Les deux samedis
précédents, il avait déambulé avec un équipement de protection
complet : masque, casque, veste de protection coquée. Samedi 8,
cet équipement lui a été confisqué par des policiers, dès
9 h 15, dans une des rues donnant sur l’Arc de triomphe.
« Je ne suis pas d’accord, mais je peux éventuellement
comprendre qu’on m’enlève mon masque et mes lunettes,
témoigne-t-il. Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on a
aussi pris, volé, devrais-je dire, 120 fioles de sérum
physiologique, que j’avais apportées pour aider et soulager les
gens qui seraient forcément pris dans les gaz lacrymogènes. »
« Mon ami a
demandé pourquoi on nous enlevait nos masques si les policiers y
avaient toujours droit. Réponse de l’un d’eux, très menaçant,
à deux centimètres de son visage : “C’est pour mieux te
casser la gueule.” » Lassé
d’avoir assisté à des violences de la part des policiers, dont
des tirs de flashball au visage, à plusieurs reprises, Jean-Philippe
s’interroge à haute voix sur la « dictature » que
serait en train de devenir la France. « En fait, on
te dit de fermer ta gueule, c’est tout », s’indigne-t-il.
Il promet néanmoins de revenir manifester le 15 décembre à Paris.
Avec de moins en moins l’intention de « rester pacifique,
puisque ça ne sert à rien ».
Mediapart
10/12/2018
Tiens, voilà-t-il pas que les camarades de LKDS se mettent au karaoké :
Ce matin, la presse parle de douze blessés à Toulouse. Ce n’est même pas le nombre de personnes que j’ai pu prendre en charge dans l’après-midi. Certains parmi nous ont raconté avoir chargé les personnes quatre par quatre dans les véhicules de secours qui parvenaient jusqu’à nous. J’ai même du mettre un blessé à bord de la voiture d’un riverain qui passait par là, à quelques mètres de la charge de police, et qui a rapidement accepté de le conduire à l’hôpital.
Je n’ai pas envie ici d’exprimer mon point de vue sur la violence en manifestation ; la vérité, en tout cas, est qu’il ne s’agissait pas d’une « centaine de casseurs » comme l’évoquent les journaux, mais de milliers de personnes qui se succédaient, se soutenaient, se soignaient, s’encourageaient. Impossible pour les gendarmes de faire quoi que ce soit, hormis contenir bien imparfaitement l’émeute et répliquer à coups de flash-balls et de grenades. Médiatiquement, les violences qui ont eu lieu sont peut-être un mauvais coup mais elles ont été un vrai coup de génie tactique. La queue de cortège a concentré l’essentiel de l’attention sur elle, servant de point de fixation pour les forces de l’ordre qui étaient déjà trop peu nombreuses pour l’enrayer. Pendant ce temps, la tête de cortège continuait sa route et s’emparait de la ville.
La presse raconte que les « casseurs » étaient des banlieusards profitant de l’occasion pour « tout casser » -comme si la violence révolutionnaire était un simple loisir. De mon côté, j’ai passé la journée à soigner des gens très divers : lycéens voulant riposter à la violence subie toute la semaine, étudiants, travailleurs de tous secteurs et tous âges (vers 18h30, j’ai même administré du sérum phy à un retraité qui avait été gazé), filles et garçons, « anars » comme gilets jaunes et écolos, tous unis et constamment solidaires sans regarder leur origine.
Témoignage d'un street medic Toulouse 09/12/2018