lundi 26 février 2018

En mars, on se sape

L'Herbe Tendre s'habille à Mexico
Notre tailleur est pauvre.
À part quelques tentatives dans le monde de l'élégance, par exemple l'adoption provisoire du style pachuco, comme montré sur le document ci-dessus, l'Herbe Tendre se sape aux Puces, ou ce qu'il en reste.
Mais si l'habit fait le moine, il a également fait bien des rengaines.
En conséquence, l'Herbe Tendre fera un plongeon dans le monde de la Mode et des nippes le lundi 5 mars à 17h30 sur les ondes de Radio Canal sud (92.2).
Qu'on se le dise.
En préambule, notre furieux du rock des origines, Little Richard, suppliant qu'on épargne ses beaux atours :


vendredi 23 février 2018

Deux heures avec Damia (2)

Suite et fin de l'émission Tour de chant, de Martin Pénet, consacrée à la première Dame en noir de la chanson.
Des années 1930, marquées de pathétique dans l'ombre de la catastrophe qui se profile jusqu'à une tournée étonnamment triomphale au pays du soleil levant en 1952, la vie de Marise Damien défile entre clubs homosexuels, opium, galas triomphaux ou cahotiques et monumentales gueules de bois.
Sa "modeste" personne a inspiré, entre autres, Jean Genet, Federico Garcia Lorca ou Simenon. Rien que ça...

Comme il semble que le code d'intégration de France Culture ne fonctionne que quand ça le chante, les deux émissions, dans l'ordre peuvent être écoutées en cliquant ici et en cliquant là.
Normalement, ça marche aussi en allant sur le logo de France Musique.




On aurait pu croire à l'hommage d'une héritière, et bien ce n'est pas ça. On apprend dans l'émission qu'Édith Piaf enregistra une des plus belles chansons de Damia, Tout fout l'camp avant elle. Toutefois, par le son et l'orchestration cette version semble postérieure à 1938.


mardi 20 février 2018

Deux heures avec Damia (1)

Damia, Marianne Oswald et Jean Sablon
Marie-Louise Damien, disparut en vieille bourgeoise réac et gâteuse voici quarante ans, fin janvier 1978.
Mais avant, quelle carrière... Dès 1910, notre jeune promesse de caf'-conc' provoque un beau scandale chez Maxim's en balançant sa main dans la gueule à "ce grand con qui m'a foutu la main au cul". Simple détail, le grossier personnage n'était autre que l'héritier du trône grec, futur Constantin Ier qui se révéla aussi lamentable souverain que piètre gentleman. Maîtresse en vacherie, notre tragédienne de la chanson, ne se contenta pas d'affubler Lys Gauty d'un aimable sobriquet, elle jugeait sévèrement la concurrence venu prendre la relève. "Il suffit que je lève le bras pour qu'elle passe en-dessous" lâchait-elle à propos d'Édith Piaf.
Mais assez de potins, l'émission de Martin Pénet, Tour de chant, sur France Musique lui a rendu hommage en forme de biographie ces quatre derniers dimanches.
Comprenant pas mal d'archives radiophoniques, voici les deux premières émissions d'une demi-heure chacune. D'ailleurs, ça gratte un peu par moments.
À vos mouchoirs...
Si l'affichage est rétif, il suffit de cliquer  et . Ou sur le logo de la station.




Fermons provisoirement le ban sur une autre dame à robe noire reprenant un succès des débuts de Damia : Le grand Frisé



Les anecdotes ci-dessus sont tirées du livre de Francesco Rapazzini, Damia, une diva française (Perrin).

samedi 17 février 2018

Georgius et les archers




En 1916, Charles Guibourg, alias Georgius actualise une chanson de boulevard, c'est à dire de cocu, en chanson de cape et d'épée, c'est à dire héroïque.
La musique est de Léo Guy. Une première version fut gravée en 1922, une autre, un peu moins sourde, plus audible, ci-dessous en 1934.

Patrick Walberg a commenté " c'est cette marge infime entre l'excessif et l'inadmissible qui lui confère tout son pouvoir hilarant". (cité par Jean-Louis Calvet dans Cent ans de chansons françaises).
Le succès fut considérable et poussa l'auteur à écrire environ 1500 chansons.
Sans compter quelques petits tracas de carrière qu'on vous a narré dans l'article consacré au monsieur (en lien ici sur son nom).

mercredi 14 février 2018

La came aux damélias : punk primitif et inconnu (2)

    Puisqu'on commémore n'importe quoi et donc "les débuts du punk rock en France", allons-y carrément avec la Came aux damélias.
    D'eux, on ne sait que trois fois rien :

    - Un 45 tour, La 5ème roue du système / Chopper enregistré en 1978  (numéro 014 au label Oxygène).
    - Un nom à la con, peut-être piqué à un roman de gare de la série OSSEX.
    - Et quelques patronymes civils : Alain Fournier (Basse),  Roland Leday (Batterie),  Patrick Henri (Guitare),  Jean-Michel Brachet (ingé son, producteur),  Alain Gilles (Chant, auteur des jolies paroles).


    Essayez voir de trouver quelques renseignements sur des gars qui ont des blazes aussi communs (ce devait être facile, tiens, de s'appeler Patrick Henri en 1977 !)

    Pourtant, ce single qui fait un peu jointure entre le rock français des années 70 (une voix à la limite du supportable !) et le punk qui décolle (cette guitare !) a un succès d'estime dans de nombreuses compilations dont celle-ci qu'on vous recommande.
    Ne serait-ce que par curiosité.

    C'était notre rubrique qui sont-ils ?
    Si quelqu'un en sait plus, n'hésitez point à nous le communiquer.
    That's all folks !

    dimanche 11 février 2018

    Michel Rivard reprend Brassens

    Un croque-note et deux princesses
    En découvrant ce superbe cliché de Robert Doisneau, pris dans l'après-guerre à Montreuil, on a immédiatement songé à la chanson de Brassens, La Princesse et le Croque-notes tirée de l'album Fernande (1972). Encore que les princesses de la photo-là n'aient pas l'air si gamines.
    N'ayant jamais renié ses années de vache maigre chez la Jeanne, le moustachu rendit là un bel hommage au petit peuple des fortifs et des terrains vagues les bordant.

    Il existe bon nombre de reprise de ce poème, par Cabrel ou par Le  Forestier pour les plus connues. Celle du québecois Michel Rivas est particulièrement agréable.
    Né en 1951, ce dernier s'est fait connaître dans les années 70 en fondant le groupe Beau Dommage. Depuis 1977, il poursuit une carrière solo de chanteur, comédien et humoriste.


    jeudi 8 février 2018

    12 décembre 1969, Milan, la guerre est déclarée


    Le 12 décembre 1969, un engin explosif éclate à la Banca Nazionale dell'Agricoltora, Piazza Fontana, Milan. Seize personnes sont tuées, quatre-vingt neuf blessées.
    Dans la même heure, trois autres bombes explosent à Rome, faisant dix-sept blessés, et une dernière charge, défectueuse, est retrouvée devant la Scala de Milan. 
    En plein "mai rampant" italien, ces attentats sont généralement considérés comme le point de départ de la guerre civile larvée qui ravagera la péninsule dans les plus de dix années suivantes.

    Il semble que la police ait d'abord suggéré d'orienter l'enquête de la "Piazza Fontana" vers des fascistes d'Ordine Nuovo et du MSI. Mais le ministère de l'intérieur renverra ses chiens de chasse vers le groupe anarchiste "du 22 mars". Quatre cent personnes sont arrêtées, le danseur Pietro Valpreda est emprisonné et le cheminot Giuseppe Pinelli, anarchiste bien connu des services, ne survivra pas à une chute de quatre étages lors de son interrogatoire.

    Claudio Bernieri écrivit la chanson "Luna Rossa" en 1971 pour hurler sa rage et réclamer vengeance face aux manœuvres de l'État.
    Chantée durant toutes les années 70, en particulier par le groupe Yu Kung, elle fut impeccablement reprise par les romains rouges de Banda Bassotti sur leur troisième disque, en 1995. 



    Depuis, s'il y a une chose claire, c'est que ces attentats, qui serviront de matrice à bien d'autres (par exemple, le train Rome-Brennero de 1974 ou la gare de Bologne de 1980) portent la marque de la "stratégie de la tension", destinée à créer un climat favorisant l'établissement d'un État (un tant soit plus) autoritaire et écraser toute opposition sociale.
    Fascistes manipulés par les services secrets ? Services infiltrés par les fascistes ? Implication de Washington ? La loge P2 et le Réseau Gladio ? Tentative de coup d'état à la grecque ? Peut-être un peu de tout cela soigneusement mélangé.  Une manipulation ne peut être considérée réussie que si elle en devient incompréhensible.
    Longtemps, une explication plausible a été que ces actes terroristes auraient dû être suivis de la proclamation de l'état d'urgence. Fort heureusement, nos démocraties occidentales n'osent pas déclencher un état d'exception pour quelques attentats (sic).
    La liste des éventuels impliqués dans ces faits sanguinaires comprend successivement Stefano Delle Chiaie (MSI, Ordine Nuovo, plan Condor, narco-trafic, etc.) Massimilio Fachini (ON) Carlo Maria Maggi (ON), Delfo Zorzi (ON) Giancarlo Rognoni (ON), l'américain David Carrett (CIA), Sergio Minetto (services secrets de l'OTAN) Carlo Digilio (CIA), Maurizio Tramonte (barbouze infiltré dans ON, à moins que ce ne fut l'inverse).

    En mémoire de Giuseppe Pinelli, tué par les flics, il reste, entre autre, une chanson, Balata per pinelli, ici jouée par Les amis d'ta femme.


    lundi 5 février 2018

    Février, mois de l'amitié

    Des amis de cinquante ans
    Ce soir, on a célébré l'empathie, l'accointance, la complicité, l'affection... on en oublie des vertes et des point encore mûres.
    Ce qui donne en gros et en chansons
    Pigalle                           Rejouer juste une fois
    Philippe Léotard            Pauvre Rutebeuf
    Rocé                             Amitié et amertume
    Yves Desrosiers            Chanson sur l'ami
    René Ouvrard               La bonne camaraderie
    OTH                              Les révoltés du bloc B
    Shuriken                       Les miens
    Serge Kerval                Les Tuileries
    Isabelle Pierre              Le temps est bon
    Dick Annegarn             Jef
    Jacques Marchais         Le vélo
    Octobre Rouge             Mes potes
    Feu! Chatterton            À l'aube
    Zonzinc                         La dernière babillarde
    Fonky Family                Aux absents
    Serge Lama                  Mon ami, mon maître
    Nino Ferrer                   Mon copain B.
    Nas                               Affirmative action
    Graeme Allwright        Il faut que je m'en aille

    Vous connaissez forcèment le truc magique pour obtenir l'émission : il suffit de cliquer à ce lien.

    Au rayon des vieilles connaissances auxquelles vous avez échappé, du Oberkampf tardif (album Cris sans thèmes, 1985) avec Mes amis sont morts 



    et Arno, également assez tardif, reprenant Brel :  Voir un ami pleurer

     



    vendredi 2 février 2018

    Sous les toits de Paris

    Un flic se cache dans le paysage

    Délicieux film de René Clair de 1930.
    Datant du début du cinéma parlant, ce film, à la limite du muet et de la comédie musicale, est, selon Georges Sadoul, un manifeste contre le "théâtre filmé" à caméra fixe du début du cinéma sonorisé.
    Autrement dit, l'arrivée du "parlant" donne lieu à un cinéma bavard à la Guitry ou à la Pagnol, dans les meilleurs cas, jetant aux orties la créativité et la poésie du cinéma muet.

    René Clair a tourné un film hybride, aux mouvements de caméra virevoltants mais surtout, n'a pas hésité pas à faire la part belle à la musique : de longues séquences sonorisées s'interrompant subitement pour faire place à des scènes gesticulées en musique. Particulièrement si un obstacle (porte vitrée de bistrot, fenêtre) vient se placer devant la caméra.
    Et à l'inverse deux séquences : les ébats de deux tourtereaux dans une chambre et une bagarre de rue, sont entièrement obscures, uniquement compréhensibles par le son et les dialogues.
    Un film tout aussi novateur que Les temps modernes de Chaplin. Juste qu'il est sorti six ans plus tôt.


     Le long travelling du début du film


    Narrant les tribulations de marginaux, chanteur de rue (Albert Préjean), petit voleur (Edmond Gréville), cambrioleur (Bilboquet) ou carrément maquereau (le génial Gaston Modot) confrontés aux amours d'une Roumaine tout à fait délurée récemment arrivée en ville (Pola Illéry), évoquant un Paris des cours et des apaches déjà disparu, le film fut plutôt un bide en France mais pas en Allemagne où l'expressionnisme avait creusé les sillons.
    Une scène de bal musette :



    Comme dans bien des films de ce temps, il resta la chanson.
    Interprétée, avec plus ou moins de bonheur selon le cas, par Préjean, en chorale, par les locataires d'un immeuble, elle est un fil conducteur de l'histoire. La musique fut écrite par Moretti et Préjean l'enregistra en microsillon.