lundi 30 mars 2020

Héros oubliés du rock 'n roll : Rocket from the tombs


Contrairement à ce qu'a voulu faire croire un certain businessman britannique passé par chez les situationnistes dans sa jeunesse, le punk rock n'est ni né en Angleterre en 1976 ni à New York en 1974.
Pour autant qu'on puisse localiser l'origine du monstre, on la placerait plutôt dans ces villes industrielles géantes des États-Unis du début des années 1970 au ryhtme des chaînes de montages ou à l'ombre des hauts fourneaux.
Le cas de Detroit (Michigan), alias Motor City à cause de ses usines de bagnoles, est bien connu. Tout en étant le creuset du plus gros label de soul / rhythm'n blues ( la Tamla Motown) et avant de devenir la Mecque de la techno cette ville usine accoucha des groupes les plus sauvages de leur génération, les plus connus étant le MC5 et les Stooges.

Autre monument historique du rock teigneux, Cleveland (Ohio) ville de 400 000 habitants située de l'autre côté du lac, haut lieu de la sidérurgie (Cimino y filma ses séquences d'usine dans The deer hunter) et de raffineries pétrolières, cité majoritairement noire dans un État de Blancs.
Un Longwy à la puissance 10.
On dit qu'Alan Freed (dj blanc qui passait la "musique du Diable") y inventa le terme "rock 'n roll" en y organisant le Moondog Coronation Ball, peut-être le premier concert du genre.
Cette riante métropole fut donc le creuset de combos furieux, nihilistes, désespérés, violents, en deux mots : working class.
Formé en 1974, Rocket from the Tombs se composait de David Thomas (chant, saxophone), Peter Laughner (guitare, chant) Gene O'Connor, alias Cheetah Chrome (guitare et chant), John Madansky, alias Johnny Blitz (batterie) et Craig Willis Bell (basse et chant).
Leur existence éphémère (moins de deux ans) leur permit de devenir le chaînon manquant du proto punk en reprenant le Velvet Underground, les Stooges, le MC5, les Stones ou en écrivant de grands titres comme Final solution ou 30 seconds over Tokyo.
Ou une des chansons les plus noires, suicidaires, jamais écrites, Ain't it fun (à côté de ça, Iggy et ses Stooges sont des communiantes). Ici, une démo de 1975, leur plus belle version.



Se démenant comme des diables, ils n'eurent pas le temps d'enregistrer réellement et il faudra attendre 2002 pour que sorte enfin une compilation 'officielle' de démos, enregistrements de répétitions et live, alternant titres originaux et reprises. Parfaite démonstration d'énergie high-rock'n'roll, aucun des combos suivants de nos gaillards ne retrouvera une telle férocité.
Car contrairement à l'immense majorité des groupes de rock, leur séparation s'est passée à l'amiable, entre gens de bonne compagnie, en partageant leurs titres. David Thomas et Peter Laughner allèrent monter Pere Ubu en gardant les morceaux les plus barrés, Cheetah Chrome et Johnny Blitz fondèrent les Dead Boys avec Stiv Bator au chant, s'appropriant les chansons les plus classiquement rock. On retrouvera Craig Bell chez les Saucers.




En 2003, Rocket from the Tombs s'est reformé et a tourné en juin aux USA. Le guitariste Richard Lloyd (ex Television) a repris la place de Peter Laughner, entre-temps décédé. Ils ont finalement enregistré un disque, Rocket Redux, sorti en 2004. Lloyd l'a produit et si le résultat est supérieur aux productions habituelles de ce type de reformation, on préfère, et de loin, leur production de 1974 / 1975 crade, approximative mais si sincère.

Salutations fraternelles à Nicmes et à sa belle érudition.

samedi 28 mars 2020

Gamberge isolée


Vous voulez savoir à quoi ressemble la prison ? Prenez, la plus belle, la plus confortable pièce de chez vous et restez-y 23 heures sur 24. Quelqu'un vous livrera de la bouffe et vous ouvrira pour une promenade d'une heure. Même dans ces conditions plutôt luxueuses, on verra combien de temps vous allez tenir avant de craquer.
Abdel Hafed Benotman

En attendant Covid. On aura au moins eu un aperçu de ce qu'ont pu ressentir les gens de Tchernobyl ou Fukushima. En espérant que ce ne soit pas un avant-goût. Un accident est si vite arrivé... Surtout avec un personnel réduit.

Et pendant le lock-out, la chasse continue.
Les flics toulousains se jettent sur la place Arnaud Bernard comme la vérole sur le bas clergé. Tout comme les flics parisiens se jettent sur Château Rouge, les flics lyonnais sur la place du Pont, les flics marseillais sur Belzunce, etc. Triste tropisme.

C'est officiel depuis vendredi, nous sommes punis (lire protégés) jusqu'au 15 avril. Comme c'était spécifié comme date de fermeture depuis le 14 mars sur le portail de la bibliothèque d'à côté. Tu parles d'une surprise ! Évidemment, c'est comme ces contrats de merde renouvelable toutes les deux semaines. Mais bon, un jour à la fois.


Sachant que la première Guerre du Golfe de 1990 fut l'occasion d'en finir définitivement avec la télévision, l'épidémie du Covid 19 verra-t-elle le divorce d'avec la radio ?

Une copine du quartier de la Roseraie raconte que dans son immeuble, une femme a mis l'occase à profit pour monter une chorale. Comme de bien entendu, un voisin a ramené tout le monde à la raison en menaçant de les balancer aux autorités compétentes. Comme ils disent à Radio Paris, cette crise a été marquée par de merveilleux gestes de solidarité.
On vous recommande un peu de lecture à ce sujet

Remarquez, c'est pas mieux ailleurs. Dans l'ensemble la citoyenneté collabore aveuglément et il y en a que ça commence à gonfler. Gestapo vecinal par les Lendakaris Muertos d'Iruña (Pampelune).


On profite de l'occase pour dénoncer un autre scandale.
Des soignants de Bilbao en sont réduits à fabriquer leurs propres masques médicaux. Affligeant, non ? (milesker Pott')




mercredi 25 mars 2020

Exode urbain

Ce serait bien la seule
Atteint par le virus de la mégalomanie, le ministre de l'agriculture a proposé hier d'envoyer 200 000 travailleurs inutiles aux champs. Ce matin, les comiques de la FNSEA annoncent 100 000 volontaires.
Sachant que la vague d'injustement nommés Parisiens (car il y a aussi des Bordelais, Lyonnais, Toulousains, etc.) qui ont fui la ville pour passer leur isolement au vert ont provoqué une vague de paranoïa et de ressentiments dans nos campagnes (Ces salopiots viennent nous contaminer !) imaginons comment seront reçus des milliers de gars qui n'ont jamais ramassé une fraise, une asperge ou cueilli une cerise, qu'on va entasser dans des granges (sinon où ?) et à qui on va donner un boulot de merde payé des miettes habituellement réservé aux Polonais, Maghrébins, voire Espagnols qui peuplent nos champs à la belle saison.
On souhaite bonne chance à nos gendarmes pour rétablir un semblant de calme là-dedans.
Pour approfondir le sujet nous avons pris l'avis d'un parisien, anciennement petit commerçant,

 

et d'un provincial (ça se dit encore ?) qui compte bien tirer son épingle du jeu. 
   
                            

Ces deux là avaient chanté ça en 1968. C'était mieux avant.

mardi 24 mars 2020

Tranche de vie (morceau choisi)


Et voici le vieux Périclès, fort de ses soixante-treize ans, entier extérieurement mais aux poumons rongés par le cancer du fumeur invétéré, se dirigeant dans la Primera Calle Poniente vers l'hôpital Rosales pour y subir ce qui sera sa première et dernière chimiothérapie, sachant que la fin est arrivée et qu'il devra l'affronter avec les sarcasmes qui lui ont permis de survivre au milieu de l'imbécilité et de la barbarie généralisées, sachant qu'aucune souffrance n'a de sens si c'est pour se leurrer soi-même et emprunter la voie de la lâcheté, que si la mort frappe à la porte, il faut l'ouvrir d'un coup, sans différer comme la marica qui court se réfugier sous le lit et se bouche les oreilles pour ne pas entendre les coups s'accélérer, sans la naïveté de celui qui se prosterne, espérant que ses prières et ses supplications inciteront la visiteuse à renoncer et, clémente, à se retirer, la porte doit s'ouvrir d'un seul coup, d'un mouvement ferme du poignet, aussi n'y eut-il pas d'autre séance de rayons, parce que Périclès comprit que toute souffrance et tout espoir étaient inutiles, il quitta l'hôpital pour retourner chez lui, entra dans son petit bureau, prit du papier et un stylo à plume pour écrire un petit mot dans lequel il donna des instructions, sortit le vieux revolver calibre 38 du tiroir, le chargea, ôta ses lunettes, alluma une dernière cigarette, en savoura plusieurs bouffées, appuya l'extrémité du canon sur sa tempe droite et pressa la détente.

Horacio Castellanos Moya 
Là où vous ne serez pas


Pour faire mieux passer tant de noirceur, une belle leçon d'optimisme avec ce rappel : l'Herbe Tendre de décembre 2015.
Thème, Tant qu'on a la santé

dimanche 22 mars 2020

Je hais les dimanches et les délateurs

Irresponsables ne respectant pas la distanciation sociale
Comme s'il ne suffisait pas d'être gouvernés par des salauds incompétents et un tantinet criminels*, voilà t'il pas qu'après nous avoir réinventé des ausweiss (façon servitude volontaire) et un état d'urgence (en projet) qui nous renvoie à l'époque du "maintien de l'ordre" en Algérie, Radio France s'est métamorphosée en Radio Paris se dotant d'un authentique propagandastaffel. Cette successions de ministres, députés, médicastres et patrons, on s'y attendait mais on en vient à être surpris de cette diarrhée, cette vomissure qu'est la réaction des bons citoyens qui se défoulent au micro, au téléphone, pour dénoncer les comportements irresponsables, criminels asociaux de leurs congénères.... La délation redevient le sport national !
Défoulez-vous connards, bande de lâches même plus foutus d'écrire une lettre anonyme dûment timbrées à la préfecture, défoulez-vous sur les plus faibles ou plus petits ou même plus cons, ce sera toujours plus confortable que d'appeler un chat un chat, de se souvenir que ces ordures qui tenaient plus que tout à leurs élections n'ont RIEN fait, RIEN prévu, RIEN préparé (et surtout pas de tests ou de protections) et qu'ils continuent à nous mentir à longueur de journée. Qu'ils ont joué à une propagation à l'anglaise avant de nous jouer l'union sacrée. Qu'ils n'en ont rien à foutre de nos vies et que l'équilibre des comptes de la retraite va peut-être se résoudre tragiquement.
Je vous dégueule.
* J'exagére ? Lisez donc.

Pour rester dans le ton de cette saine bonne humeur, indispensable en temps de crise pour entretenir le moral des troupes,  Je hais les dimanches écrit par Aznavour pour Piaf qui n'en avait pas voulu. Charles l'avait alors refilé à Juliette Gréco qui enregistra l'original en 1950. Consciente de sa boulette, la Môme en fit aussi sec une autre version, à notre entendement supérieure.


Bien entendu, il y avait eu le précédent de la chanson déprimante de Reszö Seress, Sombre dimanche, devenu Gloomy Sunday, ici par Marianne Faithfull.



Pour finir, honneur à mon voisin qui vers 20h se mit à déclamer du Rimbaud depuis sa fenêtre. Il s'agissait de Sensation, par Félix Leclerc en 1953.


 

Et illustré par Pratt dans Corto Maltese en Sibérie.


vendredi 20 mars 2020

Un communiqué des emmerdeurs

Service public à l'anglaise (Londres 1940)
Nous nous faisons une joie de relayer ce communiqué de la bibliothèque parisienne Les Fleurs arctiques. Repris tel quel par le local Camarades de Toulouse.


À partir de ce lundi 16 mars, nous reportons les événements publics annoncés dans notre programme jusqu’à ce que l’évolution du coronavirus et de la gestion étatique de la crise qu’il provoque permettent à nouveau l’ouverture du lieu. Avec la situation d’autres pays en tête (pour certaines, beaucoup plus avancés dans la propagation du virus comme de l’arsenal gestionnaire mis en place par l’État) il est nécessaire de réfléchir à ce qu’il se passe en ce moment, à l’évolution des normes, au monde qui change, vite, et avec chacun cloîtré chez soi. Un peu partout, on commence à réaliser que l’on se retrouve bien vite pris en étau par une menace virale à ne pas traiter à la légère et par l’État qui, comme toujours dans des situations de crise en profite pour mettre en place de nouveaux outils de contrôle et de répression, pour expérimenter en même temps qu’il institutionnalise un rapport au monde répressif, hygiéniste et atomisé, et dont les mesures d’exceptions qu’il implique ne manqueront pas, comme toujours, de survivre à ladite crise.

En tout état de cause, nous restons solidaires de celles et ceux que la « gestion optimisée » de l’épidémie laisse de côté, ceux et celles qui sont et seront contraints de travailler, de soigner, solidaires des travailleurs ubérisés ou sans papiers, privés de chômage technique et d’indemnisations, ainsi que tous ceux qui payeront cher le prix de cette expérimentation d’isolement à grande échelle. En premier lieu, c’est aux enfermés de la machine carcérale française et internationale que nous pensons aujourd’hui, qui pourraient se révolter face aux conditions de torture qui leur sont déjà infligées « exceptionnellement » depuis le début de l’épidémie, en plus de la normalité continue de la situation intolérable, et par définition confinée, d’incarcération qu’ils subissent déjà. Le courage immense des prisonniers révoltés de ces dernières semaines en Italie ainsi que leur terrible répression sont autant de raisons de ne pas les laisser seuls dans la puanteur de leurs cellules

Nous pensons aussi à tous ceux et toutes celles qui vont se retrouver à tourner en rond dans des logements minuscules dans des situations propices à toutes les angoisses,tous ceux et toutes celles pour qui se protéger du virus impliquera d’être livré à la maltraitance conjugale et familiale de la sacro-sainte « famille nucléaire », ceux et celles que l’État a décidé de livrer à la pire des solitudes dans ces autres prisons de l’oubli que l’on appelle EHPAD, à tous les sans-abris qui vont se retrouver laissés pour compte ou parqués on ne sait encore où…
 Quels vont être les dégâts sur nous les humains, nos psychismes, nos corps, notre désir de liberté, notre capacité à l’insurrection ? Les réflexions autour de ces questions, ne pourront venir que plus tard, elles seront pour sûr difficiles mais ne feront qu’accentuer l’espoir de la possibilité d’un dépassement de ce monde de merde.
Quoiqu’il en soit de la nécessité de limiter la propagation de ce virus, la gestion a ses raisons qui ne sont pas les nôtres et nous serons, par tous les moyens que nous pourrons trouver, aux côtés des révoltes qui s’opposeront aux dommages directs, latéraux et collatéraux qu’elle va susciter et dont personne encore ne peut mesurer l’ampleur.
Contre la misère dans laquelle cette gestion va laisser tous les indésirables de ce monde, pour la révolution !

Et un témoignage de notre vie quotidienne. Life from a window par The Jam (1977), nom de diou...!



mercredi 18 mars 2020

La Commune de Paris à l'ORTF


Puisqu'on en est réduits à regarder le monde de sa fenêtre ou de son balcon ou de son jardinet comme les chevaliers du Ni, autant partager quelques souvenirs décalés avec nos honorables lecteurs et lectrices.
Les grandes batailles du passé était une émission de l'ORTF réalisée entre 1973 et 1978 par Henri de Turenne (Mazette ! Un ancêtre du maréchal éponyme ?) et Daniel Costelle, vulgarisateurs de l'histoire et bateleurs télévisuels.
Comme bon nombre de gosses de l'époque, on a regardé sans savoir que cette émission qui se baladait dans le monde entier nous en apprenait plus sur les années 70 que sur la vaine gloire militaire et son lot de boucheries.
Il n'y avait qu'à voir comment on recevait la télévision française en mettant les petits plats dans les grands en URSS (Poltava 1709) au Mexique (Tenochtitlan 1521) ou en Tunisie (Carthage -149 / -146. Aaah ce ministre de Bourguiba expliquant sans rire "nos ancêtres les Carthaginois" ! Impayable!)
Et puis, le 6 février 1976, on est tombé sur l'émission Paris 1871, la Semaine sanglante. On ne parlait guère de la Commune à l'époque, on n'en parle guère aujourd'hui et pourtant cet assaut du ciel a de quoi nous inspirer.
On était gamin et même si on a trouvé ça un peu bavard, on est resté captivé de bout en bout. Et quels que soient les défauts de la forme et du fond le sens de la dramaturgie qui faisait la réputation de la télévision française a joué à plein.
À la fin, après la scène fantaisiste de la dernière barricade (à partir de 49 minutes) on a pleuré. Salauds de Versaillais !
Maudits soient vos descendants !


En dessert, la chanson d'Alexis Bouvier et Joseph Darcier (1865) qui fut l'autre grande rengaine la la Commune, La Canaille. Ici par Rosalie Dubois.


lundi 16 mars 2020

Villes fantômes

L'industrie du tourisme survivra-t-elle ?
Message reçu ce dimanche d'un ami de Madrid

Nous voilà immergés dans une apocalypse de film de zombie. Dés lundi ce sera l'état d'alerte (je crois qu'en Gaule, vous dites "état d'urgence") avec confinement total : 48 million de personnes prisonnières à domicile. On ne pourra sortir que pour acheter de la bouffe, des médicaments et quelques autres petites choses (entre autre travailler ou aller chez le coiffeur manière d'ajouter une pointe de surréalisme à cette guerre invisible). (...)

Jusqu'à lundi on regardait les Italiens avec empathie, un peu comme quand il se passe un truc au village d'à côté et qu'on se demande si on sera pas un peu éclaboussé...
Mais mardi, ils ont annoncé la fermeture des écoles et mercredi, j'ai pris le gosse avec moi au boulot, pour ne pas exposer les grands-parents à la menace fantôme. Jeudi, ils ont fermé tous les lieux culturels et nous ont ordonné de passer au télé-travail (trois fois rien à faire en ce qui me concerne, ou plutôt rien, car tout sera fermé et sans programmation jusqu'à dieu sait quand), vendredi, ils ont enfin ordonné la fermeture des bars (on a bien pris une dernière pour la route) et aujourd'hui ils ont interdit les parcs et le monde extérieur en général. Ce matin je suis descendu avec le môme faire un tour en vélo jusqu'à un très joli cimetière près de chez nous (un endroit parfait, on y a croisé deux chats et aucun chrétien), finalement, c'est pas mal de vivre dans un quartier entouré de ce genre de sites. (..)
À la base, j'ai pensé me casser dans les Pyrénées pour passer ma quarantaine au vert et à l'air frais mais, va te faire foutre : l'armée bloque les routes. Je te jure, c'est comme un film, vous allez flipper.
Ça ressemble de plus en plus au plus court chemin vers une dictature globale, c'est une vraie expérience en temps réel. Je veux dire, ce sera ça ou le retour à l'âge des cavernes. (...)
Une forte accolade et des baisers, bordel de merde !

Et bien cher ami et camarade, nous y sommes nous aussi ou peu s'en faut.
Les rues se vident et que pas mal de gens se font la malle (pour aller où? Mystère). Et comme on ne supporte pas l'enfermement, on a siffloté Ghost Town des Specials pendant une bonne partie de la journée. Sans arriver à reproduire correctement le trombone de Rico Rodriguez. Il s'agit là d'une ville où les clubs ont fermé, les groupes ne jouent plus et ou on a la nostalgie du temps où nous chantions et dansions.
Certes, cette chanson date de 1981, sous le règne de la grande inspiratrice de notre glorieux Guide, Margareth T., qui avait alors prié les Brits d'abandonner leurs habitudes d'assistés. Le résultat ne se fit pas attendre. Entre autre pour près de trois million de chômeurs.

 

"Comme tous les grands disques sur l'effondrement social, cette chanson paraissait  à la fois craindre la catastrophe et s'en délecter" Dorian Lynskey. 

vendredi 13 mars 2020

Tous mobilisés

Virus Régence
Ah, on pouvait ironiser sur les déclarations martiales des tyranneaux chinois!
Nous voilà tous ravalés au grade de soldats en temps de guerre contre l'ennemi invisible. Et quoi de mieux qu'une bonne guerre pour resserrer les rangs de la Nation ? Uh ?
Par mesure de précaution, on abandonnera les vieux à eux-mêmes et on triera les malades. Sans oublier le passage de contrition de rigueur.
On aimerait tellement écrire quelque chose de pertinent ou d'encourageant. Mais non, on reste bêtement échoué sur la fabuleuse trouvaille du grand George.
La guerre, c'est la paix
La liberté, c'est l'esclavage
L'ignorance, c'est la force



mardi 10 mars 2020

Kenavo Gildas

Son dernier zine
Tout est dérisoire dès qu'on évoque la mort mais on avoue en avoir un peu marre de cette hécatombe de copains.
Un parfait gentleman, figure historique du rock toulousain nous a quitté le 8 mars. Gildas Cosperec, c'était la voix impeccable de Dig it !*, le jeudi soir sur Canal Sud. C'est lui qui avais repris le flambeau du défunt Nineteen, faisant vivre un fanzine lu de l'Australie à l'Alaska. Ce furent plus de trois décennies à remuer, dénicher, partager sa passion pour le rock qui tâche. Comme si, au fond, notre cher classieux avait toujours été dans le paysage.
Et pourtant, quand il n'était pas au volant du camion ou à la console de la radio, lorsqu'on se croisait dans un de ces troquets pas encore disparu, on causait rarement rock 'n roll. Plutôt vie quotidienne, d'histoire ou de l'état du monde. Tu vas manquer, camarade Brezou. Kenavo !

Non seulement notre The voice passait merveilleusement en radio mais il fut  chanteur des Shoo Chain Brothers, groupe des nuits agitées toulousaines de la décennie 1990.
Le voici, les voici en fin de concert (les flics venaient de débouler) le 18 avril 1996 à l'Arcadie de Nantes dans Action ! Un amical salut aux survivants.




* La der des ders du 16 janvier à cette adresse.

lundi 9 mars 2020

Deux chansons pour pleurer

Play it again, Sam (Thanks, Mr Pop)
Votre amie, ami, ou, que sais-je, votre dromadaire de cœur vous a délaissé, dernier embauché dans cette entreprise, vous êtes le premier licencié, le petit dernier n'est pas aussi mignon qu'on l'espérait avec ses grandes oreilles, le découvert de l'ultime relevé bancaire a des allures de gouffre de Padirac et votre 33 tour des Modern Lovers est rayé.
Face à tant tristesse, il n'est d'autre solution que traiter le mal par le mal, car, comme l'écrivit Ambroise Paré, une bonne purge, il n'y paraîtra plus.
Voici donc notre rubrique des chansons déchirantes.

Un grand classique, à notre avis on a rarement fait mieux, qui aurait été écrit en 1916 ou en 1935, ça dépend des sources et vu qu'on n'était pas là...
Comme ça nous vient de Cuba, on dira que c'est une habanera. Sur des  paroles de Guillermina Aramburu, la grande, l'immense, Maria Teresa Vera (1895-1965) a enregistré, en duo avec Lorenzo Hierrezuelo, cette chanson désespérée qui connut une seconde gloire grâce aux anciens du Buena Vista, Veinte años.


Dans un tout autre genre, en 1980, un groupe de pub-rock britannique,The Inmates, pleure ses regrets du temps sur lequel on ne peut revenir, surtout quand on estime avoir déconné. Une discrète et assez réussie évocation du regretté Otis Redding.


jeudi 5 mars 2020

Les Ablettes : rockers cherchent tube (el le trouvent)

Pascal, Bebeck et Philo
Loin de Paris et de ses frasques, penchons-nous sur une ancienne gloire très locale. C'était du temps où les groupes de rock poussaient comme des champignons à l'ombre d'usines pas encore fermées pour cause de désindustrialisation générale. Et où, par conséquence, la bourgade de Fumel (Lot et Garonne), une des rares zones industrielles du Sud-Ouest, devint le rendez-vous obligatoire de tous les perfectos et bananes à plus de cent kilomètres à la ronde.
Le docu de Philo

La sidérurgie faisait alors vivre les quelques 10 000 habitants du coin et les gosses de prolos, eux-mêmes promis au monstre, se sont jetés sur la vague punk comme la vérole sur le bas-clergé. Outre des juke-box incroyablement fournis dans les bistrots du bled, l'éclosion de la scène fuméloise va avoir comme effet d'y faire venir jouer un grand nombre des (futurs) grands noms de la scène punk ou post punk anglo-saxonne. Contrairement à des villes bien plus renommées, là-bas, tout le monde avait vu jouer les Saints au moins trois fois. 
C'est dans ce contexte que trois potes, Pascal Batista (batterie), Bebeck Lacoste (guitare) et Philo Fournier (basse et chant) montent les Ablettes Masquées vers 1979, vite rebaptisées les Ablettes, du nom du poisson abondant dans les eaux du Lot. 
Comme ils l'ont eux-mêmes écrit dans leur dossier de presse fait main en 1980 : Copains d’école, ils refusent ensemble, de passer au presse-citron de l’usine. Sortie de secours : le rock’n’roll…  
S'imposant par un évident talent scénique, ils passent rapidement d'un punk énervé (un 45 tour confidentiel : Spontanéité zéro / Un amour propre) à un rock plus mélodique, sans grande originalité mais qui lorgne du côté des Jam.
Établis à Toulouse, ils signent sur Réflexes, label local aux pochettes fluos, et font un carton en reprenant un titre de Claude Nougaro et Chico Buarque, Tu verras, début 1984.
Ici ils sont quatre (le dernier doit être Francis Albert) sur FR3, le 25 janvier 1984



Normalement, ce devait être le début de la gloire. Sauf que les gens de Réflexes préfèrent fumer les bénéfs que de gérer une distribution. Résultat, le disque passe en radio et est introuvable en magasin !
Une signature chez Polydor, un succès d'estime pour le 45 tour suivant, Jackie s'en fout, carrément pop, et un gros millier de concerts plus tard, nos poissons d'eau douce asphyxiés disparaîtront progressivement de la surface du rock.
Depuis, Pascal bosse en solo ou avec la comédienne Lo, Philo fait de la techno avec LMZ, le rock est devenu une musique de vieux et l'usine de Fumel a fini par fermer après avoir été rachetée une demi-douzaine de fois.
En 2018, il a fallu que les derniers ouvriers menacent de faire sauter le haut-fourneau pour toucher trois fifrelins.
Il nous reste toujours cet autre titre de nos working class héros, Fumel (calling ?).


lundi 2 mars 2020

Vanneaux de mars, une moustache sur la platine

Moustaches tombantes
Que vouliez-vous faire sur un thème aussi stupide ?

René Binamé                             La moustache
Dead South                                In hell I'll be in a good company
Karlit & Kabock                         La moustafette
Gainsbourg                                J'entends des voix off
Pretty                                         Moustache in your face
Adamo                                        Le barbu sans barbe
Orquesta ritmo de Sabanas       Porro bonito
Nirvana                                      Mr Moustache
Bob Jenz                                     I've got a moustache
Charlie Chaplin                         Titine des Temps modernes
Les trois accords                        Vraiment beau
Marielle & Rochefort                  Paris jadis
Pan pan Master                          Fujiko
Popular workshop                       Vilains who twirl their moustaches...
Hamish Imlach                            Cold liver oil & orange juice
Calexico                                       El cascabel
Banda  R 15                                 El bigote
Sparks                                         Moustache


Si on a du temps à perde ou envie de flâner, on peut toujours goûter ça en cliquant ici.  Cheers !

Et quand la fille chérie de son papa fréquentait son beau moustachu, ça donnait, par exemple, Jackson (Lee Hazlewood & Nancy Sinatra).