Solitude, Arcadia county, Virginia. |
Une fois les marchés (non, pas ceux de plein vent) et le patronat rassurés, y'a plus qu'à bricoler le grand n'importe quoi habituel. Et on dirait que le dé-confinement est moins pénible au soleil. Si ça se trouve, Alsaciens et Franc-comtois resteront coincés plus ou mieux que nous autres du sud-ouest, ou bien... en fait, on n'en sait rien.
Quant aux écoles, premières à fermer et premières à rouvrir, faut bien que les darons aillent au turbin. Heureusement, comme au bon vieux temps d'avant, nos vaillants syndicats seront prêts à cogérer pourvu qu'on leur laisse un strapontin.
S'il est bien trop tôt pour tirer le moindre bilan de la mise entre parenthèse de la populace, contentons-nous de constater plusieurs petits faits.
Nous ne pensons pas être les seuls à avoir remarqué que l'excitation des premiers jours du Grand confinement, la colère, la circulation d'idées a assez vite fait place à ce qui ressemble à une morne résignation. On rappelle qu'il y a tout de même un paquet de compte à régler. Et on espère que le fait de nous permettre une sortie sans ausweis ne nous rendra pas collectivement plus soumis par la peur d'y retourner. Ce qui est loin d'être exclu, vu que la deuxième vague nous attend au tournant.
D'autre part, un indécrottable militant restant un indécrottable militant, chacun, chacune, voit dans les évènements en cours la confirmation de son idéologie préexistante : les décroissants décroissent, les partisans d'un État tout puissant rêvent d'une grande planification, de nationalisations, de plans quinquennaux... les radicaux postmodernes s'imaginent qu'il suffira d'une bonne poussée pour en finir le capitalisme. Vous vous souvenez du coup du dynamitage des rapports sociaux, les gars ?
À de notables exceptions* près, la plupart des textes qu'on a vu circuler ne servent qu'à affirmer des positions déjà connues et à prêcher à des convaincus en circuit fermé, lorsqu'il ne s'agit pas d'un lyrisme de pacotille au service d'un millénarisme new look (on ne citera personne, on hait la délation).
Dernier constat, on n'en peut plus de tous ces menteurs patentés ou idiots utiles qui nous gonflent avec leur "monde d'après". Et à quoi veux-tu qu'il ressemble ton monde d'après, abruti ? Après qu'on ait érigé en héros des catégories sociales à qui on ne promet que quelques primes en guise de justice sociale. Après qu'on ait subitement dégotté "un pognon de dingue" qui soi-disant n'existait pas et qu'on met à disposition des classes moyennes ou basses afin qu'elles puissent consommer en attendant de rembourser le tout avec intérêt. Après que le télétravail ait été expérimenté massivement. Après que des drones, des réseaux de caméras, des traçages de téléphone aient été généralisés.
Oui, il va ressembler à quoi ton futur radieux, Ducon, lorsqu'on va nous passer la facture ?
Mais on s'énerve et malgré un blindage nicotinien soigneusement entretenu, on sait bien que le stress est mauvais pour les défenses immunitaires, surtout lorsqu'on est seul comme un con devant un putain d'écran.
Alors, pour faire une pause, trois minutes et quelques de nostalgie avec cet extrait du film de Solanas, Tango, l'exil de Gardel. Solo interprété par Roberto "Polaco" Goyeneche.
Et encore un truc du monde d'avant. Messieurs dames, The Dirty Macs nous balancent Yer Blues. Les avez-vous reconnus ?
* Le texte en lien est effectivement un constat mais on y aime assez une certaine lucidité bien trop rare de nos jours. Il n'est ici qu'à titre d'exemple, heureusement qu'il y a eu quelques autres écrits salutaires.
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