Je n'ai pas de foyer. Je n'ai pas fondé de famille. Je ne possède rien à part ma Gibson. Je n'ai jamais fait ça pour l'argent mais pour la musique. J'ai tout donné au rock'n roll.
Henri-Paul Tortosa
Un jour, sa vie fera peut-être l'objet d'un livre ou, pourquoi pas d'un film. Où l'on apprendrait que Bernadette Lafont a voulu l'adopter et que Patrick Dewaere venait se dépanner chez lui.
(Extrait du très complet article de Nicolas Mesplède in Dead Groll n°9)
Henri-Paul Tortosa a fini d'en chier au début de cette semaine.
On vous épargnera les pénibles calembours entre Born to lose et son lieu de décès. Avant de terminer un peu, beaucoup, tristement au bord de la Garonne, le gars né en 1959 à Oran, fils de mère couturière en usine et de père parti aura joué avec les Rockets (à 12 balais), les Young Rats (managés par Marc Zermati, mentor et mauvais génie) The Maniacs (en Angleterre) et, attention les yeux :
Johnny Thunders (avec lequel on a trop souvent limité sa carrière) Stiv Bators, Mink Deville, les Intouchables (avec sa compagne Charlotte au chant) Cosa Nostra, the Heartbreakers (re-Thunders) les Suricats, The Mavericks et je dois en oublier un paquet.
Il apparaît dans deux films sur la légende J. Thunders, Born To Lose et The Last Rock 'n Roll Movie ainsi que dans le film de Patrick Grandperret Mona et Moi.
Dans le genre légende du rock et grand témoin, le gars se posait un peu là.
Et même avec une santé plus que chancelante, il savait encore faire péter son riff. Une de ces dernières traces sonores, enregistrée en 2021 pour un Johnny Thunders Memorial (one again) avec Nico à la basse et Léo à la batterie, Baby I love you des Heartbreakers.
Il paraît que l’inénarrable Rock & Folk va lui consacrer un article. Comme dit un pote, "Dommage de ne pas se préoccuper des gens quand ils sont vivants;" Et socialement dans une dèche noire, rajouterons-nous en guise de conclusion.
Reste un mec qui avait la reconnaissance de ses collègues, de Marc Minelli à Brian James (Damned, Lords of the new Church, etc...) de Sonny Vincent à Little Bob.
En guise de curiosité et pour illustrer la précocité de notre disparu, un reportage d'Antenne 2 qui date de 1974 ou 1975 dans lequel une bande de sales morveux s'essayent à la musique du diable.
Plutôt que de plagiat, il sera ici question d'hommage non dissimulé car les connaisseurs auront immédiatement tiqué à l'écoute.
On a écrit ailleurs à quel point le New yorkais d'adoption Willy Deville avait l'amour de toute musique issue du delta du Mississipi, particulièrement si elle sort de la ville de New Orleans.
Il est donc sans nul doute tombé en arrêt sur le troisième LP d'un groupe jouant pour le mardi-gras, The Wild Magnolias.
Rappelons en deux mots que dans cette région des États-Unis, de nombreux esclaves en fuite furent accueillis chez certains peuples autochtones, en particulier les Séminoles.
Ce qui a facilité pas mal d'échanges de métissage pas que culturels.
De là vient la tradition des Mardi-Gras Injuns (indiens du Mardi-gras) au cours duquel les afro-américains font défiler 38 tribus de plusieurs dizaines de membres en une confrontation pacifique de musique et de plumes.
La chanson phare de cette confrontation étant Iko Iko de James Crawford sur le lien parDr. John, (Malcolm Rebennack 1941-2019).
Les Wild magnolias se produisent donc au carnaval depuis 1970 envoyant un funk d'acier. Groupe à géométrie variable, ils sont encore en activité de nos jours. Mais leur décennie en or fut celle des année 1970. En 1975, dans leur album They call us wild, se trouve cette ode à un costard neuf, New suit.
Bien avant de les embarquer en tournée européenne pour une revue New Orleans Mink Deville leur avait rendu hommage en 1985 dans son album Sportin' Life. Il avait très légèrement modifié le riff et était passé du costard à un hymne aux grolles italiennes qui rendraient n'importe plouc irrésistible.
Évidemment, c'est du second degré mais c'est tellement bon.
Allez, petite distraction de début d'année grâce au camarade Bidon Fumantdans son émission Un frisson dans la nuit du 16 décembre dernier, avec une nouvelle radiophonique de Josu Arteaga, La grosse caisse (parue, superbement illustrée par Matt Konture dans le Chéri Bibi n12).
Il y est question des mille et un usages du rock'n roll et de ses fondations : la batterie.
On se permet juste de rappeler au distrait que le sieur Arteaga s'appelle Josu (se prononce Yochou) et pas José
et que son ouvrage s'appelle Histoire universelle des hommes chats et pas la malédiction, ce qui serait d'ailleurs assez drôle.
Par
contre, la magie du hasard fait que le premier morceau, celui de Wire, a
été très heureusement repris par le groupe célèbre du bled de Josu, les
RIP.
Commençons l'année par deux versions d'une chanson également aimables à nos oreilles, comme disait l'autre avant de se faire lourder.
Frédo de Bernard Dimey fut crée par les Frères Jacques. Hubert Degex, le compositeur n'est autre que le pianiste habituel du quatuor que l(on voit en action ci-dessous.
Remarquons que les frangins avaient "oublié" le dernier couplet originel, peut-être un poil trop osé pour l'époque.
A côté des requins de la finance Et des crabes du gouvernement, Tous ces tarés qui règnent en France A grand coup de gueule d’enterrement. A côté de toutes ces riches natures Qui nous égorgent à coup de grands mots ! A côté de toute cette pourriture Il était pas méchant Frédo !
Oubli rectifié dans une version réactualisée par Riki de la Butte aux Cailles avec Captain Simard et Justine Jérémie.