jeudi 30 juin 2016

En juillet, nos Amériques à nous

Des Araucans, exterminés en Argentine entre 1879 et 1881
Pour le début d'un été qui s'annonce plutôt crade, l'Herbe Tendre s'évade et traverse l'Atlantique. On s'en va donc faire un tour du côté des Amériques ou de l'Amérique, celle qui va de l'Alaska à la Terre de Feu et qui a constitué un vaste réservoir d'imaginaire dont la chanson se fit l'écho.
Terres d'exil, d'espoirs, de massacres, d'empires, de pillages, de fascination, de richesses et de misères, de révoltes incessantes, de déportations, de hors-la-loi, de magie, de gigantisme et de bien d'autres choses encore.
Ce sera donc le lundi 4 juillet à 18h sur Radio Canal Sud (92.2 fm pour les locaux).

En attendant, penchons-nous sur l'immensité du territoire grâce à notre Québecoise du mois. Ce country roboratif contient un texte assez savoureux qu'il nous a fallu écouter à maintes reprises pour en saisir quelques nuances. Joie du joual : l'apparition des paroles sur le ouèbe nous a mieux fait comprendre la raison de notre embarras. Les Colocs dans leur premier disque en 1992 :


Et causons de fraternité au sein de cette immensité. Ce vieux gaucho (par ailleurs communiste) chantant d'Atahualpa Yupanqui (Hector Roberto Chavero Aramburu 1908 / 1992) y va de sa milonga. Il y affirme qu'il n'a pas à choisir entre ses frangins, qui sont partout, et la liberté.




lundi 27 juin 2016

Eric Tandy

On vous a déjà dit, ici même, tout le bien qu'on pensait des Olivensteins (dont les enregistrements de 1979 / 1980 n'ont été publiés qu'en 2011)
Rendons ici hommage à l'auteur, celui qui écrivit cette suite de superbes titres :  "Patrick Henry est innocent ", "Fier de ne rien faire", "Pétain Darlan c’était l’bon temps", "Euthanasie", "Vivement que je sois vieux" ou "Je hais les fils de riches"
Éric Tandy et Jef Aérosol (2011)

Avant de devenir journaliste ou de donner de passionnantes conférences sur l'origine du punk, Tandy a été vendeur au magasin de disque de Lionel Hermanni, Mélodie Massacre. Frère aîné de Gilles, le chanteur, grand copain de Dominique Laboubé (des Dogs), il est nommé parolier du groupe maudit de Rouen.
Il a logiquement pris le micro dans un autre combo, Les Nouveaux Riches, pour un unique 45 tour, 25 ans.
En 1983, il reprend son nom pour un Ep 4 titre, ET sorti chez New Rose.
Vers 86/87, il enregistre Cafards bizarres dont les bandes avaient été perdues à jamais, croyait-on.
Jusqu’en 2015 où elles ressurgirent car Smap Records, archéologue du rock rouennais, va le ressortir à partir de l’unique cassette miraculeusement retrouvée.
C'est assez pop, un brin variétoche d'assez bon goût avec un discret hommage à quelques groupes américains de pop qu'on aimait bien alors.
Exemple : ce Bombes sur la ville
  

Pour finir, une petite explication de l'auteur au sujet d'un de ses vieux morceau du temps des Olivensteins : Patrick Henry est innocent c’est en réaction à tous les groupes dans la lignée des Sham 69 qui avaient tous une cause à défendre, ils sortaient tous des chansons avec « machin ou ducon is innocent ».  Du coup, je me suis demandé qui pouvait être innocent, et à l’époque les médias parlaient beaucoup de l’affaire Patrick Henry, je me suis dit que c’était un bon candidat.

mercredi 22 juin 2016

Rimbaud en émeute et en chanson (3)


Mars, avril, mai, juin...
Comme à chaque fois qu'une partie de la jeunesse se déverse dans les rues, elle renoue avec les vers ou images d'une vieille connaissance, Arthur Rimbaud.
Témoin la banderole ci-dessus, aperçue dans les dernières manifs et dont le "slogan" est extrait de la Chanson de la plus haute Tour (Les Illuminations,1872).
Ce poème en chanson a été mis en musique par Léo Ferré en 1964.


Or, Arthur a prolongé son texte par une variante, plus abrégée, dans ‘Une Saison en Enfer’. Partant là du refrain du poème original, il l'a réécrit lors d'un retour à Charleville (censé, paraît-il, permettre à Verlaine de se réconcilier avec son épouse).
Cette seconde version, remarquablement sobre, surtout si on la compare à la précédente, est interprétée la même année que Ferré par Colette Magny sur l'album "Melocoton", son premier disque, sorti en 1965.
Mais peut-être que ça vous fait une belle jambe...


lundi 20 juin 2016

La Croisade de Thomas Canonne


Dixit lui-même, Thomas Canonne chante des textes extraits de sa correspondance avec des prostituées, des chansons anciennement écrites pour le Théâtre des Cerises et des poèmes volés à des amis proches.
Avec une forte inclination pour l'humour noir, le grand-guignol, le rock et le pinard, le Groupe Électrogène s'interroge sur la nullité et la poésie de la chanson dite de variété.

Ça tombe bien, nous aussi....
Une petite vidéo, pas du tout vulgaire, pour un sourire du matin ou du soir.
C'est notre rubrique "Si Dieu existait, il faudrait le fusiller."

 
Thomas et son groupe Électrogène sont :  Thomas Canonne au chant, Ronan Drougard (basse), Hervé Launay (sax) Nicolas Mayer (percus) et Youen Migaud (guitare).

vendredi 17 juin 2016

Jacques Marchais chante Charles Cros


Une plaisante (re)découverte sur laquelle on tombe en fouinant suite à l'article sur Charles Cros.

Notre très cher Jacques Marchais  n'a pas fait que remporter plusieurs fois le grand prix de l'académie Charles Cros, il a aussi chanté le monsieur.
En l'occurrence, il s'agit du très moyenâgeux L'orgue (légende allemande) co-écrit par Frédéric Navarre et mis en musique par Louis Loréal.
Cette pièce se trouve sur le disque  Récital N°1 (BAM C 149) de 1965 qui comprend également des textes d'Apollinaire, Chaulot, Vaucaire, Aragon, etc...

La chanson avait déjà été interprétée par Damia en 1929.

mardi 14 juin 2016

Kurt Weill par Marianne Faithfull



Un peu d'élégance dans ce monde de brutes.
En 1933, Kurt Weill, tout juste exilé en compagnie intermittente de son épouse, la chanteuse Lotte Lenya, réside à Paris.
Son séjour n'est pas de tout repos. Les représentations des ses œuvres, (Mahagonny-Songspiel juin 1933) sont diversement accueillies. Le concert du 26 novembre 1933, à la salle Pleyel, est perturbé par Florent Schmitt qui après la chanson La Ballade de César (du Lac d'argent), s'écrie «Heil Hitler ! », sous les applaudissements d'une partie du public. Une partie de la presse prend le parti du compositeur et futur collabo : dans l'Action Française, Rebatet (pas encore le "Retenez-moi de Neuilly") vitupère contre ce « virus judéo-allemand ».
Mais durant sa période parisienne (1933-1936) Weill compose la musique d'un ballet chanté, Les Sept Péchés Capitaux, représenté en juin 1933 ; la musique de Marie Galante,  seulement jouée trois semaines, en décembre 1934 ; celle de Der Kuhhandel, représentée à Londres en juin 1935 sous le titre My Kingdom for a Cow.  il achève aussi une Deuxième symphonie et participe aussi une adaptation radiophonique de Fantômas avec Robert Desnos et Paul Deharme.
Puis, il déménage aux États-Unis.
Souvenir de son séjour parisien, "la Complainte de la Seine", paroles de Maurice Magre, enregistrée en octobre 1934 par Lys Gauty, puis Lotte Lenya.
Les enregistrements d'époque étant parfois assez déplorables, en voici une reprise par Marianne Faithfull.


samedi 11 juin 2016

Et on dépeuplait La Réunion

En 1963, Michel Debré, fringant nouveau député de La Réunion, créé le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d'outre-mer). Le but de l'ex premier ministre recasé est simple : arriver à envoyer un maximum des 400 000 habitants de l'île (dont la moitié ont moins de 20 ans) repeupler la métropole, particulièrement certaines zones rurales du Centre. 
Il suffit de priver les Réunionais de toute perspective sociale ou économique et d'aller jusqu'à rafler des enfants via les mensonges des services sociaux : de 1963 à 1982, plus de 1 600 enfants réunionnais ont été placés de force par la Ddass dans des familles de départements métropolitains jugés vieillissants, en particulier la Creuse. 
Voici comment des milliers de gosses se sont retrouvés balancés dans un pays plus ou moins hostile, plus ou moins froid, où beaucoup sont surexploités comme main d’œuvre corvéable.   
C'est cette émigration plus ou moins forcée que raconte Danyel Waro, agriculteur, poète créole adaptateur de Brassens et grand maître du maloya*, chant d'esclave, blues de l'Océan Indien interdit par la France jusqu'en 1976.   
Un avion s'en va emportant la jeunesse de l'île.... 

 


Autre chanson plus récente sur le même sujet, celle de Mc Léo.
Cet article vient du film de Michael Gence "Rassine Monomon, Papa... Ce passé qui ne passe pas" (2014).  

Le terme « maloya » a plusieurs significations suivant les dialectes de l'Afrique de l'Est. Au Mozambique, maloya signifie : incantation, sorcellerie ; au Zimbabwe : grand sorcier ; en Bambara : honte, et à Madagascar "Maloy Aho" veut dire : "parler, dégoiser, dire ce que l'on a à dire". Dans de nombreux dialectes africains, il signifierait "peine, douleur, mal-être".

mardi 7 juin 2016

Émission de juin : étranges étrangers

Été 1939, pas moyen de profiter des congés payés, des étrangers occupent toutes les plages du Roussillon.
Une heure n'était évidemment pas suffisante pour faire le tour de la question.
D'ailleurs, une vie y suffirait-elle ?

LSD                                            As-tu déjà oublié ?
Prévert / Crolla                          Étranges étrangers
Moustaki                                    Le métèque
Origines contrôlées                    La carte de résidence
La Gale                                      Je vais me marier
113                                             Tonton du bled
Les Vikings de la Guadeloupe   Retour au pays
Mouloudji                                  Mon pote le gitan
Léo Ferré                                  L'étrangère
MAP                                          Elle est belle, la France
Dick Annegarn                          Suleyman
Serge Regianni                         L'Italien
Les Têtes Raides                       Dans la gueule du loup
Christian Paccoud                    Les souliers vernis

Autre précision au sujet de Django Reinhart, l'anecdote du directeur de music-hall venant lui offrir un pont d'or en vain serait tout à fait réelle.
On retrouve toujours l'émission en cliquant là.
Une chanson des bordelais de La Réplik pour terminer :


dimanche 5 juin 2016

Brassens et Paul Fort (2)

Et encore une chanson nostalgique en hommage à nos amours fugaces.
Faut avouer que question adaptation et mise en musique, le Père Georges se posait un peu là.
Il l'envoyait même derrière le portrait du poète

En contrepoint, une version de la même entièrement dédicacée à tous ceusses qui supportent pas le reggae par les très honorables Étrangers Familiers.
Avec Éric Lareine au chant :


vendredi 3 juin 2016

Radio Nostalgie : "Du journal dans ta casquette"

On avoue une certaine nostalgie pour le temps où il était recommandé de rembourrer sa casquette avec du papier.
Les blessures causées par les flash-ball ou tasers ne faisaient pas encore partie du quotidien.
Le principal risque se réduisait alors à se faire piétiner, matraquer au bidule ou à coup de crosse de mousqueton ou même de déguster une grenade offensive.
C'était mieux avant ?
Pas forcément... Mais au moins les cognes étaient-ils un chouïa plus "accessibles".
Un petit rock de circonstance, assez "téléphoné", par la bande à Josse, (alors proche de l'UTCL) 12°5, avec Olivier Émery et Bud aux guitares, Jean-Luc Delove à la basse et Frank Gliksman à la batterie.

Cet article est dédié à Tanguy Fourez, ouvrier belge trahi par les siens pour avoir eu un  beau geste de solidarité.
Et aussi à nos camarades esquintés d'hier qui viennent rallonger une longue liste alors que le torche-cul local ose annoncer cinq flics blessés (ou comment gratter des ITT).
Salut au Moine Bleu (et à ses jolies photos)