lundi 27 juillet 2020

Vie et mort de Bobby Fuller, loser réputé



Il y a beaucoup de Buddy Holly chez le rocker texan Bobby Fuller. À telle enseigne que son titre phare, celui qui restera à jamais, I fought the law, fut écrit par Sonny Curtis, des Crickets, groupe du génial binoclard. LA chanson avec laquelle Bobby est entré dans l'histoire est donc une reprise.
Basé à El Paso, alors bled frontalier de taille moyenne, Robert Gaston Fuller (1942-1966) embauche son frère Randy comme bassiste dans un quatuor qu'on ne nomme pas encore Garage band suite à l'onde de choc créée par Elvis Presley et suit les traces style de son paisano Buddy Holly.
Après s'être nommé Bobby Fuller & The Fanatics, le gars rebaptisera son groupe Bobby Fuller Four. On y a vu défiler pas mal de personnel mais la rythmique la plus stable fut tenue par Jim Reese (guitare) et Dalton Powell.
Boudés par les labels locaux, les petit gars sortent un 45 tour à succès limité :   It’s Love, come what may. Ils sont signés chez Del-Fi, puis Mustang Records, de Los Angeles.



En 1964, ils empruntent donc un autre titre au groupe de feu Buddy Holly, disparu en février 1959 dans un crash aérien, I Fought The Law, génial résumé de la cavale d'un braqueur ayant dû abandonner sa chérie pour finalement se faire  capturer par la loi qui l'envoie casser des cailloux en plein cagnard.
Loin de faire un tube instantané, ce titre va néanmoins devenir petit à petit un refrain de mauvais garçons jusqu'à accéder au top 10 en 1966.


C'est aussi l'année où on retrouve, le 18 juillet, Bobby Fuller tabassé à mort et asphyxié à l'essence dans sa voiture sur le parking de sa résidence californienne. Une légende tenace veut qu'il aurait fricoté avec la copine d'un chef de gang de bikers. Une autre, avec la bonne amie d'un mafieux du cru. On est même aller jusqu'à soupçonner un Charles Manson qui avait pourtant un alibi de taille : il effectuait un séjour en taule.
Toujours est-il qu'avec son habituel sens de la poésie surréaliste, la police locale conclue à un suicide. Même si le gars n'a pas eu une grande carrière, on peut affirmer qu'avec sa sortie il a fait preuve d'un certain savoir-mourir.
Le petit frère, Randy tenta bien de maintenir le groupe mais il était loin d'avoir une voix convenable et n'eut qu'une existence éphémère.
Tout ce petit monde tomba donc dans l'oubli.
Jusqu'à ce qu'en 1978, les Clash Mick Jones et Joe Strummer, de passage à San Francisco pour les overdubs de leur second album, tombent sur le 45 tour chez un collectionneur de juke-box. Scotchés par la puissance évocatrice du titre, les londoniens en route vers la gloire, incluent une énergique version à leur EP The cost of living (mai 1979). Et le transforment immédiatement en classique pour toute une génération de punks et de rockers.
Ici en concert dans le film de Rude Boy de Jack Hazan.


Depuis, la complainte du hors-la-loi malheureux a été reprise par Hank Williams (Junior), les Dead Kennedys, Green Day, la Mano Negra, Schultz, Bruce Springsteen et une infinité d'autres, y compris les forces d'invasion yankees au Panama en 1989 (encore un truc que le père Strummer a dû adorer).
Pas si mal pour un petit gars méconnu qui avait la poisse. 

6 commentaires:

  1. Quelle vie! Est-ce le script d'un film déjà tourné ou à venir?

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  2. On a jusque là échappé au biopic. Pourvu que ça dure...

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  3. Hank Williams étant mort en 53, je vois mal comment il aurait pu reprendre ce titre de 64... Relisez-vous nom d'une pipe !

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    1. Bien vu, l'anonyme. On causait d'Hank Junior (version country de 1978) et on va donc rectifier.
      Heureusement qu'il y en a qui lisent.

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  4. https://www.youtube.com/watch?v=2b27e5sV2Ek

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  5. « Nom d’une pipe! » haha! Sinon bel article!

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