Pour terminer 2016, une des plus célèbres chansons du cinéma des années 30, séquence de la Belle équipe de (toujours lui) Julien Duvivier, sorti en septembre 1936.
On se souvient de l'argument du film : les tribulations de cinq chômeurs, dont un réfugié espagnol en instance d'expulsion, qui gagnent à la loterie et décident de s'associer pour monter une guinguette plutôt que d'aller le dépenser chacun pour leur compte.
Première particularité, trois des acteurs gardent leur véritable prénom dans ce film : Jeannot (Gabin), Charlot (Vanel) et Raymond "Tintin" (Aimos*)
Métaphore du Front Populaire, ce film connut deux fins** : l'originale, voulue par Duvivier, dans laquelle la joyeuse bande s'étiole, puis se déchire jusqu'au meurtre et une optimiste dans laquelle nos gaillards voient leur rêve se réaliser, quitte à ressusciter un mort au passage!
Cette fin, montrée à l'époque, était si artificielle qu'elle doit avoir joué son rôle dans le flop du film à sa sortie.
Par contre, la chanson, écrite par Julien Duvivier et Maurice Yvain, interprétée par Gabin, ici suivi par Raymond Cordy et accompagné de l'orchestre musette de Pierrot Deprince est restée dans toutes les mémoires.
Une dernière remarque en ce qui concerne le cinéma et le Front Popu : ce film, tourné début 36, comprend un personnage espagnol. Il ne pouvait y avoir d'allusion à la guerre en cours pour cause de date de tournage. Par contre, les films qui suivront vont soigneusement éviter le sujet. Reflet de la lâcheté et de la trahison du gouvernement de Léon Blum ? Sans doute. Il existe toutefois quelques exceptions notables, dont le fabuleux "Hôtel du Nord" de Marcel Carné (1938)
* Tué sur les barricades lors de l'insurrection parisienne de 1944.
** On n'en dira pas trop, tout le monde n'a pas vu le film.
PS : Pierre Barouh est donc disparu le 28 décembre. On y reviendra.
Cher Jules, on connaît la position et le rôle du PCF devant la Guerre d'Espagne... PCF qui "contrôlait" le cinéma français à cette époque. Y'a qu'à voir La Vie est à nous, sous la direction de Renoir, futur collabo... http://www.monde-diplomatique.fr/2016/09/PARDO/56220
RépondreSupprimerAmicalement,
Belle hypothèse mais le PCF aurait pu aussi jouer à "faire semblant" ce n'aurait été ni la première ni la dernière occasion de manier un double discours.
RépondreSupprimer"La vie est à nous" est effectivement un summum du film stalinien et il n'est guère étonnant que Renoir soit allé lécher d'autres séants à la première occasion. Après ça, on vous avoue une admiration certaine pour Clouzot, particulièrement pour "le Corbeau", qui dans le genre "arrangements avec l'occupant" se posait un peu là.
Amitiés
Jules
Pardon, "soit aller" ('tain de coquilles!)
RépondreSupprimerLe raccourcis quant au PCF est facile. Il n'y a qu'à aussi voir les couvertures d'époque de son hebdo Regards, largement consacrées au soutien aux Républicains espingoins, et le nombre non négligeable de cocos français engagés dans les Brigades internationales. L'Histoire n'est jamais manichéenne, elle (contrairement aux anars brûlerais-je de rajouter, mais ne vous connaissant, je ne voudrais pas paraître insultant).
RépondreSupprimerReste la merveilleuse chanson de Gabin, qu'on a passé à l'église -à la stupéfaction du curé et d'une partie de l'assemblée- pour l'enterrement de ma mémé (1910-2014), elle qui était restée amoureuse de Gabin et qui, ouvrière boulangère et fille de boulanger, aimait à dire "Je suis née dans le pétrin, et j'y suis resté".
Bonne année.
Une bien belle manière de rendre un dernier hommage à sa mémé.
RépondreSupprimerJ
Au passage, on notera la fin de l'extrait ("le drapeau des travailleurs !") et sa chute tragique.
RépondreSupprimerDonc, bonne année ?
">Il ne pouvait y avoir d'allusion à la guerre en cours"... certes, certes, mais la situation politique était suffisamment agitée pour qu'il y ait déjà des exilés depuis 1933 ou 1934...
RépondreSupprimerCertes. Particulièrement depuis la révolte des Asturies (et d'à côté) en octobre 34, suite à laquelle ça se bousculait quelque peu de l'autre côté des Pyrénées.
RépondreSupprimerD'ailleurs, les miliciens de 36 qu'on appelait des "Français" étaient souvent des Espagnols rentrés de France pour régler l'affaire.
Par contre, il me semble me souvenir que le Mario du film (Raphael Médina) vient de Barcelone.
J
Oui, il me semble me souvenir également. Mézalors, d'où vient ce sentiment que l'exil de Mario est de nature politique, hein ?
RépondreSupprimerAargh... Je ne me rappelle pas de la réplique exacte mais il est dit quelque chose au sujet "des flics de Barcelone" qui seraient assez content de le revoir.
RépondreSupprimerOn comprend alors que le Mario a dû avoir de fort mauvaises fréquentations du côté du Barrio Chino à l'époque où les anars menaient la danse dans la ville.
Tout ça n'étant que suggéré, bien entendu.
J
Moralité : faut revisionner le film...
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