jeudi 29 décembre 2022

Recherche des traces d'un chroniqueur disparu

Détective en 1957  (cliquer pour lire)

Toulousains, toulousaines et autres humains, avez-vous ouï du sieur André Dusastre, grand chroniquer de la vie locale ? Si oui, ce message par nous reçu et que nous nous faisons une joie de relayer est fait pour vous.
Si quiconque a des infos, nous ferons aussi tôt passer au camarade Maxou (JF Heintzen).
 
Bonjour. Je découvre ce site par un heureux hasard, en grattant le web à la traque de chansons, visiblement du genre de celles qui peuvent vous intéresser. Je lis que vous êtes implanté à Toulouse, donc je tente ma chance. 
Je bosse depuis quelques décennies sur les complaintes criminelles sur le territoire français. J'en ai déjà répertorié plus de 1250 entre 1870 et 1940 (https://complaintes.criminocorpus.org/), et je viens de pondre un pavé sur le sujet, Chanter le crime (https://www.bleu-autour.com/produit/chanter-le-crime/), mais je ne viens pas vers vous pour vendre ma soupe, c'est juste pour situer mes centres d'intérêt.

 Je traque depuis longtemps l'un des derniers chansonniers "de rue" écrivant des chansons sur les crimes du moment, les chantant et les vendant sous forme de feuilles ronéotypées. Il s'appelait André Dusastre, mort en 1960 à Toulouse, son lieu d'origine. Il a pas mal erré dans tout le sud-Ouest (Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Béziers, Perpignan, Montauban...) et a produit des centaines de chansons, en grande partie perdues. Je vous joins un article de Détective qui l'évoque en action dans les rues de Toulouse en 1954, avec photos. Je peux vous faire passer aussi des scans de quelques-unes de ses chansons (certaines sont à la BNF, car il faisait le dépôt légal de certains de ses textes).

Évidemment je recherche des personnes ayant pu le connaître (ou des collectionneurs de vieilleries musicales ayant des feuilles de chansons de sa main), voire - miracle - contacter sa fille, visiblement née après la guerre si l'on en croit l'article de Détective. Habitant loin de votre sud-ouest, j'ai déjà contacté des potes toulousains, dans le monde des musiques trad' et populaires, j'ai eu un échange avec Claude Sicre, mais cela n'a pas débouché. (Tu m'étonnes! Ndr) Si cela vous intéresse, d'une manière ou d'une autre, on peut en discuter.
Merci de m'avoir lu.

On peut retrouver Maxou sur France Musique à ce lien et à celui-ci. Et en supplément, une complainte drolatique sur un fait-divers qui ce coup là est un suicide. Le pendu de Maurice Mac Nab par Chantal Grimm.

samedi 24 décembre 2022

Ce ki peu tarriver

 

En cette période d'agapes (double ration de vodka dans le Donbass), nous nous permettons cette modeste mise en garde, ô combien d'actualité. 
Au passage, vu le nombre de commissaires politiques en devenir et autres flics de la pensée, on ne peut que se demander si cet extrait de Spite Marriage (1929) du génial Buster Keaton accompagné par l'excellente Dorothy Sebastian ne serait pas quelque peu douteux selon les critères du temps. 
Mais ça illustre joyeusement les Dead Kennedys à l'époque de leur splendeur (1981) et c'est donc notre avertissement d'avant le réveillon.

jeudi 22 décembre 2022

jeudi 1 décembre 2022

Mort naturelle d'un anarchiste

 

Livrozet et Drolc

Serge Livrozet était d'une autre époque, pas meilleure ni pire, quasiment d'un autre monde.
Né en 1939 à Toulon de père inconnu et de mère prostituée ("je suis un authentique fils de pute!") il a un parcours de pauvre assez classique, de l'armée à une boite de pub, jusqu'à être victime d'un associé véreux. Qu'il cambriole en représailles. Et le cassement, quand on y a pris goût...
D'où un premier séjour à l'hôtel des gros verrous de 1961 à 1965.  
En sortant, devenu forain par obligation (merci le casier) il écrit, adhère à la CNT et occupe la Sorbonne en 1968. Il se refait gauler en fin de cette même année pour avoir repris le turbin afin de financer une maison d'édition révolutionnaire. 
Sorti en 1972, il cofonde, accompagné d'un parterre d'intellos en vogue, le CAP (Comité d'action des prisonniers) en pleine période d'émeutes carcérales. 
Son premier livre, De la prison à la révolte sort en 1973, préfacé par Foucault.
 Une nouvelle condamnation sera due à une remarque pleine de bon sens hurlée dans un tribunal : "Pourriture de justice française!". Phrase pour laquelle il se rétractera ensuite : " Je n’aurais pas dû dire pourriture de justice française... Mais pourriture de toutes les justices, la française, la russe, l’américaine, etc." 
S'ensuivent les luttes contre le QHS, la guillotine, etc. Et nous sommes un certain nombre a avoir été frappés par la lecture de son livre Hurle !
Ayant créé la maison d'édition Les Lettres libres en 1981, il est à nouveau arrêté en 1986 pour fausse monnaie. Acquitté mais ruiné en 1989, il zonera désormais entre ateliers solidaires et cinéma.
Le réalisateur Nicolas Drolc a d'ailleurs réalisé un documentaire sur sa personne en 2017, La mort se mérite, film qui n'a pas trouvé de distributeur et que nous faisons un plaisir d'envoyer ici. Commentaire de l'intéressé : "Qui a envie d'aller voir râler un vieux con ?" 

LA MORT SE MÉRITE from LES FILMS FURAX on Vimeo.

Il a écrit une quinzaine de bouquins et intervient dans quatre films.
Il est mort de maladie le 28 novembre dernier.
En guise d'hommage, qui de meilleur que Johnny Cash dans un classique joué à San Quentin dans l'inégalé Folsom prison blues.
 

 

Décidément, ce blogue vire à la rubrique nécrologique "Avis de décès". 

lundi 28 novembre 2022

Pour Wilko (1947-2022)


 C'est avec cinq jours de retard que nous venons ici rendre hommage à un des personnages les plus attachants de notre panthéon rok'n rollien : Wilko Johnson.
Originaire du quartier portuaire et prolétaire de Canvey Island, notre guitar hero a changé la face du rock en deux ans et trois albums entre 1975 et 1977 avec ses complices du groupe Dr. Feelgood.
Résumons l'affaire : en ces premières années de la décennie 1970, à part quelques notables furieux, le devenir du rock est mal barré : musiciens virtuoses en quête de respectabilité devenant "progressifs", jazz rock se muant en musique d'ascenseur, hard rockeurs planqués derrière des montagnes d'amplis, glam rock rigolo et énergique mais destiné à des pré adolescents... 
Et voici quatre gars au cheveux un peu plus courts, sapés comme des employés de bureau qui retournent aux sources du blues et écument les bars pour se produire à deux mètres d'une quarantaine de personnes. Comme la presse a besoin d'étiquettes, le Pub rock (le rock du bistrot du coin) est né. D'autres suivront ce sillon (Eddie and the Hot rods, Ducks Deluxe, Count Bishop, etc.) et les jeuunes gens qui assistent à ça en profitent pour durcir le mouvement et accoucher du punk britannique.  
Les Feelgood n'ont jamais prétendu inventer quoi que ce soit ; juste redonner un coup de jeunesse via un retour aux sources. Quatre gars avec lesquels valait mieux pas plaisanter tenant la scène comme des furieux. Principal compositeur, Wilko a un jeu de scène très... particulier. Quant à sa manière de mitrailler sa Telecaster sans médiator, il a toujours confessé avoir repris le jeu de Mick Green, légendaire musicien du grand ancien Johnny Kidd.

Les voici en 1975 reprenant le Boom boom de Muddy Waters. Wilko au chant.



Et à St Pithiviers, en 1976, lors d'une séquence tournée par FR3 dans un "Going back home" filmé dans une cour d'école devant un public inhabituel.

 

Pour des raisons tenant tant à l'épuisement qu'à des divergences de consommation, Wilko abandonne Dr. Feelgood en pleine vague punk, en 1977, et joue un temps avec l'inénarrable Ian Dury avant de continuer son bonhomme de chemin en solo. 
Et de s'adonner à sa passion pour l'astronomie.
On peut l'apercevoir dans quelques scènes de la séries Game of thrones, en bourreau. En 2013, il annonce être en phase terminale de cancer du pancréas, refuser la chimiothérapie et se lance dans une mini tournée et un disque de potes avec Roger Daltrey, ci-devant chanteur des Who.

 

Pratiquant de "médecine douce", Wilko annonce être guéri de son cancer en octobre 2014. Il participe au groupe The Mutants (avec des ex MC5, Specials, Stiff Little Fingers) et sort récemment quelques titres dont ce Marijuana, ô combien prémonitoire.

  

Il s'est donc éteint chez lui le 21 novembre 2022.

dimanche 6 novembre 2022

José de Molina, trublion de la chanson mexicaine

 

Nuit de la Saint Sylvestre, 1994, état du Chiapas, situé au fin fond du Mexique, en bas à gauche. Une armée de rebelles surgie de la nuit s’empare des villes de San Cristobal de Las Casas, Ocosingo, Las Margaritas et Altamirano. Après avoir réglé leurs comptes aux prisons et polices locales, ils enfoncent les portes des mairies pour brûler les titres de propriétés. Puis, ces indiens zapatistes occupent les stations de radio et, entre deux communiqués maison, y jouent une chanson de José de (Jésús Núñez) Molina, La Bomba (Allumons la mèche de la bombe, la situation l’exige). La guerre est déclarée là où on ne l’attendait pas¹.

José de Molina, ménestrel des rues choisi pour mettre cette guerre en zizique, a déjà une carrière de poil à gratter de la chanson mexicaine derrière lui. 

 

 
 
Né en 1938 à l’autre extrémité du pays, à Hermosillo, Sonora, il en a gardé le goût de l’argot du Nord². Dans la grande tradition des chanteurs itinérants, il exerce d’abord divers boulots (paysan, ouvrier, vendeur ambulant, acteur) jusqu’en 1970 où il décide de devenir chanteur ambulant. Ensuite, tel un Traven de la rengaine, Molina met sa biographie en scène tout en brouillant les pistes.
Il dit avoir survécu au massacre de Tlatelolco, le 2 octobre 1968 à Mexico et à la manifestation sanglante du 10 juin 1971, dans la même ville. Prétend avoir eu des relations avec l’ACG, la guérilla de l’instituteur Genaro Vázquez Rojas (qui outre ses qualités de combattant était le sosie de Charles Bronson) au Guerrero, au début des années 1970. Et s’est retrouvé à pousser ses beuglantes dans les usines, aux piquets de grèves, dans les villages reculés et, dans les années 90, sur la grand-place du Zocalo de Mexico, tous les dimanches après-midi, devant un public de gueux lui réclamant ses « tubes » à cor et à cri entre deux sketches. 
 

Pour donner une idée de ces performances dominicales, il se lance dans une diatribe contre les abus du clergé avant d’attaquer sa salsa, Dialogo entre el Papa y Jesucristo dans lequel, miracle des miracles, le Christ apparaît au Vatican pour engueuler la Pape au sujet de son niveau de vie. Au dernier couplet, après que sa Sainteté ait manifesté quelques regrets, le toubib appelé auprès de lui diagnostique un délire dû à une forte fièvre qui envoie aussi sec Monseigneur vers sa sépulture.

 
Puis, après avoir rappelé le massacre des ouvriers agricoles de la noix de coco (Acapulco 1967) en parallèle avec celui des syndicalistes paysans de l’OCSS à Aguas Blancas (1995), il exécute son légendaire Corrido a Ruben Jaramillo (paysan et guérillero exécuté traîtreusement par l’armée avec toute sa famille sur une pyramide aztèque en ruine). Puis, un salut aux sans-abris du tremblement de terre de 1985, dont une bonne partie campe encore dans les parcs vingt ans après, pour enchaîner sur la cumbia Se acabo (La patience, c’est terminé) reprise dans toutes les manifs du pays.
 
Un sketch sur les minables pelotant les femmes dans le métro (et si je te mets la main aux couilles, crétin, tu vas aimer?) et, sans autre transition, sa fabuleuse Salsa Roja, tropicale dont les paroles méritent qu’on s’y arrête : Tu fais semblant de me payer / je fais semblant de travailler. Tu fais semblant de m’apprécier / je t’envoie te faire foutre. Patron, on peut pas être amis / ni faire la paix. Ceci n’est pas un baloche / c’est la lutte des classes. Une valse norteña à l’accordéon pour ridiculiser les Charros, syndicalistes officiels aux ordres du tout-puissant et indétrônable Fidel Velázquez³, mieux connu sous le sobriquet de « la Momie ». Le tout accompagné de sa guitare et d’une bande enregistrée tout en demandant au public laquelle il souhaitait entendre. En conséquence, il termine immanquablement par La bomba, citée plus haut. « Oh, non ! Vous faîtes chier, ils vont encore me traiter de terroriste et me foutre une amende ! » Minaude-il ravi.
 
Cabotin sublime, Molina est à mille lieux de la tradition des chansonniers gauchistes pompeusement ennuyeux. Ses enregistrements alternent systématiquement musique et discours incendiaires, descriptions d’un massacre rural, d’une grève réprimée, de disparitions d’activistes sans dédaigner réaliser un disque de poèmes surréalistes au passage. Comme l’a dit Emma Goldman, pas question de faire la révolution sans danser. Et Molina mêle salsas, cumbias, valses à ses corridos à ses complaintes. 

Affirmant sut tous les tons qu’un gouvernement, autant de gauche fut-il, devient fatalement despotique et tyrannique, Molina ne s’est jamais inscrit à aucun parti ou groupuscule.

   

Tâchant de survivre de sa musique, il a enregistré une douzaine de disques entre 1971 et 1996. Il fut un temps où on ne les trouvait qu’en cassettes sur les trottoirs de la ville ou dans une librairie vieillotte de la rue Articulo 123, spécialisée en pornographie et littérature semi-clandestine de guérilla. Ce curieux commerce était situé dans un quartier encore populaire jusqu’au années 2010, prisé par les indiens Zapotèques venus de Oaxaca et les Espagnols de l’armée en déroute venus de 1939. 
Il reste un des chansonniers les plus populaires du pays un autre grand chanteur ambulant prolétaire, León Chavez Teixeiro. 
Bien entendu interdit de radios et télévisions, il bouffe de la vache enragée, particulièrement dans la décennie 1990 où ses amis lancent des appels aux comités de quartier, syndicats indépendants, grévistes pour l’inviter à se produire. 
Le Mexique étant un pays civilisé où, avant de vous faire disparaître ou de vous flinguer, on vous propose d’abord un marché, cet irrécupérable s’est toujours vanté d’avoir refusé toute offre de corruption. Ce qui ne lui a pas porté chance : plusieurs fois tabassé ou mis à l’amende par la police, il est enlevé en mai 1997, au cours de la visite du président Bill Clinton à Mexico. On le retrouve dans un état si lamentable qu’il doit être hospitalisé des mois durant. Ces séances de torture alliées à un cancer détecté à ce moment n’ont certainement pas été pour rien dans son suicide en 1998.
Dans une contrée où Emiliano Zapata, criblé de balles en 1919, et Doroteo Arango, dit Pancho Villa, tout aussi criblé de balles en 1923, cavalent encore, quoi de plus naturel que les refrains de José de Molina soient encore sur les lèvres des misérables ? 
 
¹ N’exagérons pas : les services de renseignements militaires s’attendaient à un soulèvement et l’armée avait pris quelques précautions en conséquence. L’amour entre différents corps répressifs étant légendaire, ils ont simplement « oublié » de passer l’information aux policiers et les ont abandonné à leur triste sort.
² Desde buki jineteaba, (cavalier dès l’enfance) chantait-il.
³ Chef des syndicats dépendant du Parti Révolutionnaire Institutionnel, 84 ans de pouvoir. Le Mexique est le pays surréaliste par excellence (André breton).

mardi 1 novembre 2022

Mort d'un Killer


 Ok, c'était un exagéré : bagarreur, ivrogne, libidineux, grand amateur stupéfiants, emmerdeur patenté et provocateur né, mais que voulez-vous, on a toujours eu un faible pour les casseurs de vaisselle.
N'empêche, Jerry Lee Lewis, alias The Killer, né en 1935 et disparu samedi dernier, était le dernier des grands pionniers du rock'n roll encore présent. 
À part une culture musicale encyclopédique, le gars a produit quelques uns des meilleurs disques live de l'histoire du rock. 
La preuve, cet enregistrement de 1964 avec Great Balls of fire / You win again / High School confidential / I´m on fire / Your cheatin´heart / Whole lot of shakin´Goin´On 
 

 

So long, chap. On a encore pris un coup de vieux.

lundi 24 octobre 2022

Des rats qui courent

 

Comme on le voit sur le document ci-dessus, en avril 1981*, le riant quartier de Brixton, district de Lambeth, municipalité de Londres fut le théâtre d'un certain mécontentement qui passa vite aux actes directs.
Margareth Thatcher, qui n'en ratait pas une, déclara alors qu'il ne s'agissait que de Race riots (émeutes raciales).
Le quartier répliqua fièrement : un énorme graffiti sur l'avenue dite "la frontline", proclama There is no race but the rat race !  
 


Les camarades traducteurs de la brochure de l'époque, Like a summer with a thousand julys, en avaient donné une version approximative et fautive ainsi tournée "Il n'y pas de races, hors la race des rats." Raté, les copains ! 
Faut dire que le retour à l'envoyeur était pour ainsi dire intraduisible vu qu'en british "race" signifie à la fois "race" et "course" et qu'on causait bien là de la fameuse "course du rat".
Sorry, mate ? Tu ne sais point ce qu'est cette fameuse course ? ben, la course à l’échalote vers l’ascenseur social, une fuite en avant vers la promotion, le pouvoir...
À l'époque où un racialiste était forcément un simple raciste, le sens de la répartie des héritiers de King Mob fut savouré et applaudi à sa juste valeur.
The Specials avaient d'ailleurs re-popularisé cette expression, déjà utilisée par Bob Marley avec une vidéo qui parle d'elle-même.

 

* Mais aussi en 1977, 1985, 1987....

 



samedi 8 octobre 2022

La Russie qu'on aime

 

Comme le montre la carte ci-dessus, les centres de recrutements de l'armée russe ont une fâcheuse tendance à l'auto-combustion. 
Outre le nombre de ceux qui en ont les moyens ou la possibilité de quitter le pays, il semble que les manifestations contre la guerre et la conscription se multiplient, particulièrement dans les régions asiatiques, grandes pourvoyeuses de chair à canon.
Manifestations très majoritairement formées de femmes, leurs copains, frangins, fistons, etc. risquant de filer directement à la caserne en cas d'arrestation. 
Même si on ne se fait guère d'illusions (on se souvient que le rappel du contingent en France, pour la guerre d'Algérie ne s'est pas passé en douceur mais que ça n'a jamais arrêté ladite guerre) il se pourrait que la position du barbouze en chef soit plus que fragilisée. Peut-être vient-il même de commettre une bourde monumentale. 
Dans cette course vers la mort, il est au moins réjouissant que deux des régimes les plus autoritaires et impérialistes de cette planète se retrouvent à vaciller sous la pression de la rue.
Et question réjouissance, on se fait un plaisir de mettre en lien ce passionnant entretien avec des camarades Russes.
En Iran comme en Russie, il est désormais clair que la solution viendra de ceux de l'intérieur. Et qu'il serait immonde de les laisser seuls face à leurs bourreaux.   
 
Une chanson anti-guerre du groupe punk Adaptatsiya, formé par Yermen Anti Erzhanov dans son Kazakhstan natal.

lundi 12 septembre 2022

Quand les moineaux pourchassaient les faucons: les Irmandiños

 

En ces temps, la terre entière s'est soulevée. Et ce fut à cause des chevaliers de mauvaise vie qui ne savaient que piller et voler. Pour cela, notre Seigneur voulut regagner ses terres qui étaient le royaume de Galice, tout ravagé par la mâle conduite de ses chevaliers... 
Rui Vázquez, Chronique de Santa María de Iria, 1467.

On vous en avait touché deux mots à l'émission de mai 2019 sur les révoltes paysannes mais celles-ci sont si méconnues qu'elles méritent d'y revenir. 
Précisons d'abord que le terme d'irmandiños signifie tout simplement "frères" dérivé de la Irmandade, fraternité.  
En ce XVème siècle*, après plusieurs querelles dynastiques sanglantes et malgré son rattachement à celui de Castille et Léon, le royaume excentré de Galice conserve une large autonomie. Les nobles locaux avaient déposé Henri IV pour donner le royaume à son frère Alfonso, conservant pour eux le droit de justice civile et criminelle, étant exempts d'impôts qu'eux-mêmes pouvaient lever à leur profit, exigeant tout type de corvées et vivant dans un luxe insolent. Bien entendu, paysans, pêcheurs, métayers et artisans, qui avaient payé les pots cassés des guerres civiles, devaient désormais s'épuiser en journées interminables pour entretenir tout ce petit monde.
C'est là, où ces révoltes sont remarquables : contrairement à bien des soulèvements contemporains, on n'y découvre guère de trace de raisons religieuses ou de prophéties millénaristes, juste des pauvres qui partent simplement exproprier des riches.   
Une première rébellion éclate en 1431, provoquée contre les abus du seigneur d'Andrade, Nuno Freire. Menée par un bourgeois de la Corogne, Roi Xordo, elle rameute des fraternités de Pontedeume, Betanzos, Lugo, Mondoñedo et Saint-Jacques-de-Compostelle. Quatre ans d'embuscades et de châteaux brûlés qui s'achèvent par l'exécution publique de Roi Xordo. 

En 1467, les paysans, organisés dans la Sainte Fraternité dos Irmandiños qui regroupe environ 80 000 combattants, dévastent la bagatelle de 150 forteresses et débordent sur la région voisine du Bierzo.
Guidés par le chevalier Alonso de Lanzós, les rebelles fabriquent des armes de siège, réduisant à néant les domaines des puissants seigneurs Andrade, Lemos, Moscoso, Ulloa, Sotomaior… Et mettent bas les tours et donjons, symboles les plus visibles du pouvoir féodal. 
Le très puissant comte de Lemos se réfugie à Ponferrada (Léon) et l'évêque Fonseca court jusqu'au royaume du Portugal. 
Deux ans durant, la Galice sera gouvernée par des communes municipales, élues en assemblée, ce qui ne sera guère du goût du roi Henri IV qui avait profité de l'occasion pour revenir par la fenêtre. 
Trois armées seigneuriales, commandées par le comte de Lemos, l'évêque Fonseca et le comte de Benavente, seront nécessaires pour réoccuper la Galice et vaincre les insurgés à la bataille d'Almáciga, près de Santiago.
Dispersés, anéantis, les rebelles ne sont toutefois pas exterminés, les nobles locaux ayant besoin de main d’œuvre pour rebâtir leurs châteaux détruits.
Toutefois, l'ordre ancien est bousculé. Changement de propriétaire pour les gueux : le roi de Castille nomme un gouverneur (capitaine-général) et retire le pouvoir de justice à la noblesse en mettant un coup d'arrêt intéressé à la reconstruction des forteresses. Les fraternités seront finalement "légalisées" et le servage aboli en 1480.
Et c'est parti pour mille ans de justice et de bonheur...
Le souvenir de ces révoltes est trop souvent folklorisé ou confisqué par les nationalistes galiciens. Une des plus belles et des plus sobres chansons reste celle de Miro Casabella sur son disque Treboada (1977) 


On trouve aussi une belle allusion aux rebelles chez le groupe Ruxe-Ruxe dans Rock do país
 
 
* Siècle de révoltes paysannes s'étendant sur toute l'Europe dont la Catalogne et les Baléares, en ce qui concerne la péninsule. 

jeudi 8 septembre 2022

Elle ne nous enterra donc pas tous

 

Hommage à la monarchie : le roi, son ex et un héritier




mardi 30 août 2022

Christine Sèvres, encore une malchanceuse

 

Voici une personnalité attachante et méconnue du monde des cabarets à l'époque dorée de la rive gauche.
Jacqueline Amélie Boissonet (1931-1981) est devenue Christine Sèvres dans sa jeunesse fugueuse pour ne point affecter sa famille, qui avait honte de ses envies de devenir actrice et chanteuse, ce qui ne se faisait point chez les jeunes filles normales de l'après-guerre, et en s'inspirant de la station de métro d'en face, reprenant sans le savoir (ou en le sachant, on n'y étais pas) la tradition des agents secrets de la France libre de l'époque londonienne.
Vu que le théâtre ne lui réussit guère et qu'elle doit se coltiner une gosse fruit du péché, elle fut vendeuse, mannequin, entraîneuse de cabaret, serveuse, portraitiste aux terrasses de cafés, dessinatrice industrielle, secrétaire d'écrivains, puis employée de bureau pendant la première moitié des années 1950.
 
En 1956, elle se lance plus sérieusement dans la chanson et la poésie en se produisant à l'Écluse, au Vieux Colombier, chez Milord l'Arsouille, à la Colombe, etc. C'est en 1956 qu'elle y croise l'homme de sa vie, un débutant nommé Jean Ferrat, qui lui offre quelques chansons et l'épouse en 1961.
Malgré l'ombre porté par Ferrat qui devient de plus en plus populaire sans être encore le chanteur officiel du parti, elle enregistre trois tires pour une compilation de cabaretiers en 1959 puis son premier 45 tours, en 1962: Les Nomades, d'une facture très classique pour l'époque mais avec un voix remarquée.
 

Malgré des premières parties de Brassens ou Barbara, elle demeure relativement discrète et la sortie de son album, Oscar et Irma, en 1968, plutôt inaperçue. Faut dire que sortir un album le 10 mai de cette année est un sacré coup de scoumoune qui ne peut conduire qu'à un four monumental ! 
On y trouve néanmoins une surprenante perle avec cette reprise de Brigitte Fontaine, Les dieux sont dingues.
 

Bloquée dans sa carrière, rendue amère par le succès de monsieur Sèvres, elle persiste un temps à l'Écluse avant de jeter l'éponge en 1972.
Elle suit néanmoins son moustachu avec sa fille dans sa résidence ardéchoise où elle devient peintre. Elle n'a regagné le studio d'enregistrement qu'en 1980 pour reprendre la Matinée, de 1969, un duo avec la vedette.


Bouffée par le crabe, elle meurt dans le Sud en 1981.

dimanche 14 août 2022

Un fossoyeur nommé Joe

 

Cette photo trouvée sur le blog de Mr Pop nous a fait creuser le sujet.
Contrairement à ce qu'aurait fait son collègue Malcolm Mc Laren, inventeur auto-revendiqué des Pistols, le trotskiste Bernie Rhodes, manager des Clash n'a jamais utilisé cette anecdote pour monter une légende et le premier intéressé, néanmoins pas avare en anecdotes souvent exagérées, ne s'en est guère vanté.
Et pourtant, ce mélancolique fossoyeur, employé municipal du cimetière de St Woolos à Newcastle n'est autre que John Graham Mellor, plus connu sous son nom de scène : Joe Strummer.
Un public amorphe

En 1973, le Joe, 21 ans, a déjà de la suite dans les idées : ayant rompu avec son milieu bourgeois (père diplomate, mère infirmière) il accepte tout boulot pour survivre dont celui-ci, à 15 livres la semaine, en attendant de connaître la gloire grâce à son premier groupe The Vultures. Ce qui signifie "Vautours" et colle donc à merveille avec le job du moment. Le groupe n'ira nulle part et notre Rastignac du rock déménage dans un squat londonien de Walterton Road pour monter un groupe de pub rock tout simplement nommé selon l'adresse du domicile : The 101er's.  

Qui se font une renommée dans les bistrots de la capitale, sortent un single (dont voici la face A) et se retrouvent avec une bande d'excités en première partie, The Sex Pistols, qui va changer la destinée du jeune homme.
Mais ça, c'est une autre histoire...

 

Achevons avec une anecdote, un autre personnage des débuts du punk anglais, Dave Vanian, des Damned, fut lui aussi fossoyeur à ses débuts. Il l'assuma beucoup plus volontiers en se mitonnant un look de Nosferatu. 
Une curiosité en hommage à la profession, un texte du jeune David Bowie de 1966.
 


lundi 8 août 2022

Charniers universels

 

La Bornaina (Asturies)

Ce n'étaient ni des héros ni des martyrs, ils sont seulement partis se battre, avec la rage des pauvres, contre un fascisme brutal.
Ils ont combattu les caciques et le mépris militaire et y ont perdu leurs vies simplement pour la dignité.
Les tueurs rigolaient et le putain de curé les bénissait pendant qu'ils les flinguaient au nom de son Dieu.
Face au soleil, à l'aube, avec une chemise bleue, on les a jetés comme des chiens dans une fosse commune.
Le silence des morts crie à la liberté.
Ils les ont tué d'un tir dans la nuque ou fusillé contre un mur, les ont éliminé avec une fureur criminelle. 
Les tueurs rigolaient et ce putain de curé les bénissait pendant qu'ils flinguaient au nom de son Dieu.
Ceux qui ont appuyé sur la gâchette ne devraient jamais oublier que leurs balles n'ont pas tué tout le monde. Que personne ne tue la vérité. 
Dans une tranchée, entre cadavres criblés, est née une démocratie.
Face au soleil, à l'aube, avec une chemise bleue, on les a jetés comme des chiens dans une fosse commune.
Le silence des morts crie à la liberté.
LA PLAIE RESTE OUVERTE !    
Gatillazo Fosa común (trad. maison)  
 

 

Photo certainement montage (on ne tire pas si près d'un mur, ça ricoche !)

Pravia (Asturies)


mardi 19 juillet 2022

Hommage à un grand acteur

 

Dans Dr Folamour (1964)
Here we go again ! Comme chantaient les mineurs britanniques quand il y en avaient encore.
Curieusement, il a été beaucoup question de Sterling Hayden dans les commentaires du billet précédent. Acteur d'abord cantonné dans des rôles de beau gosse qu'il méprise, puis protagoniste de chefs d’œuvres (The asphalt jungle, 1950, Johnny Guitar, 1954, The Killing, 1956, Dr. Strangelove, 1964, The Godfather, 1972, The long goodbye, 1973) pour ne citer que nos préférés, il fut aussi écrivain, navigateur, compagnon de route des partisans yougoslaves durant la guerre, cible du maccartysme. Il avait d'ailleurs balancé un nom devant la commission et, après y être revenu avec une pancarte disant Ne dites rien, ils sont ignobles, se punira pour ça toute sa vie durant.
Mais tout cela est bien mieux raconté par Philippe Garnier (auteur d'une biographie, "L'irrégulier") dans cette excellente émission
Si on revient sur le cas de notre balèze, c'est qu'a l'instar de quelques légendes du cinéma, il fut aussi célébré en chanson.
L'auteur de country, grand ami de Charles Bukowski (traduit en français par Garnier, la boucle est bouclée) Tom Russell lui écrivit un très bel hommage sur son disque Mesabi en 2011.
Début : Sterling Hayden sur une péniche à Amsterdam / voguant sur un de ces canaux hollandais / une bouteille de Johnny Walker entre les jambes / bourré mais articulant superbement. / Il disait " Oui, j'ai balancé quelqu'un / à la commission de Mc Carthy / Merde, vous n'avez pas idée / de ce que je me méprise pour ça / c'est peut-être pour ça qu'on picole, n'est ce pas ? "...
Ce très bel hommage débute bizarrement par une intro au oud :

 

Voilà pour la chanson. Manière d'être complet, le camarade Dar la cara nous a envoyé ce petit interview de 1983 qui en dit plus sur un homme attachant.

 

Sur ce, bon 86ème anniversaire de la révolution espagnole.



vendredi 15 juillet 2022

Évolution

 

Les habitués de ce blogue l'ont certainement remarqué, le rythme de publication va en ralentissant.
Il y a désormais un peu de dix ans, cet outil fut créé par l'ingénieux Eliott pour appuyer une défunte émission de radio. Le sus-cité étant parti vers d'autres aventures, votre serviteur l'alimenta au grès de sa fantaisie, ses découvertes, ses enthousiasmes ou ses colères.
Et puis, le monde a cavalé et ce type d'intervention sur le ouèbe, à part l'excellente raison du partage, nous apparaît de plus en plus dérisoire. Pour tout dire, on se sent un peu con de causer zizique ou culture en général quand une guerre, une crise économique maousse et une planète invivable pointent leurs sales gueules,
Sans compter ce bon vieux proverbe targui certainement apocryphe : Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors ferme ta bouche. 
Que dire d'autre sinon laisser le dernier mot à ce bon vieux Chuck (en bonne compagnie) avec un titre toujours de circonstance qui définit tellement notre présent : Too much monkey business 

 

Suivi d'une chouette version de la même par une bande de jeunes en 1963 et en direct à la BBC. Où on constate à nouveau, et pour ceux qui en doutaient, que Ringo était quand même un putain de batteur et John un authentique rocker.

 

Tout ça pour dire que c'est pas fini mais que désormais, les publications seront beaucoup moins régulières.
Sur ce, marchez à l'ombre, les gens. Et bonne saison tout de même.
Un dernier clin d’œil au camarade Eliott. 


vendredi 8 juillet 2022

Quand Souchon s'essayait à l'anglais

 

Le côté sympathique d'Alain Kienast, dit Souchon est que dès qu'il connut le succès, en 1976, après avoir tâtonné cinq ans, il mit une certaine distance ironique avec son personnage de grand dégingandé romantique et rêveur.
Comme on dit dans les médias, les plus anciens se souviendront que les dits tubes furent J'ai dix ans (1974) et Bidon (1976).
Grâce à l'ami John Warsen, on se rend compte qu'outre avoir chanté quelques versions en italien, ce qui paraissait évident, il existe quelques version anglaise relativement inédites (en extraite du coffret Les Années RCA 1974 - 1984 de 1994).
Si on y revient aujourd'hui, c'est que généralement les adaptations de la langue de Balzac à celle de Dickens sont soit particulièrement parodiques, soit particulièrement fainéantes.
On salue donc ici un bel effort d'une traduction soignée pour ce Bidon devenu I'm a joke. C'est léger, comme disait ma grand-mère "ça ferait pas de mal à un train de marchandise" mais, que voulez-vous, c'est de la variétoche honorable et c'est l'été.
Y'a pas de raison qu'il n'y ait que Radio France qui ne se prélasse que dans la rediff'. 

 

Et puisqu'on a causé aux plus nostalgiques, peut-être les plus jeunes ne savent pas que le même gars commit quelques morceaux aux paroles honorables, là encore loin du grand dadais, dont ce Poulailler's song de 1978 (en face B de Allô Maman bobo, on sent le label qui ne voulait pas trop se risquer, tout de même) capté dans on ne sait quel concert en on ne sait quelle année et qui reste horriblement actuel.

mercredi 29 juin 2022

Héros oubliés du rock 'n roll: TV Personalities

 

En 1977, en pleine révolution punk, le chanteur et poète Dean Tracy, amoureux de psychédélisme et de pop énergique, réunit ses potes de Chelsea, Joe Foster, Ed Ball et Jowe Head (ex Swell Maps) pour un groupe déconnant, subversif, irrégulier : Television Personalities.
Non seulement, ce combo relativement parodique, sera sujet à des changements constants de personnel autour de la figure de Tracy, mais il connaîtra une carrière en dents de scie, voire confidentielle, ce qui les mènera à intituler leur troisième LP Ils auraient pu être plus gros que les Beatles, en 1982. 
Influencé par les Pistols et le lunaire Jonathan Richman, Dean Tracy s'interdit d'établir une liste de morceaux en concert, préférant compter sur la spontanéité et l'inspiration du moment. Ce qui donne le meilleur et le pire.
Trente ans avant l'arrivée du personnage du Bobo ou du Hipster dans le paysage urbain, ils se payent un succès d'estime avec le très ironique 45 tour Part time punks (les punks à mi-temps) en 1978, rengaine débile et entêtante qui fait les beaux jours du DJ de la BBC, John Peel
 
Ce qui n'empêche pas Tracy d'emprunter du pognon à sa mère pour le 45 tour suivant dont la pochette est tirée à la photocopieuse. Vu la qualité des paroles, ils seront fortement soutenus par des gens aussi variés que Joe Strummer (des Clash) ou David Gilmour (du Pink Floyd). D'ailleurs le Floyd tentera de les embarquer en première partie d'où il se font jeter par un public déboussolé.
Leur côté je m'en foutistes ne les empêche pas d'aborder quelques sujets cruciaux sous le règne de Margareth de Fer, ainsi, en référence au titre original de docteur Folamour de Kubrick, How I learned to love the bomb (1986)

 

Comme pour beaucoup d'autres, la décennie 1990 sera pour eux assez désespérante et Tracy passe par une sérieuse dépendance à l'héro et des séjours en taule pour vol. Même si une nouvelle formation a vue le jour en 2006, la poisse persiste: Dean Tracy subit une grosse opération du cerveau en 2011 et reste hospitalisé pour des années. 
Alors pour la nostalgie, une Peel Session du premier septembre 1980 avec quatre titres : Silly Girl, A picture of Dorian Gray, La grande illusion et Look back in anger.

vendredi 24 juin 2022

De la thune et des rengaines

Ceci n'est pas une critique des médias

Plusieurs personnes, dont that good ol' Georgie, ont attiré notre attention sur cette émission atypique de Tiphaine de Rocquigny, chargée de l'économie sur France Culture, celle du 16 juin dernier.
Thème de cet Entendez-vous l'éco : comment les artistes, emportés par des objectifs poétiques, se saisissent-ils des mécanismes sociaux et économiques pour les mettre en chanson, depuis les troubadours de l’Occitanie du XIIe siècle à jusqu'à Bernard Lavilliers, en passant par l'Internationale ? 
Sont invités le délicieux Jacques Vassal dont l'éditeur Les Fondeurs de briques a publié il y a peu une version augmentée de son Folksong et Bertrand Dicale, auteur du Dictionnaire amoureux de la chanson française (Plon, 2016).
Si cette émission (cliquer sur le lien) est globalement d'une très bonne tenue, elle nous procure un seul sujet d'étonnement : si on comprend bien qu'Aristide Bruant y soit égratigné, on pige moins que cette girouette de Montéhus soit épargné par nos érudits. Notre version quant à ces deux lascars se trouve en cliquant sur les liens.
 
Et un p'tit coup des Frères Jacques en moralistes
 

lundi 20 juin 2022

En attendant les cosaques

 


Bon, un petit mot au sujet de cette nouvelle chambre et de cette soi-disant "majorité introuvable" (Tu parles! Tu paries ?)
Si c'est pas encore le Reichstag de 1933 (tant mieux, on va pas se payer un incendie de Notre Dame tous les trois ans) on doit bien reconnaître que ceux qui attendaient un déferlement bolchevique ont eu droit à l'arrivée en masse de fachos propres sur eux.    
Entre autres causes de ce remake de "l'arrivée de Blücher à Waterloo", outre les accumulations de conneries d'un piteux gouvernement qui a désormais l'air malin, l'application des vieilles recettes basées sur la peur du rouge.
Parce qu'on a été gâtés de ce côté là : on ne se souvient pas pareille mauvaise foi depuis 1981 quand d'aucun prédisaient un défilé des cosaques et des chars russes sur les Champs Élysées. Ce qui était déjà d'autant plus piquant qu'à l'époque, Moscou avait déjà marqué sa préférence pour Giscard (pas si cons, les cacochymes). 
En attendant la prochaine parade d'une ex armée Rouge nettement moins fougueuse que dans l'imaginaire d'alors (encore que, du côté de l'Afghanistan ça faisait moins les malins qu'à Prague) repassons-nous quelques titres du temps où on aimait à jouer à se faire peur. Et à en rigoler.
Ça pourra toujours resservir si un jour les vrais rouges reviennent. 
Datcha de Warum Joe (EP Dans le blizzard, 1981)

Et l'immortel Ogre bolchévik de Bulldozer (1978)


 


vendredi 17 juin 2022

Parlons peinture

 

Le grand soir


Exceptionnellement, causons peinture.
Durant la décennie 2000/2010, la capitale des Gaules, du saucisson à cuire et du beaujolpif fut le siège d'un mouvement de peinture avant-gardiste, j'ai nommé les conistes. Mené principalement par Sébastien Brunel et Thomas Girard, ce mouvement accoucha d'oeuvres aussi fondamentales que Gigot-flageolets, jeune couple LCR au vidéomatique ou le triptyque El condor pasa.
Ces artistes injustement oubliés ont également commis un numéro de Télérama, des Inrocks et un numéro de la défunte émission d'Arte, Palettes, fut consacrée à leur peinture maîtresse La bataille de l'esplanade.  
Qui changea plusieurs fois de titre, comme on peut le constater ci-dessous.   
 
Un site internet est consacré à la mémoire de ces génies injustement négligés par l'histoire de l'art. Le dernier mot reviendra à Tête de Cerf.