jeudi 13 juin 2024

Quoi de neuf ? Un Front pop'

 

Tu peux toujours rêver, Woody, va falloir un accessoire plus calibré


Lorsqu’on dit Front populaire, cela évoque spontanément des foules aux poings levés et des progrès sociaux massifs, les riches heures du prolétariat. Sauf qu’à y regarder de plus près…


Si l’unité des courants de gauche s’est bien faite à la base et contre les partis face au danger fasciste (et oui) de 1934 ce sont les ordres de Staline, changeant brutalement de politique, qui ont permis au PCF de rejoindre une alliance électorale de gauche. 

Et si le patronat fut obligé de lâcher du lest (semaine de 40h, congés payés, etc.) ce n’a été que grâce à une vague de grèves spontanées qui avait paralysé le pays. Les prolos avaient débordé un gouvernement obligé de suivre bon gré mal gré. 

Côté bilan, ce ne fut guère brillant : pas de vote des femmes qui attendront après la guerre qui arrivait, politique coloniale intacte, répression des manifestations (la police tue 6 manifestants à Clichy 16 mars 1937) arrêt rapide des réformes et abandon du Front populaire espagnol à son sort et aux armées fascistes. 

`

Gouvernement Front populaire espagnol qui, de son côté, n’avait rien fait pour empêcher le putsch des militaires réactionnaires et dont l’échec initial, en juillet 1936, n’a été dû qu’à l’action des ouvriers et paysans armés parmi lesquels une majorité d’anarchistes. 


Les Espagnols auront 40 années de dictature sanguinaire pour méditer sur la solidarité des gouvernements de gauche.

Le souvenir doré du Front populaire a été surtout la conséquence de ce qui a suivi : un gouvernement radical menant une politique de droite dure, une déculottée totale suivie d’une occupation et de Vichy, de quoi se dire qu’effectivement c’était mieux avant !

L’expérience électorale du Front populaire a été renouvelée au Chili en 1970 (UP) amenant le socialiste Allende au pouvoir. Malgré ses proclamations marxistes, celui-ci ne mena pas les réformes sociales prévues (nationalisations mises à part) et surtout refusa d’armer des milices populaires, faisant confiance à une armée qui allait l’assassiner en 1973. 

Les Chiliens hériteront de 27 ans de dictature pour méditer sur la capacité de la gauche à défendre le peuple. 

Et nous vous laissons donc méditer sur l’efficacité des alliances de gauche à nous amener vers un avenir radieux.

Notre salut ne viendra que de nous-mêmes et de nos combats, jamais de partis gestionnaires prêts à s'allier tout en se haïssant.

PS : L'affiche ci-dessus est une saloperie cagoularde française de 1936, fake new d'époque.

Place publique : Des fois que certains aient des doutes, on hait les fascistes présentables ou pas. On estime juste ne pas avoir de leçons d'anti-fascisme à recevoir de la part de crétins (au mieux) qui sont tout aussi responsables de la situation que ce gouvernement de brutes.


8 commentaires:

  1. J'en ai autant pour vos derniers billets, estimé.

    RépondreSupprimer
  2. Je ne crois pas qu'on vienne à bout des tentations fascistoïdes du pays en allant voter fin juin pour célébrer les petits arrangements entre les gôches, mais je préfère quand même y aller. Si le RN parvient au pouvoir par les urnes, je m'en voudrais de m'être abstenu.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est une affaire entre soi et soi-même. les fachos ont souvent accédé au pouvoir le plus légalement du monde, donc que chacun voie.
      Perso, ce qui m'intéresse, c'est surtout la suite.

      Supprimer
    2. Est-ce vraiment une affaire entre soi et soi-même ? A moins de se situer hors du monde, non. Si le RN gagne ces élections, flics et fachos (pléonasme) seront en roue libre dans l'instant. Et ont comptera nos morts. C'est ça la suite. Immédiate.
      No pasaran, by any means necessary.

      Supprimer
  3. Certes. Mais la suite dépendra en partie de ce que nous aurons mis (ou pas) dans les urnes.

    RépondreSupprimer
  4. Sûr que pour un anar, c'est rare que le dilemme turlupine autant…
    Et perso, ça me casse les urnes !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le vote, pas plus que la manifestation ou la grève, n'est un outil efficace à 100%. C'est même la plupart du temps un coup d'épée dans l'eau, voire très souvent un trompe l'oeil.
      Mais quand j'use de mon droit de manifester, je le fait aussi pour ceux et celles qui ne peuvent manifester (qu'ils/elles soient entaulés, qu'ils/elles bossent ou qu'ils/elles aient des mômes à garder...). Quand j'use de mon droit de grève, je le fait aussi pour ceux et celles qui ne peuvent faire grève (qu'ils/elles bossent au noir, qu'ils/elles risquent un licenciement, qu'ils/elles soient d'astreinte à l'hôpital, qu'ils/elles soient au chômedu...). Quand j'use de mon droit de vote, je le fais aussi pour ceux et celles qui n'en bénéficient pas... et qui sont toujours les premiers à se prendre dans la tronche la répression.
      Si t'as tous ces droits, tu as effectivement le choix (et le droit) de ne pas en user. Et souvent, effectivement, ça ne prête pas beaucoup à conséquences. Mais pas cette fois.

      Supprimer