dimanche 7 juin 2020

L'insurrection qui court

Les Black Riders dans le centre de Houston
Il est parfois un assassinat de trop. Pour quoi celui-ci et pas un autre ? Nul ne saura le dire avec certitude et nul ne saurait donc prédire quelle iniquité est susceptible de soulever les foules. Amateurs de charognes, passez votre chemin...
Pourquoi, le tabassage de Rodney King a-t-il ravagé Los Angeles en 1992, pourquoi le suicide de Mohamed Bouazizi, a-t-il déclenché la révolution tunisienne de décembre 2010, pourquoi l'électrocution de Zyed Benna et de Moussa Traoré a-t-elle enflammé la France d'octobre 2005, pourquoi eux et pas d'autres ? Et pourquoi le meurtre de George Floyd a-t-il embrassé les États-Unis ? Pourquoi était-ce à lui de passer du statut d'une victime de plus sur la liste à celui de symbole ?
 On ne peut qu'affirmer qu'il est des gouttes de sang qui font déborder la coupe. Et qu'il n'est certainement pas innocent que ce crime ait eu un tel retentissement dans le cadre d'une crise sanitaire qui est essentiellement marquée par un massacre des plus fragiles, des mesures autoritaires généralisées et une guerre aux pauvres pendant et après (sic) le passage de l'épidémie.
Au temps du totalitarisme, technologique ou pas, du victimisme communautaire, voire concurrentiel, les rues de plus de 140 villes des USA se sont retrouvées aux mains de Noirs, Blancs, Latinos, Asiatiques et autres êtres humains qui ont pris la justice en main. Et ce mouvement a fait tâche d'huile  partout où, appelons-les des prolos, sont confrontés au racisme et à un appareil d'État armé.

Ce n'est sans doute pas un hasard si les derniers mots du malheureux George Floyd sont devenus un cri de ralliement pour ceux qui trouvent ce monde de plus en plus irrespirable.
On a même eu la joie de voir cette obscénité humaine de président parvenir à se mettre à dos à la fois une partie de son électorat évangéliste après son exhibition de la Bible et une part de ses militaires pour avoir joué à la guéguerre civile.
Et on est désolé, Gil, il semble que de nos jours, la Révolution sera filmée et même archi filmée. On va finir par s'y faire.

 
Alors, on n'ose trop rêver car tout est en ordre de marche pour éteindre l'incendie : la justice qui rectifie le tir, les artistes qui performent, les sportifs qui crachent au bassinet, les potentats locaux dans la grande scène du 2, le candidat centriste en rassembleur de la Nation et tous les habituels intermédiaires, récupérateurs ou négociateurs autoproclamés qui y vont de leurs simagrées.
Mais tout de même on va pas bouder, merci pour ce beau moment de dignité, camarades.

Rappelons aux connards racistes ce superbe graffiti vu à Brixton, en 1984 en réponse à une Thathcher qui qualifiait les troubles d'alors "d'émeutes raciales" : There is no race but the rat race*.

*

*Intraduisible, Le "Rat race" étant la course à l'ascension sociale.


6 commentaires:

  1. De même qu'il convient de ne pas confondre "the class struggle" et "the ass struggle" (lutte des classes vs (littéralement) : la lutte pour caser son cul...
    Souvenir des syndicalistes révolutionnaires US du début du 20è siècle...

    RépondreSupprimer
  2. Faudra un jour une anthologie des bon mots des IWW.

    RépondreSupprimer
  3. Les Mollies étaient plutôt des poètes de la dynamite, non ?
    Tiens, vous me donnez une idée, là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Évitez la haine en ligne. Y a des lois contre ça, maintenant.

      Supprimer
  4. Nous ne sommes qu'amour et humanisme.
    Et puis c'est pas nous qu'on a commencé, d'abord.

    RépondreSupprimer