mardi 18 septembre 2018

Chez les biffins

Depuis que les villes existent, elles ont eu à résoudre le problème des déchets qui y sont générés.
Les chiffonniers ont effectué cette besogne depuis des siècles pour la ville de Paris. Leur utilité fut reconnue par les lieutenants puis les préfectures de Police qui leur accordèrent un statut spécial. On leur attribuait donc un crochet, une hotte, un secteur et une plaque. Outre rendre quelques menus services à la flicaille, ils effectuaient ce que l'on appelle aujourd'hui le tri sélectif. Bon nombre de livres anciens proviennent des chiffons sélectionnés chaque matin par ces chiffonniers qui permettaient le recyclage des matériaux.

Quand, en 1832, la municipalité de Paris, réduisit le secteur des biffins pour en confier une partie à une première société de ramassage, il en résulta une émeute de plus de deux milles hommes armés de crochets.
Pour sa part, le terme Biffin viendrait de la médiévale biffe (étoffe sans valeur) et désigna donc, naturellement, les chiffonniers.
Par extension, au XIXème siècle, les snobinards de la cavalerie baptisèrent ainsi des fantassins dépenaillés et portant sac au dos.  

Comme tous les métiers de rue, ils furent mis en chanson. La java des crochets  de Willemetz, Pothier et Moretti enregistrée le 2 Avril 1932 par Marie Dubas en est un exemple. Cette rengaine un tant soit peu démagogue, nous rappelle, au troisième couplet, que le populisme politique, dont les pisse-copies en manque d'imaginaire nous rebattent les oreilles, ne date pas d'hier.


Dans une qualité supérieure, Le vin des chiffonniers, de Baudelaire, extrait des Fleurs du mal, ici chanté par Georges Chelon.
Un héros déchu de la Grande armée y est devenu chiffonnier par circonstance et mouchard de la police par nécessité... 

2 commentaires:

  1. A cette époque héroïque, les biffins n'eussent peut-être pas lynché deux braqueurs de LIDL avnt de les dépouiller en traitres et de les abandonner aux bourres (cf quartiers nords de Massilia, recently). Remarque, c'est vrai que y avait pas de LIDL en ce temps-là. Toute époque a les biffins qu'elle mérite.

    RépondreSupprimer
  2. Remarquez, insiste-t-on, que, comme sous-entendu dans le poème de Baudelaire, pour avoir l'autorisation d'exercer de la préfecture, plus d'un biffin se devait de moucher à la pèlerine. Le repenti Vidocq, le soulignait déjà : la qualité d'une police se doit à ses indics.
    J.

    RépondreSupprimer