lundi 31 août 2020

Une heure avec Jules Vallès


Bon, ben, puisqu'on nous claironne la rentrée, voici l'occase de revenir sur un individu cher à notre cœur.
Samedi 29 août, dans son émission Concordance des temps, Jean-Noël Jeannneney a reçu Céline Léger qui a écrit Jules Vallès et la fabrique médiatique de l'événement (1857-1870).
Un très agréable moment de radio qui n'apprendra peut-être pas de nouveautés bouleversants aux aficionados du alias Vingtras mais revient avec bonheur sur quelques-uns de ses textes réjouissants.



En sus, la maison vous offre un billet du même, tiré du journal hebdomadaire "irico-blagueur" Le Chat Noir, quatre feuilles tirées jusqu'à 120 000 exemplaires par Rodolphe Salis, patron du cabaret éponyme.
Vallès y commit ce Aux copains du Chat Noir (lu ici par jean-Luc Debattice) qui résume parfaitement son humour et ses humeurs. Suffit de cliquer sur le titre.

Par ailleurs, on craque. Comment faire entendre à des ignorants de journalistes que les nazis n'ont PAS incendié le Reichstag en 1933 et qu'ils se sont contentés de tirer les marrons du feu ?  Et ça prétend combattre les fake news, cette engeance.

vendredi 28 août 2020

Chansons de Françoise Sagan

L'auteure entre deux accidents
De Françoise Sagan, on se souvient généralement de la rubrique mondaine, de la dandy sulfureuse, des bagnole et des casinos de la côte, de ses embrouilles avec l'OAS, de la gauche caviar avant l'heure et de sa chute pathétique à la rubrique des faits divers.
Certains l'ont même lu et pas uniquement Bonjour tristesse.   
On sait beaucoup moins qu'elle a été une auteure, plutôt prolifique, de chansons essentiellement tendres et nostalgiques. Elle a même écrit un ballet entre jazz, rumba et classique Les rendez-vous manqués.  
Travaillant essentiellement avec Michel Magne aux compositions, elle fut interprétée par Juliette Gréco , Mouloudji , Eddie Constantine , Annabel , Diahann Caroll , Dory Langdon, Georges Auric , Dalida , Jacques Datin , H. Lemarchand et Anthony Perkins. 
Le label Frémeaux & associés a publié tout cela en un coffret de deux cds et on se laisse aller à une nostalgie qui nous surprend.

Les jours perdus par Mouloudji.

 
et Juliette Gréco : Sans vous aimer

                             

mardi 25 août 2020

Du rêve, des combats et de la misère sur les océans


Pochette d'après Marooned de Howard Pyle
Ce ne sont pas deux mois d'enfermement et un été ponctué de sauts de puces qui vont nous faire passer l'affection, bêtement romantique, qu'on porte aux gens de mer. On en fit même un thème d'émission du temps où nous nous préoccupions surtout de chansons en français.
Le dernier confinement et quelques kilomètres parcourus en zizique et en suivant nous ont donné l'envie d'exhumer les très recommandables disques conçus par le producteur américain Hal Willner : Rogue's Gallery, Pirates ballads, sea songs ans chanteys.
Un mot du bonhomme qui décéda du (ou de la ?) Covid-19 au mois d'avril dernier à son domicile new-yorkais. Né en 1956, de parents rescapés de justesse du grand massacre de la décennie précédente, Willner eut, à son catalogue de producteur de disques, des gens comme Lou Reed, Marianne Faithfull, Laurie Anderson, les Neville Brothers mais aussi William S. Burrough ou Allen Ginsberg. En 2006, il décida de ressusciter les chants de marins, pêcheurs, soldats et autres forbans des mers dans un premier double album : le Rogue's gallery (qui à l'origine désigne une collection de pièces à conviction judiciaire).
Là où l'affaire est surprenante c'est que le gars fit appel à un parterre improbable d'interprètes de folk, de country et de rock mélangeant artistes très connus dans leur spécialité et parfois tout à fait inattendus (Nick Cave, Bob Neuwirth, Lou Reed, Bryan Ferry, Marianne Faithfull, Sting (si !) Richard Thompson, Martin Carthy, etc.) avec d'autres beaucoup plus confidentiels.
Et l'ensemble, un double album de 43 titres marche plutôt bien vu que la majorité des interprètes semblent s'être pris au jeu et donc, s'être mis au service de leur chanson plutôt que le contraire.
Ça a tellement bien carburé qu'il y eut une suite en 2013, logiquement intitulée Son of Rogue's gallery dans laquelle il fit appel à d'autres pointures comme Tom Waits, Iggy Pop, Shane Mc Gowan, Todd Rundgren, Robyn Hitchcock, Dr John, etc.
Mais c'est une autre histoire, petit aperçu du premier volume :
Richard Thompson dans Mingulay boat song, complainte de pêcheurs des années 1930 tirée d'un vieil air gaélique, Òran na Comhachaig.


Nick Cave, très en jambe pour ce Fire down below, chant de cabestan où on bossait en insultant ses propres officiers, pratique tolérée dans toutes les marines, même militaires. 



Et les très insolites Jack Shit, trio californien formé de Beau, Pete et Shorty Shit reprenant un classique de la Royal Navy, Boney was a warrior, hommage moqueur et dérisoire à Napoléon Bonaparte, surnommé Boney the Bogeyman, fils de Lucifer et bouffeur de gamins.



lundi 17 août 2020

Le blues du justiciable



Une veste usée, un vieux jean
j'ai ciré mes souliers et dit adieu à tout le monde
Avant midi je saurai le résultat
Ou en liberté ou en taule.
Je me suis sapé
Je me me suis sapé pour le tribunal
(...)
Personne ne peut savoir ce que je ressens
Mon avocat me conseille de plaider coupable
Le proc' y va de tout son poids
ils sont tous d'accord, je suis du gibier de pénitencier
Je dis la vérité et ça ne sert à rien
Je suis terrifié d'être moi-même
Ils m'écoutent pour mieux me coincer
La cour affirme qu'il n'y a pas de place au doute
Une témoin a menti, un juré a toussé
Le juge a peur qu'elle n'ait été trop sympa
Je me suis sapé
Je me me suis sapé pour le tribunal...


 

Après avoir été membre des Nerves (trio pop de luxe) en 1970 et fondé les Plimsouls (rock énergique de luxe) en 1978, le fringuant Peter Case  poursuit son bonhomme de chemin, seul, en acoustique depuis le milieu des années 80.

mardi 11 août 2020

Héros oubliés du rock 'n roll : Screamin' Lord Sutch


Vu comme l'époque prête à rire, réfugions-nous encore un coup chez les cinglés. Celui-ci est particulièrement gratiné.
David Edward Sutch, alias Screaming Lord Sutch, troisième comte d'Harrow (1940-1999) n'avait rien d'un aristo, mais quand on est né dans une banlieue bourgeoise et ennuyeuse, autant s'affubler d'un titre nobiliaire.
Étant tombé en pamoison devant le bluesman fantaisiste américain Screamin' Jay Hawkins, auteur de l'immortel I put a spell on you en 1956, il décide de grimper lui aussi dans le train du rock 'n roll au wagon cirque Barnum et autres monstruosités.
Persuadé d'être un chanteur médiocre, accompagné d'un solide groupe, The Savages, il jaillit d'un cercueil ou des coulisses en glapissant, peuple la scène de squelettes et de filles en bikini, adapte des séries Z en show (Sutch et la chute de l'empire romain), rosse des policemen à l'épée ou à la hache.
Les Anglais n'ayant aucun complexe à mélanger Grand Guignol, train fantôme, cabaret et rock, l'affreux personnage  invente au passage ce mélange de rockabilly, de garage et de sous-culture de films d'horreur qui deviendra plus tard le psychobilly, porté à ses plus hautes cimes vingt ans plus tard par les Cramps, de Los Angeles.
Tradition british et (fausse) noblesse oblige, son personnage le plus fameux est resté Jack the Ripper aka Jack l'Éventreur, surnom du légendaire tueur de femmes ayant terrorisé Whitechappel en 1888 tout en entretenant une correspondance moqueuse avec la police qui le pourchassa en vain.
Joué là fin 1964.


L'excentrique tente également une radio pirate, Radio Sutch (what else ?) où entre deux rocks on lit l'Amant de Lady Chatterley, œuvre à la réputation encore sulfureuse. Puis, refusant de porter des jupettes pour les tournées péplum, plusieurs membres des Savages vont se faire pendre ailleurs, Richie Blackmore fondant Deep Purple, Nicky Hopkins allant accompagner les Stones et Roger Warwick rejoignant la formation de Freddie Mark.
Les années 70 seront donc celles de la décadence et de petits jeunes allant plus loin, plus fort, plus vulgaire, dans la monstrueuse parade.
Curieusement, il ne grava que des 45 tours dans les années 1960, la suite étant émaillée de compilations ou d'albums ratés.
Un autre titre de 1964, Dracula's daughter.


Autre particularité du gugusse : il s'est présenté pendant 40 ans aux élections locales avec un succès variable, d'abord sous l'étiquette du National Teenage Party puis, à partir de 1983 pour l'Official Monster Raving Loony Party  (Parti officiel des barjots monstrueux) inspiré d'un sketch des Monty Python et revendiquant le droit de vote à 18 ans, le passeport pour animaux, les pubs ouverts toute la journée. N'hésitant pas à aller défier Thatcher dans sa propre circonscription, celle-ci fera augmenter le coût de l'inscription des candidats pour se débarrasser de l'emmerdeur qui doit écumer les pubs en jouant pour payer sa campagne électorale. 
Dépressif, comme tout authentique pitre, le faux nobliau s'est pendu le 16 juin 1999.


dimanche 9 août 2020

Un hommage à Michel Magne


C'est en tombant par hasard sur un documentaire de Jean Yves Guilleux qu'on a eu envie de s'arrêter sur l'excentrique Michel Magne (1930-1984).
Musicien classique de formation, le gars s'est  vite lancé dans la musique contemporaine dès les années cinquante, en pionnier du synthétiseur, avec des titres que n'aurait pas renié Érik Satie (Mélodie populaire d'un autre monde, Mozart en Afrique, Berceuses pour faire pleurer les gosses de riches, Visions pour un enfer plus clément, etc.) non sans accompagner Henri Salvador à l'occasion.
Mais, a l'instar de son collègue François de Roubaix c'est essentiellement le cinéma qui l'a nourri avec 73 musiques de films au compteur de 1955 à 1984. Il a en particulier travaillé avec Henri Verneuil, Georges Lautner, Costa-Gavras ou Jean Yanne.
En 1962, il a acquit le château d'Hérouville, dans le Val d'Oise, et fait aménager l'aile nord en studio d'enregistrement pour lui-même et d'autres musiciens. On a vu y défiler la crème de l'époque. Côté rock : T Rex, Pink Floyd, le MC5, Grateful Dead, David Bowie, côté variétoche : Eddy Mitchell, Nougaro, Higelin, Adamo, Polnareff, Alan Stivell et tutti quanti.
De 1971 à 1974, la console de mixage fut tenue par le jeune Patrice Blan-Francard.
Piètre gestionnaire, Michel Magne, qui se faisait un point d'honneur à recevoir fastueusement ses hôtes, se retrouve en faillite en 1973 et jette l'éponge. Ayant cédé les droits du studio pour le franc symbolique, ayant perdu ses propres bandes dans un incendie, il en restera profondément déprimé.
Il s'est suicidé le 19 décembre 1984.

La bande annonce du docu de JY Guilleux. 

  

Et Symphonie pour odeurs et lumière tirée de Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil la comédie satirique de Jean Yanne qui fit un monstrueux carton en 1972. Si c'est pas une parodie de Jacques Demy...

 

jeudi 6 août 2020

Fait chaud


En 1963, profitant de la vague de chaleur qui ravage l'Amérique, le trio Brian Holland, Lamont Dozier et Edward Holland écrit Heatwave, parallèle entre l'atmosphère irrespirable et un cœur se consumant de désir.
Le label de soul confortable de Detroit, Tamla Motown, le confia à Martha Reeves et ses Vandellas, en faisant un numéro 4 des ventes de single de l'année.
Les mods étant débordant d'admiration pour les groupes de doo-wop, les Who la reprirent aussitôt. Ici à la télévision française de 1965.


La palme de la version énergique revenant aux Jam sur leur album Setting songs de 1979. Ici tiré d'une VHS pourrie lors d'un show à la TV britannique.



C'était notre rubrique météo et télé d'antan.