lundi 6 avril 2020

Variations confinées


Allez puisque aujourd'hui les nouvelles ne sont pas QUE mauvaises : baisse (provisoire ?) des morts et des hospitalisations en Italie, Espagne et France, manifestation à Berlin, premier ministre britannique à l'hosto, armée espagnole conspuée au Pays Basque, on va enfin se permettre un peu d'auto apitoiement sur notre "prison*" qui est loin d'être un royaume.
En italien, le confinement a été beaucoup employé dans la période pendant la double décennie 1922, 1943. Il consistait à isoler les individus déplaisant au Duce et à sa clique dans des endroits hostiles et, si possible, paumés après une bonne tournée d'huile de ricin.
En anglais, le solitary confinment fut d'abord une punition pratiquée par les quakers consistant à boycotter un membre de la communauté en guise de châtiment. Par extension, le terme est devenu une torture carcérale classique, la mise à l'écart d'un prisonnier privé de tout contacts humains.
Il est devenu au figuré symbole la solitude urbaine et sociale.

The Members fut un groupe formé en 1976 à Camberley (banlieue londonienne). Ses membres les plus stables de leur grande période furent Gary Baker et JC Caroll à la guitare, Chris Payne à la basse, Adrian Lillywhite (le frangin du producteur punk) à la batterie et Nicky Tesco (Marcel Monop' en français) au chant et aux paroles. On l'a croisé depuis dans un film de Kaurismäki.
Forçats du circuit des pubs de la capitale, ils ont accédé à la force du poignet à une place d'honneur en deuxième division du punk rock, comprenez, ces mecs qui ne seront jamais des stars ni ne feront du fric mais pour qui tous les amateurs ont estime et affection.
En 1979, un peu tardivement donc, sort leur album historique At Chelsea night club qui se clôt par ce qui aurait pu être un tube : Solitary confinment, histoire d'un prolo venu d'une cité de banlieue, attiré par les lumières de la capitale où il n'a trouvé qu'une solitude virant à la claustration.


L'isolement moral menant logiquement à la misère sociale, un autre combo de banlieusards, férus de Clash et de Ramones, le power trio Newton Neurotics donna une nouvelle jeunesse à la chanson sous le règne de bloody fuckin' Thathcher en narrant la misère du chômeur immigré dans la grande ville pour des nèfles.
Ça s'appela donc Living with unemployment (sur le live de 1987, Kickstarting a backfire nation) 



À son tour repris, ces dernières années par les skins antifascistes et Gallois de Oppressed dans une version un peu plus Oï. La boucle est bouclée.



* n'exagérons rien, on a une pensée pour les "vrais" taulards qui peuvent toujours courir dans leur cellule. 

4 commentaires:

  1. Nina Simone, en 1982, "Vous êtes seuls, mais je désire être avec vous"
    https://www.youtube.com/watch?v=OujzFp0gR-8
    extrait de son album qui vient d'être réédité :
    http://exystence.net/blog/2020/04/04/nina-simone-fodder-on-my-wings-1982-reissue-2020/

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  2. Repris ces dernières années par The Oppressed... Ça date tout de même de leur album Music For Hooligans en 1996. Et même si elle tape vachement plus que la version des Newton Neurotics, ça vaut toujours pas l'originale. faut dire que les deux premiers albums des Members ne contiennent que des tubes !
    Bref, c'est effectivement de circonstance. La bibise !

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    1. Cher Chéri. C'est parce que le vieux con que je deviens a du mal à savoir ce qui s'est produit après 1996.
      C'est désolant, je sais.

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