mercredi 1 juillet 2020

Héros oubliés du rock'n roll : Third world war

On confesse un certain goût pour les marginaux énervés.
Ça tombe bien, les sujets de sa Gracieuse Majesté en ont toujours compté un nombre certain. Voilà une bande qui aurait assurément elle aussi mérité d’être mentionnée au rayon des grands ancêtre du punk rock : Thirld World War.

S’il y eut une terreur, une névrose collective, dans la génération née après 1945, ce fut bien celle de la bombe atomique et la troisième guerre mondiale. 
Difficile de trouver un nom de groupe plus provocateur et peu vendeur, donc.
En 1971, ce qui reste du mouvement hippie britannique, passe son temps à se gratter le nombril, à tâter des drogues dures ou à se passionner pour le dernier album de Donovan.
Ce paysage si peu excitant accouche donc d’un groupe brutal qui jouait avec les potards bloqués au maximum. Ces redécouvreurs de la saine violence de l’époque de la grande opposition entre mods et rockers étaient Terry Stamp (guitariste et chanteur), Jim Avery (bassiste), Mick Lieber (guitare) et Fred Smith (batterie).
Leur manager, l’agitateur John Fenton avait réuni les deux premiers pour écrire des brûlots qui se voulaient révolutionnaires mais trop crades pour être récupérés par le moindre mouvement gauchiste.
Pour l’enregistrement de leur premier album, en 1971, l’ingénieur du son Phill Brown résuma sobrement ses désirs : « J’en avais assez de ces merdes de discours sur la paix. Je voulais un groupe de vrais prolos méchants ». Dont acte. Remarquons au passage que le même bonhomme n’hésitait pas, par ailleurs, à bosser avec David Bowie, Led Zeppelin ou Cat Stevens qui n’avait pas encore croisé Dieu au comptoir d’un pub. Remarquons également que leur petit malin de manager avait tout de même réussi à adjoindre à ces sessions d’enregistrement les renforts de Jim Price et Bobby King aux cuivres, musiciens américains qui accompagnaient les Rolling Stones en tournée. 



Mélange de blues saturé bordélique et saccadé et d’un reste de psychédélisme accompagné d’une voix éraillée, leur musique est considérée, selon les sources, comme un antécédent du heavy metal ou premier groupe punk britannique. À l’écoute, on se dit qu’on a à faire à des sortes de Stooges politisés avec l’accent cockney en prime qui font à l'occase du glam avant la lettre. 
Quant aux paroles, disons que de nos jours les crétins qualifieraient facilement ça de « rock populiste ». Goûtez donc aux titres : Preaching violence, Get out of your bed, you dirty Red ou le fabuleux Working class man.
Suivi par un public respectable (en nombre) le groupe sort un deuxième album sobrement titré Third World War 2 en 1972 . Sauf que ce LP ne se vend pas plus que le précédent. Fenton n’a plus un rond et, pas foutu de fournir une thune au musiciens, le groupe se sépare en 1973.
Un titre que n'aurait pas renié Marc Bolan : MI5*'s alive

 

* Services secrets intérieurs britanniques.

5 commentaires:

  1. Et ce si beau morceau sur la cantine de l'usine qui figure dans leur second disque : "Factory Canteen News"
    https://www.youtube.com/watch?v=CcX7ULAjIj8

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  2. Sûr que c'est une idée particulière d'avoir collé une balade pareille au sujet d'un réfectoire. On connaît bien moins leur deuxième album. Et cette piste a un petit côté virage soul.

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  3. C'est plein de bonnes choses ça. On retrouve les sons "de l'époque" en évitant le côté "pouvoir des fleurs".

    Milesker!


    l

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  4. Les deux albums ont été réédité en un seul CD (un double ? M'en rappelle plus, je l'ai pas sous la pogne là de suite), trouvab' fastoche. C'est de leur titre Hammersmith Guerilla que les Hammersmith Gorillas de Jesse Hector (autres oubliés du glam proto-punk) tirèrent leur blase.
    Pour l'anecdote, c'est Jello Biafra qui me fit découvrir ce groupe, s'étonnant en interview qu'aucun punk ne lui ai jamais causé de Third World War.

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  5. Ce qui prouve une saine curiosité de la part de Jello.
    On va chercher le fameux cd, merci.

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