vendredi 27 octobre 2023

Cinoche d'antan : complotisme et Morricone chez Sollima


 
Sergio Sollima est un petit maître du film de genre italien des décennies 1960/1970. Du côté du très ravagé style western spaghetti, il a réalisé l'excellent Colorado (La resa del conti, 1966) et côté polar La cité de la violence (Città violenta, 1970).
Mais un de ses films les plus bizarres et original à notre goût est La poursuite implacable (Revolver, 1973). 
Bizarre parce que ça commence comme un puzzle : deux truands se font plomber lors d'un braquage dans la région milanaise, un puissant homme d'affaire transalpin se fait dessouder à Paris et un ex-flic viril et moustachu à souhait (Oliver Reed) devenu directeur de prison, se fait kidnapper son épouse légitime par des gugusses qui tiennent mordicus à récupérer un de ses pensionnaires.
Et là, le spectateur se dit que c'est parti pour un film d'autodéfense et de vengeance comme aux plus belles heures de Charles Bronson ou Clint Eastwood.
Que nenni !
Pour commencer le flic qui veut récupérer madame et le truand évadé qui ne comprend guère ce qu'on lui veut (Fabio Testi) vont passer une alliance objective et improbable.
 
Et auront pour complice une idéaliste gauchiste* (Paola Pitagora) qui fait traverser la frontière franco-italienne à des travailleurs sans papiers à titre gracieux (en 1973!).
Ensuite, inspiré du meurtre du magnat de gauche Enrico Mattei, en 1962, (dont Francesco Rosi tira un autre film en 1972), le scénario glisse vers un crime d'État couvert par un complot impliquant des truands siciliens de seconde zone, des flics italiens, des figures du milieu français, des flics français, des politicards sans frontières et une star du show-biz genre Hippie de luxe. 
Le rôle de Al Niko, chanteur à succès mouillé avec une belle brochette de truands et de vieux dégueulasse, image vivante de la récupération du mouvement hippie par l'industrie, devait originellement être tenu par Johnny Halliday. Mais soit, la production a reculé devant le cachet exigé, soit notre Jojo avait mieux à faire qu'un salaud veule à souhait, il a finalement échu à une vieille connaissance: Daniel Beretta ! 
Qui s'en tire honorablement dans son numéro de méprisant crétin veule et vénal.
Cerise sur le gâteau, la musique de l'objet a été confiée aux soins du maestro Ennio Morricone.


Thème musical repris en chanson au générique du début : Un amico ou Un ami paroles de Bevilacqua ( aka Christophe) et Catherine Desage, composé et arrangé par Ennio Morricone et interprété ar Daniel Beretta.
Et zou!

* Un scène involontairement jubilatoire est quand la belle entreprend l'éducation politique du voyou qui jusque là s'en foutait royalement. Ce qui donne un dialogue avec des arguments du plus haut comique : "Cipriani, on l'a tué, comme on tue tous ceux qui sont dangereux pour le système. Comme on a tué Mattei, Kennedy, Trotsky, Che Guevara..." (Si ! Tous flingués par la loge P2 ! Le saviez-vous ?)