vendredi 22 décembre 2023

Surprenante reprise de Serge Lama

 

La colère selon Paul Strand

L'actualité étant trop dégueulasse, on s'est payé une tranche de nostalgie d'un monde disparu et certainement pas meilleur.
Avant de se prendre pour Napoléon et devenir une sorte d'incarnation du beauf giscardien Serge Lama avait écumé les cabarets de la rive gauche et ouvert pour Barbara, Brassens ou marcel Amont.
Plutôt que de chanson réaliste, on qualifiera son cas d'auteur de chansons populistes au sens où on l'entendait avant que le mot ne fut mis à toutes les sauces. Ce qui a donné le pire comme, parfois, le meilleur.
Prenons le cas de Les glycines (1973), co-écrite avec Yves Gilbert et apparue sur le 33 tour Je suis malade.
Le cadre en est un monde paysan à l'agonie où la seule promotion sociale consiste à se barrer chez la classe ouvrière. C'était aussi le temps où Gilles Servat chantait On manque toujours de prolétaires. S'ils avaient su...
Rajoutons à ce tendre tableau la misère sexuelle, un soupçon d'inceste entre cousin cousine et les mots qui ne sortent pas, on comprend qu'à l'époque une partie du public adopta cette chanson pathétique au croisement de la chronique sociale et du misérabilisme.
Fin de l'explication de texte.
Quelle ne fut pas notre surprise de retrouver ce morceau interprété par un groupe de punk confidentiel des années 1990, 10 Petits indiens. D'abord signés chez Island, puis Boucherie prod. Isabelle Voisin, Frédéric Cormier, Philippe le Bour, Papi et tougoudoum ont commis trois albums entre 1992 et 1996. 
Il semble qu'ils se soient reformés depuis mais on avoue notre ignorance.
En tout cas, ils auront fait swinguer Lama.
 

dimanche 3 décembre 2023

Nguyen Tan Tai-Luc (1958-2023)


D'accord, il a eu des côtés très très peu sympathiques avec des fréquentations ambigües pour ne pas dire, plus. On peut pas passer l'éponge là-dessus.
N'empêche qu'avec la disparition de l'âme de La Souris Déglinguée, c'est une page du rock français qui se tourne et (encore) une partie de notre jeunesse qui se fait la malle.
Avec ce groupe de lycéens, créé en 1976, par Tai- Luc, Jean-Pierre, Hervé et Terkadec (harmonica), on a tenu le parfait mélange d'énergie punk et rockabilly, mâtiné d'une pincée de Oï chantant des chroniques sociales ras du trottoir. 
On tenait enfin des Clash de chez nous, à la sauce Kebra meets la bande à Kruel dotés une crédibilité en béton armé.

  

Et puis, c'est vrai, on en a eu un peu classe de devoir se cogner avec une bande de nazillons à quasiment chaque apparition du groupe. Marre aussi de paroles trop souvent confuses.
Restent de beaux moments et le plaisir des deux premières impeccables galettes : La Souris Déglinguée et Une cause à rallier.
Ce sont aussi eux qui prendront NTM en première partie à l'Olympia, marquant le passage de relais musical de l'époque.
Tai-Luc continuait à jouer (un album solo assez raté, juke-box, en 2007)
Il donnait également des cours à l'Inalco et avait un stand de bouquiniste sur les quais de Seine.
Que la terre te soit légère, gars.
Un rappel des débuts.

   



mercredi 15 novembre 2023

Hello ! we are from Antwerpen !

 

C'est par ce cri que notre très regretté Arno attaquait parfois les concerts de son ancien groupe TC Matic.
Une évocation douce amère de l'artiste dans l'émission Toute une vie du samedi 11 novembre dernier.
Extrait de la déclaration d'intention : Pour oser un pied dans le réel, le voilà qui se risque à la musique, avec un simple harmonica et une voix rocailleuse que tout le monde, au départ, juge impossible. D’abord au sein d’un groupe (Freckle Face, Tjens Couter, TC Matic) puis en solo, il mêle les styles et les langues, l’absurde et le plus grave… Ses textes racontent la vie par le petit bout des gens : leurs manies, leurs tracas et leurs complexes. « Je suis comme un vampire. Sans les gens, je ne peux pas faire des chansons. Parce que tous les trucs que j’écris, ça ne vient pas de moi, ça vient des gens, de leurs bêtises. »
Pas mal d'amies, de musiciens, de chanteuses évoquent l'escogriffe ironique et mélancolique.
Comme on est infoutu de vous faire ça proprement, on vous le conseille en cliquant ici
Ou en suivant les conseils du lecteur masqué (Hanx, Georgie!)
Au passage une de ses chansons qu'on aimera toujours.

mercredi 8 novembre 2023

Requiem pour six cordes

 

Voilà presque dix mois que l'ami Henri-Paul Tortosa a définitivement lâché son médiator.
Et comme on n'oublie rien, jamais, un modeste et sincère hommage lui sera rendu ce vendredi même dans un bar de la rive gauche toulousaine.
Y'aura du beau monde et on vous promet aussi de rire.
On profite de cette annonce pour renvoyer une vidéo de l'émission Tracks, de chez Arte, qui résume la carrière du bonhomme.
À bientôt dans les rades.

vendredi 27 octobre 2023

Cinoche d'antan : complotisme et Morricone chez Sollima


 
Sergio Sollima est un petit maître du film de genre italien des décennies 1960/1970. Du côté du très ravagé style western spaghetti, il a réalisé l'excellent Colorado (La resa del conti, 1966) et côté polar La cité de la violence (Città violenta, 1970).
Mais un de ses films les plus bizarres et original à notre goût est La poursuite implacable (Revolver, 1973). 
Bizarre parce que ça commence comme un puzzle : deux truands se font plomber lors d'un braquage dans la région milanaise, un puissant homme d'affaire transalpin se fait dessouder à Paris et un ex-flic viril et moustachu à souhait (Oliver Reed) devenu directeur de prison, se fait kidnapper son épouse légitime par des gugusses qui tiennent mordicus à récupérer un de ses pensionnaires.
Et là, le spectateur se dit que c'est parti pour un film d'autodéfense et de vengeance comme aux plus belles heures de Charles Bronson ou Clint Eastwood.
Que nenni !
Pour commencer le flic qui veut récupérer madame et le truand évadé qui ne comprend guère ce qu'on lui veut (Fabio Testi) vont passer une alliance objective et improbable.
 
Et auront pour complice une idéaliste gauchiste* (Paola Pitagora) qui fait traverser la frontière franco-italienne à des travailleurs sans papiers à titre gracieux (en 1973!).
Ensuite, inspiré du meurtre du magnat de gauche Enrico Mattei, en 1962, (dont Francesco Rosi tira un autre film en 1972), le scénario glisse vers un crime d'État couvert par un complot impliquant des truands siciliens de seconde zone, des flics italiens, des figures du milieu français, des flics français, des politicards sans frontières et une star du show-biz genre Hippie de luxe. 
Le rôle de Al Niko, chanteur à succès mouillé avec une belle brochette de truands et de vieux dégueulasse, image vivante de la récupération du mouvement hippie par l'industrie, devait originellement être tenu par Johnny Halliday. Mais soit, la production a reculé devant le cachet exigé, soit notre Jojo avait mieux à faire qu'un salaud veule à souhait, il a finalement échu à une vieille connaissance: Daniel Beretta ! 
Qui s'en tire honorablement dans son numéro de méprisant crétin veule et vénal.
Cerise sur le gâteau, la musique de l'objet a été confiée aux soins du maestro Ennio Morricone.


Thème musical repris en chanson au générique du début : Un amico ou Un ami paroles de Bevilacqua ( aka Christophe) et Catherine Desage, composé et arrangé par Ennio Morricone et interprété ar Daniel Beretta.
Et zou!

* Un scène involontairement jubilatoire est quand la belle entreprend l'éducation politique du voyou qui jusque là s'en foutait royalement. Ce qui donne un dialogue avec des arguments du plus haut comique : "Cipriani, on l'a tué, comme on tue tous ceux qui sont dangereux pour le système. Comme on a tué Mattei, Kennedy, Trotsky, Che Guevara..." (Si ! Tous flingués par la loge P2 ! Le saviez-vous ?)

vendredi 28 juillet 2023

Jean-Patrick Manchette, le rock et l'imposture

 

 


Au théâtre, c'est avec une pièce rock que tu as fait tes débuts : Cache ta joie !
 
Ouiiiiii... on peut appeler ça une pièce rock. C'est Daniel Benoin de la Comédie de Saint-Étienne qui m'a demandé d'écrire une pièce qui devait intégrer un groupe de rock (Factory, ndr). Je suppose que c'est du hard rock. Je m'y perds un peu avec les dénominations qui ont surgi de toutes parts. (...)
Donc on m'a passé commande avec probablement l'idée que j'allais faire une pièce noire. Comme mes bouquins. Ce n'est pas du tout ce qui est venu. Sur le plan réaliste, ça appelait un texte sur les zonards. Or c'est un milieu que je ne connais pas. Je suis un écrivain presque quadragénaire, saperlotte. Ç'aurait été quasiment malsain, artificiel, faux. Infaisable en fait. J'ai donc écrit un truc sur la culture. Complètement irréaliste et burlesque. Sur la récupération d'un groupe de pauvres qui essaient de s'en sortir par le rock. Et qui, à la fin, effectivement s'en sortent, mais pratiquement morts, empaillés, momifiés. c'était assez curieux à écrire parce que je ne savais pas à l'avance comment l'équilibre allait se faire entre musique et texte. (...)
Finalement, c'était très intéressant de voir ces mecs, véritables zonards, en train de faire leur musique et tenir superbement tête au texte négatif écrit par un viel intellectuel de gauche.
 
Tu écris (...) une pièce rock, musique qui ne t'intéresse pas, n'est-on pas en droit, quelque part, de te qualifier de truqueur ?
 
Je ne crois pas qu'on puisse déduire de Cache ta joie ! que je m'intéresse au rock. C'est une pièce quasiment anti-rock, qui ne fonctionne bien justement  que parce que le rock, sur scène, discute avec le texte pour finalement l'emporter sur lui. Mais que je truque...oui.   

JP Manchette, interview de Serge Loupien dans Libération, 15 mars 1982. 
Derrière les lignes ennemies. Entretiens 1973-1993


 

En prime, une autre joyeuseté de la bande à Yves Matrat, tout droit sortis de Givors (69) à la fin des années 1970.

samedi 22 juillet 2023

Bassines ou cuvettes ?

 

Le lieutenant Morel en famille et en vacances

Voici l'histoire pas très banale du lieutenant des gardes mobiles Xavier Morel qui risqua sa peau le 25 avril dernier à Ste Soline.
Pris sous un feu roulant de cailloux, le malheureux officier invoqua très fort les mânes de son grand-oncle tombé en défendant l'Occident et la Banque d'Indochine dans la cuvette de Dien Bien Phu (1954). Non, l'histoire n'avait pas le droit de se répéter même en tragi-comédie !
Aussi le lieutenant ordonna à sa compagnie d'ouvrir le feu de toutes la puissance de ses cougars, LBD et autres grenades assourdissantes, offensives ou bean bags.
L'ennemi s'appelait-il Serge, Mickael, Alix ? Peu importe, pour cette fois l'occident (et la FNSEA) étaient sauvés.
Ce conte absurde pour illustrer, le dernier né des Nuclear Boogie (avec Bogmallow, Marc et Alex) vibrant hommage à la tradition St Cyrienne.
Sur ce bonnes vacances sous contrôle des CRS maîtres-nageurs.

samedi 24 juin 2023

Tout se déroule selon le plan prévu

 

Tandis que des crapules s'étripent allégrement, on se remémore avec profit cette chanson d' Egor Letov (1964-2008) qui date déjà de 1989 Всё идёт по плану (Tout se passe comme prévu).
C'est fou ce que le temps passe.

dimanche 18 juin 2023

Quelques mots de Serge

 

Toulouse 1er mai 2023  

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des Etats !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

lundi 12 juin 2023

Chronique cinoche : Modelo 77

 

Le réalisateur Alberto Rodríguez avait déjà commis l'excellent thriller post franquiste La isla minima en 2014. Avec Modelo 77 (Prison 1977) il s'attaque à un thème assez peu évoqué hors des cercles anti carcéraux ou connaisseurs des années de la "transaction" démocratique espagnole.
Dans la période où il fut question d'amnistie au compte-gouttes pour les "politiques".
On y suit les prises de conscience puis la révolte des prisonniers "sociaux" (de droit commun) au sein des taules ibériques, en particulier par la création de la COPEL (Coordination des prisonniers en lutte), les différentes étapes de cette confrontation et on y évoque la fameuse "évasion des 45" qui bouleversa Barcelone en 1978. Les trahisons de l'administration pénitentiaire, des politiques et le lâchage massif d'héroïne sont aussi traités.
Disons le tout net, on a trouvé ce film passionnant. Les acteurs (Miguel Herrán, Javier Gutiérrez, Fernando Tejero, et le gitan Jesús Carroza entre autres) irréprochables, la photographie virtuose et le film haletant. En outre, c'est bien moins putassier que Celda 211 qui avait tout de même un certain charme.
 
Mais surtout, on est allé voir ce qu'on pu en dire les anciens protagonistes. Et on a trouvé deux articles
Daniel Pont trouve le film "digne, honnête, nécessaire" en soulignant à quel point, en prime, la situation carcérale s'est durcie et dégradée. Rien de plus juste sur ce dernier point.
Fernando Alcatraz, de Valencia (https://tokata.info/pros-y-contras-de-modelo-77-por-otro-participante-mas-en-la-copel/) dans un long texte, sans nier son plaisir de spectateur développe quelques critiques censées être plus "radicales".
En vrac, il est déçu que le film ne tienne pas compte des événements chronologiques, ne rende pas l'ambiance globale de l'époque 1976/1978 avec non pas uniquement des luttes de prisonniers mais généralisées (de quartier, ouvrières, etc.) et fasse donc comme si c'était "hors de l'Histoire". Et là, on ne l'approuve pas entièrement.
C'est un film, camarade. Et avec un scénario et une durée de 2h05. on ne peut jamais tout y mettre. Constance des films de prison : on suit l'itinéraire de deux ou trois personnages et à travers leur Odyssée enfermé, on développe toute une situation alentour (voir Brute Force de Jules Dassin ou Animal factory de Steve Buscemi pour deux exemples très honorables). On a suffisamment de reproches à adresser aux oeuvres littéraires (BD ou romans), ou cinématographiques qui chargent la mule et se perdent dans les méandres des événements racontés pour ne pas être d'accord avec les déceptions d'un ancien activiste.
Il s'agace aussi du manque d'argot de l'époque. Là, on peut comprendre que c'est du cinéma et que les producteurs n'auraient jamais laissé tourner un film dans un langage des années 70 que plus personne ou pas grand monde ne comprend. Ceci dit, y'a moyen de saupoudrer et ils auraient pu faire un effort. Je me souviens du film La peur qui m'avait particulièrement énervé car les poilus dans les tranchées s'y exprimaient avec un vocabulaire et un ton des années 2010. Ce qui bousille tout le film.
Un truc pas compris, par contre, c'est pourquoi pour les transferts suite à une émeute, on envoie les "meneurs" à El Espinar (Ségovie) plutôt qu'à El Dueso (Santander). D'autant que cette partie a été tournée dans une caserne désaffectée de Séville... Mais bon, détail.
Le reste a été tourné à la Modelo de Barcelone ou ce qu'il en reste et la réussite est que ce bâtiment dévoreur d'hommes en devient un vrai protagoniste.
Z'aurez compris que ce film ayant fait une carrière confidentielle en France, n'hésitez pas à le rechercher, on vous garantit un bon moment globalement honnête dans ses intentions.  

Et une qui fit les belles heures de cette période.

lundi 5 juin 2023

L'été sera punk

 


Deux mois après la manif contre les méga-bassines à Sainte-Soline, on sort une compil’ de soutien à Serge et Micka, tous deux tombés dans le coma suite aux affrontements avec la police lors de celle-ci.
https://pasuneminutedesilence.bandcamp.com.
Une compil’ histoire de ne pas laisser le temps nous faire accepter ou oublier les mutilé.e.s et les blessé.e.s de la guerre sociale, de ne pas laisser les proches seul.e.s avec les galères de thune, de partager des idées et de filer de la niak aux personnes qui continuent à lutter contre ce monde d’exploitation.
Dans ces moments, c’est aussi la solidarité qui fait notre force, qui peut nous permettre d’encaisser les coups, de faire face à la peur et de tenir sur la durée. D'ailleurs elle ne s’est pas faite attendre et pas
mal d’actions ont eu lieu dans différents pays. Chacun.e.s selon les moyens qui leur semblaient adéquats, mais toujours sans concession avec l’État et ses aspirants… 
On rentre donc dans la danse à notre manière. Avec cette compil’ de punk. Parce qu’une partie de notre politisation, de notre rébellion et de notre refus du système est issue de cette culture et que nous
continuons à voir dans ce mouvement un vecteur de contestation sociale et d’entraide. Un endroit d’auto-éducation face à ce monde qui aurait voulu nous voir abrutis par les rêves de réussite sociale qu’il nous fait miroiter et dociles en échange de cet argent qu’il a rendunécessaire à notre vie quotidienne.
Pas une minute de silence,  les sales gosses ne se taisent pas face aux coups durs donnés par l’État.
Rien n’est fini, mais tout commence...
Force aux rebelles du monde marchand.

 

Si vous souhaitez filer un peu de soutien, nous vous encourageons à le faire directement sur la cagnotte mise en place par les camarades du S., afin d'éviter d'en filer une partie importante en frais divers (Bandcamp, PayPal).
La version cassette et CD devrait arriver vers le 15 juin. Si ça vous dit, il est possible de la commander dès à présent en nous contactant directement (contact: cybergod@stonehengerecords.com). Elle vous sera envoyée directement dès qu'on les aura entre nos mains.
 

 

mardi 9 mai 2023

Le seul juge supportable



Au cas où notre honorable lectorat en douterait, nous avons toujours eu des rapports exécrables, dans le meilleur des cas empreints de méfiance, avec l'institution judiciaire.  
Le seul magistrat qui trouve gâce à nos yeux est Finlandais. 
Hannu Juhani Nurmio, aka Tuomari Nurmio (juge Nurmio) alias Judge Bone est né à Helsinki en 1950 et doit son bizarre surnom à son doctorat en droit (thème de sa thèse "Abolition de la torture en droit international") dont il ne s'est jamais servi professionnellement. Par contre, il est un des auteurs compositeurs interprètes les plus respecté de son pays et ses premiers albums sont reconnus comme des classiques maniant un finnois poètique et populaire (enfin dixit les connaisseurs, parce que le finnois, pour notre part...)
Amoureux de blues, country, bluegrass et autres musiques du Diable, le gars se lance d'abord dans de la zizique en anglais avec les Dusty Ramblers. Nurmio a repris cette veine en devenant Judge Bean (en référence à Roy Bean, juge atrabilaire autoproclamé de Langtry) puis Judge Bone associé à Joe Hill, son batteur favori, Markku Hillilä de son vrai nom. Un troisième LP est prochainement attendu.
les voici dans Dry Bones

Nurmio est aussi membre d'un groupe de folk qui accompagne divers chanteurs de passage en Finlande et le gars apparaît avec le groupe de métal Korpliklaan.
Mais il reste avant tout apprécié pour ses chansons à la gloire des prolos et autres oiseaux de nuit. On se demande encore comment ça se fait qu'on ne l'ai pas vu apparaître dans un film de Kaurismäki, allez savoir...
Tonnin Stiflat, de 1999 variation poètique sur une errance de bars en bars avec une tonne de cafard est un très bel exemple de son talent. Allez, la cour vous refile un non-lieu mais n'y revenez plus.

mardi 2 mai 2023

Irlande, la "guerre des Tans"

Black and tans en action
 
Contrairement à certaine idée reçue, l'empire britannique a toujours eu une politique exquise pour traîter ses sujets des colonies et autres dominions.
Une chanson fort connue nous permet un petit éclairage sur un épisode de l'histoire irlandaise pas si connu malgré le nombre de groupes l'ayant joué ou de représentations cinématographiques.
Résumons en vitesse, En 1920 voilà plus ou moins trois siècle que l'île vit sous le joug anglais qui y a imposé des nobles et des colons, persécuté langue et religion, créé artificiellement une famine dont Staline reprendra la recette pour l'Ukraine et vidé l'Irlande d'un tiers de ses habitants contraints à l'exil. 
Après avoir fabriqué des martyrs à la pelle au cours de ces siècles, les nationalistes évoluant en républicains irlandais se lassent d'espérer un éventuel statut d'autonomie et une branche d'idéalistes et de socialistes déclenchent un soulèvement à Paques 1916, on vous a raconté ça en son temps.  
Suite à cette rébellion ratée, les Irlandais se soulèvent à nouveau en 1918, en adoptant ce coup-là des tactiques de guérillas urbaines et rurales grâce aux flying columns (colonnes mobiles) de leur organisation flambante neuve, l'IRA. 
IRA de Kerry nord

Cette armée républicaine se double d'un gouvernement provisoire, le Dáil, qui va régner petit à petit sur des portions entières du pays.
Pauvrement armés mais redoutablement organisés par leur chef du renseignement, Michael Collins, ennemi des affrontement en rase campagne, les volontaires de l'IRA parviennent à établir un climat de terreur pour la police royale puis pour l'armée britannique.
Qui va donc appliquer d'efficaces méthodes de contre-insurrection.
Infiltration, retournements, tortures, exécutions sommaires, rien ne sera épargné aux rebelles. 
Mais l'arme de destruction massive des Anglais sera l'emploi d'une force auxiliaire de 16 000 hommes recutés chez les ancien combattants des tranchées, les Royal Irish Constabulary Special Reserve, plus communèment connus comme Black and tans (noir et fauves) en référence à leur uniforme de bric et de broc.
Force militaire d'occupation autonome incontrolée complètement coupée de la population, les "Tans" vont cristalliser la haine des Irlandais en leur rendant bien. Pillages, exécutions ciblées ou au petit malheur, viols, incendies de villages entiers, ces soudards se rendront célébre dans le monde entier par de nombreux articles de correspondants de presse étrangers. 
On leur doit, entre autre, le premier Bloody sunday, celui du 21 novembre 1920 à Dublin. En représaille à l'exécution par l'IRA urbaine de 14 mouchards et officiers des services secrets, les Black ans tans mitraillèrent le public d'un match de football gaélique laissant 14 morts et 65 blessés. 
Bien entendu, ils devinrent une cible privilégiée de l'IRA et dès la semaine suivante, à Kilmichael, le détachement de Tom Barry en descend 17 dans une embuscade.
Cette spirale de violence ne se calme que lorsqu'un traité est signé en mars 1921. Traité qui débouche sur un état libre, une partition de l'île et une guerre civile entre anciens frères d'armes en 1922. Mais c'est une autre affaire...
Donc, la chanson : il s'agit bien entendu de Come out, ye black and tans (Viens faire un tour dehors, black and tan). Elle fut écrite par Dominic Behan, frère de Brendan Behan, écrivain et membre de l'IRA, en 1928 comme un hommage à leur père, Stephen, qui avait combattu ces brutes les armes en main. La mélodie vient d'un traditionnel du XVIIIème, Rosc Catha na Mumhan également détourné par les loyalistes pour leur Boyne water.
Parmi les centaines de version, la plus connue est sans conteste celle des Wolfe Tones de 1972.
La voici avec des extraits des films Michael Collins de Neil Jordan (1996) et Le vent se lève de Ken Loach (The Wind that shakes the Barley, 2006)
 

 

Dans les paroles, un républicain se querelle avec un unioniste, se gaussant de la manière dont il a gané ses médailles dans les Flandres et de la déculotté que leur a fait subir l'IRA à Killeshandra (comté de Cavan) tout en le priant aimablement de venir "enfin se battre d'homme à homme". 
Non sans rappeler au soldat brit' comment ses semblables ont traité Zoulous et Arabes d'Aden en torturant et exécutant à tout va.

jeudi 27 avril 2023

On fait tourner

 

Communiqué des parents de Serge

Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste concernant son avenir.

Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouvre les yeux, mais nullement qu’il est réveillé.

Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation – les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge.

Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas.

A ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre.

Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite de la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.


Les parents de Serge,

le 26 avril 2023

Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.


 

 



lundi 27 mars 2023

Ils veulent nous tuer

 

Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la suite de la manifestation de Sainte-Soline

Samedi 26 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les bassines. Malgré son état d’urgence absolue, la préfecture a sciemment empêché les secours d’intervenir dans un premier temps et d’engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son pronostic vital est toujours engagé.

Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à l’intégrité physique comme l’annoncent les différents bilans disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l’objectif de bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet d’accaparement de l’eau par une minorité au profit d’un modèle capitaliste qui n’a plus rien à défendre sinon la mort. La violence du bras armé de l’État démocratique en est la traduction la plus saillante.

Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des retraites, la police mutile et tente d’assassiner pour empêcher le soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien n’entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28 mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages, prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos mouvements.

Vive la révolution.

Des camarades de S.

PS : Si vous disposez d’informations concernant les circonstances des blessures infligées à S., contactez-nous à : s.informations@proton.me

Nous souhaitons que ce communiqué soit diffusé le plus massivement possible ...

(Dont acte)

 



vendredi 24 mars 2023

Sa majesté la foule

Ici, même les mémés aiment la castagne


De notre correspondant

Toulouse, 23 mars 2023, 6h30 du matin. Des barrages filtrants ou enflammés sont en place aux entrées Sud, Ouest, Nord (à l'est rien de nouveau). Mention spéciale au barrage enflammé sur le périphérique ouest qui provoqua le plus monstrueux embouteillage de l'année. 

L'intervention de la BAC sur la zone industrielle de Sesquières, au nord, a tout de même abouti sur une quinzaine d'arrestations. Ce qui est un peu cher payé. Ambiance...
Dans la région, les barrages sont en place à Auch, Montauban, Albi, Tarbes, Foix.....
 
16h30, la tête de la manifestation partie de St Cyprien à 15h (30 000 selon les flics, 100 000 selon la CGT) arrive en plein centre-ville à la place Jeanne d'Arc. 
Cette tête de cortège est formée de non syndiqués, reste de GJ, jeunes et vieux gens en noir et tout ce qui refuse de défiler derrière un SO en général.
Présence policière massive et les pelotons de la BAc viennent coller aux manifestants.
À l'entrée de la rue Denfert-Rochereau tombent première grenades destinées à diviser ce groupe de tête de la manif syndicale. C'est là que le miracle se produit : au lieu de se disperser sous les gaz, sa majesté la foule (King mob chez les Brits) réplique, s'enflamme, se bat, se défait pour se reformer derrière les poulets, se fluidifie, élève des barricades, chante, se marre, abat les pauvres vitrines des banques, agences immobilières et d'intérim. Pendant trois heures, les boulevards toulousains seront un incessant jeu de chat et souris avec deux escadrons de CRS munis de deux canons à eau, effectuant des aller/retours Jaurés / Arnaud Bernard sans arriver à disperser qui que ce soit vu que les rues alentour flambent et que SM la foule les attaque régulièrement dans le dos. 
La scène du jour : un groupe d'une douzaine de baqueux charge au kiosque de presse de Jeanne d'Arc pour appréhender un gars. Toute la rue à leur droite fait demi-tour pour leur tomber dessus à bras raccourci, à coup de projectiles, de tabourets de bar, de parasols et les cow-boys fuient en emportant deux blessés chez eux. Sous le regard, 100 mètres plus loin, d'une escouade de CRS qui ne lève pas le petit doigt pour secourir des collègues qu'ils haïssent cordialement.
Notons pour les crétins ou francs salauds faisant la différence entre bons et mauvais manifestants qu'il y a là des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des lycéens, des chasubles syndicales, des fainéants, des travailleurs, en somme un bon nombre de lapins ayant décidé de devenir chasseurs, pour voir l'effet que ça fait.
À part les boulevards, les troubles s'étendent au secteur Capitole, Esquirol, Saint Pierre, Matabiau. 
Pause musicale avec tube immortel et en play-back (1978)

 


Les graffitis fleurissent.
(La foule triomphera, Consommez local, bouffez vos flics, 1312, etc.)

Le côté rigolard s'exprime dans les chants, les slogans : Il fait beau, il fait chaud, sortez les canons à eau ! Ou on voit des milliers de gens reculer face à une charge en chantant On vous a niqué ! avant de se reformer au cul de la charge. Une rumeur court sur les grévistes d'Enedis ayant coupé le jus sur les quartiers concernés et, de ce fait, les caméras de surveillance. Qu'en est-il vraiment, on va pas tarder à être fixés. À la tombée de la nuit, la ville est illuminée de brasiers. Dans la pénombre d'un éclairage public déficient, entre deux incendies, des jeunes gens dansent au son d'un accordéon sur une place libérée. Bilan de la journée : la peur, cette sainte trouille par laquelle on prétend tenir la foule s'est envolée. On dirait même qu'elle a sauté dans la tranchée d'en face.

Comme un printemps avec un millier de 19 juillet. Esprit du feu, ne nous abandonne jamais !

 


 

dimanche 19 mars 2023

Pierre-Jean, l'autre Béranger, sic transit gloria mundi

 

Intéressante émission de Jean-Noël Jeanneney, Concordance des temps du 4 mars 2023 consacrée au cas du chanteur le plus célébré de la première moitié du XIXème siècle, Pierre-Jean de Béranger.
Outre faire un résumé de cette gloire populaire du Caveau Moderne et des goguettes (on ne disait alors ni cabarets ni café concerts) ce programme pose une très captivante question : celle de la notoriété ainsi que de sa postérité.
Comment, en effet, un artiste auquel Stendhal, Chateaubriand, Sue, Dumas, Goethe et surtout la plèbe rendirent hommage de son vivant finit-il plus ou moins aux oubliettes ?
 
La réponse tient sûrement en deux raisons. Une est la cause défendue par ce poète, un république (matinée de patriotisme et de nostalgie bonapartiste) désirée sous la Restauration comme devant guérir tous les maux mais qui se révélera, après les fusillades de juin 1848, pour ce qu'elle fut : un banquet pour la bourgeoisie qui exploita sans vergogne le peuple travailleur. Cette évidence de la lutte des classes rendit bien des œuvres de Béranger caduques. 
L'autre raison découle de la première. Décédé au début du second empire, les funérailles de Béranger furent l'occasion d'une mise en spectacle, d'une récupération grossière par un régime déjà dévalué né sous les coups de sabres et de baïonnettes. De quoi vous flinguer une réputation !
Il n'est qu'à comparer avec d'autres enterrements plus tardifs telles celles de Victor Noir ou de Jules Vallès.     
Ceci posé, relativisons l'oubli dont souffrit le bonhomme, sa tombe fut longtemps le lieu d'un pèlerinage annuel, il fut mis en musique par Hector Berlioz, Franz Liszt ou Édouard Lalo après sa disparition. De même, plus récemment, il est encore chanté dans de nombreux spectacles et cabarets.
Une de ses interprètes "moderne" fut Germaine Montéro, ici dans Les cinq étages, métaphore du sort d'une femme et du temps qui s'enfuit vues par le biais d'un immeuble parisien.

vendredi 17 mars 2023

Parenthèse d'actualité : pas possible d'être aussi mauvais

 

Quelque part en France 16 mars 2023 
 

Et puisque les minables qui nous gouvernent et  ceux qui prétendent nous canaliser se sont mis d'eux même au pied du mur, rêvons un peu avec cette interrogation des Ruts :  Who's gonna rule when the government 'll fall ?

lundi 6 mars 2023

Musset par Gainsbourg

 

 


Alfred de Musset, que Baudelaire n'hésitait pas à qualifier de "croquemitaine langoureux" (sic) et que bien d'autres traitaient de plagiaire de Byron, Musset, ce dandy débauché qui bousilla sa jeunesse non sans atteindre l'âge alors relativement respectable de 46 ans, fut abondamment mis en musique dès le XIXème siècle, que ce soit par Berlioz, Lalo ou Viardot.
Ce romantique déglingué ne pouvait donc qu'intéresser un Gainsbourg à l'aube de sa carrière. 
Voilà aussi l'opportunité d'évoquer le récemment disparu Alain Goraguer qui arrangea les six premiers albums du Lucien, de 1958 à 1964. Vian, Reggiani, Bobby Lapointe ou Jean Ferrat lui doivent aussi beaucoup.
La nuit d'octobre est tirée de Serge Gainsbourg (n°2) de 1959.

dimanche 26 février 2023

Requiem pour un balèze

 

On n'a d'abord pas compris pourquoi France Culture se muait en Radio Nostalgie en nous programmant, la nuit dernière, une nuit entière sur le rock alternatif des années 1980. Émission de bric et de broc, certes mais le sujet s'y prête. Déjà que marchands et universitaires nous ont refourgués, nos blousons, nos bottes, notre zizique au triple du prix d'origine...
Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on a appris la mort, à 66 ans de François Hadji-Lazaro ( dit Zarbi à l'origine) à 66 balais. Auteur, compositeur, multi instrumentiste (accordéon, banjo, guitare, cornemuse, vielle à roue, violon, guimbarde, dulcimer etc.), acteur (21 long métrages au compteur) producteur, fondateur du label Boucherie productions, le gars aura eu une carrière bien garnie.  
Voilà sans doute pourquoi il a droit à six chapitre de la dite nuit radiophonique (cliquer sur le lien).
Pour les groupes, il a débuté par le métro avant de monter Pénélope, Pigalle, les Garçons bouchers, Los Carayos et il a plusieurs albums solo à son actif.
Même si on confesse ne pas être grand fan des Garçons bouchers, on ne peut que saluer un type à la démarche cohérente, grand écumeur de bistrots et animateur d'une scène dont le show-biz a fini par avoir la peau.
Salut, gros. 
Los Carayos (avec Schultz, Manu et Antoine Chao et Alain Wampas) avec le professeur Choron
 
 
Et dans Cantique issu de son disque avec Roland Topor (1996).

dimanche 19 février 2023

Un docu sonore sur Béranger

Béranger et Au Bonheur des Dames, Bourges, 1977

Pour tous ceux qui n'ont pas le loisir d'écouter la radio le samedi après-midi ou de musarder sur les sites, un docu d'Olivier Chaumelle dans Toute une vie du 18 février 2023 autour de notre cher François Béranger;
Où le bougre, à la fin, regrette de n'avoir pas été plus incisif, plus teigneux. On l'a échappé belle !
Avec son complice Jean-Pierre Alarcen, ses enfants Emmanuelle et Stéphane et Sanseverino.
Ça se trouve à ce lien.
Manifeste de Béranger par Sanseverino en registré en janvier 2019.

mardi 14 février 2023

Amour toujours

 

Après ce petit massacre de la Saint Valentin, un pensée pour Carlos Saura, disparu il y a trois jours. Ici avec son interprète fétiche, Géraldine Chaplin.



lundi 6 février 2023

Réforme des retraites, mon œil !

 

Allez gars, plus que 5 ans au taf !

On vous l'avait dit et répété, que le "bon temps" des allocs c'était fini, bande de nazes.   
Mais il faut être singulièrement aveugle pour ne voir que l'infâme réforme des retraites, en cette saison.
Il y a eu une loi réduisant les droits des chômeurs comme peau des chagrins passée dans l'indifférence quasi générale.
Une loi sur l'immigration qui, outre sa démagogie et les drames humains qu'elle implique, créée une catégorie intermédiaire de régularisés provisoires au bon vouloir du patron.
Et une loi sur le logement qui fragilise encore locataires et squatteurs, redonnant du pouvoir aux proprios.
Vu comme ça, c'est beau comme une offensive qui partirait à la fois de Biélorussie et du Donbass. 
Y'a plus qu'à souhaiter que ça finisse tout aussi brillamment. 

Une ode au salariat de Béranger reprise par Sanseverino.

lundi 30 janvier 2023

Alors, comme ça l'Europe voit les Français qui ne veulent plus bosser avec stupéfaction ?

 

Estimé monsieur le patron,
je t'envoie cette lettre  
parce que j'ai été ouvrier pour toi, à la tuilerie.
J'ai bossé pour toi et ça ne m'a pas réussi. 
Je t'ai donné ma santé et ma jeunesse. 
Une vie perdue à cavaler après des factures.
Et j'ai mal aux reins
Qui ont sué tes millions.
 
Toujours à faire la même chose
pour suivre ma destinée toute tracée.
Et ce n'était pas marrant.
Même si je m'en rends compte bien tard, 
C'est le boulot qui m'a fait ça.
Je n'en suis pas satisfait et je voulais que tu le saches.
Et j'ai mal aux reins
Mes douleurs, tes millions.  
La Polla Records (1991) du LP Los Jubilados (Les retraités)

dimanche 22 janvier 2023

Henri-Paul (1959-2023)

Johnny T. et Henri-Paul T.

Je n'ai pas de foyer. Je n'ai pas fondé de famille. Je ne possède rien à part ma Gibson. Je n'ai jamais fait ça pour l'argent mais pour la musique. J'ai tout donné au rock'n roll.       
Henri-Paul Tortosa
Un jour, sa vie fera peut-être l'objet d'un livre ou, pourquoi pas d'un film. Où l'on apprendrait que Bernadette Lafont a voulu l'adopter et que Patrick Dewaere venait se dépanner chez lui.  
(Extrait du très complet article de Nicolas Mesplède in Dead Groll n°9)

Henri-Paul Tortosa a fini d'en chier au début de cette semaine. 
On vous épargnera les pénibles calembours entre Born to lose et son lieu de décès. Avant de terminer un peu, beaucoup, tristement au bord de la Garonne, le gars né en 1959 à Oran, fils de mère couturière en usine et de père parti aura joué avec les Rockets (à 12 balais), les Young Rats (managés par Marc Zermati, mentor et mauvais génie) The Maniacs (en Angleterre) et, attention les yeux :
 Johnny Thunders (avec lequel on a trop souvent limité sa carrière) Stiv Bators, Mink Deville, les Intouchables (avec sa compagne Charlotte au chant) Cosa Nostra, the Heartbreakers (re-Thunders)  les Suricats, The Mavericks et je dois en oublier un paquet. 
Il apparaît dans deux films sur la légende J. Thunders, Born To Lose et The Last Rock 'n Roll Movie ainsi que dans le film de Patrick Grandperret Mona et Moi. 
 
Dans le genre légende du rock et grand témoin, le gars se posait un peu là.  
Et même avec une santé plus que chancelante, il savait encore faire péter son riff. Une de ces dernières traces sonores, enregistrée en 2021 pour un Johnny Thunders Memorial  (one again) avec Nico à la basse et Léo à la batterie, Baby I love you des Heartbreakers.  


Il paraît que l’inénarrable Rock & Folk va lui consacrer un article. Comme dit un pote, "Dommage de ne pas se préoccuper des gens quand ils sont vivants;" Et socialement dans une dèche noire, rajouterons-nous en guise de conclusion.
Reste un mec qui avait la reconnaissance de ses collègues, de Marc Minelli à Brian James (Damned, Lords of the new Church, etc...) de Sonny Vincent à Little Bob.   
En guise de curiosité et pour illustrer la précocité de notre disparu, un reportage d'Antenne 2 qui date de 1974 ou 1975 dans lequel une bande de sales morveux s'essayent à la musique du diable.