mercredi 27 octobre 2021

Magali chez Fellini

 

En 1973, Federico Fellini sort un film mêlant souvenirs d'enfance, nostalgie d'un temps loin d'être innocent et anecdotes fantasmées, Amarcord (je me souviens).
Cette chronique d'une adolescence rurale tantôt comique, tantôt acide, attendrie ou angoissante est une des œuvres majeures du maestro.
Mais outre des prises de vues assez somptueuses, on garde aussi en mémoire le thème musical entêtant écrit par l'indispensable Nino Rota.
Curieusement, le rôle de la femme fatale qui fait cavaler tout ce que la contrée compte de mâles mais qui finit épousée par le plus improbable est tenu par une Magali Noël déjà quarantenaire et étonnamment sobre dans son jeu.
La regrettée alla chanter le thème du film dûment doté de paroles françaises à la télévision suisse en 1976. 
L'occase de la retrouver dans un aspect assez inattendu.  

jeudi 21 octobre 2021

Sur la route de Memphis

 


On ne dira jamais assez de bien du label STAX, de Memphis pour son apport au monde la zizique. Rappelons qu'à la base il s'agissait d'un magasin de disque auquel on accola un studio d'enregistrement et les sessions passaient en direct dans la rue grâce à des enceintes. Ce qui permettait de savoir comment une chanson était reçue et a provoqué quelques beaux attroupements. Imaginez la tête des lycéens sortant de l'école et ayant Otis Redding en direct sur le trottoir ! 
Le 12 mars 1968, Rufus Thomas grava le 45 tour Memphis train en profitant, comme son habitude pour inventer un nouveau pas de danse. 
Ils s'étaient mis à trois pour écrire ça : Rufus lui-même, Mack Rice et Willie Sparks.
 
Jarmush rend un hommage appuyé à cette chanson dans son Mystery train dans lequel le vieux soulman apparaît au milieu d'une belle brochette de collègues de légende. 


 
Les adaptations de standards du rhythm 'n blues ou de soul en français sont généralement catastrophiques. Même s'il existe de notables exceptions.
Dont celle qui suit et qui en son temps nous avait été aimablement signalée par le sieur Wroblewski.
La Québecoise Jenny Rock (Jeanine Bellefeuille de son véritable nom) eut son heure de gloire dans la catégorie variétoche yé-yé des années soixante.
Ce qui ne l'empêcha pas de faire une honorable reprise. Même si c'est du mot à mot et du note à note, il y au moins là du groove.

dimanche 17 octobre 2021

Tranche de vie (christianophobe)

J’apprécie le parc du Singe Charli. C’est le territoire de mon enfance et de mon adolescence. J’y ai fumé mes premières clopes, maté mes premières revues pornos, bu mes premiers litrons… À l’époque, il s’appelait encore parc du Généralissime1. Je me souviens quand on a emménagé Charli, dans un recoin du jardin. Et quand on l’a enlevé. Charli était enfermé dans une grande cage. Il devint célèbre dans tout Jamerdana parce qu’il se masturbait sans aucun pudeur devant tout le monde, comme par vengeance contre l’enfermement. Il aimait bien aussi voler des lunettes et mordre les enfants. Et il fumait. Nous-autres, les gamins, on lui passait des Fortunas (ce singe sybarite n’appréciait que les blondes) et il se les liquidait en deux ou trois bouffées anxieuses. Parfois, il les fumait tout en les réduisant en morceaux. Il disparut subitement, du jour au lendemain, sans que personne ne donne la moindre explication. Mais il était clair qu’il avait été victime d’une purge idéologique.

Quelques années plus tard, quand la municipalité proposa la béatification du fondateur de l’université catholique de Jamerdana, nous, les punks, avons alors exigé celle du singe Charli qui, à notre avis, avait été bien plus utile à la cité. C’était au temps des campagnes d’apostasie et processions athées2. Je me souviens qu’au cours d’une de ces processions, nous avons croisé la vraie, en pleine semaine sainte, et qu’une confrérie nous a attaqué à coup de cierges géants et de crucifix pendant que nous bombardions de canettes le passage de la Dolorosa, argumentant que c’était la meilleure manière d’adorer une Vierge dotée d’un pareil nom. (...)

En ce qui concerne le parc, quelques années plus tard on a changé son nom, il est passé de Généralissime à Constitution même si personne, en ville, ne l’a jamais appelé comme ça et que tout le monde le connaît comme parc du singe Charli avec plus de dévotion que pour n'importe quel saint.

Patxi Izurzun Tratado de Hortografia

 

1Francisco Franco

2Dans les années 1980, de nombreux charivaris anti-cléricaux furent organisés dans les villes basques. Affiche ci-dessus

mercredi 13 octobre 2021

Cecilia Roth déclame du tango

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Avec Fito Páez

Si on a un faible pour l'actrice argentine Cecilia Roth, ce n'est pas seulement parce qu'elle est devenue une des actrices favorites de Pedro Almodovar (elle joue dans sept de ses films) suite à son exil familial à Madrid afin d'échapper à une des dictatures les plus meurtrières de la décennie 1970/1980.
C'est aussi parce qu'elle a eu une carrière impeccable après avoir regagné son pays en 1990. On ira même jusqu'à considérer Un lugar en el mundo d'Adolfo Aristarain (1992) comme un des films les plus émouvants jamais tournés dans l'histoire du septième art.
Elle a toujours fréquenté des musiciens et a même été la compagne de Fito "el Flaco" Páez qui lui dédia une chanson de son disque Enemigos intimos (avec Joaquin Sabina).
On la retrouve également dans un des disques du trio Gotan Project* (Eduardo Makaroff, Christoph Müller et Philippe Cohen Solal) récitant un très beau poème de Juan Gelman Confianzas. Ça se trouve sur l'album Inspiración-Espiración (2004).


 

"con este poema no tomarás el poder" dice 
"con estos versos no harás la Revolución" dice 
"ni con miles de versos harás la Revolución" dice 
y más: esos versos no han de servirle para 
que peones maestros hacheros vivan mejor 
coman mejor o él mismo coma viva mejor 
ni para enamorar a una le servirán (...)
 
* Qui accompagne occasionnellement Catherine Ringer ou Brigitte Fontaine.

vendredi 8 octobre 2021

La grande escroquerie du documentaire

 

Chroniquer un film ou un album récemment sorti n'est pas la coutume de ce bouzin. Mais là, vous pourrez pas dire qu'on vous aura pasprévenu.
On avait pourtant la crainte de se faire avoir en allant voir Crock of gold, documentaire de Julian Temple consacré à la gueule cassée du (post ?) folk rock irlandais, Shane MacGowan, ci-devant chanteur et auteur compositeur de The Pogues. Le réalisateur, biographe habitué du show-biz plus ou moins punk, étant avant tout un monteur qui fait défiler des séquences à toutes blinde, on espérait au moins quelques archives savoureuses. Même si le même réalisateur a la détestable habitude d'inviter dans ses films deux ou trois personnalités bling-bling ayant peu à voir avec le sujet mais susceptibles d'attirer une chronique dans la presse qui, soi-disant, compte.
Soyons juste, il y a bien quelques séquences dignes et toute l'enfance édifiante du personnage dans une ferme plus que modeste du comté de Tiperrary est l'occase d'un agréable dessin animé. C'est désormais classique lorsqu'on manque d'images et c'est bien mieux réussi, plus modestement, dans le film de Jarmusch sur les Stooges.
Mais là où Temple passe les bornes, ce sont lors d'interminables séquences avec un Shane McGowan tellement abîmé qu'un malaise s'installe assez vite devant une  exhibition faisant fi de toute dignité. Et puisqu'on parle de personnalités à la con, non seulement le réalisateur est infoutu de s'entretenir avec d'ex membres des Pogues (si, si, il reste quelques survivants) ou des proches ayant bossé avec eux (Costello, les Dubliners...) mais il convoque des guignols comme Johnny Depp (ok, c'est lui qui a payé le film) ou pire, un vieux politicard retord comme Gerry Adams pour transformer ce pauvre Shane, réduit à l'état de loque, en patriote héros de la cause irlandaise. A touch of revisionism !
Précisons au passage que notre antipathie vis à vis du leader de Sinn Feinn s'étend largement, voire en pire, à ceux du camp d'en face, ça c'est fait.
Restent l'histoire d'un incurable inadapté social et quelques bons mots : Tout le monde s'était mis à écouter de la World Music et je me suis dit ben, on va vous en donner. Et vous méprisez les Paddy ? On va vous remettre un couche de Paddy!
Et la plus belle, la plus cafardeuse, des chansons de Noël, en duo avec KIrsty McColl (elle-même fille d'Ewan, auteur de Dirty old town)

  

Un film qu'on peut ne pas aller voir. Ça nous apprendra...
De toutes façon, les cinoches sont déserts.

lundi 4 octobre 2021

Béranger chez les Belges

 

On a découvert cette captation de 1975 accompagnée d'un commentaire pertinent sur Le journal de Jane. Et on se fait une joie de relayer.
L'émission Flon flons de Tom Goldschmidt à la RTBF avait enregistré, au moins en partie, un concert à Charleroi à une fête du MOC (Mouvement ouvrier chrétien).
Malgré des conditions sonores un peu limite et un public un peu trop éloigné de la scène, ce bougon de Béranger n'hésite pas à se montrer assez déconnant.
Par contre, on dirait que le groupe s'emmerde un peu par moments. Ils étaient l'inévitable Jean-Pierre Alarcen à la guitare, Gérard Cohen à la basse, Jean-Lou Bossenne à la batterie et Claude Arini au claviers. 
Ils interprètent quelques classiques :  La fête du temps, Le tango de l'ennui, Le monde bouge, Tranche de vie (un peu lente), Magouille blues (particulièrement indiquée cette année) et Manifeste. Avec, en sus, quelques entretiens, toujours aussi sympas, entre les morceaux.
Quarante-neuf minutes de nostalgie...