dimanche 24 avril 2022

Arno Hintjens (1949-2022)

Depuis que, dans une cité toulousaine du début des années 1980, un ami belgo-calabrais nous fit connaître TC Matic et Front 242, dans combien de conversations, dans combien de chantiers, dans combien de beuveries nous as-tu accompagnés ? Pas quantifiable.
Et je n'ai pas mémoire de m'être ennuyé un seul instant à aucun de tes concerts.
Alors, même si on s'y attendait un peu, que la terre te soit légère, l'artiste.
 
 
Un p'tit retour aux origines

 



samedi 23 avril 2022

Rimbaud en chanson (7) : Patria dulcis est

Hommage à Michel Bouquet
 
Que dire de sensé ou de clairvoyant au sujet du naufrage électoral annoncé ?
Rien qui n'ait déjà été formulé ailleurs et en mieux.
Juste une pensée pour ce piètre pays où encore heureux qu'il y ait des poètes.
Car les rejetons de France furent remarquablement dessinés par le cher Arthur dans Une saison en enfer (1873) dont nous enverrons deux versions de son deuxième poème, Mauvais sang, en souhaitant, en passant, aux nationalistes de s'étouffer dans leur vomi.

D'abord par Franklin Hamon alias Papillon de mai 
 
 
Et par le camarade chevrotant

mercredi 20 avril 2022

La nausée


 All over people change their votes

Along with their overcoats

If Adolf Hitler flew in today,

They'd send a Limousine anyway.

The Clash White man in Hammersmith Palais (1978)

lundi 18 avril 2022

Colette Renard écolo


Il est presque comique d'assister à la surenchère écologiste de ce moment électoral. Outre l'hypocrisie saisonnière, ils sont prêts à tout promettre pour avoir les clés du pouvoir.
Question écologie, on a pensé à cette curieuse chanson de Colette Renard qui ne faisait donc pas que dans la chanson leste. Associée au compositeur et chef d'orchestre Raymond Legrand, qui sera son second mari et son Pygmalion, il lui avait écrit, entre autre, la chanson L'arbre et l'Homme qui lui a valu le prix Brassens en 1956. 
 

mardi 12 avril 2022

Chris Bailey (1957-2022)

 


Il y a longtemps, on avait déjà écrit toute l'affection qu'on ressentait pour Chris Bailey, auteur, compositeur, chanteur irlando-australien.
Il nous a quitté samedi dernier à l'âge respectable de 65 ans. Respectable car le gars ne s'est pas vraiment économisé.
Que dire, à part que c'est encore une partie de notre vie qui fout le camp.
Ses parents avaient quitté Belfast en 1965 (on les comprend un peu) pour Brisbane, Coincé par l'intense vie culturelle régionale (en gros t'écoutes du hard rock ou la fanfare municipale en kilt) le petit Chris met un grand coup de pied dans la fourmilière en montant un groupe d'excités en 1974, Kid Galahad and the Eternals. Leur pub rock speedé n'ayant qu'un succès d'estime, il faut attendre 1976, et l'apparition des Sex Pistols pour que EMI, qui recherche des énervés, distribue leur premier album, proto punk rock, (I'm) stranded qui leur vaut un succès immédiat en Angleterre. Ah oui, entretemps, ils se sont rebaptisés The Saints.

S'ensuivent au moins cinq albums majeurs, un bon nombre de ruptures et de remaniements qui laisseront Chris seul membre original du groupe. Ce qui a beaucoup agacé l'ex guitariste, l'excellent Ed Kuepper, qui jouera désormais dans The Aints, manière de dire "et je t'emmerde". Ces deux là finiront par se rabibocher. Premier et quasi unique groupe de punk à inclure une section de cuivre, The Saints n'empêche pas Bailey de suivre une carrière solo plus mélancolique, plus celtique. 
Perso, on a toujours eu un faible pour le premier album sous son nom, entièrement acoustique, Casablanca (1983)

Un copain, nous rapporta l'anecdote où Chris se produisant seul dans un bar de la banlieue parisienne, un autre gars avait l'air fort impatient de participer jusqu'à ce qu'on lui dise "Vas-y Schultz, demande-lui !" Et le concert s'acheva en duo. On regrette un peu d'avoir raté ça.
So long, chap. Tu chantais toujours aussi bien.


vendredi 8 avril 2022

De l'antifascisme conséquent (Parme 1922)

 

 

 
Bien loin du patriotard requin fier de son orgueil de race, conscients que notre Patrie est là où se trouvent les peuples opprimés : Ouvriers, masses laborieuses, Arditi d'Italie À NOUS!
 
Sauf énorme et pas forcément agréable surprise, l'élection qui vient se jouera entre le petit marquis méprisant et la dédiabolisée par la grâce d'une crevure qui a joué au crétin utile. Le fascisme est donc à nos portes.
Ce qui nous permet de revenir une bien belle histoire et rappeler qu'il n'y a qu'une façon de traiter avec ces gens là. Même si on n'est pas en Italie en 1922, manquerait plus que ça !

Durant la première grande boucherie mondiale, les Arditi (hardis, courageux) étaient des troupes d'assaut italiennes, équivalent de nos nettoyeurs de tranchée ou des futurs commandos. Ces unités d'élite hyper entraînées et jouissant de privilèges que n'avait pas la piétaille ordinaire furent une véritable caste guerrière marquée, à la fois d'esprit patriotique et d'un mépris pour l'autorité, l'État et la bourgeoisie, d'où de nombreuses bagarres avec flics et carabiniers (ces planqués).
Pour le patriotisme, vu la reconnaissance de la Mère Patrie vis à vis de sa chair à canon, les 40 000 Arditi démobilisés ont monté leurs propres associations, se sont rapprochés des futuristes, ont été nombreux à participer à la tragi-comédie de la République de Fiume rêvée par Gabriele d'Anunzio et un bon nombre a rejoint les rangs du fascisme naissant.
Tous ? Non ! Sous l'impulsion d'ex combattants anarchistes et socialistes, en juillet 1921, sont fondés les Arditi del Popolo (Arditi du peuple) mouvement paramilitaire destiné à s'opposer en actes aux chemises noires et autres squadristes.  Un de leurs slogans était Arditi, non gendarmi ! (Arditi! Pas flics!) en cette année où la violence fasciste se déchaîne contre le mouvement ouvrier. Même si Antonio Gramsci les admire publiquement, les communistes n'entrent généralement pas dans ce mouvement puisqu'ils ne dirigent pas.

L'anarchiste Malatesta avec des Arditi del Popolo
 
Voilà pour l'ambiance, voyons le décor. 
En août 1922, nous sommes à trois mois de la Marche sur Rome et les hordes mussoliniennes ont à peu près nettoyé le pays de tout ce qui pouvait s'opposer par force à leur montée au pouvoir. Une grève générale appelée suite à de sanglants affrontements à Ravenne (où plus de 3000 squadristes ont été repoussés par les Arditi del Popolo) s'achève lamentablement à cause de syndicats terrifiés. 
Reste un caillou dans la botte : la ville de Parme où les chemises noires subissent revers sur revers et où la grève s'installe. L'épicentre de la résistance se situe dans le quartier populaire d'Oltre Torrente et le responsable local des environ 300 AdP locaux est le socialiste Guido Picelli qui organise patrouilles et plan de défense depuis des mois et a monté un Front uni avec tous les autres groupes d'autodéfense prolétarienne. 
Guido Picelli
Farinacci, chef fasciste régional a donné 48 heures aux rouges pour faire place nette faute de quoi ses troupes ravageront les quartiers populaires. Comme de bien entendu, forces de l'ordre et militaires se retirent complaisamment. 
Le 2 août 1922, près de 10 000 squadristes passent donc à l'attaque et tombent sur des barricades, des rangées de tranchées, de câbles électriques, de barbelés et même des champs de mines artisanales. 
Les chemises noires sont reçues à coup de fusil, de revolver, de briques, de grenades, de bouteilles d'essence, de vitriol, d'huile bouillante, de traverses, de pierres...de tout ce qui peut faire mal.
Toute la population s'y est mise  hommes et femmes, vieillards et gamins et logiquement, les mussoliniens prennent une belle dérouillée.
Évidemment, comme il est hors de question de rester sur pareille humiliation, Mussolini écarte l'incapable Farinacci et envoie son bras droit mater Parme : Italo Balbo.
Et les combats reprennent, vague après vague, cinq jours durant, l'assaut fasciste va s'écraser contre les défenses des quartiers d'Oltre Torrente, Naviglio et Saffi. 
L'enjeu semble de taille, Balbo note dans son journal Si Picelli arrive à vaincre, les subversifs de toute l’Italie vont relever de nouveau la tête. À 10 combattants contre 1, les fascistes tombent comme des mouches et la débandade se profile. 
Le commandant militaire de la place, toujours vautré dans sa neutralité, finit par communiquer à Balbo qu'il n'est pas en mesure d'assurer la sécurité de ses hommes. Finalement, dans la nuit du 6 août, les fascistes refluent et quittent la ville non sans emporter plus de quarante cadavres et un nombre élevé de blessés. Du côté des défenseurs, on déplore 5 morts. 
Balbo à gauche de son maître
 
Contrairement aux prévisions d'Italo Balbo, l'expérience victorieuse de Parme ne sera pas suivie d'effets : syndicalistes, socialistes, communistes feront la sourde oreille aux appels de Picelli et trois mois plus tard Mussolini sera installé dans l'Aventin. 
Pas rancunier, Picelli entre au PCI, avant de s'exiler suite à une condamnation de cinq ans. Il meurt en Espagne, le 5 juin 1937 à Mirabueno (Guadalajara) à la tête de sa section de la Brigade Garibaldi au cours d'une des rares victoires de la république qui y écrasa... les forces fascistes italiennes. 
Quant à Balbo, il attendra 1933 avant d'oser revenir à Parme, comme ministre de l'aviation (la ville possédait des usines aéronautiques) et auréolé de ses traversées aériennes transatlantiques. Ce fut pour y découvrir cet énorme graffiti en dialecte parmesan : Balbo, tu as traversé l’océan mais pas le torrent Parma !
Voilà, on vous a raconté ça, faites en ce que vous voulez.
Tiens ? Un groupe qui s'appelle par hasard Oltre Torrente et qui chante sa bonne ville rebelle, Parma brucia.
 
Et une belle affiche commémorant ces journées d'août à la gloire des Arditit del Popolo au son du vieil air anarchiste Figli dell' oficina
 
Chanson reprise, à son tour par nos Parmesans, la boucle est bouclée.
 


mardi 5 avril 2022

Chant macabre

 

Rue de Boutcha
Rue de Boutcha

Il y a trois chemins. Au premier, tu perds la vie ; au second, tu trouves la mort ; au troisième, par le fer et le feu tu périras... 

Comptine ukrainienne

samedi 2 avril 2022

Les infortunes de la réalité

 
La preuve en est fournie par l'affiche ci-dessus (en réalité, une photo du quartier de Vallecas bombardé par les fascistes durant la bataille de Madrid) , les fake news ne datent pas d'hier. Simplement, avant on disait bobards, propagande, bourrage de crâne, etc. Ce genre d'infamie n'est en rien l'apanage de l'extrême droite.
Mais en ce moment, pris entre la tragédie de la guerre et la tragi-comédie électorale nous sommes particulièrement gâtés.
En plus, il fait un temps dégueulasse.
Alors vous comprendrez qu'on soit un peu bougon.
Et que l'archive (1984) qui suit résume assez bien notre état d'esprit bougon.
Même si ça nous rajeunit pas.