vendredi 31 juillet 2020

Reprise d'été : trente glorieuses et commentaires


Du temps du 45 tour et des juke-box triomphants, il arrivait assez souvent que la face B, qui n'était censée être que du remplissage, soit une démarque de la face A, censée être le tube. Dans le rhythm'n blues américain, on se mit parfois à mettre au verso la version musicale de la chanson recto. Technique abondamment reprise en Jamaïque qui donna naissance au dub et au toast des disc jockeys.
La face B ne constituait qu'exceptionnellement une suite de la A, d'autant plus dans l'industrie du disque francophone.
Ou alors il fallait avoir beaucoup ce choses à exprimer.
Ce qui fut précisément le cas de François Béranger, ex ouvrier à Billancourt, ex appelé en Algérie qui sortit en 1970 son premier album Tranche de vie, titre qui couvre les deux faces de son premier 45 tour.  Il a alors 33 ans, ce qui est un peu âgé pour faire twister la jeunesse mais qu'à cela ne tienne, à l'aube de cette décennie, tout paraît encore possible.
Cette chronique d'une vie de prolo en onze couplet étant trop dense pour contenir dans le format des trois minutes, la solution du camarade bougon fut donc de chanter six couplets en face A, de lancer C'est pas fini ! et... de terminer la chanson en face B. Tout y passe : l'exode rural, les services sociaux, l'usine, la petite délinquance, la guerre coloniale, les manières exquises des flics et des juges et la taule Et le titre fit un carton, permettant ainsi au grand François de s'alimenter grâce à son art.
La chanson sans interruption filmée par la tv suisse en 1972.


Une honorable reprise : celle d'Hubert-Félix Thiéfaine, trouvée sur l'album hommage à Béranger, Tous ces mots terribles, conçu par sa fille Emmanuelle en 2008.
Un arrangement un peu plus rock, un ralentissement du tempo qui rallonge le morceau d'une minute et l'affaire est dans le sac.
Puisqu'on vous dit que c'était pas toujours mieux avant.


lundi 27 juillet 2020

Vie et mort de Bobby Fuller, loser réputé



Il y a beaucoup de Buddy Holly chez le rocker texan Bobby Fuller. À telle enseigne que son titre phare, celui qui restera à jamais, I fought the law, fut écrit par Sonny Curtis, des Crickets, groupe du génial binoclard. LA chanson avec laquelle Bobby est entré dans l'histoire est donc une reprise.
Basé à El Paso, alors bled frontalier de taille moyenne, Robert Gaston Fuller (1942-1966) embauche son frère Randy comme bassiste dans un quatuor qu'on ne nomme pas encore Garage band suite à l'onde de choc créée par Elvis Presley et suit les traces style de son paisano Buddy Holly.
Après s'être nommé Bobby Fuller & The Fanatics, le gars rebaptisera son groupe Bobby Fuller Four. On y a vu défiler pas mal de personnel mais la rythmique la plus stable fut tenue par Jim Reese (guitare) et Dalton Powell.
Boudés par les labels locaux, les petit gars sortent un 45 tour à succès limité :   It’s Love, come what may. Ils sont signés chez Del-Fi, puis Mustang Records, de Los Angeles.



En 1964, ils empruntent donc un autre titre au groupe de feu Buddy Holly, disparu en février 1959 dans un crash aérien, I Fought The Law, génial résumé de la cavale d'un braqueur ayant du abandonner sa chérie pour finalement se faire  capturer par la loi qui l'envoie casser des cailloux en plein cagnard.
Loin de faire un tube instantané, ce titre va néanmoins devenir petit à petit un refrain de mauvais garçons jusqu'à accéder au top 10 en 1966.


C'est aussi l'année où on retrouve, le 18 juillet, Bobby Fuller tabassé à mort et asphyxié à l'essence dans sa voiture sur le parking de sa résidence californienne. Une légende tenace veut qu'il aurait fricoté avec la copine d'un chef de gang de bikers. Une autre, avec la bonne amie d'un mafieux du cru. On est même aller jusqu'à soupçonner un Charles Manson qui avait pourtant un alibi de taille : il effectuait un séjour en taule.
Toujours est-il qu'avec son habituel sens de la poésie surréaliste, la police locale conclue à un suicide. Même si le gars n'a pas eu une grande carrière, on peut affirmer qu'avec sa sortie il a fait preuve d'un certain savoir-mourir.
Le petit frère, Randy tenta bien de maintenir le groupe mais il était loin d'avoir une voix convenable et n'eut qu'une existence éphémère.
Tout ce petit monde tomba donc dans l'oubli.
Jusqu'à ce qu'en 1978, les Clash Mick Jones et Joe Strummer, de passage à San Francisco pour les overdubs de leur second album, tombent sur le 45 tour chez un collectionneur de juke-box. Scotchés par la puissance évocatrice du titre, les londoniens en route vers la gloire, incluent une énergique version à leur EP The cost of living (mai 1979). Et le transforment immédiatement en classique pour toute une génération de punks et de rockers.
Ici en concert dans le film de Rude Boy de Jack Hazan.


Depuis, la complainte du hors-la-loi malheureux a été reprise par Hank Williams (Junior), les Dead Kennedys, Green Day, la Mano Negra, Schultz, Bruce Springsteen et une infinité d'autres, y compris les forces d'invasion yankees au Panama en 1989 (encore un truc que le père Strummer a dû adorer).
Pas si mal pour un petit gars méconnu qui avait la poisse. 

vendredi 24 juillet 2020

Salsa triste de l'été


On vous a déjà dit ailleurs tout le bien qu'on pensait du chanteur et auteur Rubén Blades.
Outre ses chroniques sociales du barrio ou ses fresques de l'exil, le bougre se fit une spécialité de peindre la situation des pays latino américains dont la majorité vivait la décennie 1970 sous les bottes de militaires placés avec la bénédiction du Tio Sam.
Il écrivit ainsi plusieurs titres plutôt enlevés pour moquer les gens en uniforme (Prohibido olvidar) ou dénoncer l'impérialisme gringo (Tiburón). Mais son coup de maître est, à notre avis, Desapariciones (Disparitions) de l'album Buscando América (1984). Exceptionnellement, il chante ce titre dont le sujet a un titre suffisamment explicite pour ne pas avoir à être expliqué, sur une musique lente et funèbre.
Extraits
Voilà trois jours que je cherche ma frangine / elle s'appelle Altagracia, comme la grand-mère / elle est sortie du boulot pour passer à l'école / avec des jeans et une chemise blanche / C'est pas un coup de son mec, il est à la maison / et la police ne sait rien sur elle / ni l'hôpital.
Que quelqu'un me dise s'il a aperçu mon fils / il est étudiant en médecine / il se nomme Agustín et c'est un brave garçon / Des fois, un peu têtu dans ses opinions / on ne sait pas quelle force l'a arrêté / pantalon blanc, chemise rayée, c'était avant-hier.
Clara Quiñones, c'est ma mère / une sainte femme qui ne s'embrouille avec personne / ils l'ont emmenée comme témoin / pour une affaire qui ne concerne que moi / Et j'ai été me livrer cet après-midi / Et voilà qu'ils me sortent qu'ils ne savent pas qui est venu l'emmener / de la caserne.
Cette nuit j'ai entendu plusieurs détonations / des tirs de carabines et de revolvers / des bruits de moteurs, de freins, des cris / des échos de bottes / des porte qu'on frappe, des plaintes, de la vaisselle cassée. / C'était l'heure du feuilleton télévisé / et personne n'a regardé dehors. / Bande d'autruches !
Évidemment, on pense d'abord à l'Argentine, pays où cette technique technique de terreur d'État fut poussée à son comble, laissant, avant et après le putsch de 1976 plus de 30 000 morts sans corps ni sépultures. Mais ce terrorisme d'État fut (et est) toujours largement pratiqué au Mexique, Guatemala, Salvador, Nicaragua, Colombie, Équateur, Chili, Uruguay, Paraguay, etc.  
Assassins ordinaires et médiocres
Mais pour l'écho que ce phénomène eut en Argentine, la chanson fut reprise, en 1992, par Los Fabulosos Cadillacs, groupe de ska, punk, tropical et jazz de Buenos Aires sur leur disque El León.
On trouve même leur version nettement plus speedée, supérieure à l'original. Et ça nous évoque quelques souvenirs.


Une fois n'est pas coutume, on termine sur une citation de Simón Bolívar Maldito el soldado que apunta el arma contra su pueblo

mardi 21 juillet 2020

Billy Childish par lui-même


Je m'appelle Billy Childish*. Je suis né à Chatham dans le Kent, où je vis encore. J'ai quitté l'école en 1976, à 16 ans. Sans qualification, j'ai été refusé aux beaux-arts. Je suis donc allé bosser aux chantiers naval de Chatham comme apprenti maçon. Je me suis ensuite débrouillé pour entrer au cour de peinture de l'école St Martin où j'ai acquis mes bases. Avec Bruce, Big Russ et Little Russ, on a monté les Pop Rivets en 1977, notre inspiration était alors le punk rock, TV 21 et les Swingin' blue-jeans.
En 1979, j'ai bossé à l'hôpital psychiatrique d'Oakwood comme portier de nuit. J'ai appris à jouer de la gratte à 21 ans et ai été viré de l'école St Martin pour avoir écrit ce qui a été qualifié de "pire humour de graffiti de chiottes". On a alors formé les Milkshakes, notre inspiration était Link Wray, l'album des Beatles en concert au Star Club, la chanson Last Plane home des Kinks et la haine des nouveaux romantiques. Je me suis foutu sur la gueule avec mon père qui sortait de taule pour trafic de dope. Avec les Milkshakes, on ne s'est jamais payés et on a mis tout notre fric à enregistrer nos disques. J'avais ouvert un compte en banque sous le nom de Kurt Schwitters et vécu 12 ans d'allocations chômage.


En 1985, on a monté les Mighty Caesars, notre inspiration venait de Bo Diddley et des Troggs. J'ai adhéré à Greenpeace en 1989 et, avec Bruce, on a formé les Headcoats, notre inspiration était les Downliners Sect. En 1999, avec Wolf et Johnny Barker, on a monté les Buff Medways, notre inspiration venait du jeune Jimi Hendrix et des Daggermen.

  

Il est vrai que ma musique n'a jamais été vraiment à la mode mais c'est précisément son but. Même en 1977, on a gâché toutes nos opportunités en refusant d'aller jouer à Londres. Quand le punk est devenu du nouveau romantisme, on a décidé de revenir aux origines du rock. Avec les Milkshakes, on nous a reproché d'avoir enregistré trop de disques, que c'était un suicide commercial. Du coup, on a réalisé quatre albums en une seule journée ! 



Même aujourd'hui quand quelqu'un d'un peu connu vient me dire qu'il aime ce qu'on fait, ça me fait plaisir. Je veux dire qu'on peut faire quelques concerts mais qu'on n'est pas des rock stars. On est trop contents de jouer dans des petits endroits, des bouges... On refuse de se planquer derrière une grosse sono et des retours. On veut en finir avec les 15 pieds de distance entre nous et le public et avoir une vraie communication. Tout mon boulot est à ras des pâquerettes, d'instinct et élémentaire. Je crois en la musique faite à la maison, en l'art fait à la maison et à la cuisine faite à la maison. Je suis pour le retour du vélo, du tramway et des chevaux. 
Traduction faite à la maison.


* Menteur ! Il s'appelle en réalité William Charlie Hamper.



samedi 18 juillet 2020

Garageux Brits et pop française des années 60



Quand on mets un zeste de nostalgie dans un bouillon d'exotisme kitsch, ça donne parfois quelques bizarreries.
Ainsi, alors que nous-autres, petits frenchies avons été élevés dans le culte des Kinks, des Pretty Things, des Who, de Johnny Kidd et des swinging sixties, voilà-t-il pas qu'une bande de galopins issus de la mouvance de Wild Billy Childish, notre rocker, poète et peintre surproductif chéri de Chatham (Kent) s'amuse à rejouer nos misérables années soixante.
Édités chez le très recommandable label garagiste Damage good, ce combo, tout bêtement nommé Dutronc est composé de Parsley (issu des Bristols, des Solar Flares, de The Adventure of Paisley, etc.) au chant à l'accordéon et à la basse, de Bruce Brand ( Thee Headcoats, the Pop Rivets, the Milkshakes...), guitare et chant de "Bongo" Debbie (Thee Headcotees, pendant féminin des précédents, The Nuns...) batterie et chant et de Rudie, bassiste à géographie variable.
Nos lascars passent donc leurs fins de semaine à reprendre Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, Françoise Hardy, les Charlots, etc.
À ce jour, ils ont sorti un album et un EP quatre titres.
À noter que les plaisantins jouent parfois aussi sous l’appellation des Baby Birkin en reprenant devinez qui.
On les trouve ici en concert avec Dodécaphonie (des Problèmes )


Une version du Temps de l'amour de la grande Françoise.


mardi 14 juillet 2020

Tranche de vie (de l'été pourri)


J'ai marché dans les bois.
J'avais perdu tout ce qui faisait de moi un homme ! On m'avait mis en guerre contre des bombes, contre des balles, contre des chars blindés qui avaient foncé sur moi !
Je n'avais rien vu, que des éclaboussures. Rien vu ! Rien !
De toute toute cette guerre immonde où l'on pouvait me tirer comme un simple gibier, où l'on m'avait visé à balle, bombardé, chargé au monstre blindé, je n'avais rien vu et rien à raconter. Rien !
Dans tout ce qu'on avait prétendu me faire faire, je n'avais rien compris ! Rien partout : Je savais seulement que j'étais devenu quelque chose d'insignifiant, de négligeable, qu'on pouvait tuer comme un moucheron ou une fourmi !
Mais je revendiquais aussi ma part de pauvre héros dans ce conflit où je n'avais rien vu, rien compris et où je l'étais seulement mis là où l'on m'avait dit.
Et j'avais la haine ! Oh oui, la haine ! La haine risible, impuissante et tragique, contre tous ces grands qui n'avaient pas fait leur métier.
On ne les avait pas mis là pour nous faire guerroyer mais pour nous donner du bonheur ! Je les haïssais ! C'était farouhe et furieux ! Ça me taraudait le cœur.

J'ai tourné le dos au soleil pour aller vers la Suisse. C'était fini pour moi !

Jean Meckert La Marche au canon

vendredi 10 juillet 2020

Des congés de bon goût




Marc Charlan découvre le rock assez tard, après avoir été journaliste à R.T.L, puis animateur à Radio Monte-Carlo et à Europe n°1, ami de Jacques Dutronc, il est comme lui, élégant, flambeur et dragueur aussi loin des blousons noirs  que des dentelles pailletées. il apporte un appréciable regain de vitalité au rock'n'roll, avec des morceaux pleins de rythme et d' humour comme " Ma petite Irène", " Moi j' m' en fous", il apporta une simplicité de bon aloi à une musique qui s' apprécie présentement et n'a d'autre ambition que vous détendre.
(extrait de la bio autorisée de l'énergumène)




Né en 1949 à Rothéneuf, près de Saint-Malo, Jean-Marc Vignon fut essentiellement animateur radio et télévision dans les pires années 1970.
Tel, le phénix, il tenta un retour la décennie suivante sous le nouveau pseudonyme de Rocky Chignolle avec le succès que l'on sait...

lundi 6 juillet 2020

La dernière des Vanneaux



Et bien voilà. Après plus de huit ans d'émissions radiophoniques, d'abord dans la chanson en français avec l'herbe Tendre puis dans le n'importe quoi de partout des Vanneaux, on a décidé de raccrocher.
Avec une pensée émue et reconnaissante pour tous ceux et celles qui se sont succédés au micros de Canal Sud les mardis puis les lundis.
Et comme il était question de liberté :
Georges Auric            À nous la liberté
The Vip's                     I wanna be free
Stinky Toys                 Free from love
Bérurier Noir              Vivre libre ou mourir
Sebastyen & Marta     Hidegen figna kastelek
Pete Seeger                 Freiheit
Tappa Zukie                 Tribute to Steve Biko
Die Schnitter                Abenteuer
Joe Jackson                   Harder they come
La Brigade                    Libérez
Anonymes                     Ithemba Edinalo Inkululeko
Mikel Laboa                  Txoria txori
Pelagia                           Lubia bratci, lubia
Judith Reyes                  Cancion del guerillero
Bakaka Band                  Gobonimada jira
Ennio Morriconne          The beggars march
Surghjenti                      A me patria
J. Higelin                        Le fil à la patte du caméleon
Samuel Hobo                 Freeedom song
The Byrds                      Chimes of freedom

Les amateurs d'archives nous retrouveront sur un bête clic.

Les Vanneaux disparaissent, Ennio Morricone aussi. Finalement, peu de musiciens contemporains nous auront autant touché. Arrivederci maestro !
Et puisqu'il n'y pas de liberté sans révolution, même au cinéma, le thème de La Bataille d'Alger par John Zorn.

 

           
Et un dernier coup de La Souris Déglinguée, juste parce qu'on a un coup de nostalgie de notre rayah.



samedi 4 juillet 2020

L'éternel féminin par Coccinelle

Je ne sais si le gars sur la photo avait cherché la femme, mais il a fini par en croiser sur sa route. On s'excuse car n'a rien trouvé de plus spirituel qu'une photo, souvenir des rues de Belfast de la pire époque, pour illustrer cette rengaine écrite par Bruno Coquatrix himself.
Chantée par Coccinelle, elle fit fureur dans la société corsetée de 1963.



Coccinelle fut une star du "Carrousel de Paris" et de chez "Madame Arthur"
Jacqueline-Charlotte Dufresnoy (née Jacques Charles Dufresnoy le 23 août 1931 à Paris IIIe, décédée le 9 octobre 2006 à Marseille) fut une des premières artiste transsexuelle (le terme transgenre n'existant point encore) à être mondialement connue.
Elle parraina une collègue, Bambi, chez la mère Arthur avant de partir hanter les cabarets berlinois à partir de 1978.
Elle s'établit à Marseille à partir de 1992.
Morte en 2006, une allée en terre-plein central du boulevard de Clichy, à Pigalle, porte désormais son nom.
Elle a tourné six films dans les années 60 et a enregistré une dizaine de disques.

Annapurna de kitch, ce petit film qui lui est consacré.

mercredi 1 juillet 2020

Héros oubliés du rock'n roll : Third world war

On confesse un certain goût pour les marginaux énervés.
Ça tombe bien, les sujets de sa Gracieuse Majesté en ont toujours compté un nombre certain. Voilà une bande qui aurait assurément elle aussi mérité d’être mentionnée au rayon des grands ancêtre du punk rock : Thirld World War.

S’il y eut une terreur, une névrose collective, dans la génération née après 1945, ce fut bien celle de la bombe atomique et la troisième guerre mondiale. 
Difficile de trouver un nom de groupe plus provocateur et peu vendeur, donc.
En 1971, ce qui reste du mouvement hippie britannique, passe son temps à se gratter le nombril, à tâter des drogues dures ou à se passionner pour le dernier album de Donovan.
Ce paysage si peu excitant accouche donc d’un groupe brutal qui jouait avec les potards bloqués au maximum. Ces redécouvreurs de la saine violence de l’époque de la grande opposition entre mods et rockers étaient Terry Stamp (guitariste et chanteur), Jim Avery (bassiste), Mick Lieber (guitare) et Fred Smith (batterie).
Leur manager, l’agitateur John Fenton avait réuni les deux premiers pour écrire des brûlots qui se voulaient révolutionnaires mais trop crades pour être récupérés par le moindre mouvement gauchiste.
Pour l’enregistrement de leur premier album, en 1971, l’ingénieur du son Phill Brown résuma sobrement ses désirs : « J’en avais assez de ces merdes de discours sur la paix. Je voulais un groupe de vrais prolos méchants ». Dont acte. Remarquons au passage que le même bonhomme n’hésitait pas, par ailleurs, à bosser avec David Bowie, Led Zeppelin ou Cat Stevens qui n’avait pas encore croisé Dieu au comptoir d’un pub. Remarquons également que leur petit malin de manager avait tout de même réussi à adjoindre à ces sessions d’enregistrement les renforts de Jim Price et Bobby King aux cuivres, musiciens américains qui accompagnaient les Rolling Stones en tournée. 



Mélange de blues saturé bordélique et saccadé et d’un reste de psychédélisme accompagné d’une voix éraillée, leur musique est considérée, selon les sources, comme un antécédent du heavy metal ou premier groupe punk britannique. À l’écoute, on se dit qu’on a à faire à des sortes de Stooges politisés avec l’accent cockney en prime qui font à l'occase du glam avant la lettre. 
Quant aux paroles, disons que de nos jours les crétins qualifieraient facilement ça de « rock populiste ». Goûtez donc aux titres : Preaching violence, Get out of your bed, you dirty Red ou le fabuleux Working class man.
Suivi par un public respectable (en nombre) le groupe sort un deuxième album sobrement titré Third World War 2 en 1972 . Sauf que ce LP ne se vend pas plus que le précédent. Fenton n’a plus un rond et, pas foutu de fournir une thune au musiciens, le groupe se sépare en 1973.
Un titre que n'aurait pas renié Marc Bolan : MI5*'s alive

 

* Services secrets intérieurs britanniques.