vendredi 5 juin 2020

Tranche de poésie : l'art de l'insulte


À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut !
Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ?
Mange la vomissure du diable, toi et ton armée.
Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi.
Toi, souillon de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, fouetteur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et de Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même,
Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul d'une jument, sabot de boucher, front pas baptisé !
Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous produit d'avorton ! Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs. Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !!
Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !

Signé le Kochovyj Ataman Ivan Sirko et toute l'armée zaporogue

À tous ceux qui s'imaginent que les situationnistes avaient atteint les sommets de l'insulte, ce petit rappel, écrit en 1676, par les cosaques au sultan Mehmed IV qui leur demandait alors benoîtement de se soumettre.
Ça peut toujours servir d'inspiration pour s'adresser à nos supérieurs respectifs.
En souvenir des zaporogues et de leur haine des souverains : Sloboda ili smrt !
Et en honneur aux makhnovistes...

3 commentaires:

  1. Il n'échappera à personne que ces insultes sont celles d'un chrétien à un musulman, ce qui réduit assez considérablement leur portée…

    RépondreSupprimer
  2. Elles sont aussi et avant tout celles d'un peuple libre régi par des assemblées (volnitzas) à un souverain.
    Rappelons que les zaporogues étaient pris entre un empire dit musulman et deux empires dit chrétiens. Ce qui fait qu'à mon humble avis, ils savaient moduler l'insulte selon le cas.

    RépondreSupprimer
  3. "Brasseur de bière de Jérusalem" : c'est sûr que, (mauvais) musulman ou pas, les situs n'auraient pas eu recours à ce genre de terme dans leur maniement de l'insulte.

    RépondreSupprimer