vendredi 31 août 2018

Slimane Azem : le blues de l'exilé

Slimane Azem (Agouni Gueghrane 1918 - Moissac 1983) est à la fois un des grands noms de la chanson kabyle et un des représentants les plus connus de la chanson de l'exil algérien en France.
Fils d'ouvrier agricole, il entre au service d'un colon dès l'âge de 11 ans, après un bref passage à l'école.
À 19 ans, il émigre en Lorraine et devient manœuvre aux aciéries de Longwy avant de se voir doté d'uniforme sur la ligne Maginot.
Réformé pour raison de santé en 1940, on le retrouve ouvrier électricien du métro parisien. Ce boulot de taupe lui inspirera ses premières chansons narrant la misère de l'exil et le quotidien du travailleur.
En 1942, il est raflé pour le STO et demeurera en Rhénanie jusqu'à l'arrivée de l'armée de Patton. 
Revenu à Paris, il prend la gérance d'un bistrot où il se produit régulièrement. Par l'intermédiaire de l’unique disquaire vendant des albums d’artistes maghrébins et orientaux, la très auvergnate Madame Sauviat, il sera signé par le label de disques Pathé Marconi. Il enregistre quelques chansons qui se taillent un petit succès dans les années 1950.
Pendant la guerre d'Algérie, il écrit des chansons patriotiques et soutient le mouvement d’indépendance. Critiquant le nouveau régime en place, accusé du crime de "Berbérisme", une rumeur de collaboration avec l'armée française circulera à son sujet.  Il est donc contraint de regagner la France. Ses disques seront interdits en Algérie de 1966 à 1988, ce qui n'a nullement empêché ses cassettes de circuler largement sous le manteau.
À la fin de sa vie, il se retire dans une ferme de Moissac (Tarn-et-Garonne) où il mourra à 64 ans. Une place de ce bourg porte son nom.
Un de ses airs les plus connus : A Moh Amoh (Ce jour, avant de partir J'ai beaucoup fanfaronné / J'ai dit : je vais revenir / Au plus tard, une, deux années/ Comme dans un rêve, plongeant / Maintenant, plus de dix ans)

L'gharva thanaggarouth enregistré en 1981 à l'Olympia


Il a chanté des textes poétiques sur l'absurdité de la vie, la trahison en amitié ou entre frères, les problèmes conjugaux inhérents aux couples dont le mari est un émigré. Il était devenu une légende pour les Kabyles de France et l’ensemble des travailleurs immigrés maghrébins.
Une chanson de 1978, toute en ironie en pleine politique du "regroupement familial" :

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