Affichage des articles dont le libellé est Rina Ketty. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Rina Ketty. Afficher tous les articles

lundi 1 août 2016

Trois versions de l'attente : Rina et Django et Rudi



 

 Cesarina Picchetto naît à Sarzana (Ligurie - Italie) le 1er mars 1911.
On la retrouve, en 1932, à Montmartre où elle chante, au Lapin à Gill, des airs pas très connus mais plutôt bien choisis. Sous le pseudo de Rina Ketty, elle y interprète Delmet, Botrel, Gaston Couté ou Yvette Guilbert...


Son accent rital fait un tabac.
Elle ne chantera plus que des chansons plutôt exotiques grâce à son fameux accent en étant accompagnée par son futur mari, l'accordéoniste Jean Vaissade.
En 1938, elle interprète une rengaine italienne de Nino Rastelli adaptée par Poterat.
Gros effet ! Voilà qui sera le plus gros succès de toute l'Occupation, plus encore que Lili Marleen (dont ou vous avait touché deux mots).
Rina ne va guère jouir de sa renommée pendant cette occupation, adoptant une neutralité totale, elle décide de ne se produire qu'en Suisse. Et à la Libération, elle se retrouve délaissée, oubliée par son public. Ringardisée, la "chanteuse sentimentale exotique" de Sombreros et mantilles sera assez vite remplacée par Gloria Lasso ou ... Dalida. Elle s'exile donc au Canada en 1954 et gagnera une certaine renommée au Québec, tournant aussi dans les réserves indiennes.
Après un retour discret en France, elle meurt en 1996.





 Tout à notre exhumation de cette scie musicale, on n'a pas résisté pas à la joie de vous envoyer une autre version issue des années noires, nettement plus swing. Ce n'est pas là, l’œuvre d'un zazou (quoique) mais du grand, du merveilleux, de l'indispensable Django Reinhart, ici filmé en 1939.



Et puis, notre correspondante à Leipzig* nous signale la version allemande de Rudi Schuricke. 
On visionne donc la vidéo et là, on se de demande pourquoi diable semble-t-elle avoir été posée par un nostalgique de la Kriegsmarine ?
Explications d'Alexandra :
"La version originale est connue en Allemagne, grâce au film das Boot, mais la version allemande me semble (très subjectif) connue plutôt par les gens hmmm... nostalgiques de cette époque... ou du moins l'ayant vécue.
Rudi Schuricke
Ce qui m'étonne c'est qu'un homme chante cette chanson, Komm zurück signifie "Reviens" ou "Rentre", j'aurais imaginé que ce rôle fut dédié à une femme, dans une position d'attente à la maison / patrie. Mais justement j'ignore si la politique culturelle donnait la voix, le devant de la scène, aux seuls hommes.
Dans tous les cas, Marlène Dietrich était prise ailleurs...
C'est avant tout une déclaration d'amour, en dépit de l'éloignement, la confiance et l'assurance d'un bonheur éternel renforce l'amour de l'un pour l'autre.
Et dans un Reich de 1000 ans, le bonheur ne peut qu'être éternel... histoire de replacer la chanson dans son contexte
Ce qui m'a frappée dans la version allemande c'est vraiment la force et réciprocité dans le couple. "J'attendrai" à une tonalité toute autre, à mon sens.


En ce qui concerne Rudi, il semblerait que son quintet se soit décomposé en 1935, deux de ses compères n'ayant pas particulièrement d'affinités avec le NSDAP et les gais lurons de l'époque. Monsieur Schuricke pendant la guerre est de tous les fronts: concerts pour soldats et mobilisés mais aussi concerts privés pour des huiles. Son Trio chante pour la bonne cause nazie et brocarde W. Churchill. Une de ses chansons sera cependant censurée jusqu'à 1946 !! "Capri-Fischer" relate les bonnes vacances passées au bord de la mer, ce qui en temps de guerre est mal vu, faut pas déconcentrer les troupes avec de telles inepties. 
Sinon, le monsieur à eu moins de succès une fois le rock débarqué dans l'Allemagne de l'Ouest. Il a fini sa carrière professionnelle dans l’hôtellerie, un club de danse et une laverie."
Viele danke, Alex !
Reviens ici quand tu veux.

* Si vous n'êtes pas amateurs de bastons napoléoniennes et que vous ne situez donc pas bien, ça se trouve un peu plus à l'Est que Roeschwoog.