À l'origine les punks étaient morveux, bordéliques, ironiques, énervés, irrévérencieux, rigolos, prétentieux, etc. Et puis, à la suite de Crass ou de Discharge, une partie de la mouvance s'est ouvertement déclarée anarchiste en jouant une musique de plus en plus rapide et déstructurée (entendez, sans concession au Système) surtout chez les britanniques. Ils sont devenus hard-core, concernés, politisés, quotidiennistes et pour certains, végétariens, prédicateurs et moralistes, en deux mots ennuyeux.
À de notables exceptions près, chez qui notre subjectivité place Conflict, Poison Girls ou Inner Terrestrial.
Et, malgré leur côté "fais pas ci, fais pas ça", un groupe de Trowbridge, les Subhumans. Formés de Dick au chant, Bruce à la guitare, Phil à la basse et Trotsky (si!) à la batterie, ce quatuor se mit à vomir dégoût et appel à l'insurrection en produisant des disques à la chaîne, tous dôtés un prix maximum pour la vente imprimé à même la pochette.
Et là, où ça devient drôle, c'est qu'à la réécoute, une bonne partie de la production de ces jeunes gens en colère prend un sens quasi prophétique.
Prenons Germs, issu du EP Evolution (1980)
Je suis un germe, sous ta peau (...)
Je me joue de ta santé et bousille tout.
Je suis un germe dans ta bouche quand tu l'embrasse.
Et demain on t'isolera
Et les toubibs n'auront rien de mieux à dire que "tu vas y passer".(...)
Pas la peine de croire en la Sécu (National Health)
Quand tu es mort, je vais détruire quelqu'un d'autre.
Édifiant, non ? En ces temps reculés on n'avait pas encore inventé l'infâme néologisme "collapsologie", on disait "catastrophisme" ou "pessimisme social" et là-dessus, nos petits gars se posaient un peu là.
Dans un monde dominé par l'exploitation, le productivisme, la religion, le complexe militaro-industriel, la consommation, les Subs avaient parfois des accents de témoins de Jéhovah ou d'anabaptistes excités par la révélation de la date de la dernière apocalypse programmée.
À l'image de ce Dying world (LP The day the country died 1983) qu'on dirait écrit tout exprès pour notre belle année.
Et comme nos obscènes maîtres viennent de nous priver de chaleur humaine et d'apéro, ce titre de 1982,Till the pigs come round, prend un jour nouveau.
Imaginez un moment entre amis sous couvre-feu dans lequel débarquerait la maréchaussée...
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