Allez, une pause nostalgie facile : musique : Jacques Dutronc, paroles : Jacques Lanzmann (qui d'autre ?)
Un goût exquis, si parisien, rehaussé d'une chorégraphie audacieuse. L'histoire n'a pas retenu les patronymes des "boys".
C'était en 1966 à la Radio Télévision Suisse
Pourquoi lui ? Parce que lors de la grève à l'ORTF, en 68, c'est son Il est 5 heures, Paris s'éveille qui passa en boucle... On y revient lundi prochain de 17 à 19h.
En 1944, Jean-Paul Sartre se trouve un peu d'occupation : entre autres activités, il écrit sa pièce de théâtre Huis clos qu'il fait jouer au Vieux Colombier.
C'est pour l'inclure dans sa pièce qu'il accouche d'une chanson Dans la rue des Blancs-Manteaux, qui sera par la suite revue sur un rythme de valse lente par Joseph Kosma.
N'adorant pas la musique, Sarte en fit cadeau à la jeune Juliette Greco en 1950. Il lui proposa d'ailleurs plusieurs autres textes qu'elle refusa avec constance.
Elle grava la chanson sur un de se premiers 78 tours avant de la remettre en face B de Si tu t'imagines sur un 45 tour trois titres de 1963 (Trianon ETS 4401) qui sera un franc succès.
Greco enregistrera plusieurs autres versions du titre, que ce soit en studio, en 1962, ou en public en 1968.
Mais, cette apologie du grand déchoucage fut toute aussi popularisée par les Frères Jacques qui, l'ayant interprétée avant Greco, la mirent systématiquement à leur tour de chant.
Dans le cadre des échanges culturels de la Grande Europe, aujourd'hui un épisode méconnu de la glorieuse Guerre qu'on nomme Grande.
Courant 1915, l'état-major français a bien des soucis : 360 000 morts à l'automne 14 et 320 000 aux premiers mois de 1915, ça fait des trous... Après avoir envisagé l'appel par anticipation des classes 16 et 17, on réalise qu'en Russie, il reste cinq millions de soldats inemployés faute d'équipement (l'industrie russe ne suivant pas la demande). Le calcul est vite fait : suite à la demande de Joffre, le Tsar consent à envoyer graduellement un petit million de combattants à l'ouest en échange de l'équivalent en fusils Lebel.
Pour commencer, 45 000 hommes arrivent donc à Marseille en avril 1916 et sont reçus dans un enthousiasme délirant.
Au contact des soldats français, les Russes réalisent que les mauvaises manières de leurs aristos d'officiers qui les mènent au knout sont quelque peu démodées. Puis, on les envoie en Champagne, ils y vivront donc les absurdes et sanglantes offensives de Nivelle au Chemin des Dames.
Les délégués du soviet de la 1er Brigade
Comme entre-temps le Tsar avait été déboulonné par la Révolution de février, les brigades russes avaient déjà constitué des comités (soviets) de soldat.
Après avoir consenti à une dernière attaque qui se soldera par un massacre, des tracts se qualifiant de "chair à canon" et selon lesquels " les soldats russes ont été vendus contre des fournitures de munitions", ainsi qu'un journal révolutionnaire "Natchalo" (le Début) circulent parmi les troupes.
Des tensions se font jour au sein des troupes entre les partisans du gouvernement Kerensky et ceux du soviet de Petrograd.
Pour éviter toute mutinerie, le commandement français, qui a fort à faire avec me mécontentement de ses propres troupes, envoie les Russes à l'arrière, dans des camps de la Marne et des Vosges.
Le 1er mai, ils défilent en chantant la Marseillaise sous des drapeaux "Socialisme, liberté, égalité". Comme l'illustre la photo ci-contre, le général Palytzine, censé les commander, est viré sans ménagement par des subordonnés devenus enragés.
C'en est trop pour l'état-major qui expédie ses remuants alliés dans la Creuse, au camp de La Courtine. Les 16 000 soldats et 300 officiers exilés là-bas y conservent leur armement.
Sur le plateau des Millevaches, des heurts éclatent entre la 1ère Brigade (communiste ? Pas sûr, il devait y avoir là des SR, des anarchistes et tout le spectre révolutionnaire) et les soldats de la 3ème, plutôt fidèles à l'État. 6000 hommes et officiers de la 3ème se séparent pour s'établir à 25 km, au village de Felletin, pendant que la Courtine devient un camp militaire autogéré par un soviet de soldats.
L'état-major français décide alors d'en finir pour éviter toute contagion et envoie autour de La Courtine 3500 soldats russes loyalistes pourvus d'artillerie et le triple de soldats français et coloniaux.
Les soldats mutinés font ce à quoi ils ont été formés, ils creusent des tranchées.
Le 16 septembre 1917, le camp est bombardé alors que l'orchestre des mutins joue la Marseillaise et la Marche funèbre de Chopin. Le 19 septembre, après trois jours et trois nuits de bombardement, les derniers mutins se rendent aux Français. Bilan officiel : 9 russes révoltés tués (en fait autour de 150 ), 1 russe loyaliste et 2 français. Les rescapés seront envoyés en prison militaire, en camp disciplinaire ou versés dans la Légion étrangère. Ceux-là ne seront renvoyé à Odessa que fin 1919.
Arrestation d'Afanasie Globa, délégué du soviet
Bien entendu gouvernements russe et français feront tout pour étouffer ce gênant épisode. Ce à quoi ils ont assez bien réussi.
Il reste tout de même quelques traces en chanson.
Victor Leonidov, chanteur et archiviste de la diaspora russe, reprend ici un chant de la 1ère Brigade de Champagne.
La musique en est nostalgique à souhait et les paroles doivent provenir d'avant la mutinerie suivie de sa lamentable répression. Un extrait est traduit sous la vidéo.
Et en 16,l’annéemaudite
Lelongd’unchemindecroix,
De Russie, des soldats s'en venaient
Afin de sauver la France.
Et l'Europe, pour sa joie,
S'étonnait de leurs attaques à la baïonnette.
Les brigades russes, se battaient, Pour, de leurs corps, protéger Paris.
Ici, tout est simple et journalier
Le grondement de la guerre, il y a longtemps, s'est tu
Seule une chapelle domine le cimetière,
Où repose un brave régiment d'infanterie.
Les obus ne grondent plus
La terre a enlacé les soldats.
Les brigades russes se battaient,
Pour les champs français.
« Combien de ceux qui parlent avec tant
de désinvolture des barricades savent
comment en construire une, sans parler de savoir
comment faire repartir une mitrailleuse enrayée ? » George Orwell, 1940
Proximité de la grève du 22 mars ? Nous non plus n'échapperons point à un cinquantenaire à notre manière.
À entendre la haine d'une bonne partie de la classe dominante contre mai 68, on rigole un peu jaune. Tout comme face à ceux qui veulent faire avaler qu'il ne s'est agi que d'un gigantesque happening au Quartier Latin ou aux éternels petits chefs qui ont tiré les marrons du feu de joie. Il y eut entre sept et dix millions de grévistes lors de la dernière grève générale spontanée de l'histoire de ce pays. Un bon lot de trahisons et une gueule de bois qui dura plus d'une décennie.
1968, ce furent aussi des émeutes en Espagne, en Angleterre, en Irlande, en Italie, en Allemagne, en Suisse, aux États-Unis, des chars à Prague, un massacre à Mexico, des Zengakuren au Japon, la grande purge en Chine, le Vietnam à feu et à sang et on en oublie...
On aura donc l'occase de se replonger dans nos origines en chansons d'avant, de pendant et d'après ce joli mois de mai.
Vu la taille du sujet, ce sera le lundi 2 avril sur les 92.2 fm de canalsud.net de 17 à 19h.
Un grand classique de mai : le 9 juin une équipe de l'Idhec immortalise la frustration et la rage de la reprise aux usines Wonder.
Ça devient tout à fait passionnant à 2.30
Et les Rolling Stones essayant déjà désespérément de rester dans le coup et de raccrocher les wagons. Déjà la CGT du rock 'n roll ?
Ces aimables militaires sont dans Barry Lyndon (1975)
Aujourd'hui le Mac nous balade dans les quartiers mal famés de Londres en déroulant la vie exemplaire d'un fille publique devenue tenancière, non sans avoir flingué de l'aristo pour faire honneur à ses origines irlandaises et à son papa criminel qui finit par se dessécher sur les docks à force de danser au grès des vents. Les progrès d'une garce, encore un extrait de l'indispensable disque de Monique Morelli et lino Léonardi Chansons de Mac Orlan, sous-titré Chansons pour accordéon (Le chant du monde LD-M 4242)
"L’aspect de la
grande salle du « Poisson sec » valait certainement le
prix d’un gobelet d’ale ou de stout. Les murs, peints en rouge
sang de bœuf, un peu comme on pourrait imaginer le parloir d’un
ancien exécuteur des hautes œuvres, s’ornaient de chromos
illustrés luxueusement par les plus célèbres vendeurs de
spiritueux du monde entier. Une estampe, dans un mauvais tirage, de
W. Hogarth, représentait une scène tirée de cette curieuse suite
de gravures intitulée Les progrès d’une garce. On voyait, quoique
l’humidité eût abîmé une partie du dessin et que les mouches
eussent injurié copieusement le verre qui devait la protéger, la
malheureuse Polly battant le chanvre dans une maison de correction."
Mike Blueberry ou comment passer de la gueule de Belmondo à celle de Charlton Heston (album "Chihuahua Pearl")
Il se murmure que Jean Giraud prit le pseudo de Moebius, entre autre, pour passer de la tutelle de René Gosciny (dans Pilote) à celle de Jean-Pierre Dionnet (Métal Hurlant). Qu'il est un dessinateur génial mais qu'un bon scénariste lui tenant la bride est ce qu'il peut lui arriver de mieux.
On ne sait que croire de ces rumeurs.
Par contre, on est certain que lorsque Jean-Michel Charlier alla le chercher en 1963, alors qu'il épaulait Jijé, puis dessiner la série "Fort Navajo", mieux connue comme "Blueberry", ce fut un coup de maître.
De "Fort Navajo" à "Angel Face", cette série western, pour les titres concernés de 1965 à 1975, est pour nous la madeleine de Proust, une grand souvenir d'enfance, le passage, avec quelques autres à l'adolescence, une ouverture sur le monde mêlant bande dessinée, roman d'aventures et cinoche.
Bref, on a bien aimé.
Puis, en cherchant les éventuelles traces musicales de ce monument de l'alliance franco-belge, on a été surpris que cette série ait laissé si peu de traces musicales, à part quelques produits dérivés sans intérêts. Marcel Dadi, roi du picking, a bien composé un thème intitulé Blueberry, old time picking, en référence au héros. Il est ici joué par Fabrice Van Neder
Et puis on tombe sur cette curiosité de 1997 : un disque intitulé La ballade de Blueberry. Ce cd de country tiré à 1000 exemplaires, et donc assez peu trouvable, cache un groupe formé par Jean-Marc Andres au banjo, Olivier Andres à la contrebasse, Chakir Belkaïd, au piano, Jean-Claude Druot à la guitare, Thierry Loyer au dobro et Christian
Seguret à la mandoline et guitare.
Les titres des morceaux : Fort Navajo,
Chihuahua Pearl, Palomina Cantina...
On avoue être un peu curieux. Si quelqu'un connaît, on est bien entendu preneurs.
One for the road : le dessin de page de garde de la série. On y comprend mieux l'amour du maître pour les grands paysages.
Le transport des Filles de joie à l'hôpital. Étienne Jaurat (1755)
On ne peut vraiment faire confiance à personne en ce bas monde.
Surtout pas à Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour, duchesse de Menars, maîtresse en titre de Louis XV, brocardée dans les chansons de rue de son époque, dites poissonnades, dont le franc et direct Qu'une bâtarde de catin...
Ou dans ce délicieux poème :
Par vos façons nobles et franches,
Iris, vous enchantez nos cœurs.
Sur nos pas vous semez des fleurs.
Mais ce sont des fleurs blanches.
C'est à dire, en termes choisis, des...maladies vénériennes !
On vous a déjà évoqué la haine populaire vis à vis de la marquiseici etlà.
Comme toute la cour de Versailles, la Dame se piquait d'écrire des vers et de les mettre en chansons. En 1757, elle commit une comptine qui passera à la postérité de la chanson enfantine.
Quelle ne fut pas notre stupéfaction de constater que cette bluette, Nous n'irons plus au bois, est une claire allusion à l'ordonnance de 1687 qui commandait, pour répondre à une vague de maladies honteuses et surtout sous l'influence du parti des dévots de la Maintenon, la fermeture des maisons closes à moins de deux lieux de Versailles. Les filles publiques surprises en compagnie de soldats pouvaient même avoir le nez et les oreilles tranchées.
Or, si on prend en compte les bordels de ce temps n'exhibaient point de lanternes rouges mais des branches de laurier, on comprend mieux la signification du "bois" vers lequel on n'iras plus.
Voilà ce que, depuis, on apprend depuis aux gosses.
Marquise, vous étiez gonflée !
Prix mis à part et œufs au comptoir ayant tendance à disparaître, ce texte de Jacques Prévert, La grasse matinée, issu de Paroles, 1945, temps de famine et de tickets de rationnement, reste d'une actualité seulement ignorée par les hypocrite ou le fan-club présidentiel (qui sont souvent les mêmes).
On le connaît généralement par une de ses toutes premières interprètes, déjà d'avant-guerre, Marianne Oswald
Il a été récemment repris en hip-hop dans le disque Prévert le Rap par Floral & Muda (Instrus de Boeuf) du collectif Les chevals hongrois.
S'il y en a encore qui doutent que le rap est aussi de la "chanson française", vous pouvez télécharger l'ensemble du disque, ainsi qu'un autre consacré à Robert Desnos, sur leur site .
Puisqu'on en est encore à se couvrir pour éviter de prendre une veste, voici notre modeste hommage à cette peau de bête qui a connu bien des variantes depuis les âges farouches. On a parlé nippes :
Édith Piaf L'homme à la moto
Nino Ferrer Je vends des robes
La Caution Casquettes grises
A Souchon Les jupes des filles
Sanseverino André
Thomas Fersen Les cravattes
Ensemble Callirohé Les tricoteuses
Fontaine / Belkhacem Les blanchisseuses
Jean Constantin Les pantoufles
Roga Roga La Sape
Danny Lida Itsy Bitsy.... L'affaire est dans le sac (extrait)
Colette Renard La casquette
Patti Layne Déshabillez-moi
Anne Sylvestre Habillez-moi
Compagnons de la chanson Mets ton chapeau
Reda Caire Le gant noir
Maurice Fanon L'écharpe
La Chiffonie La ceinture d'argent
Dutronc L'opportuniste
On peut écouter ou stocker en cliquant Là.
En sus, le grand Jacques fait une variante du succès de Piaf lors d'un enregistrement télévisé non identifié
Amenons ici une précision historique.
Contrairement à ce qui est annoncé au début de la chanson de la Mano NegraLa Ventura, Paul Carbone dit "Venture" n'est pas exactement mort, le 16 décembre 1943, le bide truffé de plomb, à Chalon-sur-Saône. C'est bien plus beau que ça.
Vaguement inspirateur de films comme Borsalino (avec son complice François Spirito), proxénète international, bâtisseur des bases de la French connection, mêlé à l'affaire Stavisky (assassinat du conseiller Prince), intime de Joseph Marini, capo des Corses de Pigalle, ce truand ami de l'ordre était complice de Simon Sabiani, adjoint au maire de Marseille, proche des ligues fascistes (futur PPF de Doriot) et briseur de grèves des années 30.
Comme de bien entendu, à l'instar de ses collègues de La Carlingue, la Gestapo française drivée par le sinistre tandem Bonny-Lafont, l'occupation fut pour Venture l'occasion rêvée de prendre du galon. Mais il arrive que les mauvaises fréquentations se révèlent dangereuses.
Ainsi, fort de son pouvoir de voyager en première avec les officiers de la Wechmacht, en ce fameux 16 décembre, Carbone se trouvait dans un train de permissionnaires que la résistance de Chalon fit dérailler. Les jambes sectionnées, l'antipathique serait mort en philosophant, la clope au bec.
3000 personnes, gratin de la pègre, du show-biz et de la collaboration, assistèrent aux funérailles du caïd marseillais, l'Avé Maria étant chanté par Tino Rossi. Fin d'un affreux*....
* Et comme le Mitan a horreur du vide, à Marseille, l'après-guerre sera marqué par l'ascension des frères Guérini, grands amis de Gaston Defferre, du moins jusqu'en 1965...