vendredi 31 décembre 2021

Un peu de poésie, que diable

Puisque ci-dessous, nous étions chez sa gracieuse majesté et sa tribu de parasites sociaux, restons-y encore un peu
Chatham (prononcer tchat-eum) s'est constituée autour d'un important arsenal sur la Medway au XVIIème siècle. Bien que l'arsenal ait depuis longtemps cédé la place à un quartier résidentiel et d'affaires, ses principaux bâtiments et hangars ont été préservés ; de sorte que, par delà ses fonctions urbaines modernes, l’importance historique de l’arsenal perdure.
Outre son caractère maritime, elle était aussi une ville de garnison : elle abritait plusieurs casernes, plusieurs forts du XIXème siècle censés protéger l'arsenal en cas d'invasion. Merci Wikipedia.
Précisons qu'outre ce glorieux passé militaire, Chatham est le cadre de vie de notre cher "Wild" Billy Childish, peintre, poète et musicien.  
Le bougre lui a même dédié un poème. Enfin plutôt un texte d'amour aux prolos et autres pauvres.
Qu'on s'envoie en guise de fin d'une année déplorable. Cheers, mates !
 



 

 


 


mardi 28 décembre 2021

Working class man

On vient d'apprendre la disparition de Thomas Mensforth aka Mensi, dernier membre original des Angelic Upstarts, groupe pionnier de la Oi monté à 1977 à South Shields, qui, comme son nom ne l'indique pas, est située à deux pas de Newcastle (ses usines, ses chômeurs, ses putains de groupes des années 1960...).
On confesse n'avoir guère suivi la carrière des Upstarts ces dernières années, pas tant par désintérêt pour ces groupes brits qui s'éternisent en renouvelant sans cesse le personnel (après tout, les anglais ne connaissent pas le statut d'intermittent et faut bien bouffer entre deux chantiers au noir) mais par l'impression, certainement fausse, que ces gars avaient déjà dit tout ce qu'ils avaient à dire. Ce qui est un peu injuste.
Comme la page wiki de la bande est bien foutue, on va pas broder sur le fait que encore un combo formé après avoir vu les Clash (thanks Joe!) que ces gars étaient d'authentiques porte_voix de la classe ouvrière de l'époque et que leur premier 45 tour The Murder of Liddle Towers (Rough Trade) narrant le tabassage à mort d'un gars par la police leur valut un boycott et un  harcèlement flicard qui, en même temps, assura leur renommée.

Traités de "parvenus" par tout ce que que la scène skin comptait de pénibles et de fafs, ils furent signés par Jimmy Pursey (t'en veux du parvenu ?) alors directeur artistique chez Warner, ce qui leur permit de cracher leur haine de Thatcher et sa clique en grande pompes. 
Preuve, cette ballade issue de l'album Power of the press (1986) célébrant l'attentat le plus connement raté par l'IRA provisoire : Brighton bomb.

 
Depuis, les uns et les autres s'en sont allés et Mensi était resté l'âme du groupe. Cette saloperie d'épidémie a eu sa peau. Encore un peu de notre jeunesse qui fout le camp avec lui. Un dernier hommage à son côté folkeux avec Solidarity. 
Que la terre te soit légère. 

mercredi 22 décembre 2021

Petula et les Kinks

Dans un précédent chapitre de ce foutoir, on a déjà abordé le cas d'une reprises improbable de l'indispensable groupe britannique de Muswell, The Kinks.
En voici une autre, bien plus logique.
Née en 1932, Petula Sally Olwen Clark , jeune fille d'Epsom (Surrey) débarque en France en 1957 et y entreprend une carrière en chanson bilingue en pleine période yé-yé. 
Comme en Angleterre elle est signée sur PYE, le même label qu'eux, on imagine qu'elle a eu toute facilité à reprendre en français cette chanson des frangins Davies. Satire de la classe moyenne conformiste, Well respected man fut enregistrée en 1965, période faste pour nos lascars. La voici filmée à l'émission de la BBC Beat club avec un son rachitique mais de vraies images qui bougent. Nos exigeants auditeurs ont une version plus écoutable .

 
La petite anglaise n'avait plus qu'à faire appel à Frank Gérald pour pondre une version conservant un mode ironique et néanmoins gentillet. On se demande même si les producteurs n'ont pas purement et simplement conservés la piste musicale originale des Kinks.
Elle aussi passait à la télévision mais en play-back.

Terminons le cas de Petula par une très méconnue de ses débuts. 
Comme elle avait été prise en main par Serge Gainsbourg, le premier mentor de celui-ci lui écrivit en écrivit une. J'ai nommé Boris Vian, of course, dans Java pour Petula.



vendredi 17 décembre 2021

Douglas, autre curiosité belge

 
 Allez, un petit conseil pour la période de libations obligatoires qui s'annonce doublé d'un coup de chapeau aux archéologues du label Caméléon records qui exhument les vinyles plus ou moins perdus du punk, hard, garage, new-wave, folk ou soul provincial ou francophone.
Ce qui nous a permis de découvrir un singulier personnage : Douglas, dont la vraie identité est Jean-Pierre Lauwers (allez faire carrière avec un blaze pareil à l'aube des années soixante, même en Belgique).
Résumons à gros traits ce qu'on sait et qu'on trouve en détail à cette adresse :
issu du monde de la nuit bruxelloise, Paul Deneumoustier, sévit dès 1962 comme compositeur et guitariste chez James Curtis & The Madisons qui ont laissé un petit tube : Madison go ! 
 
Arnaqué sur les droits d'auteur, Deneumoustier alias Paul Davera monta un groupe folk, les Dollars avec Lauwers au chant principal et Francis Jouaret. Ils ont laissé une paire d'EP 4 titres et un succès qui s'est fait attendre.
Un producteur décida alors de prendre en main le futur de Lauwers, rebaptisé Douglas en gardant Deneumoustier comme auteur.  
Il sortira deux EP en 1967 et 1968, le deuxième étant joué par des requins de studio excessivement côtés comme Jimmy Page, Alan Parker, Barry Morgan, Less Hurdle... 
Douglas sort un dernier 45 tour fin 1968.
D'après les gens de Caméléon, la face A, Les Anges Noirs ne vaut pas tripette.
Par contre, comme ça arrive parfois (prenez Be bop a Lula de Gene Vincent, par exemple) la face B, petit rock garage à tendance psyché, est beaucoup plus intéressante et a connu une postérité souterraine.
Elle évoque imanquableement quelques loustics de l'époque tels Évariste ou Jean-Bernard de Libreville.
Ça s'appelle tout simplement Si je buvais moins.
 

 

Quelques temps plus tard, le disque partit au pilon et l'auteur en racheta cinq exemplaires à Philips (ça a au moins servi à la réédition). Douglas redevint Lauwers, John tout de même, et s'embaucha à l'usine non sans persister à jouer du folk et du blues dans les troquets.
Fin de l'histoire belge du jour.

dimanche 12 décembre 2021

Bobby et Charlie chez François

En adaptant le roman de David Goodis Down there, devenu pour l'occase et par la grâce de la Série Noire Tirez sur le pianiste en 1960, François Truffaut en fit une aimable comédie se préoccupant plus de diverses variations au sujet de l'amour que d'intrigue policière. 
Mais ce film en noir et blanc à la superbe photographie ne manque pas d'une certaine truculence et d'un rythme fort enlevé, sans compter des gags un peu niaiseux mais passant assez bien dans l'ensemble d'un sympathique foutraque  (Je te le jure sur la tête de ma mère qui meurt à l’instant !)
Côté musique, la partition de Georges Delerue est un hommage jazzy au Paris nocturne des cafés-concerts. Car le tout est rythmé de chansons populaires.
Un des moments de respiration du film étant les performances de Bobby Lapointe en plein jeu d'épaules qui y exécute Marcelle et Framboise, passage pour lequel les producteurs exigèrent une transcription en surimpression qui vaudra au gars de Pézenas le titre de "seul chanteur sous-titré".

 

Premier rôle, Charles Aznavour tient à merveille le rôle d'Édouard Savoyan, ex virtuose traumatisé devenu un pianiste de bar timide embarqué malgré lui dans la galère par un insupportable frangin.   
Ce qui donne le morceau de bravoure ci-dessous. 
 

jeudi 9 décembre 2021

L'art du plagiat

 
Reconnaissons-le, la Mano Negra (groupe issu des Hot Pants, des Casse Pieds et des Dirty Districts) fut en son temps (1987-1994) un sacré groupe de scène doté d'un groove irréprochable.
Côté reproche, justement, on leur doit, à eux et à quelques autres, l'irruption du gros business dans un rock jusqu'alors plus confidentiel et familial, une certaine "Jacklanguisation" de la musique qui collait bien aux dernières heures du socialisme cotillon et surtout, surtout, une faiblesse avérée des paroles.
Même si ces gens eurent des intentions souvent estimables et avaient des choses à dire, ils les disaient trop fréquemment avec une naïveté confondante et une accumulation de mots formant une liste lassante. C'est d'ailleurs depuis la marque de Manu Chao. C'est pas parce qu'on chante en castillan qu'on est obligé d'être aussi sommaire.
Enfin, soyons juste, on aime bien aussi les Ramones qui, question texte se posent un peu là.
Non, ce qui a eu toujours du mal à passer, c'est que ces jeunes gens découvrant l'Amérique Latine n'hésitaient pas à pomper et à recycler des trucs entendus à la radio, ce qui n'aurait rien de blâmable en soi du moment qu'on cite sa source. 
Prenons un classique de la salsa new-yorkaise : Te están buscando, 45 tour sorti en 1981 chez Fania joué par le fabuleux duo Rubén blades / Willie Colon. Voici les mésaventures d'une guape du quartier que plus personne ne supporte et que tant la flicaille que les autres truands recherchent pour lui donner une bonne leçon:  

Et ensuite, écoutons Peligro, reggae tropical de la Mano dont voici la vidéo issue du documentaire Puta's fever.
 

 

Même sans posséder la langue de Cervantés et Julio Iglesias vous avez remarqué ? Ce sont quasiment les mêmes paroles. on se contente de remplacer les pénibles du quartier par la CIA et les forces de l'ordre. Après y'a plus qu'à balancer une accumulation de pays d'Amérique Centrale et le tour est joué !
Vous me direz qu'après tout, depuis Mozart (qui a pompé Salieri) et Muddy Waters (qui a pompé Robert Johnson), l'histoire de la musique n'est qu'une longue suite de plagiat.
certes. Mais ça fait longtemps que celui-là, on l'avait sur l'estomac !

jeudi 2 décembre 2021

Aller se faire vacciner chez les Grecs (parenthèse d'actualité)

 

Quiconque connaît l'alphabet grec ou a la curiosité d'aller sur la page wikipedia qui lui est consacrée ne peut que ressentir qu'un profond malaise face à l'apparition du variant o (Omicron).
Si malgré notre profonde lassitude on a un peu suivi l'affaire du virus qui cavale, comment a-t-on pu passer d'un variant δ (Delta) quatrième lettre, directement à la quinzième ? Où sont passées ε (Epsilon) θ (Thêta) ou λ (Lambda) pour ne citer que les plus connues ? Nous a-t-on caché une horde de variants ?
Enfin, on tout de même quelques explications quant à des lettres douteuses : l'OMS a tout simplement sauté la lettre µ (Mu) parce que les anglo-saxons n'arrivent pas à la prononcer (ça donnerait un truc comme "Miaou") et surtout la lettre ξ (Xi) parce que ça aurait pu être vexant pour le grand empereur de l'empire du Milieu. Vu que c'est son prénom et que la Chine aurait deux ou trois choses à se reprocher.
On frémit à l'idée de notre sort lorsqu'on aura épuisé les 24 lettres grecques. Faudra-t-il passer à l'alphabet cyrillique (l'alphabet chinois étant prohibé pour les raisons énoncées ci-dessus) ou faudra-t-il abattre le troupeau ?

 

Dans un tout autre ordre d'idée, une réjouissante chronique ce matin même sur les ondes de FC. 
Voilà qui a le mérite de nous ramener à la fois aux plus belles heures de la guerre froide (au moins, on savait à peu près qui tirait sur qui) et à une bombe à neutrons qu'on imaginait remisée au hangar des arsenaux improbables.
Ainsi qu'un prétexte pour s'envoyer les Ramones de bon matin, ce qui a toujours du bon pour le moral.