquence du film La fuga de Segovia (Amaia Zuribia 1981). Oriol s'embarqua avec 27 autres militants (basques de l'ETA PM et membres du FRAP) au cours de la tragique évasion du 5 avril 1976.
Et l'inévitable Patrick Mac Gohan dans le générique de la mère de toutes les séries, le sublime The prisoner (1967)
Un agent secret britannique démissionne brutalement de son poste et rentre chez lui au volant de sa Lotus. Alors qu'il fait ses valises pour partir en vacances, un gaz anesthésiant est diffusé dans son appartement londonien. À son réveil, il est dans un autre lieu, le Village...
jeudi 10 janvier 2019
Gilles Bertin par lui-même
Ou presque, car il y a toujours un montage et on aurait bien aimé ouïr les rushes.
On en avait déjà assez largement causé, à l'occasion de la réapparition inattendue de Gilles Bertin, ex-chanteur de Camera Silens en novembre 2016 suivie de l'heureuse conclusion de son procès en juin 2018.
Il ne manquait que sa version de sa propre histoire. Voila qui est fait dans le cadre d'Une histoire particulière sur France Culture. On a pas mal souri en l'écoutant. Aussi parce que que ça nous renvoie à quelques années lumières : l'ambiance d'une certaine mouvance toulousaine, la balourdise des flics espagnols, l'accueil d'un couple d'avocats, etc...
On vous laisse découvrir ça.
Première partie
Et deuxième
jeudi 3 janvier 2019
Deux versions de Jean Genet
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L'auteur par Cocteau |
Ayant du temps à revendre, le poète délinquant, compose un long texte, Le condamné à mort, en souvenir du jeune Maurice Pilorge, cambrioleur et assassin du proxénète et prostitué Nestor Escudero.
Archétype du "beau mec", Pilorge, condamné par les assises de Rennes en 1939, refusa de demander sa grâce au président Albert Lebrun. Il fut raccourci le 4 février (et non le 17 mars, comme le cite Genet).
Ce texte, à la gloire de l'homosexualité carcérale sera repris par Genet en 1950 dans Un chant d'amour.
Côté enregistrements, il fut d'abord lu par Mouloudji et mis en musique par André Almuro en 1966.
En voici un extrait trop bref :
Hélène Martin en avait, elle aussi, tiré des mélodies dès 1961, ce seront les bases des versions de Marc Ogeret (1970) ou d'Étienne Daho (2010)
Mais on a un faible pour l'interprétation de Jacques Douai
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Pilorge, "criminel au visage radieux" |
jeudi 26 juillet 2018
Il n'y a pas d'amour (ni heureux, ni malheureux)
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Anti Brexit. Derry, 1972. |
La nature, le spectacle et les magazines ayant décrétés le mois d'août comme celui des amours, quelques remarques désagréables sur le sujet.
À l'origine, de notre vague à l'âme, le tout dernier morceau du troisième album (Salda baldago, 1988) du groupe basque Hertzainak*.
Outre que les petits gars de Gasteiz (Vitoria) ont interprété exceptionnellement une chanson au titre anglais, No time for love, la superbe musique est d'une évidente inspiration irlandaise.
Aaaah, les projections basco-irlandaises de l'époque...
Sauf que Bilbao n'a jamais été Belfast, enfin passons, là n'est pas le propos.
Notre connaissance de l'euskera étant plus que limitée, on avait tout de même compris que dans un monde hanté par le bruit des sirènes et des rafles au petit matin, par les larmes et les cris de terreur il ne pouvait exister d'amour.
Particulièrement si on vit à Chicago, Santiago, Varsovie, Belfast ou Gasteiz. Entre autres.
En réalité, le groupe n'a jamais caché avoir emprunté ce titre au chanteur de folk américain exilé au Royaume-Uni pour cause de conflit au Vietnam, Jack Warshaw qui créa cette chanson en 1979 sous le titre "If they come in the morning". On trouvera l'original ICI et les paroles (avec accords) LÀ.
Le chanteur irlandais Christy Moore la fit sienne en la rebaptisant No time for love avec la bénédiction de son auteur.
C'est d'ailleurs lui qui mit cette version en ligne. Ici en duo avec le guitariste Declan Sinnott.
Les paroles n'ayant pas pris une ride, vous constaterez que nos amours d'été ou pas, sont mal barrés. Et que, les prolétaires n'ayant pas de patrie, cette mélodie a toute sa place ici.
Salud !
* (1982-1993) Auteurs de "l'hymne" des autonomes Pakean utzi arte, ils sont bien moins connus ici que Kortatu (qui, eux, ne chantaient pas qu'en euskera) et c'est assez dommage. Surtout en ce qui concerne les trois premiers albums.
dimanche 27 mai 2018
Chansons grecques de taulards (Theodorakis et Moustaki)
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Les déportés de Makronissos |
Finalement expulsé en France dans un état de santé lamentable, en 1970, il adapte certaines pièces musicales en français.
Sur ces deux extraits du documentaire filmé par Roviros Manthoulis, on le retrouve à sa sortie de l'hôpital, travailler à ces adaptations (en particulier Nous sommes deux et l'Abattoir) avec Georges Moustaki. Ces deux-là parlaient bien le même langage.
lundi 18 septembre 2017
Fabrizio de Andrè, Brassens en Italien et beaucoup plus
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Et bonne gueule avec ça (années 60) |
Bien entendu, un site assez richement doté conserve sa mémoire.
Autre particularité et prétexte à sa présence ici, il a lui-même traduit et adapté bon nombre de chansons de Brassens pour lequel il confessait une admiration certaine.
Par exemple, Le passanti, de l'album Canzoni (1974) texte d'Antoine Pol, d'abord exhumé par Brassens dans un marché aux puces, qu'il mettra une quinzaine d'années à mettre en musique après avoir laissé traîner longtemps l'opus du poète inconnu dans sa bibliothèque.
Pour partager son talent, on avait déjà ressorti cette ode à l'artisanat. Une autre de nos préférées est Don Raffaè, savoureux et ironique monologue autour, d'une tasse d'excellent café, de Pasquale Cafiero, maton brigadier, au sujet de son client, l'exquis Don Raffaè, capo d'une organisation criminelle organisée. Mafia ? Camorra ? 'Ndrangheta ? Notre connaissance très limitée de l'italien ne l'a pas déterminé mais on ne doute pas qu'aux oreilles de n'importe quel auditeur transalpin, les expressions vernaculaires donnent la clé. Et finalement, l'adresse Pioggioreale 53, une des prisons de Naples, constitue plus qu'un indice.
samedi 2 septembre 2017
Des chansons d'Albertine Sarrazin
Une belle personne |
Fille de l'Assistance publique, agressée à dix ans par un oncle, Albertine Damien est envoyée en maison de correction dès sa quinzième année par son militaire de père adoptif.
À sa sortie, en 1953, elle entame sa carrière de délinquante entre vols, prostitution et un braquage qui lui vaudra une condamnation à sept ans ferme, occase pour sa merveilleuse famille de révoquer son adoption.
Elle s'évade en 1957 en se brisant l'Astragale (os articulant le pied et le tibia) suite à un saut du haut d'un mur de dix mètres.
Blessée, elle est recueillie par un petit voyou, Julien Sarrazin, avec qui elle vivra un grand amour.
Arrêtés tous deux en septembre 1958, ils vont désormais vivre une vie faite d'aller-retours à l'hôtel des gros verrous. C'est donc en taule qu'elle écrit son premier roman L'Astragale publié chez Pauvert en 1965 qui connaîtra un immense succès et une adaptation cinématographique.
Albertine Sarrazin (elle s'est mariée en prison à Julien en 1959) publiera une douzaine d'ouvrages avant de mourir des œuvres de toubibs incompétents à pas tout à fait trente ans, en 1967.
Ce site lui rend hommage.
Albertine Sarrazin a également enregistré des disques de lectures ou d'entretien.
En 1969, Myriam Anissimov, comédienne et chanteuse franco-suisse, grave quelques-uns de ses poèmes écrits en prison. Deux galettes : un 45 tour (Polydor 66679) et un 33 tour (Polydor 658120) pour lequel elle recevra le grand prix de l'Académie Charles Cros.
Anissimov chantera ensuite du Patrick Modiano mais elle abandonnera son métier de chanteuse pour se consacrer à l'écriture.
Issu du 45 tour : Bien après minuit ( écrit à Fresnes en 1954-1955)
lundi 31 juillet 2017
Alexandre Zelkine, internationaliste atypique.
Comme tout est dit là, on va tâcher de résumer le bonhomme en deux mots.
Né à Lyon en 1938 de père russe et de mère française le gars étudie la musique au conservatoire et voyage des Balkans à Israël, d'Espagne à New-York.
Son premier disque Russian folk songs, d'avril 1965, est un recueil de ballades russes accompagnées de balalaïkas. Puis ayant déménagé à Montréal, ses deux opus suivants, de 1966 et 1967, sont de curieux mélange de traditionnels ou de chants révolutionnaires en français, yiddish, espagnol, russe ou anglais.
Parmi les titres, cette version d'À la Roquette d'Aristide Bruant.
Au rythme d'une sortie annuelle, s'ensuivent un autre disque en russe et un album de folk québecois.
Et puis, en 1973 l'album Pessimiste replonge dans le joyeux mélange.
En 1974, c'est L'otage, en pleine saison des actions du FLQ et de l'état de siège qui fut appliqué à la province francophone. On y trouve la chanson Pessimiste qui jure quelque peu avec le ton de l'époque. Quant au titre, L'otage, il s'inspire du sort de Pierre Laporte, avocat et ministre corrompu québecois, mort suite à son enlèvement par la cellule Chénier du FLQ. Laporte avait été soit exécuté, soit tué lors d'une tentative d'évasion.
On reste quelque peu interloqué par les paroles. Essayez voir, de nos jours et sous nos cieux, d'aller tenter d'expliquer le processus amenant à je ne sais pas moi, au hasard, la mort d'un président du conseil italien ou d'un général français...
Et puis le bon géant a disparu des ondes. Depuis 1974, il se consacre au modélisme ferroviaire. Il a même inventé une compagnie imaginaire, la Degulbeef and Cradding Railroad.
Interloqués, on vous dit.
mardi 25 juillet 2017
Schmoll adapte Creedence, Leadbelly et se plante
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Vie quotidienne au pénitencier d'Angola |
À l'origine une chanson folk, country-blues du début du XXème siècle populaire chez les prisonniers du Sud des États-Unis, coutumiers du "chain gang" (groupe de forçats condamnés au travail forcé attachés entre eux).
Sa première occurrence apparaît imprimée en 1905, le premier enregistrement connu est de Dave "Pistol Pete" Cutrell, cow-boy chantant, en 1926.
Comme c'est généralement le cas pour les chants du peuple, les paroles varient au gré des interprètes.
Car, c'est bien le bluesman Leadbelly ("ventre de plomb") qui va non seulement donner ses lettres de noblesse à Midnight special mais proposer une explication du titre aux Lomax, venus enregistrer au pénitencier d'Angola. Enterré en cet enfer pour avoir défouraillé dans une rixe de bar, Leadbelly affirme que le Midnight Special est le train de Houston, plus ou moins mythique, qui doit emmener les bagnards loin de ce trou à moustiques paludiques. D'ailleurs si un gars l'entend passer à minuit, il sortira immanquablement dans l'année.
Le bluesman utilisera sa séance d'enregistrement avec les musicologues pour demander sa grâce au gouverneur. Par ailleurs John et Alan Lomax l'ont abusivement crédité de cette chanson. Suite à cette séance, de 1933, la complainte deviendra populaire chez les bluesmen (Big Bill Bronzy, Otis Rush, Sonny Terry, etc.), folkeux (Pete Seeger, Les Paul, Bob Dylan, etc.) et rockers (Little Richard, Van Morrison, the Beatles, Eric Clapton, etc.). Sans oublier les variantes zydeco ou calypso du début des années 1960.
Une des versions les plus populaires est certainement celle du groupe californien Creedence Clearwater Revival sur l'album Willy and the poor boys (1969) Démonstration :
L'anecdote étant narrée, il ne reste plus qu'à passer à ce qu'il faut bien nommer le très réussi ratage de notre crooner et cinéphile de Belleville, Monsieur Eddy, Schmoll national, qui en fit un gospel mou et erratique sur son disque de 1977 "La dernière séance".
Rien qu'à cause de l'émission éponyme, il te sera beaucoup pardonné, Claude. Et on a parfois bien du mérite...