mercredi 30 décembre 2020

Le MC5 par Wayne Kramer

 


James Dean restera toujours un beau jeune gars et Marilyn Monroe sera toujours une blonde voluptueuse. Nous ne verrons jamais un James Dean avec un début de calvitie, un gros bide et la peau du ventre qui tombe et nous ne verrons jamais Marilyn Monroe ressembler à... Liz Taylor (rires). Ils sont figés dans le temps et le MC5 l'est tout autant. 
 
 
Ces cinq cinglés arrogants de Detroit avec leur conception radicale du monde, leurs opinions politiques et leurs guitares saturées... ces mecs qui faisaient du free jazz avec des instruments électriques. Chaque nouvelle génération, quand elle commencera à s'intéresser aux origines de sa musique, nous redécouvrira et c'est quelque chose qui me remplit d'aise. Nous avons travaillé très dur à cette époque et on a pris des coups, alors je suis content que des gens puissent encore prendre ça en considération. (...)
C'est quelque chose qui me rend très humble.
Entretien publié dans Chéri-Bibi N°11
 
 
Le gars en 1972 (Ramblin' rose)

Et de nos jours (Revolution in Apt 29)



vendredi 25 décembre 2020

Cadeau de noël : Chucky chez les Belges

 

La même année à l'Olympia

Dans le cadre de la tournée européenne de 1965, 27 minutes de Chuck "Crazy legs" Berry à la RTBF le 2 juin devant une assistance qu'on dirait toute droit sortie du couvent des Oiseaux. Et pourtant le bougre s'est démené comme un beau diable. On n'ose même pas l'ambiance déclenchée par les blousons noirs bruxellois devant le studio si jamais ils ont eu vent de l'affaire.
Comme d'hab, ce radin de Chuck emploie des musiciens locaux capables de descendre un mi/la/si. Ici certainement une bande d'honorables jazzeux ramassés dans on ne sait quel club.
On a bien observé, c'est du vrai, son qui flanche en prime. Avec une pensée émue pour le gaffeur empêtré dans ses câbles
 

mercredi 23 décembre 2020

Mort d'un fils à Papa

 

Arriver à rendre cette crapule de Vidocq sympathique fallait le faire

Fils à Papa, on exagère, ça n'a pas du être joyeux tous les jours d'exister à l'ombre d'un tel cabotin de monstre. Il suffit de revoir Les yeux sans visage de Franju.

Le Claude Pierre Espinasse Brasseur n'a pas tourné que dans des grands films, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais avec lui, c'est encore une partie de notre jeunesse qui s'enfuit. Acteur finalement sympathique, il avait poussé la chansonnette en duo avec Anna karina dans Dragées au poivre de Jacques Baratier en 1963 en reprenant La vie s'envole de Rezvani.


Et en 1964 en duo avec Jean-Pierre Marielle pour un morceau plutôt pathétique. Heureusement que c'étaient eux.

lundi 21 décembre 2020

Bootboys

Skins en 1979 ? Non Slade en 1969

I’m a juvenile product of the working class, whose best friend floats in the bottom of a glass.
Satuday night's allright for fighting (Bernie Taupin / Elton John)
 
Habituellement on laisse la joie des organigrammes aux flics ou aux juges d'instruction. On va faire une exception sur ce coup là car le joyeux bordel dont il est ici question n'est rien moins que le chaînon manquant entre mods et skinheads.  
Si on en croit le dictionnaire de Cambridge, le bootboy est un cireur de godasses. Le très honorable dictionnaire semble ignorer qu'entre 1969 et 1974, de jeunes sujets de sa gracieuse majesté issus des classes prolétariennes se sont donnés ce sobriquet (on les appelait aussi hard mods ou smoothies par antiphrase) tout droit venu de leurs godasses d'embrouilleurs tout en se rasant la boule à zéro afin de se différencier de la masse des hippies. 
Comme le capitalisme et son serviteur, la mode, n'avaient pas encore revendus les fringues de chantier à dix fois leur prix aux petits bourges, les jeans et les Doc marteens coquées, si pratiques pour la baston, étaient de rigueur. De même le crâne d’œuf interdisait au flic ou à l'ennemi du moment de vous saisir par la tignasse. Un des premiers groupes à adopter ce look tout droit issu des bandes de hooligans furent une bande des Midlands managés par Chas Chandler (ex guitariste des Animals et importateur de Jimi Hendrix en Angleterre) les Slades pour envoyer un rock bruyant et sans prétention rattaché au courant glam rock
The shape of things to come (hommage non dissimulé aux Yarbirds)

 

Glam rock, le gros mot est lâché ! Car ces amateurs de rhythm'n blues et de soul pétaradante ont inondé le Royaume Uni du début des années 1970 de refrains à deux balles, limite vulgaires, qu'on a rattaché à ce courant. Mais attention, contrairement à la tendance sophistiquée représenté par Bowie ou Roxy Music, on ne sort pas des beaux-arts mais de l'usine et du pub du coin.
Lorsque ce n'est pas de la maison de correction pour mineurs, les sinistres borstals, comme les Fresh qui enregistrèrent un album sur le sujet entremêlant une musique funky à des témoignages de jeunes taulards. 
Il semble que même les Glimmer twins (Jagger et Richards) aient écrit un air pour ce disque qui nous change agréablement des opéras rock sur les sourds muets aveugles, par exemple. C'était huit ans avant les Sham 69.

 
 
Mais les hymnes de cette mouvance célébrant la vie entre potes ponctuée de virées au bar, au stade et au commissariat sur fond d'ambiguïté sexuelle furent sans doute Mott the Hoople des gallois (z'avez remarqué à quel point cette zique est la revanche des ploucs ?) menés par Ian Hunter, formés en 1969 et poussés par Bowie. Ils vont influencer une ribambelle de futurs punks de 1976 / 1977 en rythmant leur adolescence.
Une bonne définition des bootboys : One of the boys


À ce stade, le lecteur se demande ce qu'Elton John cité en exergue, vient foutre dans ce merdier. Ben, le petit gars du middlesex a eu sa période hooligan bien avant de faire dans un style sirupeux qui l’anoblira et son Saturday night's allright for fighting n'est rien d'autre qu'un hymne à la baston à la crade. 
Terminons la monstrueuse parade par quelques Écossais.
Les Iron Virgins (Tudieu ! Quel nom à la con !) ont débuté sur scène attifés en Orange Mécanique avant de se transformer en footballeurs américains équipés de ceintures de chasteté. Autant dire que ces gars n'avaient aucune chance de percer.

Les trois masochistes qui sont encore là peuvent retrouver ces Benny Hill du rock'n roll avec cette sélection.
Amis du bon goût, bonsoir.

jeudi 17 décembre 2020

De l'amitié et de l'amour par Desnos

 

On nous a gentiment reproché un certain vague à l'âme pour ne pas dire une certaine noirceur, ces derniers temps.
Vu l'éventuelle mise hors d'état de nuire de certain haut personnage, la journée s'annonce belle.
On en profite pour célébrer un de nos chers disparus et des valeurs toutes connes auxquelles nous adhérons. Le tout interprété par des gens qu'on n'adore pas forcément (la grandiloquence des premiers, quant au second, on va pas vous faire un dessin sur son amour de Staline devenu amour de la crise) mais qui ont au moins eu le bon goût d'aller piocher dans les textes pas les plus connus du monsieur.     
Ladies, gentlemen and others, pour la première fois sur ce blogue, les Têtes Raides, en concert et en 2013 jouent On ne quitte pas son ami de Robert Desnos


Quant à Ivo Livi, alias Yves Montand, alias lou Papé, il reprit Coucher avec elle, qui demeurera comme une merveille de fausse simplicité


Une dernière image volante du sieur Ernest Pignon Ernest collée à l'ex camp de Terezin. 



lundi 14 décembre 2020

25 septembre 1985, terrorisme d'État à Bayonne

 

Les chiens galeux (1986)

L'Italie des mal nommées "années de plomb" n'a pas le monopole des manipulations barbouzardes, des attentats massacres ou de la stratégie de la tension. Pas plus que l'Irlande du Nord, d'ailleurs.
À l'aube des années 1980, le Pays Basque est en guerre : outre les conflits ouvriers dus à la restructuration, la vague antimilitariste et les bastons antinucléaire, on trouve sur ce territoire trois organisations armées (ETA militaire, ETA politico-militaire, en voie de reconversion civile, les Commandos autonomes anticapitalistes ) au sud de la frontière et une au nord (Iparretarak).
Comme l'a souligné un célèbre policier espagnol : "Le problème basque est facile à régler, c'est pas 200 000 mecs qui vont en faire chier 19 millions."
Dont acte. 
Fasciste ou démocrate, l'État espagnol a utilisé plusieurs faux nez paramilitaires pour mener sa guerre aux excités du Nord sous des pseudonymes divers : Bataillon basque espagnol, Alliance apostolique anticommuniste ou guérilleros du Christ roi. C'est l'arrivée au pouvoir des socialiste à Madrid qui va enclencher la vitesse supérieure. Le conflit génère un grand nombre de réfugiés du sud côté français et le gouvernement de Mitterand refuse obstinément de les livrer à celui de Felipe Gonzalez. Qu'à cela ne tienne, pour forcer la main des autorités françaises, une organisation baptisée GAL (Groupes antiterroristes de libération) va semer la terreur des deux côtés de la frontière mais plus particulièrement en France. Attentats à l'explosif, racket, mitraillages ou assassinats ciblés, enlèvements, les GAL ont fait au moins 34 morts. Présentés officiellement comme un ramassis de flics incontrôlés, de franquistes nostalgiques et de mercenaires, cette bande de tueurs était en fait téléguidée par le CESID (services secrets) la Garde civile et la police sous la coordination de ministres et députés socialistes. Ils n'ont pas hésité à recruter des truands ou des mercenaires ainsi qu'à jouir de la complicité de flics et politiques français, particulièrement utiles à "loger" les réfugiés ou à garder la frontière ouverte dans l'heure qui suit un attentat. Après tout, San Sebastian n'est qu'à 25 km d'Hendaye. Mais comme dans toute bonne manipulation, un flou volontaire (voir le film crapuleux) reste toujours entretenu sur pas mal d'aspects et responsabilités sur ces opérations destinées à isoler les réfugiés pour ouvrir la voie aux extraditions qui vont suivre.  
Fin du bref cadre historique, début de l'anecdote.
 

Le 25 septembre 1985, entre Adour et Nive, le quartier du Petit Bayonne connaît son animation habituelle : bandes de potes s'adonnant au potéo, aller de bar en bar au gré des rencontres. Dans ce quartier, tout le monde connaît les réfugiés. Le libraire et disquaire de la rue Pannecau, réputée pour ses bars, est lui-même un ancien guérillero. À 21h15, deux hommes pénètrent dans le bar de l'hôtel Monbar, au 24 de cette rue, et ouvrent le feu. Ils touchent quatre copains qui buvaient un coup et les achèvent chacun d'un tir à la tête. 
Les deux affreux n'iront pas loin. Cernés et désarmés par la foule avant d'atteindre le pont St esprit, ils sont pris en charge par les flics du commissariat voisin qui leur évitent ainsi un lynchage en règle. Tous deux sont des truands marseillais embauchés pour l'occasion. On sait qu'ils touchaient 50 000 francs par blessé et 200 000 par tué. 
 
Si ce massacre est resté plus connu que d'autres, c'est peut-être parce que ce soir là, le jeune Fermin Muguruza, chanteur et guitariste du groupe qui monte, Kortatu, est lui aussi rue Pannecau. Venu visiter un vieux pote autonome planqué à Bayonne, il vient de terminer une partie de baby foot avec quelques uns des futurs assassinés et de changer de crémerie. 
Il raconte que leur groupe a été suivi par deux individus (on a l'habitude des filatures en cette région et cette époque) puis la bande se sépare, quatre vont au Monbar, les autres dans un autre troquet.
En entendant les coups de feu, ils sortent et butent sur les cadavres et les tueurs. 
Rentré chez le camarde qui l'héberge, Fermin, choqué, écrit à la hâte une chanson qui sera la première faite pour le deuxième album du groupe, El estado de las cosas*. C'est peut-être ce soir là et suite au fait qu'il aurait parfaitement pu y passer, qu'il s'est engagé franchement du côté nationaliste basque sans jamais renier ses engagements internationalistes ou son amour du désordre. 
La chanson est simplement intitulée Hotel Monbar. L'allusion aux recyclage des anciens combattants de la bataille d'Alger vient de sa surprise face à la quarantaine d'un des deux mercenaires. Quant à la vieille chanson de guerre, c'est l'Eusko gudarriak, (chant des guerriers basques) entonné aussitôt dans les rues. 
 
 
C'était notre rubrique "C'était pas mieux avant".
 
* Faudra revenir un jour sur le cas de cet album.

vendredi 11 décembre 2020

Bonnes fêtes et joyeux noël !

 
 
Et surtout la santé !
Afin de mieux protéger la population, des mesures appropriées et proportionnelle ont donc été prises. Mais il reste encore de bonnes vieilles recettes en réserve.
 

On s'excuse encore d'exhumer de joyeuses archives du bon vieux temps mais c'est pas nous qu'on a commencé. 
Que penser d'un pays où les seuls individus autorisés à circuler sans laisser-passer sont des flics? D'un pays où la seule occasion de rencontre dûment visée par les autorités est une célébration religieuse et familiale (et les cultureux rappellent à l'envie que pendant que les églises sont ouvertes, cinoches et théâtres sont hermétiquement clos, voilà qui devrait les rendre un peu lucides quant à leur importance) ? Que notre République vit d'abord sous le signe du Travail et de la Famille ? Vous voyez que ce sont eux qui cherchent...

Allez, sans transition, un clip à la gouache du temps d'avant, celui où on s'inquiétait d'un arsenal nucléaire civil et militaire aujourd'hui en pleine réhabilitation écologiste.
Amis collapsologues, Oberkampf dans Fais attention (1984).
Autres temps, autres dystopies...
 

 



mardi 8 décembre 2020

Gainsbourg fait son point Godwin à la télé

Nostalgie de la Giscardie. En 1975, après deux concepts albums flamboyants (Histoire de Melody Nelson et Vu de l'extérieur) un Serge Gainsbourg encore inspiré tente un provocation rock 'n roll grâce à un disque entièrement consacré au nazisme : Rock around the bunker.
Enregistré à Londres avec de solides tâcherons, l'album souffre principalement d'un son maigrelet digne d'un groupe de rock français. Le Lucien ne poussera pas la provoc' jusqu'au bout en retirant sa chanson Les silences du Pape (crainte des réaction des milieux cathos) et le scandale n'éclatera qu'une demi décennie plus tard avec sa Marseillaise. Hors quelques gauchistes dénués d'humour, la provoc' est tombée dans une indifférence générale et le disque s'est vendu honorablement.
Promotion oblige, un passage à la télévision s'imposait. On y découvre un pénible Bouvard, de pénibles choristes nippées en souris grises, une sono défaillante. On y apprend au moins qu'en 1975, la République Fédérale d'Allemagne n'allait pas tarder à poursuivre ses anciens nazis. Pour accélérer un peu le mouvement, deux ans plus tard, la RAF descendait le patron de Daimler-Benz, l'ex Obergruppenführer Hanns Martin Schleyer, ci-devant proche collaborateur de Reinhard Heydrich.

 

Malgré sa sonorité ratée, on aime bien cet album. Surtout ce titre, J'entends des voix off


samedi 5 décembre 2020

Bernadette Soubirou & ses Apparitions


Une des raisons qu'on a d'avoir quelque affection pour ce groupe tient à leur discrétion, à leur modestie et à cette absence d'envie de construire une renommée.
Voyez donc la bio affichée sur leur propre site :
Autour de 1976, le groupe Les Scandales entre dans l'univers punk rock. Il est composé de David (actuel batteur des Maximum Kouette) à la batterie, de Begos au saxo, de Kroll au chant, de Pierrot (clavier du groupe Les fêlés) à la basse et de Jean-Philippe R. dit Le Tueur à la guitare.
BSA apparaît dans les années 1980, au milieu de la scène underground (La Mano Negra, les Bérurier noir ou même Ludwig von 88). Le groupe est créé plus précisément en 1982 par Kroll. Ce groupe aux tendances rock alternatif alimente à l'époque les premières parties des concerts du groupe Les Scandales, mais ce dernier se dissout.
En 1992, un premier album intitulé Je vous salis ma rue sort.

Dix titres, dix huit minutes, on va pas s'en priver :


      

On se permet de rajouter que cette bande, qui se reforme occasionnellement, est évidemment originaire des Hautes Pyrénées.