jeudi 27 septembre 2018

Gommard, pub rock de Montreuil

Les années 70 traînaient en longueur. Pour l'industrie du spectacle, le rock était désormais affaire de virtuoses, de respectabilité, de montagnes d'amplis, de musiciens se contentant de singer Beethoven au lieu de rouler dessus. On entassait le public dans des festivals à la sonorisation dégueulasse, au service d'ordre brutal et à un abrutissement stupéfiant (même pas) garanti.
Eddie & the Hot Rods, 1975
C'est alors qu'une vague surgit d'Angleterre, marquée par sa énième redécouverte du rhythm'n blues et du bistrot.
Des jeunes gens attifés en loubards ou en employés de banque se coupèrent plus ou moins les cheveux, trimballèrent des guitares et des amplis à 20 balles et envahirent les troquets d'Albion pour remettre à jour le rhythm'n blues de leurs ancêtres du british blues, mods ou garagistes, et le débiter à moins de deux mètres des amateurs du genre.
Ce mouvement, aussitôt baptisé Pub Rock, précédait de peu et annonçait le punk rock. Ses représentants les plus brillants avaient pour nom Doctor Feelgood, Eddie and the Hot Rods, the Count Bishops, the 101ers, the Ducks Deluxe... En France, Little Bob ou Bijou entretinrent cette même flamme.
Évidemment méprisés, traités de provinciaux réactionnaires, ces galopins ont redonné à toute une génération le goût des joies primitives ainsi que l'intérêt pour les grands anciens du Delta ou de Chicago.
Et puis, toute musique patinant dans la semoule, chaque sous-préfecture possède désormais au moins un combo s'échinant à marcher dans les pas des ancêtres.
Tout ce long rappel pour rendre un p'tit coup de chapeau aux camarades vétérans de Gommard (Montreuil-sous-bois 93100) puisqu'en musardant sur le blogue de George, on apprend qu'on peut désormais rencontrer ces émérites sur youtube.
On y retrouve Bob (basse), Éric (batterie), Kik (chant et harmo) Max et Pierrot (guitares) ci-dessous à l'Armony, dans un hommage à Dominique Villebrun "Dom", guitariste d'OTH, disparu le 15 janvier 2016.
Ils reprennent y Les révoltés du Bloc B, adaptation signée OTH, d'un classique (et sujet d'un précédent article)


Contrairement à ce que nous affirmions un peu trop légèrement, l'original, Cheque book, ne fut pas écrit par Dr Feelgood mais par un vieux de la vieille des années 60, qui rejoignit ensuite la vague Pub rock et auquel les jeunots rendirent moult hommages, le guitariste, chanteur, compositeur Mickey Jupp qui enregistra cette chanson en janvier 1970.


Par contre, il n'y a aucun doute : Going back home fut bien l’œuvre de Wilko Johnson cosignée avec son maître ès guitare, Mick Green.
Occasion rêvée de retrouver Dr Feelgood des origines dans une étonnante séquence tirée de "Beau Fixe Sur Pithiviers", émission de FR3 du 14 août 1976 . On se demande comment le manager ou la maison de disque ont réussi à incruster les furieux de Canvey Island dans un programme familial. À l'époque où un passage à la télévision relevait du miracle, Lee chante à s'en faire péter la jugulaire et Wilko se démène dans une cour d'école face à un surprenant parterre de vacanciers, mémés et parents médusés gardant un œil distrait sur leur progéniture.
Quoi qu'il en soit, c'est de l'authentique direct.

 

Et évidemment, la même par Gommard, toujours à Montreuil, le 9 octobre 2015

4 commentaires:

  1. Hallucinante,cette séquence de FR3 ! Les guitaristes avancent aussi loin que le leur permettent les câbles des jacks.

    Pour la petite histoire, "Gommard" fut aussi le nom du chien-mascotte du groupe, un bâtard de berger allemand gentil comme toutou (RIP !) avec qui j'ai eu jadis le privilège de partager le coffre d'un break lors d'un retour d'Auvergne à Paris, après une mémorable java qui avait duré trois jours…

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  2. Ah ben, voilà le mystère du nom du groupe levé.
    Heureux de vous retrouver ici, Georgie et que vous soyez sensible au jeu, effectivement, "halluciné" de Wilko.
    À tout à l'heure sur les ondes.
    J.

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  3. Ah ! Souvenirs, souvenirs ! J'ai eu la chance (si on peut dire, vu mon âge) de voir tous ces groupes dont vous parlez en pub, à Londres. Il y avait également un groupe d'hallucinés (ils l'étaient tous plus ou moins, je sais) qui s'appelait "Albertos et los trios Paranoïas" une savoureuse imitation de led ZEp. Quant à Wilko et son groupe, mes potes et moi nous appelions leur rock le gallinacé rock. Amitiés . Julius

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  4. Bien trouvé, le gallinacée rock en regard de l'attitude sur scène.
    Z'avez bien eu de la chance d'avoir vu ces lascars au pub du coin, je suis un chouïa trop jeune sur cette affaire.
    "Alberto et los.." me sont inconnus. On va chercher des traces.
    Merci du tuyau.
    Amitiés aussi. Jules.

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