Comme on n'a rien à ajouter au tombereau déversé à l'occasion de la disparition de Juliette Gréco, persistons à creuser du côté des fadas du rock n' roll.
Interrogez un connaisseur quant à savoir quel serait le groupe le plus barjot, le plus hystérique de la deuxième vague du rock, celle de 1960, et je vous fiche mon billet qu'il vous citera The Sonics (Tacoma, Washington) dans les trois premiers.
Or, ces précurseurs du punk, initiateurs du rock garage ont eu leur pendant contemporain, peut-être encore plus siphonnés à... Lima, au Pérou : Los Saicos !
En l'an de grâce 1960, Erwin Flores, César Augusto "Papi" Castrillón, Rolando "El Chino" Carpio et Francisco "Pancho" Guevara, compagnons d'école buissonnière forment un groupe de rock, Los Cometas.
En 1964, Erwin de retour d'un séjour au Brésil leur suggère d'adopter une musique plus agressive tout en éructant dans leur espagnol maternel. Il leur propose de se rebaptiser Los Sádicos, mais les membres reculent, jugeant le nom trop agressif pour l'époque. Après réflexion, ils décident d'enlever le D pour devenir Los Saicos (une référence au premier 45 tour des Sonics qu'on trouve sur le lien ci-dessus ?)
En 1965, leur 45 tour, Demolición, leur vaut le prix de mejor de la semana à la télévision. Voici l'objet du délit. Mais pourquoi une telle haine vis à vis de la gare ?
Ils se produisent régulièrement au Centro Histórico, bar branché de Lima fréquenté par la bohème artistique, immortalisé par un Mario Vargas Llosa pas encore devenu l'affreux réactionnaire qu'il est. Il faut dire que musicalement, le Pérou de l'époque a accouché de quelques bizarreries, dont l'incroyable Yma Sumac sur le cas de laquelle on reviendra.
Ils connaissent un succès d'estime local avant de se séparer en 1968 non sans avoir enregistré six maxi 45 tours. Dont cet Évadé d'Alcatraz.
Miracle d'internet et des rééditions des labels indépendants de passionnés, le groupe refait surface sur une compilation espagnole de 1999, Wild Teen Punk from Perú, 1965.
Vu l'intérêt des jeunes générations et suite au décès de Rolando Carpio en 2005, Erwin Flores remonte sur scène. Et reforme la bande en 2010 pour une série de concerts au Pérou, en Espagne, au Mexique. Depuis, ils sont honorés comme grands précurseurs et décorés par le ministère de la culture.
Triste sort d'une musique de sauvages devenue muséifiée.
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