lundi 28 novembre 2022

Pour Wilko (1947-2022)


 C'est avec cinq jours de retard que nous venons ici rendre hommage à un des personnages les plus attachants de notre panthéon rok'n rollien : Wilko Johnson.
Originaire du quartier portuaire et prolétaire de Canvey Island, notre guitar hero a changé la face du rock en deux ans et trois albums entre 1975 et 1977 avec ses complices du groupe Dr. Feelgood.
Résumons l'affaire : en ces premières années de la décennie 1970, à part quelques notables furieux, le devenir du rock est mal barré : musiciens virtuoses en quête de respectabilité devenant "progressifs", jazz rock se muant en musique d'ascenseur, hard rockeurs planqués derrière des montagnes d'amplis, glam rock rigolo et énergique mais destiné à des pré adolescents... 
Et voici quatre gars au cheveux un peu plus courts, sapés comme des employés de bureau qui retournent aux sources du blues et écument les bars pour se produire à deux mètres d'une quarantaine de personnes. Comme la presse a besoin d'étiquettes, le Pub rock (le rock du bistrot du coin) est né. D'autres suivront ce sillon (Eddie and the Hot rods, Ducks Deluxe, Count Bishop, etc.) et les jeuunes gens qui assistent à ça en profitent pour durcir le mouvement et accoucher du punk britannique.  
Les Feelgood n'ont jamais prétendu inventer quoi que ce soit ; juste redonner un coup de jeunesse via un retour aux sources. Quatre gars avec lesquels valait mieux pas plaisanter tenant la scène comme des furieux. Principal compositeur, Wilko a un jeu de scène très... particulier. Quant à sa manière de mitrailler sa Telecaster sans médiator, il a toujours confessé avoir repris le jeu de Mick Green, légendaire musicien du grand ancien Johnny Kidd.

Les voici en 1975 reprenant le Boom boom de Muddy Waters. Wilko au chant.



Et à St Pithiviers, en 1976, lors d'une séquence tournée par FR3 dans un "Going back home" filmé dans une cour d'école devant un public inhabituel.

 

Pour des raisons tenant tant à l'épuisement qu'à des divergences de consommation, Wilko abandonne Dr. Feelgood en pleine vague punk, en 1977, et joue un temps avec l'inénarrable Ian Dury avant de continuer son bonhomme de chemin en solo. 
Et de s'adonner à sa passion pour l'astronomie.
On peut l'apercevoir dans quelques scènes de la séries Game of thrones, en bourreau. En 2013, il annonce être en phase terminale de cancer du pancréas, refuser la chimiothérapie et se lance dans une mini tournée et un disque de potes avec Roger Daltrey, ci-devant chanteur des Who.

 

Pratiquant de "médecine douce", Wilko annonce être guéri de son cancer en octobre 2014. Il participe au groupe The Mutants (avec des ex MC5, Specials, Stiff Little Fingers) et sort récemment quelques titres dont ce Marijuana, ô combien prémonitoire.

  

Il s'est donc éteint chez lui le 21 novembre 2022.

2 commentaires:

  1. Merci pour l'article, quel guitariste au style incomparable. RIP M. Johnson...

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    1. Doublé d'un être humain bien plus aimable qu'il n'y paraît.
      Il explique ici son jeu : https://www.youtube.com/watch?v=wMlhWvIh7U4

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