Ça avait pourtant bien commencé.
Elle est née Odette Rousseau (1898-1974) au sein d'une famille vendéenne montée à Paris.
Sa mère travaillait au café du bas-Montmartre La Cigale depuis 1909. C’est là qu’elle a débuté sur scène, dès l'âge de 13 ans. Elle y est notamment la partenaire d'un autre novice, Raimu, dans un sketch Le Marseillais et la Parigote. Après avoir travaillé dans divers établissements, elle part pour sa première tournée à l’étranger, en 1914, avec la troupe de L’Européen. C’est là qu’elle adopte le pseudonyme de Florelle (du nom d’un comédien de la troupe, Jean Flor). La tournée est évidemment interrompue début août à Vienne, en Autriche, par le déclenchement de la grande boucherie. Après guerre, elle est cooptée par Maurice Chevalier, avec qui elle tourne trois films au début des années 1920. Mais Florelle privilégie sa carrière au music-hall : en 1925, elle est doublure de Mistinguett, meneuse de la revue du Moulin Rouge, Ça, c’est Paris pour une tournée en Amérique du Sud.
Son plus gros succès: Fascination
Pendant la première moitié des années 1930, elle apparaît beaucoup au cinéma : la version française de l'Opéra de quat' sous, elle tourne de nouveau avec Pabst (L'Alantide), puis avec Robert Siodmak (Tumultes), Raymond Bernard (les Misérables), Fritz lang (Liliom) ou Jean Renoir dans l'inoubliable Crime de monsieur Lange (scénario de Prévert).
La voici d'ailleurs dans le rôle de Valentine Cardès chantant "À la belle étoile" (de Prévert et Kosma) en 1936 :
En 1934, elle joue dans la comédie musicale Marie Galante de Jacques Deval, (musique de Kurt Weill) et enregistre plusieurs disques, plus ou moins liés aux films qu’elle tourne. Ils sont devenus à peu près introuvables.
Elle suspend ses activités artistique pendant l'Occupation et donne pas mal de coups de main à plusieurs personnes en situation illégale. Sa carrière en pâtira, oubliée par le public, le seul film notable où on la reconnaît après-guerre est Gervaise de René Clément. Elle se lance alors dans des affaires foireuses : un cinéma, des cafés... en Belgique, au Maroc, en Algérie et à Abidjan. Fait de la figuration épisodique à son retour en France, au milieu des années cinquante, avant d'ouvrir un dernier bistrot aux Sables-d'Olonne.
Elle retourne à Paris et meurt, ruinée, dans un hôpital psychiatrique où elle a été internée suite à un accident de circulation en 1974.
Une destinée marquée par la poisse qu'on croirait sortie d'une chanson réaliste.
Oh ! Quelle belle (re)découverte cette version d'A la belle étoile, même si on regrette l'absence des trois couplets suivants. Moi c'est une chanson qui pour peu peu que je sois un peu fatigué, me serre la gorge et m'humidifie les yeux, y a rien à faire. Je connaissais évidemment la version de Juliette Greco, sublime, et celle de Jean Guidoni, plus enlevée, mais bien aussi.
RépondreSupprimerQuant au Crime de M. Lange, chef d'oeuvre inoubliable, comme tu dis, notamment le personnage de Jules Berry en prêtre, on reconnaît bien là l'anarchisme de Prévert, eh bien ça faisait tellement longtemps malgré tout, que j'avais oublié la chanson (faut dire que j'étais minot). Comme le nom de Florelle d'ailleurs, qui semble avoir été une artiste attachante. Dommage qu'elle soit à ce point tombée dans l'oubli...
Précisons au passage que pour ce merveilleux film, la collaboration Renoir / Prévert a été plutôt orageuse.
RépondreSupprimerIl semble que Renoir a fini par enfermer Prévert au pain sec et à l'eau pour ne le délivrer que lorsque celui-ci faisait passer les feuilles de dialogue promises sous la porte.
Ils accouchèrent dans la douleur, quoi.
Jules
Florelle chante "Les Filles de Bordeaux", belle chanson extraite de "Marie-Galante", de Kurt Weill et Jacques Deval.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=g48Fhm7glyc
On le citait dans le dernier pargraphe mais il n'y a qu'un seul mot :
RépondreSupprimerSuperbe.
Merci Loïc.
J