Entretien avec Philippe Mortimer, préfacier de l'ouvrage, des éditions l'Insomniaque
Émile Chautard, ouvrier typographe et grand connaisseur des bistrots, nous guide en chanson dans le Paris de la dèche et de la pègre, entre la guerre de 1870 et celle de 1914-1918.
Les goualantes qu’il a recueillies au cours de ses pérégrinations dans les faubourgs furent écrites comme elles furent chantées, non par des artistes en vogue mais par des marlous et des gisquettes.
La grande richesse des pauvres d’alors c’était une jactance empruntant beaucoup à l’argot, affiné dans les prisons et les bataillons disciplinaires.
Paris canaille et spectacle pour tous |
Comme l’a dit Céline : « C’est la haine qui fait l’argot. » On verra dans ces pages que l’argot c’est aussi le désir qui se dévoile, c’est aussi la verve, la trouvaille poétique et l’esprit libre.
Dans les zones ténébreuses de la Ville Lumière, dans les hideux taudis de la Belle Époque, nombre de pauvres n’obéissaient pour survivre qu’à leurs propres lois et leurs propres morales.
Le dégoût de l’usine incitait les filles d’ouvriers à se vendre sur les trottoirs et dans les bouges. Voyous dandys, les apaches paradaient en bande sur les boulevards. Le crime exerçait une trouble fascination sur la société – partout l’on recrutait des policiers, partout l’on bâtissait des prisons.
Voilà ce que narre sans artifice ces goualantes qui sont autant de témoignages pour servir à l’histoire des classes dangereuses.
Avec en chansons
L'or Petit Louis (Anonyme - Quéré)
Ciao Paname Roland Brou (Van Daal - Couton)
L'amour à la barrière Agathe Louis (Régnier - Lecoeur)
Complainte du Charlot de la Courtille Nénesse et Totor (Anonyme)
L'assommoir de Belleville Three Times Rockers (Anonyme)
Le départ des joyeux Juliette Gréco (Mac Orlan)
À la Roquette Schultz (Bruant)
La Ravachole Les Quatre Barbus (Sébastien Faure)
Le Sébasto The Moonshiners (Anonyme)
On peut suivre l'entretien ou le mettre à gauche en cliquant là.
Pour illustrer le rôle de la chanteuse tragique, qui mieux que Damia ?
Ici dans un caboulot.
Et un chant d'apaches typique :
Fascinant et passionnant chers camarades.
RépondreSupprimerOn espère que le bouquin parviendra jusqu'à vos contrées.
RépondreSupprimerJules
M. Mortimer mentionne souvent les rappeurs comme "équivalent" moderne, mais je suggère aussi les narco corridos. Il y a d'ailleurs un documentaire ahurissant sur le sujet sur Netflix.
RépondreSupprimerEffectivement les corridos (narcos ou pas) auraient pu être cités. Ils existaient déjà à la même époque que celle dont il est ici question.
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