vendredi 11 mars 2016

De l'amour, de la guerre et du désastre

Soubise à Rossbach



À l'origine de cette chanson déjà évoquée , un désastre militaire comme l'histoire de France en a le secret : la bataille de Rossbach (1757).
Passons sur les méandres de la Guerre de Sept ans. Une ironique vision de cette querelle entre princes est d'ailleurs offerte dans le splendide  Barry Lindon de Stanley Kubrick*.
Il suffira ici de savoir que le 5 novembre 1757, 54 000 soldats français et autrichiens et furent rossés et mis en déroute par les 22 000 Prussiens de Frédéric II (le copain de Voltaire, on y reviendra) grâce à une manœuvre classique, connue depuis le carthaginois Hannibal.
Suite à ce que Frédéric qualifia de "promenade", 8000 soldats alliés étaient restés au tapis contre environ 550 prussiens
Une grande part de la responsabilité de ce désastre fut imputée à l'évidente incapacité du commandant français, Charles de Rohan, prince de Soubise.
Il provoqua un tollé à Paris et le général devint la tête de turc du peuple.
Un poème satyrique courut les rues  :
Soubise dit, la lanterne à la main,
J'ai beau chercher, où diable est mon armée ?
Elle était là pourtant hier matin.
Me l'a t’on prise ou l'aurais-je égarée ?
Prodige heureux ! La voilà, la voilà !
Ô ciel ! Que mon âme est ravie !
Mais non, qu'est-ce donc que cela ?
Ma foi, c'est l'armée ennemie.


La Poisson alias la  Pompadour
Or, une rumeur établissait la nomination de Soubise au commandement suprême aux intrigues de la favorite du roi Louis XV, Jeanne-Marie Poisson, plus connue comme la Pompadour.
Tout comme il avait existé des "Mazarinades" au temps de la Fronde, les "Poissonades" se mirent à fleurir. Les auteurs de ces libelles et chansons de rues chargeant férocement la Pompadour et ses manies politiques. Bien entendu, en restant dans certaines limites : on peut se permettre d'attaquer l'entourage du Roi, surtout s'il s'agit de sa maîtresse, du moment qu'on évite de s'en prendre frontalement au monarque.

Une des traces de ce cruel épisode nous est parvenue par une chanson de rue et de soldats intitulée "Les reproches de La Tulipe à Madame de Pompadour".
Ses paroles en furent attribuées, sans qu'on en ait la certitude, à Voltaire.
Ce qui ne serait guère étonnant car certains passages ( Les Poissons avalent tout) portent la trace de son ironie mordante et coutumière. En complément, le roué écrivit aussitôt un compliment à Frédéric de Prusse, son protecteur
La chanson, rebaptisée "Comprenez-vous ? ", est ici chantée par Gabriel Yacoub, fondateur du groupe Malicorne, en 1973. Elle figure dans l'Anthologie de la chanson française compilée par Marc Robine en1993.





* Traduction de la séquence filmée :
Seul un grand philosophe ou un historien pourrait expliquer les causes de la guerre de Sept Ans, à laquelle le régiment Barry participait. Qu'il suffise ici de dire que l'Angleterre et la Prusse étaient alliés contre la France, la Suède, la Russie et l'Autriche.
La première bataille de Barry ne fut qu'une escarmouche contre une arrière française qui occupaient un verger près d'une route où les forces britanniques devaient passer. Bien que cette rencontre n'ait laissée aucune trace dans les livres d'histoire, elle fut mémorable pour ses participants.

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