vendredi 31 mai 2019

Gabin & Ferré à la radio


On ne connaissait pas. On a donc été plutôt surpris de croiser les deux monstres sacrés que sont Léo Ferré et Jean Gabin associés sur un enregistrement radiophonique de janvier 1951 réunis dans un disque publié à titre posthume en 2004.
De sacs et de cordes* était un feuilleton radiophonique conçu par Ferré qui lui donna l'occasion de conduire son premier orchestre symphonique, celui de l'ORTF.
Tout en déclarant ensuite "Gabin était entre deux pentes, là... Alors j'avais écrit ça, je ne sais pas pourquoi... Ou j'ai écrit ça en même temps sachant que Gabin accepterait de lire le texte et c'est passé une fois à la radio... Il y a combien de temps ?... C'était en quelle année ça ?... 1951 ! On ne le repasse pas souvent, hein ?" Ferré fait mine d'oublier qu'à l'époque, il n'était pas très côté.
Citation du site qui lui est consacré : Diffusé dans le cadre de l'émission Les Lundis de Paris, ce grand patchwork de poèmes, de chansons ou de mélodies déjà existantes ou en chantier, que Léo parvient à rendre cohérent par sa narration, tombe à point nommé pour "résoudre" l'apparente dispersion de son auteur, dont il procède et dont il témoigne, ne serait-ce que par son hétérogénéité génétique et l'enjeu d'écriture "cubiste" qui en découle. En permettant à Léo de prendre possession de ses moyens : musicien, prosateur, collagiste...
Voici L'esprit de famille
 

On trouve trop peu de trace de l’œuvre sur le ouèbe.
C'est d'autant plus regrettable que dans cette pièce en 31 parties, on retrouve aussi les Frères Jacques, Suzanne Girard, Claire Leclerc (on reviendra sur son cas) Leïla Ben Sedira, Léo Noël, Marek Sliven et le Choeur Raymond Saint-Paul.
Tous les textes sont de Ferré exceptés trois de François Villon (Frères humains) et de Jamblan (C'est la fille du pirate et Les Douze). Plusieurs titres seront ultérieurement chantés par le poète monégasque.
Un autre titre trouvable sous le titre trompeur de Sacs



Une singularité pour finir, un reprise par Breakestra sous le titre Burgundy Blues


* L'expression de sac et de cordes aurait qualifié des soldats pillant les villes, ce qui pouvait les conduire à la pendaison. On attribue également son origine au règne de Charles VI durant lequel les rebelles bourguignons auraient été jetés par dessus les ponts enfermés dans des sacs de toile clos par des cordes. Châtiment déjà fort prisé dans la Rome antique.

mardi 28 mai 2019

Tambov la rébellion oubliée

Vivere militare est (Vivre, c'est lutter) Sénèque
S'il est une révolte paysanne généralement négligée dans la kyrielle de troubles liés à la guerre civile russe, c'est bien celle de Tambov, également qualifiée d'Antonovchtchina par les bolcheviks en référence à un de ses théoriciens, le socialiste révolutionnaire Alexandre Antonov.
 
Les violences (dans les campagnes en 1917 ndr) touchèrent surtout les possédants, leur propriété et les papiers qui les garantissaient, mais assez rarement les représentants du pouvoir : c’est là une différence majeure avec la période de la guerre civile (1918-1921). Les paysans, notamment à Tambov, imposèrent alors un véritable gouvernement paysan en investissant les institutions locales et en les remodelant à leur usage.

Dans le programme du parti socialiste-révolutionnaire, la redistribution des terres confisquées sans dédommagement aux grands propriétaires qui ne les exploitaient pas allait devoir être gérée non par le zemstvo de canton, mais par une commune paysanne « ressuscitée »  Mais ce retour voulu par les SR au communisme primaire supposé du paysan coïncida avec une pression accrue du pouvoir sur la paysannerie et du collectif sur l’individu. Le gouvernement provisoire s’appuya sur l’Union des villes et des zemstva (Zemgor) pour maintenir l’approvisionnement des villes et du front ; par l’intermédiaire de détachements spéciaux, il réquisitionna les récoltes au nom de la liberté politique conquise.
Alexandre Sumpf (Revue d'histoire de la Shoah N°189)

En 1920, le pouvoir bolchevik double les réquisitions de grains pour alimenter son armée et les centres urbains. Fournir ces quotas équivaut simplement à la famine. Le 19 août, la révolte éclate dans la ville de Khitrovo où les paysans forment une Armée Bleue, (par opposition aux armées "vertes" d'autodéfense paysannes au programme souvent flou, voire réactionnaire). Cette armée prend ses ordres de  "l'Union des paysans travailleurs", d'inspiration socialiste-révolutionnaire. Un congrès élu à Tambov abolit l'autorité soviétique et vote la création d'une assemblée constituante indépendante. La terre est restituée aux communes.
Antonov

Socialiste Révolutionnaire, un temps allié aux bolcheviks, Alexandre Antonov, qui prend la tête des troupes insurgées, avait déjà une aura de héros populaire grâce à ses attaques contre l'État central et ses représentants. Plus de 50 000 hommes sont organisés, sur base de milices ou de déserteurs de l'armée Rouge, leur service de renseignement infiltre tous les organismes officiels, Tcheka comprise. Début 1921, alors que la Makhnochina ukrainienne agonise, l'insurrection s'étend aux régions de Samara, Saratov, Tsaritsyne, Astrakan et en Sibérie, menaçant tout le centre de la Russie à l'Est de Moscou.
À la tête de plus de 30 000 soldats, le glorieux maréchal Toukhatchevski et le brillant commissaire du peuple Antonov-Ovseïenko (tous deux exécutés par Staline en 1937 et 1938 en remerciement de leurs loyaux services) édictent la directive : Les forêts où les bandits se cachent doivent être nettoyées par l'utilisation de gaz toxique. Ceci doit être soigneusement calculé afin que la couche de gaz pénètre les forêts et tue quiconque s'y cache.
Sept camps de concentration servent à rassembler les familles des insurgés en otage. On y enferme plus de 50 000 personnes et la mortalité y est d'un quart par mois. 

Gazés, pourchassés, bombardés par l'artillerie et l'aviation, les rebelles tiendront encore un an. En mai, la Tcheka attire plusieurs dirigeants dans un traquenard, en simulant l'existence d'un congrès clandestin SR auquel Antonov envoie des délégués. Ceux-ci sont arrêtés et la police politique bolchevique parvient à retourner Etkov, adjoint d'Antonov. Celui-ci organise une rencontre entre les représentants fictifs d'un soulèvement du sud de la Russie (des tchekistes) et une partie de l'état-major de l'armée insurrectionnelle de Tambov. La plupart de ces derniers sont exécutés au cours de la soirée. 
Blessé à la tête puis atteint de paludisme, Antonov est repéré par les sbires du GPU le 24 juin 1922 qui mettent le feu à la maison où il se planque avant de le cribler de balles, lui et son frère. 

Sur les torrents de calomnies déversés sur ces soi-disant koulaks restent encore des chansons.




samedi 25 mai 2019

Valérie Lagrange

Danièle Chareaudeau tirerait son pseudonyme de son premier rôle dans "La jument verte", bouffonnerie de Claude Autant-Lara où elle passe son temps à lutiner dans une grange.

Son amitié avec Pierre Barouh et Francis Lai lui a fait essayer la chanson pour un album assez original en son temps : Moitié-ange, moitié-bête.

Outre un duo avec son compagnon, le comédien Jean-Pierre Kalfon et une reprise de Mouloudji "La chanson de Tessa", on y trouve son premier tube : "La guérilla" écrit pour elle par Gainsbourg


Puis elle enchaîne quelques films et joue quelques concerts avec son futur mari Ian Jelfs, plutôt folk, puis glissant vers un reggae un peu punk sur les bords à partir de 1977.
Au début des années 1980, elle a un succès retentissant : Faut plus me la faire. Chanson devenue disque d'or, qui constitue une tentative de Pat Benatar à la française, le solo de guitare étant assuré par Steve Hillage, ex-membre de Gong et futur producteur de Rachid Taha.
Puis, elle tourne avec un groupe de luxe : The Ruts DC, anciennement The Ruts, un des groupes post punk les plus doués de son temps temps, brutalement stoppé par la stupide mort par overdose de son talentueux chanteur, Malcolm Owen.
En ouverture de l'album "Chez moi", enregistré en Angleterre par Mick Glossop,  Showbiz :



Elle fera quatre albums dans les années 80 avant d'être lourdée par sa maison de disque et se consacrer à l'humanitaire et à son compagnon gravement malade. Elle a fait un retour, en 2003, sous le patronage de Benjamin Biolay. 

ps : on aimerait comprendre pourquoi cet humble site est bloqué par la mairie toulousaine et donc inaccessible dans les bibliothèques. Sa seigneurie, mètre-étalon de la médiocrité, se serait-elle sentie insultée ou désobligée ? Z'ont que ça à foutre les veilleurs municipaux ?

mercredi 22 mai 2019

Juin, la vie en Couleurs

Gilets Jaunes, Toulouse 19 janvier
Après être parti creuser du côté des grandes épopées paysannes, les Vanneaux ont décidé d'opter pour un peu de légèreté.
Observons nos rues : des bleus affrontent des jaunes et des noirs alors que les rouges sont dubitatifs, que les bruns trépignent et les verts restent à la ramasse.
Profitant du printemps, Les Vanneaux de passage feront un tour dans le monde des couleurs. Rendez-vous le lundi 3 juin à 17h30 sur les 92.2 de Canal Sud.

Jaune était le rire d'Orchestre Rouge lorsque, dans ce reggae glacial, ils contaient comment des chemises bleues phalangistes alliées aux orangistes menaient la chasse aux rouges. Red orange blue extrait de l'album Yellow laughter produit parle regretté Martin Hannett.



dimanche 19 mai 2019

Damia joue Damia chez Duvivier


Valery Inkijinoff et Harry Baur écoutant Damia
Pour meubler ses films, Julien Duvivier écrivait des chansons. Qu'il faisait chanter par Fréhel ou Gabin.
Quelle ne fut pas notre surprise et notre joie de retrouver également Damia dans une adaptation de Simenon, La tête d'un homme (1933).

 D'abord elle pousse sa Complainte (paroles Duvivier, musique Jacques Dallin) au générique où elle est créditée du rôle de "la femme lasse".
Puis sur le trottoir, devant un bistrot bondé, Missia entonne Un assassin va se faire raccourcir la cabèche manière de planter l'intrigue.
Des fois que le titre et la guillotine du générique ne vous aient point convaincu qu'on va s'enfoncer dans le crime et son châtiment.
Mais c'est lorsque l'excellent Harry Baur (Maigret) et le génial Valery Inkijinoff* (Radek) se confrontent dans une piaule miteuse et qu'ils sont interrompus par le chant de la voisine d'une palier que la chanson, cette fois vécue à travers les regards de ses deux auditeurs, occupe réellement tout l'espace.

Vingt minutes plus tard, Inkijinoff, en pleine crise de démence meurtrière, fait irruption chez la voisine sur la voix de laquelle il fantasme depuis longtemps et tombe sur Damia en personne, en proie à un grandiose cafard au milieu d'une partie fine.
Vu l'état de la post-production en 1933, on ne peut s'empêcher de se demander "Mais où étaient donc placés les musiciens ?"
Parce que la bougresse était bien foutue d'envoyer ça en direct dans n'importe quelle position.
Jugez-en donc..


* Acteur né à Irkoutsk (Sibérie) en 1895 ayant joué les filles de l'air vers la France en 1931 où il a fait carrière jusqu'en 1972. 

jeudi 16 mai 2019

Corazon Rebelde, un peu trop tôt


Suite au sanglant coup d'État de Pinochet et de ses sbires, le 11 septembre 1973, la France fut un des pays européens à accueillir nombre d'exilés chiliens. La realpolitik étant ce qu'elle est et la police nationale n'ayant jamais démenti sa réputation, elle se fit un devoir de signaler aux différentes polices Sud américaines les révolutionnaires regagnant leur continent d'origine pour reprendre la lutte armée ou pas. Tout ceci est parfaitement documenté dans les archives du Plan Condor.
Mais là n'est pas le propos.
On s'intéresse aujourd'hui au sort d'un groupe de jeunes Chiliens dont les parents s'étaient réfugiés à Paris et qui tentèrent de laisser leur empreinte dans l'histoire musicale : les frères Vásquez.

En 1982, Oscar (alias Cacho, beau gosse d'un mètre 90), Rodrigo et Luis, fans absolus des Clash, empoignent guitares et basse, s'adjoignent les services de Cyril Noacco (franco-tunisien de son état) à la batterie.
Au lieu de se vêtir de ponchos andins comme leurs aînés et de reprendre Victor Jara, Inti Illamani ou  Violeta Parra, ils décident de changer la face du rock 'n roll en y mêlant du punk, de la rumba, des rythmes caribéens et de chanter en castillan, tant l'exil que le Chili ou l'Espagne "d'avant".
Et de se baptiser, en toute humilité Corazon Rebelde. Comme des Soul Rebels, quoi.

En 1985, ils sortent un premier 45 tour Radio Bemba / Tios de acero qui sonnait comme une baffe. Même les amateurs de salsa ou de rock espagnol n'avaient connu fusion aussi joyeusement sautillante assumée avec un tel sans-gêne.


Aussi sec sort un album sur un label indépendant, Mino Music, produit par un vieux routard de la fusion latina, l’Uruguayen Carlos Pájaro Canzani.
Ce disque contenait au moins quatre tubes potentiels et les quatre sudacas récoltèrent une presse élogieuse tant officielle que fanzineuse. Alors que Paname était en passe de devenir l'autre ville du raï algérien ou de la rumba congolaise, on s'est demandé si un autre genre n'est pas en train de naître.
Oyez leur hommage au port de Valparaiso


Et que croyez-vous qu'il advint ? Nada ! Nib ! Le bide intégral !
Nos Don Quichotte d'occase ont bien enregistré un autre 45 tour funky plutôt anecdotique, De quoi j'me mêle / Soledad en 1987 mais, en fin de compte, ils se sont retrouvés à devoir accompagner la chanteuse de variété belge Lio pour assurer les fins de mois avant de disparaître corps et bien.
La Mano Negra et quelques autres se sont chargés de creuser le (micro) sillon et de passer au tiroir-caisse. Trop tôt, les mecs !
Le beau Cacho avait aussi sorti un roman auto-biographique, Sebasto´s Angels, co-écrit avec sa mère, Ana, avant de sortir des écrans radars.
Mais la destinée ayant le sens de l'humour, un label chilien, Alerce, édita l'album là-bas d'abord en cassette en 1985, avec un petit succès dans le milieu étudiant, avant de le rééditer en CD en 2003 et de donner au groupe disparu une certaine reconnaissance australe.
On sait juste que Cacho vit désormais au Chili et qu'il joue en solo.

Malgré un son pourri, on les repasse en 1982, sur Antenne 2 jouant en direct la chanson Barcelona. Au fait, qu'est devenu le gars au foulard rouge du début ?


lundi 13 mai 2019

Casseurs et terroriste (5) Sante Caserio



Lyon, 28 juin 1894

Ainsi, pendant l’Exposition Internationale et Coloniale de 1894, le président Sadi Carnot, venu la visiter, emprunte la rue de la République à bord d’une voiture tirée par des chevaux, pour être applaudi par la foule. Il est accompagné du maire, M. Gailleton, qui raconte : je faisais remarquer à M. le président le spectacle de la rue brillamment illuminée lorsque d’un coup, je vis un bras se poser sur la voiture, vers le côté droit du président. Au même moment j’entendis un coup sec et, croyant qu’il s’agissait d’un maladroit qui remettait gauchement un placet à M. le président, je m’écriai machinalement : Quelle brute ! 


La main disparaissait aussitôt et, au lieu de voir le président souriant comme lorsqu’on lui remettait un placet je vis son regard devenir fixe, sa figure devenir très pâle. En même temps le président portait la main à l’endroit frappé et je dis à M. Carnot : "Qu’avez-vous M. le président ?" […] Le président m’a répondu d’une voix à peine perceptible : "Je suis blessé" ou "je suis frappé". J’ai eu alors tout d’un coup la pensée bien nette que M. Carnot venait d’être blessé par le bras que j’avais vu.


Gosse d'une famille nombreuse de Lombardie, Sante Geronimo Caserio, boulanger anarchiste de 21 ans, venait de venger Ravachol et Vaillant dont Sadi Carnot avait refusé la grâce.

Au tribunal, Caserio revendiqua un acte individuel et, coupant la parole à son avocat commis d’office, déclara : « Si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non… Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la ! » Il accueillit sa condamnation au cri de « Vive la révolution sociale » et repoussa la possibilité de plaider la maladie mentale.
Son acte et son exécution furent suivis de diverses actions violentes contre les travailleurs italiens en France ainsi que par une troisième charrette de lois scélérates.
Le poète et dramaturge anarchiste Pietro Gori, auteur de Addio Lugano bella, avait été son mentor et ami. Il écrivit cette ballade, A Sante Caserio, sur l'air de la chanson Suona la mezzanotte, interprétée ici par Sandra Mantovani.
La vidéo est tirée du Bal des innocents de Joseph Paris.





vendredi 10 mai 2019

Mouloudji à l'écran (1951)


La complainte des infidèles demeure une des chansons les plus notables de Marcel Mouloudji.
On sait assez peu que cette complainte fut écrite et interprétée pour un film de Carlo Rim et de 1951, La Maison Bonnadieu, (1951), de Carlo Rim, dans lequel on retrouve Bernard Blier, Danielle Darrieux, Françoise Arnoul, Michel François ou Yves Deniaud.
Ce qui est remarquable, c'est que comme quelques autres réalisateurs (Jean Boyer, par exemple) , le mésestimé Carlo Rim écrivait lui-même les chansons de ses films. La musique est de l'excellent Georges Van Parys, compositeur drôlatique qui de La femme et le pantin de Baroncelli (1929) à Elle boit pas , elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause d'Audiard (1970) fut un des compositeurs les plus prolifiques de l'histoire du cinéma français avec une centaine de films au compteur. Il fallait un talent certain pour arriver à accorder ces paroles avec la musique (igno-mi-nieu-sement...)
Le film étant une comédie basée sur une suite de variations d'infidélités conjugale, la scène dans laquelle apparaît cette Complainte des infidèles est l'occasion de retrouver notre Marcel en chanteur des rues prophétique.

mardi 7 mai 2019

Jacques, croquants, armée du bundschue, peones et autres rebelles


La Torche de Leopoldo Méndez
Les Vanneaux ont musardé dans la révolte terrienne d'Allemagne au Brésil, de Galice en Ukraine.... Vernaculairement vôtre.

Tijuana in Blue                              Rebelion medieval
Tia Blake                                       The rising of the moon
Die Schnitter                                 Thomas Müntzer
Nadau                                            Aurost ta Joan Petit
Jean Cardon                                   Les archers du roi
Miro Casabella                              Os irmandinhos
Leon Rosselson                              You noble diggers all
Robb Johnson                                 Captain Swing
Marc Ogeret                                  Gloire au 17ème
Claude Marti                                  Los commandos de la nueit
                          Hymne du MST
Paul Kelly                                       From little things, big things grow
Dueto Teloloapan                           Corrido a Lucio Cabañas
Antonio Aparicio                            Los campesinos
Ensemble Volnitza                          Le Don paisible va s'agiter
Kontra                                             Makhno
Les Glochos                                    Bonnets rouges

On retrouve l'émission, à écouter ou télécharger en cliquant là.

Même si ce n'était pas strictement qu'une révolte paysanne, l'irruption des zapatistes du 1 janvier 1994 fit un boucan phénoménal. Ici chantée par le regretté José de Molina.


samedi 4 mai 2019

Victor Hugo, hélas !

La superbe adaptation des Misérables par Raymond Bernard (1934)
Une fois n'est pas  coutume, intéressons-nous aujourd'hui à Victor Hugo et au trip hop.
Tout part du texte de Victor Hugo À ceux qu'on foule aux pieds, écrit à chaud en 1871 en guise d'indignation suite à l'écrasement de la Commune par les brutes versaillaises.
Tout le vieil Hugo est là. Aussi paternaliste et surplombant qu'humaniste, fustigeant la lâcheté du pouvoir et la crapulerie des puissants. Avec cette méfiance pour la populace que l'admirateur de Napoléon I, pair de France sous Louis-Philippe, complice des fusilleurs de juin 1848, ayant viré de bord suite au coup d'État de 1851 pour finir militant de l'amnistie des communards et ennemi juré de la peine de mort, a eu toute sa vie. Méfiance doublée d'une compassion toute chrétienne. Mais pas que...
Je n'ai plus d'ennemis quand ils sont malheureux.
Mais surtout c'est le peuple, attendant son salaire,
Le peuple, qui parfois devient impopulaire,
C'est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,
Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;
Je défends l'égaré, le faible, et cette foule

Qui, n'ayant jamais eu de point d'appui, s'écroule


Thierry Jonquet, écrivain de polars cruels avait utilisé un vers de ce poème, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte comme titre à son ultime roman, à notre avis, complètement raté.
Ce petit génie d'Hugo fut mainte fois source de chansons, les plus connues étant certainement celles de Brassens ou de Colette Magny.
Et ce texte fut mis en musique par un musicien multi-instrumentiste, amateur de rock des années 1970 comme de chansons de Brel et Gainsbourg, producteur à son studio de Bordeaux, Laurent, alias Le Larron, sous le titre Le labyrinthe.
Le titre fut produit, ou plutôt remixé, par Jean-Yves Prieur, alias Kid Loco, ci-devant Kid Bravo, à l'époque où il était guitariste du très clashien groupe parisien The Brigades. François-Marie Moreau y joue de la flûte.
C'est cette version qui est proposée ici, accompagnée d'images de Lee Jeffries, photographe de Manchester tirant le portrait de sans-abris.


Le Labyrinthe from Le Larron on Vimeo.

Comment peut-il penser, celui qui ne peut vivre
En tournant dans un cercle horrible on devient ivre
Flux, reflux souffrance et haine sont sœur
Les opprimés refont plus tard des oppresseurs

mercredi 1 mai 2019

Dignité retrouvée



Toulouse, premier mai 2019.
Vers 10h30, six à sept mille GJ prennent la tête du cortège à Esquirol.
À 12h30 le pèlerinage étant arrivé à Chartres, tout aurait dû s'arrêter là.
Sauf que... Les gueux refusent encore de regagner leurs bicoques.
À 19h30, les dernières grenades tombaient (assez mollement, il est vrai) entre Jaurés et Jeanne d'Arc.
Ça faisait combien de temps déjà qu'on n'avait pas connu un vrai premier mai ?
Et ça ne veut toujours pas s'arrêter.

Un premier mai sans colère,
ça n'est pas un premier mai.

 
Et pour le coup, une accolade affectueuse aux Ardéchois qui s'étaient tapés toute cette route pour être là.