mercredi 29 janvier 2020

Toulouse en chansons (5) : les Malpolis


Affiche des trois zigues parodiant qui vous savez 
  
Les Malpolis ont été créés en 1997 par deux copains de beuverie, Pierrick Rouquette et Stéphane Dardé. 
C'est pour un de leurs premiers concerts dans un bar que le patron leur a demandé comment s'appelait leur groupe. Leur réponse est alors « Les Malbaisés ! ». Le patron pétochard a donc affiché à la place « les Malpolis » et le nom est resté. 
Ils ont enregistré eux-mêmes leur premier album Et là... vlan ! L'année suivante, un album live En public. Ces deux albums, aujourd'hui à peu près introuvables, s'étaient vendus à environ 1000 exemplaires, comme Pierrick s'en est vanté sur Radio Canal sud.  

Une certaine idée de Brassens
 


En 2001, ils ont recruté le batteur et multi-instrumentiste André Vigier Latour. 
Ils écumèrent les scènes locales et autres squats pendant une douzaine d'années.
Ayant fait le tour de la question, ils ont arrêté leur trio en 2013. Sans doute pour échapper à l'ennui...
Depuis, Pierrick continue en solo
 Hymne régionaliste (extrait)

 Un ode à l'effort joué sur la (lamentable) tv locale

dimanche 26 janvier 2020

Exil

Tomislav Peternek (1957)
 
J'ai toujours trouvé faux le nom qu'on nous donnait : émigrants. 
Le mot veut dire expatriés ; mais nous 
ne sommes pas partis de notre gré 
Pour librement choisir une autre terre ; 
Nous n'avons pas quitté notre pays pour vivre ailleurs, 
toujours s'il se pouvait. 
Au contraire nous avons fui. Nous sommes expulsés, nous 
sommes des proscrits 
Et le pays qui nous reçut ne sera pas un foyer 
mais l'exil. 
(...) Chacun de nous marchant, 
Souliers déchirés dans la foule 
Dénonce la honte qui souille aujourd'hui notre terre. 
Mais nul d'entre nous ne restera ici. Le dernier mot 
N'est pas encore dit.

 Bertolt Brecht, Sur le sens du mot émigrant (extrait) 1937
 
Avec une introduction pareille, vous avez peut-être deviné que la prochaine édition des Vanneaux de passage portera sur le thème de l'exil.
Et avec ce que ça a pu être chanté, la programmation ne devrait point être trop laborieuse.
On se retrouvera le lundi 3 février à 17h30 sur 92.2 ou Canal sud.net.

Mojado (mouillé) est le nom donné à ceux qui ont traversé le Rio Grande pour aller récurer les chiottes des Gringos. C'est aussi le premier titre du premier album de la Maldita Vecindad y los hijos del quinto patio (1989).


Le sort commun de l'exilé ? Désolé du groupe Carte de Séjour, avant dernier morceau de leur album Rhorhomanie (1988)


mercredi 22 janvier 2020

Le blues du travailleur : Blue collar


They pit the lifers against the new boy and the young against the old. The black against the white. Everything they do is to keep us in our place.
Smokey

Allez savoir pourquoi, ces temps-ci on se fait quelques plongées dans quelques vieux films à tendance prolétarienne teigneuse.
Comme Blue Collar, premier film de Paul Schrader (1978) qui avait déjà connu la gloire comme scénariste de Taxi driver ou de Yakuza.

Détroit, Michigan, trois prolos, Zeke, Jerry et Smokey bossent à l’usine GM du coin. À part râler après leur syndicat qu’ils jugent trop peu combatif, les trois compères ne dédaignent pas cramer leur pognon en orgies du week-end avant de retourner au chagrin. Jusqu’au jour où ils décident de se faire le coffre du dit syndicat.
Et là, en lieu et place lieu du pactole, ils tombent sur des documents prouvant la collusion des bureaucrates avec politicards et mafieux. Comme, en plus, le syndicat se plaint de s’être fait dévaliser 10 000 dollars au lieu des 600 ramassés par nos gars, ceux-ci décident d’en rajouter une louche. À leurs risques et périls…

Outre quelques considérations bien senties sur l'american way of life, ce film débute par un des plus remarquables génériques des années 70 où, sur fond de Hard working man, blues teigneux de Jack Nitzsche et Captain Beefheart, défilent les conditions de travail et les rapports de force dans l’usine.
On l'envoie en vous recommandant le plein écran. 


samedi 18 janvier 2020

Collectif Mary Read


Le collectif Mary Read (du nom de la célèbre pirate) s'est formé il y a un peu plus d'une quinzaine d'années à St Étienne.
Monté par deux MC, Calavera et Trauma qui avaient sorti des démos dès 2001, ce duo est devenu collectif en étant rejoint par Nergal et Mina en 2002 et 2006.
Issus tout autant du rock que du hip-hop, ils sont partis écumer les petites scènes en restant proche de la mouvance punk / DIY*
Ils avaient pour habitude, lors de leurs concert à l'étranger (Pologne, Espagne, Allemagne) de traduire leurs paroles et de les distribuer imprimées.
Aux dernières nouvelles Mina serait retournée au chagrin et Calavera à son bistrot.
N'hésitez pas à reprendre la route, camaros...
Une chanson en hommage aux gueux des mers.



* Do It Yourself : autoproduit, quoi.

mercredi 15 janvier 2020

Lounès Matoub et les chansons qui tuent


Lounès Matoub était un emmerdeur. Un énorme emmerdeur. Ça (et aussi son sale caractère) l'a certainement tué en ce 25 juin 1998.
Né en 1956 dans les montagnes kabyles des environs de Tizi-Ouzou, il est issu d'une famille pauvre dont le père est émigré en France.
Renvoyé de tous les collèges, il a huit ans quand les troupes de Ben Bella entrent en conflit ouvert contre les hommes de la Willaya III de Hocine Aït Ahmed. L'accusation de" séparatisme berbériste" est alors le prétexte pour le nouveau pouvoir algérien à mener de nombreuses purges et assassinats. S'ensuivra une politique d'arabisation forcenée menée sous Boumédienne qui a piqué les clefs du palais à Ben Bella.

Épris de poésie, de châabi et de chants traditionnels amazigh, guitariste autodidacte, ce bagarreur tâte de la prison et du mépris anti-kabyle lors de son service militaire.
C'est en France en 1978 qu'il fraye avec les gloires de la chanson kabyle que sont Idir, Slimane Azem, Hnifa.
Il sort également son premier album, Ay izem anda tellid ? (Ô lion où es-tu ?) annonciateur de ce qui sera désormais ses thèmes de prédilection, la célébration des héros trahis de l'indépendance, l'amour de la langue et culture kabyle ainsi que de la liberté d'expression et un mépris sans nom pour les différents (sic) pouvoirs en place et les bigots.
De l'art et la manière de se faire des ennemis mortels.

 Tighri n taggalt (La révolte de la veuve, 1996)


Au cours des émeutes de 1988, il encaisse cinq balles de la part d'un gendarme alors qu'il distribuait des tracts. Six semaines et quelques opérations plus tard, il se produit au stade de Tizi-Ouzou devant une foule enthousiaste.
En septembre 1994, il est séquestré pendant une quinzaine et jugé par un groupe islamiste qui finit par le relâcher face à l'ampleur de la mobilisation populaire. Ce qui n'empêche pas certains de douter de la véracité du rapt, les islamistes faisant alors rarement quartier.
En plus de ses blasphèmes habituels, son Hymne à Boudiaf, assassiné par ceux-là même qui lui avaient juré un retour protégé lui vaut à la fois la haine des islamistes et des généraux. Il est ici sous-titré en français.


Il se surpasse encore dans la provocation en détournant l'hymne national dans son ultime album Lettre ouverte aux... (1998)

 

Le 25 juin 1998, la Mercedes de Lounès Matoub qui regagne son village est mitraillée. On relèvera 78 impacts sur la carcasse et le chanteur, touché par plusieurs balles, est extrait de l'habitacle pour recevoir les tirs de grâce. Malgré de graves blessures, on épouse et sa belle-sœur, grièvement blessées, survivront. 
Des émeutes éclatent alors dans toute la Kabylie au son du fameux "Pouvoir assassin !"
Qui a tué Lounès Matoub ? Le GIA comme ça a été officiellement claironné ? Un Mouvement des Officiers Libres fantomatique ? Une camarilla de généraux qui cherchaient à déstabiliser le président Zéroual en profitant des troubles ? Et qui s'en seraient publiquement vantés ?
Comme dans toute bonne affaire algérienne, le brouillard demeure mais tous les sus-cités avaient de bonnes raisons à sa disparition. 
Outre la France, Lounès a tourné au Canada et aux États-Unis en 1993. Il existe 13 rues portant son nom en France, dont une à Paris. 
Ce site lui est consacré.

ps : le camarade Chéri-Bibi nous transmet cet extrait du Cercle de Minuit de 1994 illustrant à merveille l'intransigeance du Kabyle énervé.
Surtout face à un tel parterre de crapeles propres sur eux. Particulièrement Malika Boussou, issue du sérail et prête à mordre.

dimanche 12 janvier 2020

Wieder streik !


La grève continue. Et les manifestations où ça cavale aussi.
En hommage aux camarades cheminots et traminots. Une petite vidéo en allemand d'une de leurs dernières grèves.
Croyez-pas ce qu'on vous rabâche, les conflits sociaux existent bien outre-Rhin. 


Et en yiddish, alors ?
En 1910, les ouvriers et de l'horlogerie de New-York, majoritairement juifs récemment immigrés, déclenchent la "Grande révolte": huit semaines de grève. Parallèlement, 20 000 travailleuses de la confection leur emboîtent le pas.
On écrit "travailleuses" car les protagonistes de cette shirtwaist strike étaient à 70% des femmes juives ou italiennes dont la plupart n'avaient pas 20 ans.
De cette lutte ouvrière demeure Der zig fun di klokmeyers (la lutte des horlogers) paroles de Morris Rund (lui-même membre du syndicat des boulangers). La musique est reprise du refrain américain populaire Take a Car.

jeudi 9 janvier 2020

Requiem pour là-bas


Australie au 5 janvier
The Saints (Chris Bailey, Ed Kueper, Ivor Hay, Kym Bradshaw) étaient, à l'origine un groupe d'énervés s'étant formé à Brisbane (Queensland, Australie) en 1974, époque où le choix musical local oscillait entre de la country anémique, du métal ou les cornemuses de l'orchestre de la police du coin.
Non content, de sortir un des tout premiers 45 tour catalogué punk (I'm stranded) ils ont écrit dans leur album suivant Eternally yours (1978) une chanson qu'on entend aujourd'hui d'une drôle d'oreille.
Extrait de Orstralia
Tout le monde se prélasse au soleil / et tout le monde se fout de tout , alors éclatons-nous. (...) Tu peux étendre ton linge / ici, il fait toujours beau.
Refrain: On n'a pas de problèmes, pas de guerres / on n'a donc plus besoin d'un cerveau.

À l'heure où ce pays, vaste comme un continent brûle, il y a là comme un ton, comment dire, prémonitoire. Si on nous avait dit alors, on l'aurait pas cru....


Everybody lazin' in the sun ...

lundi 6 janvier 2020

Janvier : Vanneaux chômeurs

1934


Entre désespoir social et répugnance du travail, notre sélection haineuse du jour :

Les Escrocs                           Assedic
Les Olivensteins                    Fier de ne rien faire
Mon éléphant                        Quand j'étais chômeur
Poésie Zéro                            Chômage
Zufgangenhause                    Arbeiloser marsch
DDT                                       Monogorod inache
Macka B                                Unemployment blues
Sexy sushi                             Je refuse de travailler
Les Colocs                             Bon yeu
Femi Kuti                              No work, no job, no money
Richard Desjardin                 Le chant du Bum
Les chômeurs kabyles           Pouvoir assassin
Dupain                                  La complainte du vieux travailleur
Springsteen                           Ghost of Tom Joad
Maldita Vecindad                  Gran circo 
Didier Super                         À bas les gens qui bossent
Neurotics                              Living with unemployment
Tracy Chapman                     About a revolution
M. Eddy                                 Il ne rentre pas ce soir 

Comme de coutûme, ça se retrouve, en écoute ou en téléchargement à ce lien.
Et pour en rajouter une couche du rap antique (de son album Métèque et mat de 1995)



et puis un rappel de l'Onc' Pluplu qui touche enfin son keuch'




samedi 4 janvier 2020

La Chanson Boum du Mac


Le 22 juin 2014, l'émission d'Hélène Hazéra rendait hommage à Pierre Mac Orlan.
En novembre 1951, Pierre Mac Orlan a enregistré sur Paris Inter une série d’émission avec Germaine Montero, un petit feuilleton mis en ondes par Albert Riera intitulé alors " La chanson de mes villes". Chacune de ces sept émissions est consacrée à une ville que Mac Orlan a fréquentée dans sa jeunesse, et se conclut avec la création d'une chanson écrite par Mac Orlan, mise en musique par l'accordéoniste V. Marceau et le guitariste Henri Crolla.
Voici donc un abrégé de ces émissions où Mac Orlan commente et explique ses chansons, document à peu prés unique dans le domaine chansonnier.
Elles renvoient à la période juste avant la Grande Guerre, dont le décor, la plupart du temps, a été englouti sous les bombes. Germaine Montero les enregistra plus tard pour le disque, avec d'autres mais ici ces interprétations dépouillées* témoignent de la force d'émotion particulière du son radio



* Mélodies et paroles diffèrent souvent des versions habituelles.