dimanche 6 février 2022

Le camarade Rachid Taha et une traduction mystérieuse

On l'a déjà dit ici même, on avait une réelle affection pour Rachid Taha. Qui a toujours professé des opinions pour le moins sympathiques.
Seulement voilà, ne causant pas l'arabe dans sa version algérienne dans le texte, on va quelques fois chercher des traductions sur forums ou sites dédiés. En évitant d'avoir recours à ces immondes traducteurs numériques plus artificiels qu'intelligents (essayez donc de leur faire traduire des expressions comme hell or black water ou comerse el marrón pour rire). Enfin, ces gadgets peuvent avoir une certaine utilité à l'occasion mais là n'est pas le problème.
Dernièrement, on a cherché une traduction de Barra barra, premier titre de l'album Made in Medina en 2000 (utilisé par Ridley Scott dans Black hawk down, film de guerre léger comme un panzer). 

 Et là, magie de la traduction, on tombe sur deux trucs complètement différents. La première version est tirée d'un article en ligne du quotidien algérien El Watan. Ça donne:
Dehors, dehors, la haine et le règne de l’arbitraire/ Dehors, dehors, la destruction, la tristesse, rien n’est fiable et sûr/Dehors, dehors, la soif et des gens qui portent la poisse/ Dehors, aucun respect, l’oppression et l’esclavagisme/ Dehors dehors, les rivières ont été asséchées et les mers ont ruiné tout/ Dehors dehors, les étoiles sont éteintes et le soleil s’est caché/Dehors, dehors, il n’y a plus d’opulence ni bonheur ni chance/Dehors, dehors, Il n’y a plus d’arbres et les oiseaux se sont tus/Dehors dehors, il n’y a plus ni nuit ni jour, que les ténèbres/Dehors, dehors, que l’enfer, il ne reste plus de beauté/Dehors, dehors, l’indigence augmente, il ne respecte plus(le peuple)/Dehors, dehors, il ne reste que des murs, des murs dressés/Dehors, dehors, la peur et les gens demeurent silencieux.
 
Une chanson "dégagiste", comme dit ce néologisme, écrite dix ans avant la révolution tunisienne et la vague suivante nommée des printemps arabes, donc.
Là où ça se corse, c'est qu'en tombant sur un forum de discussions sur la musique, on découvre une version bien différente.
Dehors, dehors / Il y a la convoitise, le tourment et les youyous/ Dehors, dehors/   Le désordre règne, la désolation et l'insécurité/ Il y a la soif (de vivre) malgré le désarroi des gens / Il n'y a plus de respect, plus de dignité mais l'obscurantisme / Dehors, dehors / Les rivières se sont asséchées et les mers polluées/ Les étoiles se cachent pour laisser tomber le soleil/ Dehors, dehors / Il n'y a plus ni bien, ni joie, ni destin / Il n'y a plus d'arbres, les oiseaux ont cessé de chanter/ Il n'y a ni nuit, ni jour, (mais) plus que l'obscurité/ Dehors, dehors / Et l'enfer, plus rien n'est beau/ Il y a la débauche, il n'y a plus de respect/ Il y a la corruption, la guerre et le sang qui coule/ Dehors, dehors/ Il ne reste que des murs, des murs debout/ La peur règne et les gens se taisent/ Dehors, dehors/ Il y a de la convoitise, du tourment et les youyous/  Le désordre règne, la désolation et l'insécurité/ Les rivières se sont asséchées et les mers polluées/ Les étoiles se cachent pour laisser tomber le soleil.
 
Curieusement, vu notre méfiance maladive vis à vis d'une certaine presse, on aurait tendance à croire en la deuxième version. Mais on n'affirme rien. Si quelqu'un a une troisième option, on est preneur. 
La même en concert à Bruxelles (2001)

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    je confirme, la 2éeme proposition de traduction est la bonne
    Mohamed (ami de Marc Tonsin, on s'est cotnacté en juillet dernier...)

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    1. Grand merci Mohamed.
      On a toujours raison de ne pas se fier à el Watan ou la presse algérienne en général. Dans les années 1980,l'unique bistrot de notre cité de banlieue toulousaine était abonné à el Moujahid et sa lecture était l'occasion d'une bonne tranche de rigolade plutôt amère.

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