samedi 24 juin 2023

Tout se déroule selon le plan prévu

 

Tandis que des crapules s'étripent allégrement, on se remémore avec profit cette chanson d' Egor Letov (1964-2008) qui date déjà de 1989 Всё идёт по плану (Tout se passe comme prévu).
C'est fou ce que le temps passe.

dimanche 18 juin 2023

Quelques mots de Serge

 

Toulouse 1er mai 2023  

Salut tout le monde,

Je m’appelle Serge et j’ai été gravement blessé, comme beaucoup d’autres, à la manifestation contre la mégabassine de Sainte Soline du 25 mars 2023. J’ai été atteint à la tête par une grenade, probablement tiré en tendu par un gendarme équipé d’un lanceur de grenade cougar. J’ai subi un grave traumatisme crânien qui m’a mis en situation d’urgence absolue, situation aggravée par le blocage de ma prise en charge par les secours durant la manifestation. Après un mois de coma artificiel et six semaines en réanimation, j’ai été transféré dans un service de neurochirurgie, puis en centre de rééducation. A l’heure actuelle, je ressens d’énormes progrès dans ma faculté à bouger, manger et tout simplement échanger et réfléchir. Le chemin va être extrêmement long mais je suis déterminé à tout donner, à me battre pour récupérer ce qui me constituait, tant physiquement que mentalement. Je le fais évidemment pour moi, mais aussi parce que je pense que refuser d’abdiquer, refuser d’être écrasé par la machine répressive est une nécessité politique, à l’heure où les Etats font le pari de la terreur et de notre passivité.

Je tiens d’abord à remercier celles et ceux qui, dans ce champ de mines, m’ont porté, tenu la main, protégé, promulgué les premiers soins (ralentissement de l’hémorragie, massage cardiaque, intubation etc.) et m’ont tout simplement permis de rester en vie. Je tiens également à remercier les soignants qui, à chaque stade, ont pris soin de moi et m’aident encore aujourd’hui à reconquérir mon corps et ma tête. Je ne peux que vous faire part du bien fou que j’ai ressenti à ma sortie du coma devant la solidarité massive qui s’est exprimée : assemblées, textes, tags, dons, musiques, actions et messages divers de camarades de par le monde. L’écho de vos voix et des rugissements de la rue nous a aidé, mes proches et moi, à ne rien lâcher. Pour tout cela, je vous dis à toutes et tous un grand merci. Vous avez été énormes.

Tout ceci nous rappelle qu’il est primordial qu’aucun tabassage, qu’aucune mise en geôle, qu’aucune mutilation, qu’aucun meurtre ne soit passé sous silence par les forces de l’ordre social capitaliste. Ils mutilent et assassinent tellement souvent que cela n’a rien d’accidentel, c’est dans leur fonction. Beaucoup trop d’histoires dans le monde nous rappellent qu’il n’y a pas plus vrai que la formule « ACAB ». Tous les flics sont bien des bâtards. Ils sont et resteront les larbins de la bourgeoisie dont ils protègent les intérêts et assurent, jusqu’à maintenant, la pérennité.

La classe capitaliste a comme seule perspective la dégradation de nos conditions de vie à une large échelle et tous les prolétaires d’ici et d’ailleurs en font actuellement l’amer expérience. Face aux luttes que nous menons pour contrecarrer ce funeste destin, ils ont clairement fait le choix d’augmenter drastiquement la répression, autant par des nouvelles lois répressives que par le fait de donner carte blanche aux forces de l’ordre, comme à Sainte Soline. Nous devons en prendre acte, et porter collectivement l’idée qu’il est hors de question de participer à une lutte sans des protections efficaces et des capacités de résistance. Nous ne sommes pas des martyrs.

Néanmoins, notre force n’a pas grand-chose à voir avec une histoire de champ de bataille. Notre force, c’est notre nombre, notre place dans la société et le monde meilleur auquel nous aspirons. Contre les quelques organisations de dirigeants et de bureaucrates qui souhaiteraient nous ramener à la maison une fois leur place au soleil acquise sur notre dos, il nous faut mille façons de nous organiser à la base par et pour des solidarités concrètes, à destination des camarades du mouvement mais aussi, et peut-être surtout, à toutes celles et ceux qui rejoindront les élans révolutionnaires futurs.

Force aux camarades actuellement dans le viseur des Etats !

Vive la Révolution !

A vite dans les luttes.

Le S

lundi 12 juin 2023

Chronique cinoche : Modelo 77

 

Le réalisateur Alberto Rodríguez avait déjà commis l'excellent thriller post franquiste La isla minima en 2014. Avec Modelo 77 (Prison 1977) il s'attaque à un thème assez peu évoqué hors des cercles anti carcéraux ou connaisseurs des années de la "transaction" démocratique espagnole.
Dans la période où il fut question d'amnistie au compte-gouttes pour les "politiques".
On y suit les prises de conscience puis la révolte des prisonniers "sociaux" (de droit commun) au sein des taules ibériques, en particulier par la création de la COPEL (Coordination des prisonniers en lutte), les différentes étapes de cette confrontation et on y évoque la fameuse "évasion des 45" qui bouleversa Barcelone en 1978. Les trahisons de l'administration pénitentiaire, des politiques et le lâchage massif d'héroïne sont aussi traités.
Disons le tout net, on a trouvé ce film passionnant. Les acteurs (Miguel Herrán, Javier Gutiérrez, Fernando Tejero, et le gitan Jesús Carroza entre autres) irréprochables, la photographie virtuose et le film haletant. En outre, c'est bien moins putassier que Celda 211 qui avait tout de même un certain charme.
 
Mais surtout, on est allé voir ce qu'on pu en dire les anciens protagonistes. Et on a trouvé deux articles
Daniel Pont trouve le film "digne, honnête, nécessaire" en soulignant à quel point, en prime, la situation carcérale s'est durcie et dégradée. Rien de plus juste sur ce dernier point.
Fernando Alcatraz, de Valencia (https://tokata.info/pros-y-contras-de-modelo-77-por-otro-participante-mas-en-la-copel/) dans un long texte, sans nier son plaisir de spectateur développe quelques critiques censées être plus "radicales".
En vrac, il est déçu que le film ne tienne pas compte des événements chronologiques, ne rende pas l'ambiance globale de l'époque 1976/1978 avec non pas uniquement des luttes de prisonniers mais généralisées (de quartier, ouvrières, etc.) et fasse donc comme si c'était "hors de l'Histoire". Et là, on ne l'approuve pas entièrement.
C'est un film, camarade. Et avec un scénario et une durée de 2h05. on ne peut jamais tout y mettre. Constance des films de prison : on suit l'itinéraire de deux ou trois personnages et à travers leur Odyssée enfermé, on développe toute une situation alentour (voir Brute Force de Jules Dassin ou Animal factory de Steve Buscemi pour deux exemples très honorables). On a suffisamment de reproches à adresser aux oeuvres littéraires (BD ou romans), ou cinématographiques qui chargent la mule et se perdent dans les méandres des événements racontés pour ne pas être d'accord avec les déceptions d'un ancien activiste.
Il s'agace aussi du manque d'argot de l'époque. Là, on peut comprendre que c'est du cinéma et que les producteurs n'auraient jamais laissé tourner un film dans un langage des années 70 que plus personne ou pas grand monde ne comprend. Ceci dit, y'a moyen de saupoudrer et ils auraient pu faire un effort. Je me souviens du film La peur qui m'avait particulièrement énervé car les poilus dans les tranchées s'y exprimaient avec un vocabulaire et un ton des années 2010. Ce qui bousille tout le film.
Un truc pas compris, par contre, c'est pourquoi pour les transferts suite à une émeute, on envoie les "meneurs" à El Espinar (Ségovie) plutôt qu'à El Dueso (Santander). D'autant que cette partie a été tournée dans une caserne désaffectée de Séville... Mais bon, détail.
Le reste a été tourné à la Modelo de Barcelone ou ce qu'il en reste et la réussite est que ce bâtiment dévoreur d'hommes en devient un vrai protagoniste.
Z'aurez compris que ce film ayant fait une carrière confidentielle en France, n'hésitez pas à le rechercher, on vous garantit un bon moment globalement honnête dans ses intentions.  

Et une qui fit les belles heures de cette période.

lundi 5 juin 2023

L'été sera punk

 


Deux mois après la manif contre les méga-bassines à Sainte-Soline, on sort une compil’ de soutien à Serge et Micka, tous deux tombés dans le coma suite aux affrontements avec la police lors de celle-ci.
https://pasuneminutedesilence.bandcamp.com.
Une compil’ histoire de ne pas laisser le temps nous faire accepter ou oublier les mutilé.e.s et les blessé.e.s de la guerre sociale, de ne pas laisser les proches seul.e.s avec les galères de thune, de partager des idées et de filer de la niak aux personnes qui continuent à lutter contre ce monde d’exploitation.
Dans ces moments, c’est aussi la solidarité qui fait notre force, qui peut nous permettre d’encaisser les coups, de faire face à la peur et de tenir sur la durée. D'ailleurs elle ne s’est pas faite attendre et pas
mal d’actions ont eu lieu dans différents pays. Chacun.e.s selon les moyens qui leur semblaient adéquats, mais toujours sans concession avec l’État et ses aspirants… 
On rentre donc dans la danse à notre manière. Avec cette compil’ de punk. Parce qu’une partie de notre politisation, de notre rébellion et de notre refus du système est issue de cette culture et que nous
continuons à voir dans ce mouvement un vecteur de contestation sociale et d’entraide. Un endroit d’auto-éducation face à ce monde qui aurait voulu nous voir abrutis par les rêves de réussite sociale qu’il nous fait miroiter et dociles en échange de cet argent qu’il a rendunécessaire à notre vie quotidienne.
Pas une minute de silence,  les sales gosses ne se taisent pas face aux coups durs donnés par l’État.
Rien n’est fini, mais tout commence...
Force aux rebelles du monde marchand.

 

Si vous souhaitez filer un peu de soutien, nous vous encourageons à le faire directement sur la cagnotte mise en place par les camarades du S., afin d'éviter d'en filer une partie importante en frais divers (Bandcamp, PayPal).
La version cassette et CD devrait arriver vers le 15 juin. Si ça vous dit, il est possible de la commander dès à présent en nous contactant directement (contact: cybergod@stonehengerecords.com). Elle vous sera envoyée directement dès qu'on les aura entre nos mains.