D'une part, c'est pas l'anniversaire du désastre de Tchernobyl qui nous pousse à l'allégresse. D'autre part, quand on se sent du vague à l'âme rien ne vaut une dose de joyeux cynisme.
Comme on l'a plusieurs fois souligné, bien avant Gainsbourg, Jacques Brel fut une belle source d'inspiration pour nombre de chanteurs anglo-saxons. Notre avis sur les raisons en sont explicités au lien précédent et on a beaucoup insisté sur le cas Amsterdam.
Passons au Moribond, sorti en 1961 en 45 tour 3 titres et sur l'album Marieke puis réenregistré en version plus énergique en 1972 sur l'album Ne me quitte pas. Pour mémoire, un agonisant passe en revue ses relations en leur faisant quelques recommandations aussi amères que vachardes.
En voici une version par Brel lui-même dans un certain brouillard télévisuel (arrêtez de taper sur ce poste, ça sert à rien)
En 1974, le folkeux canadien Terry Jacks en fait une adaptation en anglais sous le titre Seasons in the sun. Ce qui donne une aimable tube à tendance variétoche possédant néanmoins deux défauts majeurs : un arrangement bien en dessous de l'original qui sent son folk grand public et niaiseux et puisqu'on a lâché le mot, des paroles tout à fait contraire au thème sarcastique du grand Jacques. Ici, notre mourant se met paisiblement en règle avec ses êtres chers dans une béatitude plutôt hors propos.
Mais cette version fit un carton outre-Atlantique et nombreux furent ceux qui la mirent à leur répertoire. Il semblait que Brel ait été, comment dire, non pas lissé mais raboté.
Heureusement, Zorro est arrivé.
Qui mieux qu'une bande de grands déprimés pouvaient redonner un peu de relief et de brutalité à cette ritournelle ?
Évidemment, à l'époque où ils l'ont repris, ces jeunes gens décalés ne connaissaient pas la fin de l'histoire. Quoique... On s'interroge.
Voici donc Seasons in the sun par un Nirvana étonnamment traînant.
Faut dire que pour l'occase, ils avaient tout simplement échangé leurs instruments habituels.
On se sent beaucoup mieux, du coup. Bonne rentrée à tous !