Mutins sur le cuirassé Waldeck Rousseau. Mer Noire (1919) |
Quant à notre proposition d'une commission des vivres, composée par roulement d'un quartier maître et d'un matelot (machine et pont alternant chaque semaine) il s'en déclarait partisan. (...)
- Si tous les galonnés étaient comme ça, moi je rempilerais, disait Fragne, le boulanger-coq."
(...)
" - Heureusement qu'on n'a encore tiré sur personne, plaida Boniface.
Fragne s'emporta :
- Est-ce qu'on ne charrie pas de la viande à canon tous les jours d'un bord à l'autre. Est-ce que tu sais, toi, pour quel casse-gueule on les pousse, tous les moricauds qu'on débarque de Tarente ?
- T'as raison, m'écriais-je, c'est la question. C'est ça qu'il faut qu'on réponde. Faut être complètement cons pour croire que c'est le peuple russe qu'a appelé la France à son aide.
Plusieurs voix s'interpellaient.
- Faut rentrer en France !
- Y'en a marre. Vive la classe !
Comme quelqu'un se dressait au fond de la salle pour demander qu'on chante la Chanson des fayots*, des voix s'élevèrent :
- Non, pas ici, on la chantera quand on rentrera en France..."
( Charles Tillon**, La révolte vient de loin. 1969)
* En argot de marine, les fayots sont bien entendu les haricots, les lèche-culs et les officiers rengagés.
** (1897/ 1993) Mécanicien sur le croiseur Guichen, mutiné en 1919, condamné à 5 ans de bagne, membre du comité central du PCF à partir de 1932, commandant en chef des FTP en 1941/1944, purgé du parti en 1952, exclu en 1970.
Encore une coïncidence troublante : je viens d'apprendre que les westerns italiens (ou spaghettis) dégénérés, style Trinita, s'appelaient "westerns fayots", dans le jargon cinématographique. Je ne le savions ni peu, ni prout...
RépondreSupprimerJ'ignorais, mais je puis assurer qu'on y trouve pas mal de navets.
SupprimerFaites gaffe, vous allez vous faire traiter de suppôt du FN. Je dis ça pour rire et pour avoir l'occasion de rappeler que c'est Jean-Marie Le Pen, à la tête de sa maison de disques SERP, qui a produit les "chansons anarchistes" des Quatre barbus. Faut dire que Jean-Marie Le Pen avait une politique éditoriale assez vicelarde. Il a publié des chants nazis, des chants franquistes, et à côté de ça, pour faire passer la pilule, des chants des Républicains espagnols et ces chants anarchistes.
RépondreSupprimerBen oui, on sait bien que ce démago Le Pen n'hésitait pas à faire son beurre chez les anars.
RépondreSupprimerOn l'avait signalé ailleurs au sujet des Quatre Barbus.
On pensait plutôt se faire traiter de stalinien pour avoir cité du Charles Tillon.
Bien à vous