mardi 30 août 2016

La rentrée sera violente

Aiguisons les eustaches, les bourgeois vont morfler
Dans notre pays, l'hiver a été violent, le printemps a été violent, l'été a été violent.
On ne va donc pas en faire des caisses au sujet de l'état d'urgence qui s'est installé pour ne plus s'en aller, du mépris des travailleurs, des étrangers, des pauvres en général, des assassinats qui permettent à certains de se faire une célébrité toute posthume via internet (enfoncés les punks originels !), etc, etc...
Comme disait un certain Thomas More : Que faites-vous donc ? Des voleurs, pour avoir le plaisir de les pendre. (L'Utopie 1516)
Aussi tel notre joyeux indigène de type bordelais, en photo ci-dessus, l'Herbe Tendre sortira ses surins, pouchkas, titines et autres casse-têtes pour débattre en public et à la déloyale du thème de la violence en chanson (et en fanfare si vous êtes sages) le lundi 5 septembre à 18h sur cette bonne vieille Radio Canal Sud. 

Ça va gicler, vingtdiou !


Pour patienter, un blues (ou est-ce un hillbilly countrysant ?) extrait du très chouette album de Sanseverino, variation consacrée au livre "Papillon", ou comment accommoder les mouchards, balances et autres sycophantes. 

samedi 27 août 2016

En attendant la grève des transports (Brassens)

Le coup de la panne (1944)
Pour célébrer les embouteillages de fin de vacances et une rentrée accompagnée d'entassement dans les transports en commun, voici un petit coup de nostalgie. On vous avait présenté cette chanson dans cette vieille émission.
Comment sourire des galères quotidiennes ou prendre l'occupation à la légèreté, entre soulagement, honte diffuse, retour à une normalité pas si gaie, pénurie qui s'éternise et début d'amnésie collective.

Brassens ne jurait pas que par Charles Trenet et Johnny Hess, il reprenait, à l'occasion les chansons populaires de sa jeunesse.
Celle-ci fut écrite par Jean Boyer en 1945 pour être interprétée par Georges Tabet.
Il existe également une version assez speedée par les Ogres de Barback, mais on trouve celle-ci nettement meilleure.

Comme souvent, notre moustachu tranchait dans le lard ou modifiait le morceau à sa guise. On constatera ci-dessous qu'il manque à sa version la fin originelle de la chanson de Boyer.
Je vais apprendre demain
À me tenir sur les mains
J'irai pas très vite, bien sûr
Mais j'userai plus mes chaussures
Je verrai le monde de bas en haut
C'est peut-être plus rigolo
J'y perdrai rien par surcroît
Il est pas drôle à l'endroit
 

Pour peu que sur le trottoir, j'aie la chance
De mettre la main en plein dedans
En plein dedans de la chose que je pense
Je serai l'homme le plus content
Ça me portera bonheur
Et ça me donnera du cœur
Pour attendre patiemment
Ma future traction avant

mercredi 24 août 2016

Mac Kac, premier rocker français ?


Jazz Magazine, 1956
On connaît assez peu Baptiste Reilles (1920 Toulouse - 1987 Sète), alias Mac Kac.
Enfant de maquignon, rien ne le prédestinait à la musique. Mais il est tombé amoureux du jazz et a été biberonné à la trompette de Louis Armstrong et aux accords de Django Reinhardt.
Il est par ailleurs considéré comme le pionnier du rock'n'roll en France.
C'est en tout cas, le premier, en juin 1956, à avoir mentionné le mot rock'n'roll sur la pochette de son 45 t (sur le label Versailles !!!!) à peine quelques mois avant son copain Henri Cording, plus connu sous le nom d'Henri Salvador.
De fait, il ne s'agit de rien d'autre que d'un swing relativement enlevé et tout à fait classique. Bref, un "rocker" sorti par hasard, un peu à l'instar ce vieux balochard de Bill Haley aux States.
Parmi les quatre titres du disque, Great big bulging eyes, un rhythm'n blues assez lent, fit fureur.
Il était écrit par Sacha Distel sur une musique très swing de Bill Byers.
D'autres galettes suivront. Mais Mac Kac reviendra à ses premières amours et sera surtout le batteur de Moustache.
Il est enterré à Sète, à deux pas de son pote Brassens.

vendredi 19 août 2016

Mouloudji chante Theodorakis à Biribi



Le très cruel roman de Georges Darien, "Biribi" a été adapté au cinéma avec, dans les rôles principaux Bruno Crémer, Georges Géret et Pierre Vaneck 
On avoue ne pas avoir vu cette production franco-tunisienne de Daniel Moosman (1971) de laquelle est extraite la chanson qui suit.
La musique en fut confiée à Mikis Theodorakis qui, depuis quelques années cartonnait sur le grand écran (Zorba, Z, Serpico, État de siège...)
Responsable du KKE (parti communiste), membre de l'ELAS (Armée populaire de libération)  au cours d'une guerre contre l'occupant nazi, évoluant en guerre civile, ininterrompue pendant sept ans, Theodorakis avait connu arrestations, tortures et déportation sur l'île bagne de Makronissos. En parallèle il suivait des cours au conservatoire d'Athènes. Ce qui lui permettra de gagner la France en 1954 avant de retourner se faire tabasser par les sbires des colonels en 1967. Sa renommée lui ayant sauvé la peau, il sera banni par les militaires sous la pression de personnalités aussi diverses que Dimitri Chostakovitch, Leonard Bernstein, Henry Miller ou Harry Belafonte. Il deviendra ensuite la coqueluche des personnalités de gauche. Mais sa musique restera marquée par le désespoir de ses années de détention. Et aussi, pour être juste, par une certaine emphase toute "réaliste socialiste" (on va pas dire "stalinienne" à tous les coups). 

C'est à notre cher petit Marcel qu'on a confié l'interprétation des chansons du film. Ce qui charme nos oreilles.
 

mardi 16 août 2016

Parenthèse d'actualité : victime des vacances

Vous avez dit récupération ?

Un public pas toujours conquis
Et encore un syndicaliste qui tombe en période de congés payés !
On s'en est payé tout de même une tranche, du temps temps où le camarade ex cheminot toulousain Georges Séguy était à la tête de LA centrale ouvrière (sous l'étroite surveillance de Benoît Frachon, il est vrai, et avant de se faire débarquer par le très orthodoxe Henri Krasucki).
Pour mémoire, un très édifiant document du joli mois de mai où l'on constatera que le Rougeaud savait exploiter toute situation.
Tendez l'oreille, ça devient franchement hilarant à 3.05 minutes !
On aimerait entendre ça plus souvent et ailleurs qu'en archive.
Pour rappel et sans la moindre nostalgie, un bref d'entretien avec quelques-uns des gars qui vont ensuite faire entendre le fond de leur pensée au chef.


Et en guise de dernier hommage au Gros qui Tâche, cette bluette de Vanessa Hachloum (l'actrice Jacqueline Danno) tirée du disque de 1972 Pour en finir avec le travail conçu par Jacques Leglou.
En cliquant sur le lien, on aura tout le détail de cette bonne œuvre.


dimanche 14 août 2016

Jean-Bernard de Libreville

Chaib Bouri, c'est son vrai nom, était mineur lorsqu'il a signé ses premiers contrats de chanteur.
Il n’a donc jamais choisi de s’appeler Jean-Bernard de Libreville, c’était une idée de Germinal Tenas, son premier producteur .
Il publie son premier album à 17 ans et malgré un certain succès d'estime dû à "La Juxtaposition 210 ", il n’a pas du tout connu ensuite la carrière que beaucoup lui promettaient.

Véritable B Traven, de la musique rock, psyché et free jazz, il va jouer a brouiller les pistes. Ainsi, il commet deux singles en 1971 puis deux autres en 1977 / 1978 sous les noms respectifs de Cyril Savine, puis Cyril tout court. Enfin, un autre 45 tour en 1987 signé par "Chaïb". 
S’il publiait en 1966 un album unique "10 minutes 30 secondes d’hyperno-music", son disque suivant sous le patronyme de Jean-Bernard de Libreville ne sortira de la cave dans laquelle il reposait que... 40 ans plus tard. Il se nomme tout connement "Allons-y gaiement" et n'est consacré qu'à l'activité sexuelle.
Un bon exemple de sa fantaisie prémonitoire : En chômage ! 


Jean Bernard de Libreville - en chômage - par aurebeorn

En cliquant ici vous aurez sa looongue biographie tirée de son site officiel (le pas périmé) sur lequel on trouve aussi ses poèmes, dessins, photos et autres joyeusetés. Vaut le détour ! 
Et voilà le titre phare de son tout nouvel album enregistré il y a quatre décennies :


Actuellement, Jean Bernard de Libreville prépare un nouvel album puisé dans une quantité impressionnante de travail musical inédit accumulé au fil des ans, pendant que les guerres continuent à faire des ravages sur la planète.
(extrait de sa bio)

lundi 8 août 2016

Pussy Galore reprend Gainsbourg


Vous connaissez forcément Honor Blackman.  
C'était elle, Cathy Gale, partenaire de Patrick Mc Nee dans la série The Avengers (en froggy "Chapeau melon et bottes de cuir") de 1962 à 1964.
Elle avait débuté au cinéma en 1947 et tenu notamment le rôle de la déesse Héra dans le péplum fantaisiste (y en a-t-il d'autres ?) Jason et les Argonautes (1963).
À 38 balais, elle a aussi été "Pussy Galore", opposée à Sean Connery dans le James Bond Goldfinger (1968).
Lorsqu'elle ne tournait pas dans de gentils nanars (et ce jusqu'en 2012), la dame s'essaiyait à la chanson.
Et c'était plutôt réussi, voyez cette reprise de La Javanaise pourvue des paroles ironiques dont le titre donne "Les hommes vont te décevoir" et qui conseille aux jeunes filles de renvoyer ces messieurs chez leurs chères légitimes.



Et pour amateurs de série ringarde, en duo avec Patrick McNee. So british...

lundi 1 août 2016

Trois versions de l'attente : Rina et Django et Rudi



 

 Cesarina Picchetto naît à Sarzana (Ligurie - Italie) le 1er mars 1911.
On la retrouve, en 1932, à Montmartre où elle chante, au Lapin à Gill, des airs pas très connus mais plutôt bien choisis. Sous le pseudo de Rina Ketty, elle y interprète Delmet, Botrel, Gaston Couté ou Yvette Guilbert...


Son accent rital fait un tabac.
Elle ne chantera plus que des chansons plutôt exotiques grâce à son fameux accent en étant accompagnée par son futur mari, l'accordéoniste Jean Vaissade.
En 1938, elle interprète une rengaine italienne de Nino Rastelli adaptée par Poterat.
Gros effet ! Voilà qui sera le plus gros succès de toute l'Occupation, plus encore que Lili Marleen (dont ou vous avait touché deux mots).
Rina ne va guère jouir de sa renommée pendant cette occupation, adoptant une neutralité totale, elle décide de ne se produire qu'en Suisse. Et à la Libération, elle se retrouve délaissée, oubliée par son public. Ringardisée, la "chanteuse sentimentale exotique" de Sombreros et mantilles sera assez vite remplacée par Gloria Lasso ou ... Dalida. Elle s'exile donc au Canada en 1954 et gagnera une certaine renommée au Québec, tournant aussi dans les réserves indiennes.
Après un retour discret en France, elle meurt en 1996.





 Tout à notre exhumation de cette scie musicale, on n'a pas résisté pas à la joie de vous envoyer une autre version issue des années noires, nettement plus swing. Ce n'est pas là, l’œuvre d'un zazou (quoique) mais du grand, du merveilleux, de l'indispensable Django Reinhart, ici filmé en 1939.



Et puis, notre correspondante à Leipzig* nous signale la version allemande de Rudi Schuricke. 
On visionne donc la vidéo et là, on se de demande pourquoi diable semble-t-elle avoir été posée par un nostalgique de la Kriegsmarine ?
Explications d'Alexandra :
"La version originale est connue en Allemagne, grâce au film das Boot, mais la version allemande me semble (très subjectif) connue plutôt par les gens hmmm... nostalgiques de cette époque... ou du moins l'ayant vécue.
Rudi Schuricke
Ce qui m'étonne c'est qu'un homme chante cette chanson, Komm zurück signifie "Reviens" ou "Rentre", j'aurais imaginé que ce rôle fut dédié à une femme, dans une position d'attente à la maison / patrie. Mais justement j'ignore si la politique culturelle donnait la voix, le devant de la scène, aux seuls hommes.
Dans tous les cas, Marlène Dietrich était prise ailleurs...
C'est avant tout une déclaration d'amour, en dépit de l'éloignement, la confiance et l'assurance d'un bonheur éternel renforce l'amour de l'un pour l'autre.
Et dans un Reich de 1000 ans, le bonheur ne peut qu'être éternel... histoire de replacer la chanson dans son contexte
Ce qui m'a frappée dans la version allemande c'est vraiment la force et réciprocité dans le couple. "J'attendrai" à une tonalité toute autre, à mon sens.


En ce qui concerne Rudi, il semblerait que son quintet se soit décomposé en 1935, deux de ses compères n'ayant pas particulièrement d'affinités avec le NSDAP et les gais lurons de l'époque. Monsieur Schuricke pendant la guerre est de tous les fronts: concerts pour soldats et mobilisés mais aussi concerts privés pour des huiles. Son Trio chante pour la bonne cause nazie et brocarde W. Churchill. Une de ses chansons sera cependant censurée jusqu'à 1946 !! "Capri-Fischer" relate les bonnes vacances passées au bord de la mer, ce qui en temps de guerre est mal vu, faut pas déconcentrer les troupes avec de telles inepties. 
Sinon, le monsieur à eu moins de succès une fois le rock débarqué dans l'Allemagne de l'Ouest. Il a fini sa carrière professionnelle dans l’hôtellerie, un club de danse et une laverie."
Viele danke, Alex !
Reviens ici quand tu veux.

* Si vous n'êtes pas amateurs de bastons napoléoniennes et que vous ne situez donc pas bien, ça se trouve un peu plus à l'Est que Roeschwoog.