Du temps du 45 tour et des juke-box triomphants, il arrivait assez souvent que la face B, qui n'était censée être que du remplissage, soit une démarque de la face A, censée être le tube. Dans le rhythm'n blues américain, on se mit parfois à mettre au verso la version musicale de la chanson recto. Technique abondamment reprise en Jamaïque qui donna naissance au dub et au toast des disc jockeys.
La face B ne constituait qu'exceptionnellement une suite de la A, d'autant plus dans l'industrie du disque francophone.
Ou alors il fallait avoir beaucoup ce choses à exprimer.
Ce qui fut précisément le cas de François Béranger, ex ouvrier à Billancourt, ex appelé en Algérie qui sortit en 1970 son premier album Tranche de vie, titre qui couvre les deux faces de son premier 45 tour. Il a alors 33 ans, ce qui est un peu âgé pour faire twister la jeunesse mais qu'à cela ne tienne, à l'aube de cette décennie, tout paraît encore possible.
Cette chronique d'une vie de prolo en onze couplet étant trop dense pour contenir dans le format des trois minutes, la solution du camarade bougon fut donc de chanter six couplets en face A, de lancer C'est pas fini ! et... de terminer la chanson en face B. Tout y passe : l'exode rural, les services sociaux, l'usine, la petite délinquance, la guerre coloniale, les manières exquises des flics et des juges et la taule Et le titre fit un carton, permettant ainsi au grand François de s'alimenter grâce à son art.
La chanson sans interruption filmée par la tv suisse en 1972.
Une honorable reprise : celle d'Hubert-Félix Thiéfaine, trouvée sur l'album hommage à Béranger, Tous ces mots terribles, conçu par sa fille Emmanuelle en 2008.
Un arrangement un peu plus rock, un ralentissement du tempo qui rallonge le morceau d'une minute et l'affaire est dans le sac.
Puisqu'on vous dit que c'était pas toujours mieux avant.
J'ai adoré cette chanson que je me passai en boucle avec pas mel de Graeme Allright aussi.
RépondreSupprimerC'est tout à l'honneur d'Hubert-Félix d'avoir réussi cette reprise, je ne l'attendais pas sur ce terrain. C'est pas pour cafarder, mais l'hommage à Béranger par sa fille Emmanuelle, c'est quand même mieux fréquenté que l'hommage à Béart par sa fille Emmanuelle, et pourtant ça part du même élan. Ce qui prouve bien que l'intelligence du coeur ne suffit pas, prout prout tralala.
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